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2 SECONDE SEMAINE Considération L'appel d'un roi temporel pour aider à contempler la vie du Roi éternel
91 L'oraison préparatoire est la même qu'à l'ordinaire (46). Première partie 92 Premier point. ‹ Je me représenterai un roi que la main de Dieu a choisi, et à qui tous les princes et tous les peuples chrétiens rendent respect et obéissance. 93 Second point. ‹ Je m'imaginerai entendre ce même roi parlant à tous ses sujets, et leur disant : « Ma volonté est de conquérir tout le pays des infidèles. Que celui qui voudra me suivre se contente de la même nourriture, de la même boisson, des mêmes vêtements que moi. Qu'il travaille durant le jour, qu'il veille pendant la nuit, comme moi, afin de partager un jour avec moi, selon la mesure de ses travaux, les fruits de la victoire. » 94 Troisième point. Je considérerai ce que devraient répondre de fidèles sujets à un roi si généreux et si bon, et combien celui qui n'accepterait pas de telles offres serait digne du mépris de tout le monde, et mériterait de passer pour le plus lâche des hommes. Seconde partie 95 La seconde partie de cet exercice consiste à appliquer à Jésus-Christ, notre Seigneur, les trois points de la parabole précédente. Et quant au premier point, si l'appel d'un roi de la terre à ses sujets fait impression sur nos cœurs, combien plus vivement ne devons-nous pas être touchés de voir Jésus-Christ, notre Seigneur, Roi éternel, et devant lui le monde entier, et chaque homme en particulier, qu'il appelle en disant : « Ma volonté est de conquérir le monde entier, de soumettre tous mes ennemis, et d'entrer ainsi dans la gloire de mon Père. Que celui qui veut venir avec moi travaille avec moi ; qu'il me suive dans les fatigues, afin de me suivre aussi dans la gloire. » 96 Je considérerai, dans le second point, que tout homme qui fait usage de son jugement et de sa raison ne peut pas balancer à s'offrir généreusement à tous les sacrifices et à tous les travaux. 97 Je considérerai, dans le troisième point, que tous ceux qui voudront s'attacher plus étroitement à Jésus-Christ, et se signaler au service de leur Roi éternel et Seigneur universel, ne se contenteront pas de s'offrir à partager ses travaux ; mais, agissant contre leur propre sensualité, contre l'amour de la chair et du monde, ils lui feront encore des offres d'une plus haute importance et d'un plus grand prix, en disant : 98 Roi éternel et souverain Seigneur de toutes choses, je viens vous présenter mon offrande : aidé du secours de votre grâce, en présence de votre infinie bonté, sous les yeux de votre glorieuse Mère et de tous les Saints et Saintes de la cour céleste, je proteste que je désire, que je veux, et que c'est de ma part une détermination arrêtée, pourvu que tels soient votre plus grand service et votre plus grande gloire, vous imiter en supportant les injures, les opprobres, la pauvreté d'esprit et de cœur, et même la pauvreté réelle, si votre très sainte Majesté veut me choisir et m'admettre à cet état de vie. » 99 On fera cet exercice deux fois dans la journée : le matin, en se levant, et une heure avant le dîner ou le souper. 100 Pendant la seconde semaine et les suivantes, il sera très utile de lire de temps en temps quelques passages de l'Imitation de Jésus-Christ, des Évangiles et de la vie des Saints.
Premier jour
101 La première contemplation est celle de l'Incarnation :
elle renferme l'oraison préparatoire, trois préludes, trois points et un
colloque. 102 Le premier prélude consiste à se rappeler l'histoire du mystère que l'on doit contempler. Ici, je me rappellerai comment les trois Personnes divines, contemplant la surface de la terre couverte d'hommes, et voyant que tous se précipitent en enfer, décrètent, dans leur éternité, que la seconde Personne de l'auguste Trinité se fasse homme pour sauver le genre humain ; et comment ce mystère s'accomplit, lorsque dans la plénitude des temps l'archange Gabriel fut envoyé à Marie. (Voir les Mystères, 262) 103 Le second prélude est la composition de lieu. Ici, je me représenterai l'immense étendue de la terre, peuplée de tant de nations diverses ; puis je considérerai en particulier la maison et la chambre de Notre-Dame dans la ville de Nazareth, en Galilée. 104 Le troisième prélude est la demande de ce que l'on veut obtenir. Dans la contemplation présente, je demanderai la connaissance intime du Seigneur qui s'est fait homme pour moi, afin de l'aimer avec plus d'ardeur et de le suivre avec plus de fidélité. 105 Il faut remarquer que l'oraison préparatoire doit se faire cette Semaine et les suivantes telle qu'elle se trouve au commencement du premier exercice de la première Semaine (46), sans y rien changer. On fera de même les trois préludes, mais en les modifiant selon le sujet que l'on médite.
106 Dans le premier point, je verrai successivement les personnes.
Premièrement, les
hommes qui sont sur la terre, si divers de costumes et de visages : les uns
blancs, les autres
noirs ; les uns en paix, les autres en guerre ; les uns pleurant, les autres
riant ; les uns sains,
les autres malades ; les uns naissant et les autres mourant. Secondement, je
verrai et je
considérerai les trois Personnes de la sainte Trinité, assises sur le trône
royal de la divine
Majesté ; comme elles regardent tout cet univers et les nations plongées dans un
aveuglement profond, et comme elles voient les hommes mourir et descendre en
enfer.
107 Dans le second point, j'écouterai les paroles : premièrement, des hommes
qui sont sur
la terre, comment ils parlent les uns avec les autres, comment ils jurent et
blasphèment, etc. ;
secondement, des Personnes divines, disant : « Opérons la rédemption du genre
humain,
etc. » ; troisièmement, de l'Ange et de Notre-Dame.
