Fondatrice des Filles de la Croix
Enfance de
Jeanne-Élisabeth Bichier des Ages
Élisabeth,
née au Château des Âges, est baptisée le jour même de sa
naissance à l’église de St. Génitour du Blanc. Sur
l’acte du baptême, deux témoins : la servante et le
cocher vont attester leur présence par une petite croix.
Élisabeth
est une petite fille facile à élever ; elle grandit,
choyée par ses parents et ses trois frères. L’éducation
à la foi chrétienne est faite par Madame Bichier. À
travers tout, elle trouve l’occasion d’enseigner à ses
enfants la présence de Dieu : prière, partage,
hospitalité….
Élisabeth
est attirée par tout ce qui touche la vie avec Dieu.
À la fin de
ses études à Poitiers, Élisabeth rejoint sa famille au
Château des Ages. La vie d’une châtelaine n’est pas une
vie oisive. À l’école de sa mère, elle apprend tout ce
qui est nécessaire à la bonne marche de la maisonnée.
Chaque après-midi, elle va prier dans l’église de son
baptême et reste de longs moments en adoration devant
Jésus Eucharistie.
En 1789,
c’est la Révolution en France.
La famille
Bichier se disloque. Laurent, le frère aîné émigre.
Monsieur Bichier tombe malade. Il s’éteint le 17 janvier
1792.
La
Constitution civile du Clergé, votée par l’Assemblée est
cause de dissensions religieuses dans le pays.
Très vite,
l’incidence de l’émigration de Laurent retombe sur les
habitantes du Château des Ages. Madame Bichier et sa
fille décident de quitter le château et s’établissent au
Blanc.
Un jour, le
Comité révolutionnaire invite Élisabeth à tenir la place
de la Déesse Raison. Face au refus d’Élisabeth, les
visites domiciliaires, les tracasseries presque
quotidiennes se multiplient. Lors d’une visite, le
Comité découvre, dans un coin de grenier, des
équipements militaires ayant servi aux gardes que
commandait Monsieur Bichier : Madame Bichier et sa fille
sont emprisonnées à Châteauroux
Un des
frères d’Élisabeth obtient, assez vite, la libération
de sa mère et de sa sœur.
En 1796,
Élisabeth et sa mère s’installent à Béthines
dans leur propriété de La Guimetière.
C’est, pour
Élisabeth, le calme d’une vie « normale », mais son être
profondément religieux souffre de sa situation. Depuis
des mois, des années, Élisabeth n’a pas communié. Elle
porte plus que jamais dans son cœur le désir de se
consacrer à Dieu.
Un jour de
1797, le vieux serviteur de La Guimetière a quelque
chose à dire à ces dames, quelque chose qui se dit tout
bas : “Un curé, un vrai curé catholique, l’abbé Fournet,
célèbre la messe en cachette, de temps en temps pour les
chrétiens des environs.”
Ce prêtre
risque sa vie. On dit qu’il vit caché … que les
gendarmes le cherchent …
La
prochaine messe sera célébrée dans la ferme des
Marsyllis, à quinze kilomètres d’ici, une nuit de la
semaine prochaine. Il faut arriver de nuit, éviter
d’être vu. Élisabeth a écouté. Se confesser, communier,
pouvoir parler à un prêtre que l’on dit être un saint !
C’est une réponse du Seigneur à sa prière de chaque
jour.
Élisabeth,
sur son petit âne, accompagnée du serviteur qui la
conduit, traverse le plateau, de Béthines aux Marsyllis.
Elle s’est enveloppée de la mante sombre des femmes du
pays. Ils se sont mis en route dès la tombée de la nuit.
Après plus de trois heures de marche, ils pensent être
près du but.
Tout est
noir… tout est désert … On s’avance … au fond, on
aperçoit le vantail d’une porte de grange. L’homme se
glisse par la petite porte. La grange est pleine de
monde. Des paysannes, des paysans, quelques
adolescents... Le prêtre, revêtu des ornements
sacerdotaux s’apprête à célébrer l’Eucharistie sur une
table de cuisine recouverte de linge blanc.
Après la
messe, le prêtre va s’installer à côté d’un
confessionnal de fortune, dans le recoin de l’étable, et
les personnes qui désirent se confesser s’approchent.
Les gens s’écartent pour laisser passer Élisabeth. Le
prêtre intervient :
– « Croyez-vous, Mademoiselle, que je vais laisser pour
vous entendre, ces mères de famille et ces paysans venus
de plusieurs lieues pour réclamer mon ministère ? »
– « Mon Père, il suffira que vous consentiez à m’écouter
après eux, j’attendrai… »
Et
l’attente commence et continue … Élisabeth se confessera
la dernière de tous, presque à l’aube. Elle confie,
sûrement, à ce prêtre, son désir de don absolu de toute
sa vie à Dieu.
