Gertrude d’Helfta
(1256-1302)

Avertissement

La lecture du “Héraut de l’Amour divin” est un exercice difficile. Il a été écrit vers la fin du 13ème siècle, d’abord, en esprit d’obéissance, par Gertrude elle-même, puis probablement achevé au début du 14ème siècle, par une moniale qui ne devait connaître que très peu de choses du monde extérieur, puisqu’elle était entrée, elle aussi, dès l’âge de cinq ans dans un ordre cloîtré. C’est la raison pour laquelle on ne parle, dans cette œuvre, que de choses religieuses ou mystiques, survenant dans un contexte qui peut parfois étonner des esprits non préparés.

Seul le Livre 2 du “Héraut de l’amour divin” que nous présentons plus loin, a été écrit par Gertrude, et sur ordre. Elle y exprime souvent sa répugnance à révéler sa plus profonde intimité spirituelle. Ce Livre 2 met en évidence une religieuse humble et très pudique sur le plan de ses relations avec son Seigneur ou avec la Vierge Marie. Gertrude ne cesse de montrer son étonnement d’avoir été choisie par Dieu, malgré sa bassesse et ses nombreuses imperfections, pour révéler quelques secrets divins.

Par contre, les livres 1, 3, 4, 5 ont été écrits par une, voire deux, de ses compagnes confidentes, soit sous la dictée de Gertrude, pour les livres 3, 4 et 5, soit après sa mort, survenue en 1302, pour le livre 1. Incontestablement ces personnes se sont appliquées à rapporter les paroles de Gertrude, mais elles n’ont pu échapper, surtout pour le livre 1, aux contraintes de l’hagiographie de leur époque qui mettait davantage en valeur les faits extraordinaires de la vie des saints que leurs vertus authentiques. Il peut en résulter, pour le lecteur de ces documents, un certain malaise qui se dissipe en partie lorsque les évènements de la vie de Gertrude sont replacés dans leur contexte historique.

 

Le Héraut de l’Amour divin

Présentation

L’ouvrage comporte cinq livres :

– Le Livre 1 est probablement l’œuvre d’une moniale d’Helfta, confidente de Gertrude. Il s’agit de la biographie très élogieuse de sainte Gertrude: il fallait donner les preuves de sa sainteté, c’est-à-dire de l’origine surnaturelle de ses inspirations.

– Le Livre 2, composé par Gertrude elle-même à la demande expresse de Jésus, est l’œuvre principale du “Héraut”. Il s’agit du récit des grandes grâces reçues par Gertrude, depuis sa conversion du 27 janvier 1281. Gertrude ne commencera à écrire qu’à partir de 1289.

– Les Livres 3, 4, et 5 ont été rédigés probablement par une moniale confidente de Gertrude, et du vivant de la sainte qui, souvent malade, devait dicter en partie ses confidences. On y trouve également des notes et quelques souvenirs.

Le prologue du Livre 1 indique [1]:

Dans le second livre se trouvent consignées la manière dont Gertrude  reçut ces faveurs, et les actions de grâces qu'elle en rendit, le tout écrit de sa propre main à l'instigation de l'Esprit de Dieu. Dans  le troisième livre sont exposés quelques-uns des bienfaits qui lui furent accordés. Le quatrième livre raconte les visites par lesquelles la divine Bonté daigna la consoler en certaines fêtes. Dans le cinquième livre sont relatées les révélations que le Seigneur daigna lui faire sur les mérites de plusieurs défunts. On y ajoute les consolations dont le Seigneur, voulut bien prévenir ses derniers moments.

Remarques :

– Le message de Gertrude restera caché pendant deux cent cinquante ans. Ce n’est qu’en 1536 que les Chartreux de Cologne en publieront une première édition dont l’influence fut considérable.

– On ne manquera pas de remarquer que les écrits de Gertrude relatant ses expériences mystiques et son union à Dieu, sont parfois très proches de ceux de Saint Augustin ou de Saint Bernard. Cela n’a rien d’étonnant, la parole de Dieu étant toujours sa parole d’Amour pour l’âme-épouse bien-aimée de Dieu. Dans cette optique, la vie mystique de Gertrude et les grâces extraordinaires qu’elle reçut ne peuvent que rejoindre les expériences des autres grands mystiques.

Le Héraut de l’Amour Divin, d’abord appelé Mémorial des largesses de l’Amour divin, dont la rédaction a été commencée en 1289, a été examiné et approuvé par des théologiens renommés, aussi bien de l’Ordre des Frères Prêcheurs que des Frères Mineurs, dès 1300 et 1301. Quelqu’un, demeuré anonyme écrivit même: “Sous la vraie et pure lumière de Dieu, je professe qu’il n’est quiconque, s’il est vraiment guidé par l’Esprit-Saint, qui puisse se permettre l’audace téméraire de contredire en quoi que ce soit ces écrits; bien plus, soutenu par l’esprit de vérité de l’unique Amant du genre humain, je suis résolu à défendre jusqu’à la mort les dits écrits contre qui que ce soit.”


[1] Tous les textes en italique sont des citations du “Héraut de l’Amour divin”.

    

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