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La chute et le péché originel
Il convient
tout d'abord de se souvenir du fait que "Dieu a créé
l’homme à son image et l’a constitué dans son amitié.
Créature spirituelle, l’homme ne peut vivre cette amitié que
sur le mode de la libre soumission à Dieu.
C’est
ce qu’exprime la défense faite à l’homme de manger de
l’arbre de la connaissance du bien et du mal... L’homme
dépend du Créateur, il est soumis aux lois de la
création et aux normes morales qui règlent l’usage de
la liberté... (396) L’homme, tenté par le diable,
a laissé mourir dans son cœur la confiance envers son
créateur... et a désobéi au commandement de
Dieu. C’est en cela qu’a consisté le premier péché
de l’homme. Tout péché, par la suite, sera une
désobéissance à Dieu et un manque de confiance en sa
bonté. (397)
Dans ce
péché, l’homme s’est préféré lui-même à Dieu, et par là
même, il a méprisé Dieu... Constitué dans un état de
sainteté, l’homme était destiné à être pleinement divinisé
par Dieu dans la gloire. Par la séduction du diable,
il a voulu 'être comme Dieu', mais sans Dieu, et avant Dieu,
et non pas selon Dieu." (398)
Le péché n'est
pas une idée vague et abstraite: c'est au contraire une
réalité dramatique, révélée dans la Bible, et longuement
présentée dans le Catéchisme de l'Église Catholique. Ainsi,
il est dit: "Le péché est présent dans l’histoire
de l’homme: il serait vain de tenter de l’ignorer ou de
donner à cette obscure réalité d’autres noms. Pour essayer
de comprendre ce qu’est le péché, il faut d’abord
reconnaître le lien profond de l’homme avec Dieu, car en
dehors de ce rapport, le mal du péché n’est pas
démasqué dans sa véritable identité de refus et d’opposition
face à Dieu, tout en continuant à peser sur la vie de
l’homme et sur l’histoire. (386)
La
réalité du péché, et plus particulièrement du péché
des origines, ne s’éclaire qu’à la lumière de la
Révélation divine. Sans la connaissance qu’elle nous donne
de Dieu on ne peut clairement reconnaître le péché,
et on est tenté de l’expliquer uniquement comme un défaut de
croissance, comme une faiblesse psychologique, une erreur,
la conséquence nécessaire d’une structure sociale
inadéquate, etc. C’est seulement dans la connaissance du
dessein de Dieu sur l’homme que l’on comprend que le
péché est un abus de la liberté que Dieu donne aux
personnes créées pour qu’elles puissent l’aimer et s’aimer
mutuellement." (387)
On ne peut pas
être plus clair: oui, le péché originel est une vérité
essentielle de la foi. Ainsi: "Avec la progression de la
Révélation est éclairée aussi la réalité du péché.
Bien que le Peuple de Dieu de l’Ancien Testament ait connu
d’une certaine manière la condition humaine à la lumière de
l’histoire de la chute narrée dans la Genèse, il ne
pouvait pas atteindre la signification ultime de cette
histoire, qui se manifeste seulement à la lumière de la Mort
et de la Résurrection de Jésus-Christ. Il faut connaître le
Christ comme source de la grâce pour connaître Adam comme
source du péché. C’est l’Esprit-Paraclet, envoyé par
le Christ ressuscité, qui est venu confondre le monde en
matière de péché en révélant Celui qui en est le
Rédempteur." (388)
"La doctrine
du péché originel est pour ainsi dire le revers de la
Bonne Nouvelle que Jésus est le Sauveur de tous les hommes,
que tous ont besoin du salut et que le salut
est offert à tous grâce au Christ. L’Église qui a le sens du
Christ sait bien qu’on ne peut pas toucher à la
révélation du péché originel sans porter atteinte au
mystère du Christ." (389) Le paragraphe 390
indique nettement que la chute originelle a été librement
commise par nos premiers parents.
"Derrière le
choix désobéissant de nos premiers parents il y a une
voix séductrice, opposée à Dieu qui, par envie, les fait
tomber dans la mort L’Écriture et la Tradition
de l’Église voient en cet être un ange déchu, appelé
Satan ou diable. L’Église enseigne qu’il a été
d’abord un ange bon, fait par Dieu. 'Le diable et les
autres démons ont certes été créés par Dieu
naturellement bons, mais c’est eux qui se sont rendus
mauvais." (391) "L’Écriture parle d’un péché
de ces anges. Cette chute consiste dans le choix
libre de ces esprits créés, qui ont radicalement et
irrévocablement refusé Dieu et son Règne. Nous
trouvons un reflet de cette rébellion dans les paroles du
tentateur à nos premiers parents: 'Vous deviendrez comme
Dieu'. (Gn 3, 5) Le diable est 'pécheur dès
l’origine' et 'père du mensonge'." (392)
"C’est le
caractère irrévocable de leur choix, et non un défaut de
l’infinie miséricorde divine, qui fait que le
péché des anges ne peut être pardonné. Il n’y a pas de
repentir pour eux après la chute, comme il n’y a pas de
repentir pour les hommes après la mort." (393)
L’Écriture atteste l’influence néfaste de celui que Jésus
appelle 'l’homicide dès l’origine' et qui a même
tenté de détourner Jésus de la mission reçue du Père. C’est
pour détruire les œuvres du diable que le Fils de
Dieu est apparu'. (394)
Les
Évangiles parlent d’un temps de solitude de Jésus au désert
immédiatement après son baptême par Jean... Jésus y demeure
quarante jours sans manger... À la fin de ce temps, Satan
le tente par trois fois cherchant à mettre en cause son
attitude filiale envers Dieu. Jésus repousse ces attaques
qui récapitulent les tentations d’Adam au Paradis et
d’Israël au désert, et le diable s’éloigne de lui
'pour revenir au temps marqué'." (538)
"La
puissance de Satan n’est cependant pas infinie. Il
n’est qu’une créature, puissante du fait qu’il est pur
esprit, mais toujours une créature: il ne peut empêcher
l’édification du Règne de Dieu. Quoique Satan agisse
dans le monde par haine contre Dieu et son Royaume en
Jésus-Christ, et quoique son action cause de graves dommages
-de nature spirituelle et indirectement même de nature
physique– pour chaque homme et pour la société, cette action
est permise par la divine Providence qui avec force et
douceur dirige l’histoire de l’homme et du monde. La
permission divine de l’activité diabolique est un
grand mystère, mais 'nous savons que Dieu fait tout
concourir au bien de ceux qui l’aiment'." (395) |