La
Guimetière
Lorsque
Élisabeth transmet à sa mère l’orientation que le prêtre
lui propose, Madame Bichier accepte volontiers d’ouvrir
sa maison pour les catéchismes. Peu à peu, Élisabeth
regroupe tout un petit monde à La Guimetière.
En 1801, le
Concordat est signé. Il amène en France la paix
religieuse. Élisabeth emploie tout son savoir-faire pour
qu’une mission soit vécue à Béthines. Un des
missionnaires est le Père Fournet.
Dans la
nuit du 20 juillet 1804, Madame Bichier décède.
Élisabeth peut désormais répondre au désir du Père
Fournet qui lui propose de grouper autour d’elle des
jeunes filles pour former une communauté religieuse.
Pendant un
an, Élisabeth va à la Providence à Poitiers, avec sa
servante Marie-Anne pour « apprendre » la vie
religieuse. À leur retour à La Guimetière, deux amies,
Véronique et Madeleine les rejoignent.
La
communauté à Maillé
Élisabeth
et ses compagnes commencent bientôt une vie de
communauté à Maillé sous la direction du Père André.
Elle a
cherché une demeure assez vaste pour y loger la
communauté des 5 sœurs et ouvrir une classe. Elle a
trouvé une gentilhommière, appelée Molante.
Avec
Élisabeth, le Père André a composé un petit règlement de
vie et les sœurs dans leur élan généreux s’y appliquent
de tout leur cœur.
En février
1807, les 5 premières sœurs prononcent leurs vœux. Elles
font vœu de pauvreté, chasteté, obéissance. Elles
ajoutent la promesse de se vouer au soulagement des
malades et à l’instruction des pauvres.
Chaque
jour, dans le petit oratoire de Molante, les sœurs se
relaient pour une adoration perpétuelle.
Un matin,
au retour de la messe célébrée à l’église de Maillé,
Sœur Élisabeth semble entendre des cris étouffés dans
les broussailles. Guidée par les plaintes, Élisabeth se
fraie un chemin, dans les épines.
Au pied
d’un chêne, se creuse une grotte assez vaste. Une
vieille femme dévorée de plaies et de vermine gémit.
Élisabeth s’affaire pour chercher de l’aide : il faut
héberger cette personne, la soigner, l’aider.
À Molante,
la cancéreuse (comme on l’appelle) est soignée jour et
nuit. Elle mourra dans les bras d’Élisabeth.
Pour la
communauté de Molante, pour toutes les sœurs Filles de
la Croix, la grotte de la cancéreuse reste un lieu de
pèlerinage.
La Puye
La maison
de Molante est pleine à craquer. C’est une ruche
débordante de prière et de travail. Les sœurs essaient
de vivre l’amour de Dieu et des autres. Élisabeth voit
le désir du Père Fournet réalisé.
Des jeunes
filles sont venues partager la vie et la mission des
sœurs. Élisabeth réfléchit, s’informe auprès d’autres
congrégations sur l’avenir de la communauté de Molante.
Elle a recueilli des renseignements qui lui seront
utiles pour l’organisation de la communauté. Il est
indispensable que l’intuition première du Père André
soit précisée et écrite. Une règle de vie sera donc
écrite.
La maison
de Molante est trop petite. Il faut donc penser à
déménager. Les sœurs s’installent au bourg de St. Pierre
de Maillé puis à La Puye dans les restes des bâtiments
du prieuré fontevriste.
Élisabeth a
dû subir une intervention chirurgicale à Paris.
L’opération est longue. Le chirurgien est étonné du
courage de la malade, admire sa simplicité, son
amabilité, sa foi. Des dames des cercles mondains de la
capitale rendent visite à Élisabeth et demandent une
présence religieuse dans la région parisienne.
De nombreux
appels sont lancés pour l’éducation des enfants … le
soin des malades et des personnes âgées …. C’est
l’époque des fondations …. Sœur Élisabeth a ouvert
beaucoup de communautés à travers toute la France.
« Glorifier Dieu et le faire Glorifier par les petits et
les pauvres » était ce qui animait Sœur
Élisabeth et ses sœurs.
Sœur
Élisabeth, malgré un tempérament robuste, est affaiblie
par la maladie et la souffrance.
Le 26 août 1838, Sœur Élisabeth est entrée dans la
gloire du Christ, son Seigneur.
Source :
http://www.fillesdelacroix.net/index.php?option=com_content&view=article&id=70&Itemid=470 |