Introduction

Port-Royal! Ce nom aurait pu être synonyme de paix, de prière, de modèle de réforme tridentine [1] d’un monastère cistercien. Ce nom aurait pu devenir un signe lumineux de sainteté conventuelle débordant sur de saints laïcs. Hélas!... Trop associé à l’hérésie janséniste et aux  controverses que cette doctrine avait suscitées, Port-Royal est devenu un étrange signe de contradictions.

Port-Royal! Ce mot a été tellement lié à l’histoire du XVIIe siècle français, qu’il évoque instantanément, dans l’esprit de ceux qui l’entendent ou qui le prononcent, une foule de noms, tous plus ou moins associés à la théologie chrétienne, à la spiritualité de Saint Augustin et surtout aux douloureuses querelles qu’elles a fait naître.

Ce terme : Port-Royal, évoque aussi, et surtout, une histoire humaine mouvementée, passionnée et souvent conflictuelle, car trop intégrée, malheureusement, aux événements politiques, français et européens, de l’époque de Louis XIII et de Louis XIV.

Citons tout de suite quelques noms. Voici d’abord Cornelius Jansen, l’évêque d’Ypres et son Augustinus. Puis surgit son ami français: l’abbé de Saint-Cyran. Mais bientôt on se souvient que Port-Royal c’est également la Mère Angélique Arnauld, et son plus jeune frère: le Grand Arnauld. Et l’on pense aussi aux Solitaires de Port-Royal des Champs, les Messieurs de Port-Royal. Et voici Blaise Pascal et ses Lettres à un Provincial, et le philosophe Pierre Nicole, et le peintre Philippe de Champaigne... et Racine, et tant d’autres.

Mais on pense aussi aux excès du jansénisme, aux trop grandes rigueurs de sa morale pessimiste, aux condamnations par l’Église de ses thèses sur la grâce et le salut des hommes, à ses refus de se soumettre... et au diacre Pâris, et aux contorsionnaires de Saint-Médard,... puis à la condamnation définitive du jansénisme, et même à la destruction de l’abbaye de Port-Royal des Champs.

La présente étude n’a pas pour but d’entrer dans les détails théologiques du jansénisme, ni d’approfondir une histoire aux épisodes très controversés. Elle veut d’abord essayer, dans une première partie, de se situer, aussi clairement que possible, dans une période historique complexe et difficile à cerner. Puis, dans une deuxième partie elle présentera rapidement les hommes dont les noms ont été, d’une manière ou d’une autre, associés au jansénisme et à l’histoire de l’abbaye de Port-Royal.


[1] Évocation du Concile de Trente

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