108 Dans le troisième point, je considérerai les actions : premièrement, des
hommes qui
sont sur la terre ; ils s'attaquent, ils s'entre-tuent, ils tombent dans les
enfers, etc. ;
secondement, des trois Personnes divines, qui opèrent la très sainte
Incarnation, etc. ;
troisièmement, de l'Ange et de Notre-Dame : l'Ange s'acquitte de l'ambassade
céleste, Marie
s'humilie et rend grâces à la divine Majesté.
109 Enfin, je ferai le colloque, en pensant à ce que je dois dire aux trois
Personnes
divines, au Verbe éternel incarné, à la Mère du Verbe et Notre-Dame ; et, selon
le sentiment
que j'éprouverai en moi-même, je demanderai tout ce qui peut m'aider à suivre de
plus près
et à imiter plus fidèlement Notre-Seigneur, comme s'il venait de s'incarner pour
moi. Seconde contemplation La seconde contemplation est la Nativité de Notre-Seigneur.
110 L'oraison préparatoire ordinaire. 112 Le second prélude est la composition de lieu. Dans cette contemplation, je verrai des yeux de l'imagination le chemin de Nazareth à Bethléem, considérant sa longueur, sa largeur. Est-il sur des collines ? Je considérerai de même la grotte où naît le Sauveur. Est-elle grande ou petite ? Est-elle haute ou basse ? Comment est-elle préparée ? 113 Le troisième prélude est entièrement le même que dans la contemplation précédente (104). 114 Dans le premier point, je verrai les personnes : Notre-Dame, Joseph, la servante, et l'Enfant-Jésus lorsqu'il sera né. Je me tiendrai en leur présence comme un petit mendiant et un petit esclave indigne de paraître devant eux. Je les considérerai, je les contemplerai, je les servirai dans leurs besoins avec tout l'empressement et tout le respect dont je suis capable, comme si je me trouvais présent. Ensuite je réfléchirai en moi-même pour tirer de là quelque profit. 115 Dans le second point, j'observerai, je remarquerai et je contemplerai ce qu'ils disent ; puis je réfléchirai en moi-même pour tirer quelque profit. 116 Dans le troisième point, je regarderai et je considérerai ce qu'ils font, comme ils ont voyagé, comme ils souffrent, afin que le Seigneur de toutes choses naisse dans une extrême pauvreté, et qu'après tant de travaux, après avoir enduré la faim, la soif, la chaleur, le froid, les injures et les affronts, il meure sur la croix ; et tout cela pour moi. Et je réfléchirai pour tirer quelque profit spirituel. 117 Je terminerai par un colloque, comme dans la contemplation précédente, et je réciterai l'Oraison dominicale. Troisième contemplation La troisième contemplation est la répétition du premier et du second exercice. 118 Après l'oraison préparatoire et les trois préludes, on fera la répétition du premier et du second exercice, insistant toujours sur quelques passages principaux, dans la méditation desquels on aura reçu plus de lumières, senti plus de consolation ou de désolation intérieure ; et on terminera de même par un colloque suivi de l'Oraison dominicale. 119 Dans cette répétition et dans les suivantes, on gardera la même méthode que dans celles de la première Semaine (62), changeant la matière et conservant la forme. Quatrième contemplation 120 La quatrième contemplation sera encore une répétition du premier et du second exercice, et se fera de la même manière que la précédente. Cinquième contemplation La cinquième contemplation sera l'application des cinq sens à la première et à la seconde contemplation 121 Après l'oraison préparatoire et les trois préludes, il sera utile d'exercer les cinq sens de l'imagination sur les mystères de la première et de la seconde contemplation, de la manière suivante : 122 Dans le premier point, je verrai des yeux de l'imagination les personnes, méditant et contemplant, dans le détail, les circonstances dans lesquelles elles se trouvent, et tâchant de tirer de cette vue quelque profit. 123 Dans le second point, j'entendrai, à l'aide de l'imagination, ce qu'elles disent ou peuvent dire, réfléchissant en moi-même pour en tirer quelque profit. 124 Dans le troisième, je m'imaginerai sentir, respirer et goûter la suavité et la douceur infinies de la Divinité, de l'âme, de ses vertus et de tout le reste, selon la personne que je contemple, réfléchissant en moi-même et m'efforçant d'en retirer de l'utilité. 125 Dans le quatrième, j'exercerai le sens du toucher, embrassant, par exemple, et baisant les endroits où marchent, où reposent les personnes que je contemple, tâchant toujours de le faire avec profit. 126 Je terminerai par un colloque, comme dans la première et la seconde contemplation, et par l'Oraison dominicale. Remarques 127 Première remarque. On aura soin, cette semaine et les suivantes, de ne lire aucun mystère que l'on ne doive contempler dans la journée ou à l'heure même, de peur que la considération de l'un ne nuise à celle de l'autre. 128 Deuxième remarque. Le premier Exercice, qui est la contemplation de l'Incarnation, se fera au milieu de la nuit ; le second, au commencement du jour ; le troisième, à l'heure de la messe ; le quatrième, à l'heure des vêpres ; et le cinquième, avant le souper. Chacun de ces Exercices durera une heure. Tel est l'ordre que l'on suivra désormais. 129 Troisième remarque. On fera attention que, si la personne qui fait les Exercices est d'un âge avancé ou d'une santé faible, ou, bien que robuste, si elle se trouve en quelque manière affaiblie par les Exercices de la première semaine, il sera mieux, cette seconde semaine, qu'elle s'abstienne, au moins quelquefois, de se lever au milieu de la nuit. Elle fera alors une contemplation le matin, une autre à l'heure de la messe et une troisième avant le dîner ; puis une répétition de ces trois Exercices à l'heure des vêpres et l'application des sens avant le souper. 130 Quatrième remarque. Dans cette seconde semaine, on modifiera de la manière suivante la deuxième, la septième et la dixième des additions de la première semaine.
