Première Partie 

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La jeune fille

Ida, jeune femme

La jeune Ida, une fois ses études primaires terminées, désira devenir puéricultrice. Elle fit un stage à l’issue duquel on la renvoya sous le prétexte qu'elle "manquait malheureusement d’aptitudes, et qu'elle avait trop peu d’imagination et trop peu d’inventivité. " Pourtant, plus tard, Ida sera considérée comme une personne équilibrée, à l’imaginaire certes peu développé, mais pleine de bon sens.

À l’âge de 18 ou 19 ans, Ida commença sa vie professionnelle comme employée aux écritures dans une société de parfums d’Amsterdam, la firme Boldoot. Elle y restera de nombreuses années, appréciée de tous pour sa gentillesse et sa modestie. Comme elle était jolie, elle ne manquait pas non plus de prétendants, mais elle ne se sentait pas appelée au mariage.

2-1-Des faits étranges et inquiétants

Ceux qui ont bien connu Ida à cette époque, pensent que le démon savait peut-être qu’elle serait choisie par Marie pour porter Son message au monde. Aussi, durant cette période, la jeune fille fut-elle l’objet de manifestations diaboliques fréquentes: des lampes se balançaient dans la maison; les portes des armoires s’ouvraient toutes seules; les aiguilles de l’horloge tournaient avec une rapidité fulgurante; un four qu’elle n’utilisait presque jamais se mit un jour à fumer. Cette situation devint plus grave quand Ida elle-même fut, à plusieurs reprises, directement menacée par le démon. Voici quelques souvenirs de Piet, le frère d'Ida, rapportés par sa fille Hélène, nièce d'Ida.

 

"Cela se passa au cours d’une promenade dans les rues de la ville. Ida remarque un homme vêtu de noir comme un prêtre. Une terrible angoisse l’envahit devant le regard sinistre et pénétrant de cet étranger. Elle cherche à l’éviter et presse le pas, mais l’homme la rattrape, la saisit vigoureusement par le bras et tente de la tirer dans un canal pour qu’elle se noie. Mais au sein de ce terrible danger, elle entend une douce voix qui la rassure en lui promettant de l’aider. À l’instant même, l’homme en noir la lâche en poussant un cri horrible et disparaît sans laisser de traces. À la suite de cet incident, son père chargea Gesina d’accompagner, matin et soir, sa plus jeune sœur au travail, à l’aller et au retour."

Ce personnage mystérieux allait encore se manifester, mais il ne faisait que sourire froidement sans oser porter la main sur Ida.

"Ida avait vingt ans. Un jour, le démon s’approcha d’elle une troisième fois en essayant de l’entraîner par ruse dans un accident mortel. Il lui apparut sous les traits d’une vieille infirme, qui prétendait avoir fait sa connaissance à l’église. Elle lui laissa son adresse en l’invitant à venir lui rendre visite le plus tôt possible. Ida déclina l’invitation mais ne put refuser de l’aider à traverser la rue, comme elle le lui demanda aussitôt après. La peur paralysa Ida, quand, arrivée au milieu de la rue, elle sentit qu’on l’empoignait à nouveau, fortement, par le bras. Puis, dans un hurlement, Satan disparut en la poussant devant un tramway qui, au tout dernier moment, parvint à s’arrêter. Il s’en était fallu de peu qu’il ne renversât Ida.

Le soir même, Piet, son frère, se rendit avec son futur beau-frère à l’adresse que cette personne âgée avait donnée. Ils ne trouvèrent qu’une vieille bâtisse désaffectée."

Nulle part, pas même à la maison, Ida n’était épargnée par ces attaques démoniaques qui terrifiaient aussi la famille. Son frère Piet témoigne:

"Un jour, tandis que le Père Frehe, encore chez lui, à la cure, s’apprêtait à rendre visite à la famille Peerdeman, Ida, chez elle, se mit au même instant à vociférer et à jurer. Elle déploya subitement une force physique anormale, au point qu’elle parvenait à soulever aisément des meubles très lourds. Sa voix changea complètement de timbre[1]. Le père d’Ida, son frère et ses sœurs virent se balancer le lustre du salon, entendirent la sonnette vibrer sans discontinuer ou les plombs sauter sans raison. Les portes et les tiroirs s’ouvraient d’eux-mêmes. Heureusement mon père savait réagir avec humour: 'Allez, entrez tous autant que vous êtes, plaisantait-il, plus on est de fous, plus on rit!'

Le Père Frehe conseilla à Ida d’ignorer autant que possible ces manifestations diaboliques. L'intrépidité de papa servait d’exemple au reste de la famille. On attachait donc le moins d’importance possible à ces phénomènes et quand la situation se faisait critique, on se donnait mutuellement du courage en citant un dicton significatif comme: 'Allez! On rit les enfants, car si on ne le fait pas, ce sont les diablotins qui vont rire, et on ne va pas leur faire ce plaisir!' Un jour, toutefois, Ida sentit qu’une main invisible la saisissait à la gorge pour l’étrangler.

Devant l’intensification de ces attaques, le Père Frehe comprit qu’il devait faire un exorcisme. La famille entendit alors la voix écœurante et haineuse de Satan qui, par la bouche d’Ida, insultait le prêtre. En cette occasion mais en d’autres aussi, le Père Frehe mesurait à quel point les démons étaient en rage. Dans l’adversité, Ida et son directeur spirituel se préparaient ainsi spirituellement tous les deux au grand évènement d’ordre planétaire qui allait bouleverser leur vie, les apparitions de la Mère et Dame de tous les Peuples."

Le Père Frehe fit alors un exorcisme avec la permission de l’évêque. La dernière parole du diable fut: "Cureton, je t’aurai bien." En retournant chez lui, le Père Frehe tomba à travers un grillage.

Le Père Frehe, confesseur et directeur spirituel d’Ida, fut toujours convaincu de l’authenticité des messages. Il n’était pas crédule pour autant. De sa formation dominicaine, il avait gardé un souci de rigueur dans l’examen minutieux des visions et des paroles que recevait et transmettait la voyante.

2-2-Des visions de guerre

Malgré toutes ces difficultés, la vie poursuivait relativement paisiblement son cours. Mais un jour, bien avant le début de la Seconde Guerre mondiale, alors qu’elle travaillait dans son bureau, dans une vision que l'on qualifiera plus tard de prophétique, Ida vit passer devant elle des files interminables de soldats à bout de forces. Elle ne comprit pas ce que cela pouvait signifier.


[1] Des phénomènes semblables se produisent parfois dans la vie de certains mystiques comme la bienheureuse Myriam d’Abellin, carmélite, qui, avant de recevoir de grandes grâces, avait parfois à subir une forme de possession diabolique.

   

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