La vie de saint François d'Assise
est la condamnation des sages du monde, qui regardent comme un scandale et une
folie l'humilité de la Croix. Il
naquit
à Assise, en Ombrie. Comme ses parents, qui étaient marchands, faisaient
beaucoup de commerce avec les Français, ils lui firent apprendre la langue
française et il parvint à la parler si parfaitement, qu'on lui donna le nom de
François, quoiqu'il eût reçu celui de Jean au baptême.
Sa naissance avait été marquée par
une merveille: d'après un avis du Ciel, sa mère le mit au monde sur la paille
d'une étable. Dieu voulait qu'il fût, dès le premier moment, l'imitateur de
Celui qui eut pour berceau une crèche et est mort sur une Croix. Les premières
années de François se passèrent pourtant dans la dissipation; il aimait la
beauté des vêtements, recherchait l'éclat des fêtes, traitait comme un prince
ses compagnons, avait la passion de la grandeur; au milieu de ce mouvement
frivole, il conserva toujours sa chasteté.
Il avait une grande compassion pour
les pauvres. Ayant refusé un jour l'aumône à un malheureux, il s'en repentit
aussitôt et jura de ne plus refuser à quiconque lui demanderait au nom de Dieu.
Après des hésitations, François finit par comprendre la Volonté de Dieu sur lui
et se voua à la pratique de cette parole qu'il a réalisée plus que tout autre
Saint : "Si quelqu'un veut venir après Moi, qu'il se renonce lui-même, qu'il
porte sa Croix et qu'il Me suive !"
Sa conversion fut accompagnée de
plus d'un prodige: un crucifix lui adressa la parole; un peu plus tard, il
guérit plusieurs lépreux en baisant leurs plaies. Son père fit une guerre
acharnée à cette vocation extraordinaire, qui avait fait de son fils, si plein
d'espérance, un mendiant jugé fou par le monde. François se dépouilla de tous
ses vêtements, ne gardant qu'un cilice, et les remit à son père en disant :
"Désormais je pourrai dire avec plus de vérité : "Notre Père, qui êtes aux
Cieux."
Un jour, il entendit, à l'Évangile
de la Messe, ces paroles du Sauveur : "Ne portez ni or ni argent, ni aucune
monnaie dans votre bourse, ni sac, ni deux vêtements, ni souliers, ni bâtons."
Dès lors, il commença cette vie tout angélique et tout apostolique dont il
devait lever l'étendard sur le monde. On vit, à sa parole, des foules se
convertir; bientôt les disciples affluèrent sous sa conduite ; il fonda un Ordre
de religieux qui porta son nom, et un Ordre de religieuses qui porte le nom de
sainte Claire, la digne imitatrice de François. Ces deux frêles tiges devinrent
des arbres immenses.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints
pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
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