Deuxième addition (74). Aussitôt que je serai réveillé, je me mettrai devant
les yeux la
contemplation que je dois faire, excitant en moi un vif désir de connaître
davantage le Verbe
incarné, pour le suivre de plus près et le servir avec plus de fidélité. 131 Cinquième remarque. ‹ Dans les Exercices autres que celui du milieu de la nuit et du matin, on fera l'équivalent de la deuxième addition (74) de la manière qui suit : quelques instants avant l'heure de l'Exercice que je suis sur le point de faire, je me représenterai où je vais et devant qui je dois paraître ; puis, je repasserai brièvement le sujet que je dois méditer ou contempler, et, après avoir fait la troisième addition (75) je commencerai mon exercice. Second jour 132 La première contemplation du second jour sera la Présentation au temple (268) ; la seconde, la Fuite en Égypte comme en un lieu d'exil (269). On fera sur ces deux contemplations deux répétitions et l'application des sens, de la même manière que le jour précédent. 133 Quoique celui qui fait les Exercices ne manque ni de force corporelle ni de dispositions spirituelles, il lui sera quelquefois utile, pour trouver plus efficacement ce qu'il désire, de diminuer le nombre des Exercices depuis ce second jour jusqu'au quatrième inclusivement. Il pourra donc ne faire qu'une contemplation le matin et une autre à l'heure de la Messe. Il les répétera à l'heure des Vêpres, et appliquera les sens avant le souper. Troisième jour 134 Dans la première contemplation, on considérera comment l'Enfant-Jésus était soumis à ses parents dans la maison de Nazareth (271) ; et dans la seconde, comment ils le retrouvèrent dans le Temple (272). On fera également deux répétitions et l'application des sens. Prélude pour la considération de divers états de vie.
135 Nous venons de considérer l'exemple de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans
deux états
de vie : dans le premier, qui est celui de l'observation des commandements,
lorsqu'il était
sous l'obéissance de ses parents ; dans le second, qui est celui de la
perfection évangélique,
lorsqu'il resta dans le Temple, abandonnant son père adoptif et sa mère selon la
nature pour
vaquer uniquement au service de son Père éternel.
Nous commencerons donc ici, tout en contemplant sa vie, à rechercher devant
Dieu, et à lui
demander avec instance la grâce de nous faire connaître en quel état ou genre de
vie sa
divine Majesté veut se servir de nous. Quatrième jour
Méditation de deux étendards
l'un de Jésus-Christ, notre chef souverain et notre Seigneur ; l'autre de
Lucifer, ennemi 136 L'oraison préparatoire est toujours la même. 137 Le premier prélude consiste à se rappeler le fait historique de la méditation. Ici c'est, d'un côté, Jésus-Christ qui appelle tous les hommes et veut les réunir sous son étendard ; de l'autre, c'est Lucifer qui les appelle sous le sien. 138 Le second prélude est la composition de lieu. Ici, on se représentera une vaste plaine près de Jérusalem, au milieu de laquelle se trouve Notre-Seigneur Jésus-Christ, chef souverain de tous les hommes vertueux, et une autre plaine près de Babylone, où est Lucifer, le chef des ennemis. 139 Le troisième prélude consiste à demander ce que je veux obtenir. Dans cet exercice ce sera, premièrement, la connaissance des ruses du chef des méchants et le secours dont j'ai besoin pour m'en défendre ; secondement, la connaissance de la véritable vie, qui nous est montrée par le chef souverain et légitime, et la grâce nécessaire pour l'imiter. Première partie 140 Dans le premier point, je me représenterai le chef du parti ennemi dans cette vaste campagne de Babylone, assis dans une chaire élevée, toute de feu et de fumée, sous des traits horribles et d'un aspect épouvantable. 141 Dans le second point, je considérerai comment il appelle autour de lui des démons innombrables ; comme il les répand, les uns dans une ville, les autres dans une autre, et ainsi dans tout l'univers, n'oubliant aucune province, aucune condition, aucun lieu, aucune personne en particulier. 142 Dans le troisième point, j'écouterai le discours qu'il leur adresse, comme il leur ordonne avec menaces de jeter des filets et des chaînes. Ils doivent tenter les hommes, en leur inspirant d'abord le désir des richesses, comme il fait le plus souvent lui-même, afin de les conduire plus facilement à l'amour du vain honneur du monde, et de là à un orgueil sans bornes. De sorte que le premier degré de la tentation, ce sont les richesses ; le second, les honneurs ; le troisième, l'orgueil ; et de ces trois degrés il porte les hommes à tous les autres vices. Seconde partie 143 A l'opposé, on se représentera également le chef souverain et véritable, qui est Jésus-Christ, notre Seigneur. 144 Dans le premier point, je considérerai comment Jésus-Christ, se tient en un lieu humble, dans une vaste plaine des environs de Jérusalem, beau et plein de grâce. 145 Dans le second point, je considérerai comment le Seigneur du monde entier choisit un si grand nombre de personnes, les Apôtres, les disciples et tant d'autres, et comment il les envoie dans tout l'univers répandre sa doctrine sacrée parmi les hommes de tous les âges et de toutes les conditions. 146 Dans le troisième, j'écouterai le discours que Jésus-Christ, notre Seigneur, adresse à tous ses serviteurs et à tous ses amis qu'il envoie à cette expédition. Il leur recommande d'aider tous les hommes, en les attirant premièrement à une entière pauvreté spirituelle, et non moins à la pauvreté réelle, si la divine Majesté l'a pour agréable et veut les appeler à cet état ; secondement, au désir des opprobres et des mépris, parce que de ces deux choses naît l'humilité. De sorte qu'il y a, comme au troisième point précédent, trois degrés : le premier, la pauvreté opposée aux richesses ; le second, les opprobres et les mépris opposés à l'honneur du monde : le troisième, l'humilité opposée à l'orgueil ; et de ces trois degrés ils porteront les hommes à toutes les autres vertus. Colloques
