Saint
Pio de Pietrelcina
(Padre Pio)
capucin
 (1887-1968)

Quelques citations des écrits de Padre Pio

Francesco Forgione est né à Pietrelcina, dans la province italienne du Bénévent, le 25 mai 1887. Il entra chez les capucins à l’âge de 16 ans où il prit le nom de Fra Pio de Pietrelcina. Il fut ordonné prêtre dans la cathédrale de Bénévent le 10 août 1910. En juillet 1916, il monta provisoirement au couvent de San Giovanni Rotondo: il y resta cinquante deux ans, jusqu’à sa mort en 1968. 

Avant d’entrer dans le cœur de la correspondance de Padre Pio, il convient de noter les trois principaux points qui caractérisent toute la vie de Padre Pio. 

L’amour est douleur 

Jésus m’a fait entendre sa voix encore plus fort dans mon cœur: “Mon fils, l’amour se vérifie dans la douleur; tu le sentiras intensément dans ton esprit et plus encore dans ton corps.” 

Les tentations contre la foi 

Cet infâme apostat (le démon) veut m’arracher du cœur ce que j’y ai de plus sacré: la foi. Il m’assaille à toutes les heures du jour: il tourmente mon sommeil à toutes les heures de la nuit. Jusqu’à aujourd’hui j’ai pleinement conscience qu’il n’a pas réussi à en avoir raison; mais à l’avenir... 

Les tentations contre la foi sont de plus en plus nombreuses. je vis donc dans l’obscurité parfaite, j’essaie de voir, mais en vain... Je n’ai pour me soutenir que la parole de l’autorité. Que la volonté de Dieu soit faite! 

Les doutes sur sa vie intérieure

Je suis tourmenté par une profonde tristesse et une pensée atroce me traverse l’esprit: est-ce que tout cela n’est qu’illusion à mon insu? Dieu seul sait quel supplice c’est pour moi! 

Sur la mission des prêtres 

Tout ministre du Seigneur devrait toujours travailler pour le salut des âmes. Jamais il ne devrait connaître la fatigue. 

1 - Comment Padre Pio vivait les vertus

1-1-La simplicité 

Au Père Agostino 

Dieu se plaît à se révéler aux âmes simples; efforçons-nous donc d’acquérir cette belle vertu, tenons-la en grande considération; Jésus a dit: “Si vous ne retournez pas à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux...” Éloignons de notre cœur toute prudence terrestre. Tâchons d’avoir toujours un esprit pur, des idées droites, des intentions saintes. Veillons à ce que notre volonté ne cherche rien d’autre que Dieu et sa gloire... 

1-2-La confiance et l’abandon à Dieu 

La paix est simplicité d’esprit, sérénité, tranquillité, lien d’amour. Elle est harmonie en nous; elle est joie continuelle qui naît du témoignage de notre bonne conscience; c’est la sainte allégresse d’un cœur sur lequel Dieu règne. La paix est le chemin de la perfection. Mieux, c’est en elle que réside la perfection, et le démon, qui connaît fort bien tout cela, s’efforce de nous la faire perdre. Soyons donc vigilants au moindre symptôme de trouble; dès que nous nous rendons compte que nous cédons au découragement, tournons-nous vers Dieu en toute confiance et avec un abandon total. (10 juillet 1915) 

Au Père Agostino 

”C’est par votre patience que vous sauverez vos vies”, nous dit le divin Maître. C’est donc par elle que nous sauverons notre âme; et dans la mesure où elle sera parfaite, le salut de notre âme sera total, parfait, certain. Il s’ensuit que, moins celle-ci est encombrée de troubles et de soucis, plus notre patience est parfaite. (4 mai 1917) 

Au père Agostino 

Vive Dieu qui ne laisse pas longtemps sans réconfort ceux qui espèrent en lui et s’abandonnent à lui! (1er septembre 1916) 

Au Père Agostino 

Heureuses les âmes qui sont inscrites dans le Livre de la vie éternelle! Heureuses mille fois les âmes en vie qui sont les bien-aimées du Cœur de Dieu!... 

L’espérance et le silence seront ma force tant que cette misérable vie durera. Quant à vous, mon créateur et mon Dieu, faîtes brûler dans mon cœur cette belle flamme de votre amour. (18 septembre 1915) 

Au père Agostino 

Oh! mon Père... j’ai une telle confiance en Jésus que, même si je voyais l’Enfer ouvert devant moi et que je me trouvais au bord de l’abîme, je ne douterais pas de lui, je ne désespérerais pas, je me fierais à lui. (3 décembre 1912) 

Au père Agostino 

C’est en raison de leur manque de confiance que la plus grande partie de cet immense peuple de Dieu qui errait dans le désert, n’est pas entrée dans la Terre promise. Même leur guide, Moïse, a connu ce sort pour avoir hésité à frapper la pierre d’où devait jaillir l’eau qui allait désaltérer le peuple assoiffé. (17 août 1913) 

Au Père Agostino 

Mettons toujours notre confiance en Dieu, mon Père, et que la foi vivante et les réconforts de l’espérance chrétienne nous y aident. (20 juin 1915) 

Au Père Agostino 

Ayons confiance: la grâce de Jésus nous soutiendra toujours. Combattons en hommes forts dotés d’une âme forte. (24 juin 1915) 

Au Père Benedetto 

Mon Dieu! Que ta confiance éclaire mon intelligence une fois encore, que ton amour réchauffe mon cœur broyé par la douleur de t’offenser à l’heure de l’épreuve. (8 novembre 1916) 

