Gerardo de Clairvaux
Cistercien, Abbé, Saint
1100-1177

16

OCTOBRE

Gerardo n’est pas très connu, pas même des sources cisterciennes.

On le dit d’origine lombarde. Il fut disciple de saint Bernard à Clairvaux.

On le fait naître autour de 1100, pour cette raison qu’il fut le premier responsable de Fossanova (Priverno, Latina, Latium, Italie) vers 1135. Il n’est pas sûr qu’il y eût été abbé à cette époque : simplement, il guidait la fondation, envoyée par Bernard de Clairvaux.

Il donna une très forte impulsion à l’abbaye, au point qu’elle put fonder ou assumer d’autres abbayes-filles, en Calabre particulièrement. L’abbaye de Fossanova hérita par Gerardo de l’architecture gothico-bourguignonne

Vers 1140, aurait été élu abbé un certain Pietro, puis d’autres.

En 1170, Gerardo fut nommé à Clairvaux même, sixième abbé après saint Bernard. C’est donc lui qui, en 1174, connut la canonisation de saint Bernard (qui était mort en 1153). À ce moment, on reconstruisait le chœur de l’église et on lui adjoignait un déambulatoire à chapelles rayonnantes. La dédicace devait avoir lieu aussi en 1174.

Cette même année encore, mourait à Fossanova saint Thomas d’Aquin (v. 7 mars), qui s’y était arrêté sur son chemin pour Lyon, où siégeait le concile.

Responsable d’une si grande famille d’abbayes, Gerardo en fit la visite. Il visita celles de l’Allemagne et fit une halte à l’abbaye bénédictine de Trèves ; il y eut une vision des saints Eucher, Valère et Materne, qui lui révélèrent que Dieu attendait encore beaucoup de lui, mais aussi qu’il recevrait bientôt sa couronne. Elle arriva en effet peu après.

D’après une chronique cistercienne, Gerardo visitait l’abbaye d’Igny (Reims). Un de ses moines, divinement averti, lui aurait conseillé de ne pas s’y rendre, mais l’abbé jugeait de son devoir d’y aller. Bien reçu, il s’entretint avec les moines.

Or, précédemment, un convers avait reçu de lui une réprimande pour sa conduite et avait promis de s’amender ; en réalité, il conservait dans son cœur une rancune implacable contre Gerardo. Profitant de la présence de l’abbé à Igny, le convers le suivit en cachette au dortoir et le poignarda sauvagement au ventre, tellement que l’abbé lui aurait même dit : Tu peux arrêter, car je ne tarderai pas à mourir. Et l’autre s’en alla. Le pauvre blessé, tout en sang, se traîna jusqu’à l’église et s’écroula ; on le transporta à l’infirmerie, et reprit un moment connaissance. Il remercia Dieu de lui avoir ainsi évité le purgatoire, reçut les derniers Sacrements, pardonna au bourreau et mourut le 16 octobre 1177.

Le corps de Gerardo fut ramené à Clairvaux et y fut enterré. L’abbé de Fossanova craignait que cette mort fût due à cause de ses propres péchés, mais saint Bernard et saint Gerardo lui apparurent et le rassurèrent.

La chronique poursuit son récit en évoquant l’assassin. Quelques années plus tard, il serait allé se jeter aux pieds du pape et implorer son pardon. Le pape cependant aurait alors eu un premier geste qui semblait l’écarter, mais uniquement pour lui faire comprendre la gravité de son crime, de sorte que le coupable se serait relevé et aurait disparu on ne sait où. L’auteur de la chronique n’a-t-il pas été pris à son tour par un petit démon de vengeance ? Espérons que, comme saint Étienne et saint Paul passèrent d’ennemis à amis, le saint abbé et son assassin se retrouvèrent au Paradis, réconciliés.

Le bienheureux Gerardo est inscrit au Martyrologe le 16 octobre, mais sans le titre de martyr qu’on lui a parfois donné, car il n’est pas mort à proprement parler «pour la foi».

 

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