147 Dans un premier colloque, je demanderai à Notre-Dame qu'elle m'obtienne de
son
Fils et Seigneur la grâce d'être reçu sous son étendard : 148 Cet exercice se fera une première fois au milieu de la nuit, et une seconde fois le matin. On en fera deux répétitions : l'une à l'heure de la Messe, et l'autre à l'heure de Vêpres, toujours en finissant par les trois colloques à Notre-Dame, au Fils et au Père. L'exercice suivant, appelé des Trois Classes, se fera avant le souper. 149 Le même jour on fera la méditation des trois classes d'hommes pour se déterminer à suivre la plus parfaite. L'oraison préparatoire ordinaire. 150 Le premier prélude est l'histoire qui doit servir de base à la méditation. Nous supposons ici trois classes d'hommes composées chacune de deux personnes. Toutes les trois ont acquis dix mille ducats, sans se proposer purement et uniquement le motif de l'amour de Dieu. Et elles veulent se sauver et trouver Dieu, notre Seigneur, dans la paix, en se déchargeant d'un poids qui les arrête, et en surmontant l'obstacle qu'elles rencontrent à leur dessein dans l'affection au bien qu'elles ont acquis. 151 Le second prélude est la composition de lieu. Ici, je me considérerai moi-même en présence de Dieu, notre Seigneur, et de tous les Saints, dans la disposition de désirer et de connaître ce qui sera le plus agréable à sa divine volonté. 152 Le troisième prélude est la demande de ce que l'on veut obtenir. Ici, je demanderai la grâce de choisir ce qui sera en effet le plus glorieux à la divine Majesté, et le plus avantageux au salut de mon âme. 153 La première classe voudrait se défaire de l'affection qu'elle éprouve pour le bien qu'elle possède, afin de trouver Dieu, notre Seigneur, dans la paix, et de pouvoir opérer son salut ; mais elle n'emploie de fait aucun moyen avant l'heure de la mort. 154 La seconde classe veut détruire cette affection ; mais elle le veut à la condition de conserver le bien acquis : elle voudrait amener Dieu à son désir, et elle ne peut se déterminer à quitter ce qu'elle possède pour aller à Dieu, quand même ce parti serait le meilleur pour elle. 155 La troisième classe veut aussi se dégager de cette affection, et elle le veut de telle sorte, qu'elle n'est pas plus portée à conserver la somme acquise qu'à ne la conserver pas. Elle ne consultera, pour la retenir ou pour s'en défaire, que le mouvement intérieur de la grâce, et ce qui lui paraîtra le meilleur pour le service et la louange de la divine majesté. En attendant, elle veut se conduire comme ayant tout abandonné de cœur, et s'efforce de ne désirer ni ce qu'elle possède ni aucun autre bien sur la terre que dans la seule considération du service de la majesté divine ; en sorte que le désir de pouvoir mieux servir Dieu, notre Seigneur, sera son unique règle pour se déterminer à retenir le bien qu'elle a acquis ou à s'en dépouiller. 156 On terminera cet exercice par les trois colloques de la contemplation des Deux Étendards (147). 157 Il faut remarquer que, quand nous éprouvons de la répugnance ou une affection contraire à la pauvreté actuelle, quand nous ne sommes pas dans une véritable indifférence entre la pauvreté et les richesses, il est très utile, pour détruire cette affection déréglée, de demander dans les colloques, malgré les mouvements de la nature, que le Seigneur daigne nous appeler à ce genre de pauvreté, en lui protestant que nous le voulons, que nous le lui demandons, que nous l'en supplions, pourvu que ce soit pour la gloire et le service de sa divine Bonté (cf. 16). Cinquième jour 158 Le sujet de la contemplation du cinquième jour est le départ de Jésus-Christ, notre Seigneur, de Nazareth pour le fleuve du Jourdain, et son baptême par saint Jean (273). 159 Cette contemplation se fera une première fois au milieu de la nuit, et une seconde fois le matin. On en fera deux répétitions, l'une à l'heure de la Messe, l'autre à l'heure de Vêpres ; enfin l'application des sens avant le souper. Avant chacun des cinq Exercices, on fera toujours l'oraison préparatoire ordinaire et les trois préludes, selon ce qui est expliqué dans la contemplation de l'Incarnation (101) et de la Naissance du Sauveur (110), et on les terminera par les trois colloques des Trois Classes (156), en observant fidèlement la remarque qui suit cet exercice (157). 160 L'examen particulier, après le dîner et après le souper, se fera sur les fautes et les négligences que l'on aura commises dans les exercices du jour et dans la pratique des additions ; et de même les jours suivants. Sixième jour
161 Le sujet de la contemplation du sixième jour sera comment Jésus-Christ, notre
Seigneur, alla du Jourdain au désert, et ce qui s'y passa (274). Septième jour Comment saint André et les autres Apôtres suivirent Jésus-Christ, notre Seigneur (275). Huitième jour Le sermon sur la montagne, ou les huit Béatitudes (278). Neuvième jour Comment Notre-Seigneur Jésus-Christ apparut à ses disciples, marchant sur les flots (280). Dixième jour Comment le Seigneur prêchait dans le Temple (288). Onzième jour La résurrection de Lazare (285). Douzième jour Du jour des Rameaux (287). Remarques 162 Première remarque. On peut, dans cette seconde semaine, selon le temps que l'on veut y employer et le profit spirituel que l'on en retire, multiplier ou diminuer le nombre des contemplations. Dans le premier cas, on ajoutera les mystères de la Visitation (263), de l'Adoration des Bergers (265), de la Circoncision (266), de l'Adoration des Mages (267), et ainsi des autres ; dans le second, on en retranchera plusieurs, même de ceux qui sont ici indiqués, puisqu'en les réunissant on ne s'est proposé que de présenter une introduction à la méditation des mystères du Sauveur, afin que l'on puisse les contempler ensuite d'une manière plus complète. 163 Deuxième remarque. La matière de l'élection commencera à se traiter à la contemplation du départ de Notre-Seigneur de Nazareth pour le Jourdain (158), c'est-à-dire le cinquième jour inclusivement : ce qui doit se faire selon la méthode indiquée plus bas (169-174). 164 Troisième remarque. Avant d'entrer dans la matière de l'élection, il sera très utile, pour s'affectionner à la véritable doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de considérer attentivement les trois modes ou degrés d'humilité suivants, de s'en occuper souvent pendant le jour, en faisant les trois colloques, comme il est recommandé plus bas (168). Les trois degrés d'humilité. 165 Le premier degré d'humilité est nécessaire pour le salut éternel. Il consiste à m'abaisser et à m'humilier autant qu'il me sera possible et qu'il est nécessaire pour obéir en tout à la loi de Dieu, notre Seigneur : de sorte que, quand on m'offrirait le domaine de l'univers, quand on me menacerait de m'ôter la vie, je ne mette pas même en délibération la possibilité de transgresser un commandement de Dieu ou des hommes, qui m'oblige sous peine de péché mortel. 166 Le second degré d'humilité est plus parfait que le premier. Il consiste à me trouver dans une entière indifférence de volonté et d'affection entre les richesses et la pauvreté, les honneurs et les mépris, le désir d'une longue vie ou d'une vie courte, pourvu qu'il en revienne à Dieu une gloire égale et un égal avantage au salut de mon âme. De plus, quand il s'agirait de gagner le monde entier, ou de sauver ma propre vie, je ne balancerais pas à rejeter toute pensée de commettre à cette fin un seul péché véniel. 167 Le troisième degré d'humilité est très parfait. Il renferme les deux premiers, et veut de plus, supposé que la louange et la gloire de la Majesté divine soient égales, que, pour imiter plus parfaitement Jésus-Christ, notre Seigneur, et me rendre de fait plus semblable à lui, je préfère, j'embrasse la pauvreté avec Jésus-Christ pauvre, plutôt que les richesses ; les opprobres avec Jésus-Christ rassasié d'opprobres, plutôt que les honneurs ; le désir d'être regardé comme un homme inutile et insensé, par amour pour Jésus-Christ, qui le premier a été regardé comme tel, plutôt que de passer pour un homme sage et prudent aux yeux du monde. 168 Il sera donc très utile, pour celui qui désire obtenir ce troisième degré d'humilité, de faire les trois colloques de la méditation des Trois Classes, demandant à Notre-Seigneur qu'il veuille l'appeler à cette vertu dans un degré plus élevé et plus précieux que les deux premiers, afin de l'imiter et de le servir plus parfaitement, pourvu que le service et la louange de sa divine Majesté s'y trouvent également, ou davantage. De l'élection I. Prélude, ou principe fondamental
169 La première condition requise pour faire une bonne élection est, de notre
part, que l'œil
de notre intention soit simple. Je ne dois considérer qu'une seule chose, la fin
pour laquelle
je suis créé. Or cette fin est la gloire de Dieu, notre Seigneur, et le salut de
mon âme ; donc,
quelle que soit la chose que je me décide à choisir, ce doit être pour qu'elle
m'aide à obtenir
cette fin : me gardant de subordonner et d'attirer la fin au moyen, mais dirigeant
le moyen
vers la fin. II. De la nature des objets qui peuvent être matière de l'élection Quatre règles et une remarque. 170 Première règle. Il est nécessaire que toutes les choses dont nous voulons faire élection soient indifférentes ou bonnes en elles-mêmes, et admises dans l'Église catholique, notre sainte Mère. Elles ne peuvent donc jamais être mauvaises, ni contraires à ce que l'Église reçoit. 171 Deuxième règle ‹ Il est des choses qui rendent l'élection invariable, comme sont le sacerdoce, le mariage, etc. ; il en est d'autres qui la laissent variable, comme sont les bénéfices ecclésiastiques et les biens temporels, que l'on peut accepter et abandonner à volonté. 172 Troisième règle. Lorsqu'on a fait une élection qui est, de sa nature, invariable, par exemple, lorsqu'on s'est engagé dans le mariage ou dans les ordres sacrés, il n'y a plus à y revenir, puisque le lien est essentiellement indissoluble. Si donc on n'a pas fait cette élection avec maturité et sans affection déréglée, comme on le devait, il faut tâcher de s'en repentir, et de mener une vie régulière dans l'état que l'on a choisi, bien que cette élection ne soit pas, ce semble, une vocation divine, puisqu'elle s'est faite avec une intention oblique et avec affection déréglée. Beaucoup de personnes se trompent en prenant une élection semblable pour une vocation divine : car la vocation divine est toujours pure et sans souillure, sans mélange des inclinations de la chair et des sens, ni d'aucune autre affection désordonnée. 173 Quatrième règle. ‹ Si l'on a fait d'une manière sage et convenable, sans prendre conseil de la chair ni du monde, une élection qui est en elle-même variable, il n'y a pas de raison pour faire de nouveau l'élection. Il suffira de se perfectionner dans l'état que l'on a choisi, autant qu'on le pourra. 174 Remarque. Mais si cette élection variable n'a pas été faite avec une intention droite et une affection réglée, il sera utile de la faire de nouveau, si on a le désir de produire des fruits de salut abondants et très agréables à la Majesté divine. III. De trois temps ou circonstances dans lesquels on peut faire une bonne et sage élection 175 Le premier temps est lorsque Dieu, notre Seigneur, meut et attire tellement la volonté, que, sans douter ni pouvoir douter, l'âme pieuse suit ce qui lui est montré ; comme le firent saint Paul et saint Matthieu, en suivant Jésus-Christ, notre Seigneur. 176 Le second, lorsque l'âme reçoit beaucoup de lumière et de connaissance au moyen des consolations et des désolations intérieures qu'elle éprouve, et par l'expérience du discernement des esprits. 177 Le troisième est tranquille. L'homme, considérant d'abord pourquoi il est créé, c'est-à-dire pour louer Dieu, notre Seigneur, et sauver son âme, et touché du désir d'obtenir cette fin, choisit comme moyen un état ou genre de vie parmi ceux que l'Église autorise, pour mieux travailler au service de son Seigneur et au salut de son âme. J'appelle temps tranquille celui où l'âme n'est pas agitée de divers esprits, et fait usage de ses puissances naturelles, librement et tranquillement. 178 Si l'élection ne se fait pas dans le premier ou dans le second temps, voici deux manières de la faire dans le troisième. IV. Premier mode pour faire une bonne et sage élection Il renferme six points. Premier point. Le premier point consiste à me représenter l'objet qui est la matière de l'élection. C'est un emploi ou un bénéfice que je puis accepter ou refuser, ou toute autre chose qui tombe sous l'élection variable. 179 Second point. Dans le second point, je dois me mettre devant les yeux la fin pour laquelle je suis créé, savoir : louer Dieu, notre Seigneur, et sauver mon âme. Je dois en outre me trouver dans une entière indifférence, et sans aucune affection désordonnée ; de sorte que je ne sois pas plus porté ni affectionné à choisir l'objet proposé qu'à le laisser ; ni plus à le laisser qu'à le choisir, gardant l'équilibre de la balance, et prêt à suivre le parti qui me semblera le plus propre à procurer la gloire de Dieu et le salut de mon âme. 180 Troisième point. Dans le troisième point, je demanderai à Dieu, notre Seigneur, qu'il daigne toucher ma volonté, et mettre lui-même dans mon âme ce que je dois faire relativement au choix qui m'occupe, à sa plus grande louange et à sa plus grande gloire, réfléchissant de mon côté avec attention et fidélité, au moyen de l'entendement, afin de faire un choix conforme à sa très sainte volonté et à son bon plaisir. 181 Quatrième point. Dans le quatrième point, je considérerai avec attention, d'un côté, l'utilité et les avantages qui doivent résulter pour moi de l'acceptation de cet emploi ou de ce bénéfice, sous le rapport unique de la louange de Dieu, notre Seigneur, et du salut de mon âme ; et, de l'autre, je considérerai les inconvénients et les dangers. Ensuite, j'examinerai avec la même diligence, d'abord l'utilité et les avantages, puis les inconvénients et les dangers du refus. 182 Cinquième point. Dans le cinquième point, après avoir ainsi examiné la question sous ses divers points de vue, je considérerai de quel côté la raison incline davantage ; et, ne suivant que sa lumière, sans consulter aucunement les sens, je fixerai mon choix sur la matière que je viens de discuter. 183 Sixième point. L'élection ainsi terminée, je m'empresserai de me mettre en prière en la présence de Dieu, notre Seigneur, et de lui offrir le choix que je viens de faire, afin que sa divine Majesté daigne le recevoir et le confirmer, s'il est conforme à son plus grand service et à sa plus grande gloire. V. Second mode pour faire une bonne et sage élection Il renferme quatre règles et une remarque. 184 Première règle. L'amour qui me porte et me détermine à choisir tel objet doit venir d'en haut, et descendre de l'amour de Dieu même. Je dois donc, avant d'arrêter mon élection, sentir intérieurement que l'affection plus ou moins grande que j'éprouve pour cet objet est uniquement en considération de mon Créateur et Seigneur. 185 Seconde règle. Je me représenterai un homme que je n'ai jamais vu ni connu ; et, lui désirant toute la perfection dont il est capable, j'examinerai ce que je lui dirais de faire et de choisir pour la plus grande gloire de Dieu, notre Seigneur, et pour la plus grande perfection de son âme ; puis, me donnant à moi-même les mêmes conseils, je ferai ce que je lui dirais de faire. 186 Troisième règle. Je considérerai, comme si j'étais à l'article de la mort, de quelle manière et avec quel soin je voudrais m'être conduit dans l'élection présente ; et, me réglant sur ce que je voudrais avoir fait alors, je le ferai fidèlement maintenant. 187 Quatrième règle. Je considérerai avec attention quelles seront mes pensées au jour du jugement ; je me demanderai comment je voudrais avoir délibéré dans l'élection actuelle ; et la règle que je voudrais alors avoir suivie est celle que je suivrai à cette heure, afin de me trouver en ce jour dans un entier contentement et dans une grande joie. 188 Remarque. Après avoir exactement observé ces quatre règles, et pourvu ainsi au repos et au salut éternel de mon âme, je ferai mon élection et mon oblation à Dieu, notre Seigneur, comme il a été dit dans le sixième point du premier mode d'élection (183). VI. De l'amendement personnel et de la réforme à introduire dans l'état de vie que l'on a embrassé
189 Quant aux personnes constituées en dignité dans l'Église ou engagées dans
le mariage,
il faut, abstraction faite de la grandeur ou de la médiocrité de leur fortune,
tenir avec elles la
conduite suivante. Lorsque le retraitant n'a pas la facilité, et surtout une
volonté ferme de
faire l'élection sur certains points qui tombent sous l'élection variable, il
est très utile, pour
y suppléer, de lui suggérer quelques avis, de lui tracer quelques règles, qui
l'aideront à
réformer sa conduite personnelle, et sa manière d'être dans l'état de vie qu'il
a embrassé.
Ainsi, après s'être rappelé qu'il a été créé pour la gloire et la louange de
Dieu, notre
Seigneur, et pour le salut de son âme, il fera en sorte de rapporter toute sa
conduite et son
état de vie à cette double fin. TROISIÈME SEMAINE Premier jour Première contemplation
190 La première contemplation se fera au milieu de la nuit, sur le voyage de
Notre-Seigneur
Jésus-Christ, de Béthanie à Jérusalem, jusqu'à la dernière Cène inclusivement
(cf. Mystères,
289). Elle renferme l'oraison préparatoire, trois préludes six points et un
colloque. 191 Le premier prélude consiste à se rappeler l'histoire du mystère. Dans la contemplation présente, on se rappellera comment Jésus-Christ, notre Seigneur, envoya de Béthanie à Jérusalem deux de ses disciples pour préparer la Cène ; comment il y alla lui-même ensuite avec les autres disciples ; comment, après la manducation de l'agneau pascal, à la fin du repas dont elle fut suivie, il leur lava les pieds, leur donna son très saint Corps et son précieux Sang ; comment, enfin, il leur adressa le discours de la Cène, lorsque Judas fut sorti pour aller vendre son Seigneur. 192 Le second est la composition de lieu. Ici, il consistera à considérer le chemin de Béthanie à Jérusalem. Est-il large ou étroit ? uni ou raboteux ? De même, le lieu de la Cène. Est-il vaste ou resserré ? disposé de telle ou de toute autre manière ? 193 Le troisième est la demande de ce que l'on veut obtenir. Dans cette contemplation, je demanderai la tristesse, la douleur et la confusion, puisque c'est pour mes péchés que le Seigneur va à sa Passion.
194 Dans le premier point, je verrai les personnes de la Cène ; puis, réfléchissant en
moi-même, je m'efforcerai d'en retirer quelque profit. 195 Dans le quatrième, je considérerai, selon le passage de la Passion que je contemple, ce que Jésus-Christ, notre Seigneur, souffre ou désire souffrir en son Humanité. Ici, je commencerai à réunir toutes les forces de mon âme pour m'exciter à la douleur, à la tristesse et aux larmes ; ce que je ferai avec la même application dans les points suivants. 196 Dans le cinquième, je considérerai comment la Divinité reste cachée durant toute la Passion du Sauveur. Elle pourrait détruire ses ennemis, et elle ne le fait pas ; et elle abandonne aux plus cruels tourments la très sainte Humanité qui lui est unie. 197 Dans le sixième, je considérerai que le Sauveur endure toutes ses souffrances pour mes péchés ; et je me demanderai ce que je dois faire et souffrir pour lui. 198 Je terminerai par un colloque à Jésus-Christ, notre Seigneur, et par l'Oraison dominicale. 199 Il faut remarquer, comme nous l'avons déjà dit en partie (54,109), que dans les colloques nous devons, soit pour le raisonnement, soit pour les demandes, consulter le sujet de la méditation et nos dispositions présentes. J'éprouve, par exemple, des tentations ou des consolations ; je désire obtenir telle ou telle vertu ; j'ai dessein d'embrasser tel parti ou tel autre ; je veux m'exciter à la tristesse ou à la joie, selon le mystère que je contemple ; dans ces suppositions et dans toutes les autres, mes demandes doivent toujours se rapporter à certains points particuliers que je désire plus vivement obtenir. On peut se contenter d'un seul colloque, que l'on adressera à Jésus-Christ, notre Seigneur, ou en faire trois, si le sujet de la méditation ou la dévotion y porte : l'un à la très sainte Vierge, l'autre à son divin Fils, le troisième à Dieu le Père, comme il est dit dans la Seconde semaine à la fin de la méditation des Deux Étendards, en observant ce qui est marqué dans la note qui suit l'exercice des Trois Classes (147, 157). Seconde contemplation La seconde contemplation, celle du matin, se fera sur les faits qui se sont passés depuis la fin de la Cène jusqu'au jardin inclusivement. (Voir 290). 200 L'oraison préparatoire ordinaire. 201 Le premier prélude est un précis de l'histoire. Ici, je me rappellerai comment Jésus-Christ, notre Seigneur, descendit avec ses onze disciples de la montagne de Sion, où il venait de célébrer la Cène, dans la vallée de Josaphat. Il en laisse huit dans un endroit de la vallée, et les trois autres dans une partie du Jardin ; et, se mettant en prière, il répand une sueur comme des gouttes de sang. Il fait par trois fois une prière à son Père ; il réveille ses trois disciples ; ses ennemis tombent à sa voix ; Judas lui donne le baiser de paix ; saint Pierre abat une oreille à Malchus ; Jésus la lui remet en place ; il est pris comme un malfaiteur ; on le conduit, en descendant la vallée, et ensuite en remontant la côte, à la maison d'Anne. 202 Le second est de voir le lieu de la contemplation. Ici, je considérerai le chemin de la montagne de Sion à la vallée de Josaphat ; de même le Jardin : sa longueur, sa largeur, sa disposition, comme l'imagination me le représentera. 203 Le troisième est de demander ce que je veux obtenir. Ce qu'il est convenable de demander dans la Passion, c'est la douleur avec Jésus-Christ dans la douleur ; le brisement de l'âme avec Jésus-Christ brisé dans son âme et dans son corps ; des larmes, et le sentiment intérieur de tant de maux que Jésus-Christ a soufferts pour moi. Remarques 204 Première remarque. Après l'oraison préparatoire et les trois préludes, on suivra, dans cette seconde contemplation, le même ordre pour les points et le colloque que dans la première (194,198). A l'heure de la messe et de vêpres, on fera deux répétitions de l'une et de l'autre, et l'application des sens avant le souper ; commençant par l'oraison préparatoire et les préludes, selon le sujet de la contemplation, suivant ce qui a été recommandé et expliqué dans la seconde Semaine (159). 205 Deuxième remarque. Autant que l'âge, les forces et les dispositions de la personne qui fait les Exercices le permettront, elle fera chaque jour les cinq exercices, au moins.
206 Troisième remarque. Dans cette troisième Semaine, on modifiera de la
manière
suivante la deuxième et la sixième additions. 207 Quatrième. L'examen particulier se fera sur les exercices et les additions présentes, comme la Semaine précédente. Second jour 208 La contemplation du milieu de la nuit se fera sur ce qui s'est passé depuis la sortie du Jardin jusqu'à la maison d'Anne inclusivement (291) ; et celle du matin, depuis la maison d'Anne jusqu'à la maison de Caïphe inclusivement (voir 292) ; et ensuite les deux répétitions et l'application des sens, comme il a été dit (204). Troisième jour Au milieu de la nuit, de la maison de Caïphe au Prétoire inclusivement (293) ; le matin, du Prétoire au palais d'Hérode inclusivement (294) ; et ensuite les répétitions et l'application des sens, de la manière déjà dite. Quatrième jour Au milieu de la nuit, sur le renvoi d'Hérode à Pilate jusqu'à la moitié des mystères qui se sont passés dans la maison de Pilate (295) ; dans l'exercice du matin, les autres Mystères qui se sont passés au Prétoire ; puis les répétitions et l'application des sens, comme il est dit. Cinquième jour Au milieu de la nuit, ce qui se passa depuis la maison de Pilate jusqu'au Crucifiement du Sauveur (296) ; et le matin, depuis qu'il fut élevé en Croix jusqu'à ce qu'il rendit le dernier soupir {297) ; ensuite les deux répétitions et l'application des sens. Sixième jour Au milieu de la nuit, depuis la descente de Croix jusqu'au Sépulcre exclusivement (298) ; et le matin, depuis le Sépulcre inclusivement jusqu'à la maison où se retira Notre-Dame, lorsque son Fils fut enseveli. Septième jour La contemplation de toute la Passion dans l'exercice du milieu de la nuit, et dans celui du matin ; et au lieu des deux répétitions et de l'application des sens, on considérera tout le jour, autant qu'on le pourra, comment le très sacré corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ resta séparé de son âme ; où et comment il fut enseveli. On considérera de même, d'un côté, la solitude de Notre-Dame, plongée dans une grande douleur et dans une grande affliction ; et, de l'autre, l'isolement et la tristesse des disciples.
209 Remarque. Supposé que l'on veuille accorder plus de temps aux
contemplations sur
la Passion, on prendra pour chaque exercice un plus petit nombre de mystères :
par exemple,
pour la première contemplation, la Cène seulement ; pour la seconde, le Lavement
des pieds
; pour la troisième, l'Institution du sacrement de l'Eucharistie ; pour la
quatrième, le
discours du Sauveur après la Cène ; et ainsi des autres contemplations, jusqu'à
la fin de la
Passion. Règles de Tempérance 210 Première règle. C'est moins dans l'usage du pain que dans celui des autres mets, que nous devons pratiquer la tempérance. A l'égard d'une nourriture aussi commune, il y a moins à craindre du côté de la tentation et du dérèglement de l'appétit. 211 Deuxième règle. La tempérance doit se pratiquer dans le boire plutôt que dans l'usage du pain. Par conséquent, il faudra considérer avec attention ce qui est utile touchant la boisson, pour le prendre, et ce qui est nuisible pour le retrancher. 212 Troisième règle. A l'égard des autres aliments, on doit garder la tempérance la plus exacte et la plus absolue ; parce que l'appétit est plus prompt à se dérégler en ce point, comme la tentation, de son côté, nous porte davantage à rechercher ce qui peut flatter l'appétit. Or, il y a deux manières de pratiquer la tempérance et d'éviter le dérèglement dans la nourriture. La première consiste à se contenter habituellement de mets communs et grossiers ; la seconde, à les prendre en petite quantité, s'ils sont délicats.
213 Quatrième règle. Pourvu que l'on ne s'expose pas au danger de tomber
dans quelque
infirmité, plus on retranchera de ce qu'on pourrait convenablement prendre, plus
on
parviendra promptement à connaître le milieu ( entre l'excès et le défaut ) que
l'on doit
garder dans le boire et le manger, pour deux raisons : 214 Cinquième règle. Pendant que nous prenons notre nourriture, considérons, comme si nous le voyions de nos yeux, Notre-Seigneur Jésus-Christ prenant lui-même sa nourriture avec ses Apôtres. Voyons comment il mange, comment il boit, comment il regarde, comment il parle ; et efforçons-nous de l'imiter. Que cette considération soit la principale occupation de notre entendement, de sorte que l'attention à la réfection corporelle ne soit que secondaire. Ainsi nous sera-t-il facile de mettre plus d'ordre et de modération dans la manière de nous conduire et de nous gouverner pendant nos repas. 215 Sixième règle. D'autres fois, on pourra faire quelques réflexions sur la vie des saints, s'occuper d'une pieuse pensée, ou d'une affaire spirituelle que l'on a en vue. L'esprit attaché à ces différents objets s'arrêtera moins au plaisir sensuel que peut causer la nourriture par le sens du goût. 216 Septième règle. Mais il faut par-dessus tout se garder que l'esprit ne soit tout entier à l'action matérielle du repas, modérer la précipitation à laquelle nous porterait l'appétit, être maître de soi-même, relativement à la quantité de la nourriture et à la manière de la prendre. 217 Huitième règle. Afin de prévenir tout dérèglement, il est très utile, après le dîner ou après le souper, ou dans tout autre moment dans lequel l'appétit ne se fait pas sentir, de déterminer la quantité que l'on doit prendre au dîner ou au souper suivant. Que cette pratique s'observe tous les jours ; et, quelles que soient les attaques de la sensualité et de la tentation, que l'on se garde de passer la quantité prescrite. Je dis plus : si l'on veut vaincre entièrement tout appétit déréglé et toute tentation, et n'avoir rien à craindre des efforts de l'ennemi, que l'on prenne moins, lorsqu'on est tenté de prendre davantage.
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