Au Père Benedetto 

Je prierai le divin Enfant de façon toute spéciale pour qu’il vous fasse croître en charité et pour qu’il donne à votre esprit la lumière de l’espérance céleste ainsi que l’esprit de sagesse à propos de trois mystères en particulier: celui de notre vocation chrétienne; celui des biens éternels qui nous sont réservés; celui de notre justification. (19 décembre 1914) 

Au Père Benedetto 

Soyez joyeux et tranquille et laissez faire Dieu. (1er janvier 1921) 

Au Père Benedetto 

Recommandez-moi et faites-moi recommander à la divine Miséricorde afin que, par la grâce divine, je meure vraiment à moi-même, et puisse vivre totalement pour Jésus et avec Jésus, et qu’Il me donne la force de porter le poids du ministère sacré sous lequel je me sens presque écrasé en ces jours de travail intense. (23 février 1921) 

Au Père Benedetto 

Vous devez demander une seule chose à Notre Seigneur: l’aimer. Et pour le reste, le remercier... Comment est-il possible de voir Dieu qui s’attriste pour le mal, et de ne pas être désolé pareillement?... Je ne ressens rien d’autre que d’avoir et de vouloir ce que Dieu veut. (20 novembre 1921) 

1-3-L’obéissance 

Au Père Agostino 

Je suis un mystère pour moi-même et, si je tiens bon, c’est parce que Dieu a réservé la parole ultime, et la plus sûre à l’autorité sur cette terre et qu’il n’y a donc pas de règle plus fidèle que la volonté et le désir du supérieur. Je me fie à cette autorité comme un petit enfant dans les bras de sa mère... (15 août 1916) 

Au Père Benedetto 

L’obéissance est tout pour moi et je n’éprouve aucun effort à m’y soumettre. (26 août 1916) 

Au Père Benedetto 

Qu’il est beau, Père bien-aimé, de savoir vivre selon les dispositions du Seigneur! (18 mars 1917) 

Au Père Benedetto 

Je l’affirme, en renonçant à toutes mes volontés, à tout ce que je sais, à mes goûts et à mes connaissances: j’affirme que je suis le fils très obéissant de mon directeur spirituel, même au plus fort des rigueurs du Très-haut... 

Je suis perdu, oui perdu dans l’inconnu. Je suis privé de tout. Toutefois, j’ai beau n’éprouver aucun réconfort, je suis résolu à m’en tenir à la seule voix de celui qui remplace Dieu. J’ai faim, mon Père, du retour de mon Dieu en mon âme... 

Je ne comprends plus rien, je redoute terriblement d’être abandonné à moi-même pour toujours et c’est par crainte que je m’agrippe  ou que je prends le risque de m’agripper  à l’obéissance qui, pourtant, semble elle aussi m’échapper inconsciemment. (4 juin 1918) 

1-4-L’Amour de Dieu 

Au père Agostino 

Hélas! mon Père, comme les hommes offensent Jésus! Mon sang se glace quand je pense que l’amour de Jésus est si mal payé de retour. À voir la haine que les hommes lui portent, on dirait qque Jésus ne les a jamais aimés... Qu’adviendrait-il des hommes s’ils n’avaient plus Jésus au milieu d’eux? (8 septembre 1913) 

Au père Agostino 

Il y a une chose que je sais en toute vérité et certitude, c’est que mon cœur aime infiniment plus que mon intelligence ne peut comprendre. (24 octobre 1913) 

Au Père Benedetto 

Ce que je comprends en toute vérité et clarté, c’est que, même dans un tel moment (de doute), mon cœur aime beaucoup plus que mon intelligence ne connaît.(1er novembre 1913)1914) 

Au Père Agostino 

Que Jésus soit sans cesse au centre de votre âme pour l’enflammer toujours de son pur amour, ce qui est la plus digne bénédiction de votre esprit et la plus désirable. (29 octobre 1917) 

Au Père Benedetto 

Les événements présents, tout désolants qu’ils soient, sont simplement des épreuves suscitées par l’amour de l’époux divin. (12 avril 1921) 

1-5-L’humilité et la charité 

Au Père Benedetto 

Efforcez-vous chaque jour davantage, avec l’aide de Dieu, de maintenir toujours solides en vous l’humilité et la charité, qui sont les cordes maîtresses de tout le grand édifice, car toutes les autres en dépendent. 

Maintenez-vous bien dans ces vertus. L’une est la plus basse et l’autre la plus haute. La solidité de tout l’édifice dépend des fondations et du toit; si on garde toujours le cœur tourné vers la pratique de ces vertus, on ne rencontrera pas de difficulté ensuite pour les autres... Ce sont les mères de toutes les vertus qui les suivent comme les poussins suivent leur mère. (29 avril 1919) 

Au père Agostino 

Pour une âme embrasée par la charité, subvenir aux nécessités de son prochain est comme une fièvre qui va lentement la consumer. 

Au Père Agostino 

Une seule chose doit vous préoccuper continuellement: progresser dans la charité. (25 août 1915) 

Au Père Benedetto 

J’éprouve un vif désir, mais la plupart du temps sans penser à le faire, de passer chaque instant de ma vie à aimer le Seigneur; je voudrais le tenir fort, fort par la main et parcourir dans la joie cette voie douloureuse sur laquelle il m’a placé. 

Je voudrais que mon âme ne pense qu’à Jésus, que mon cœur ne batte que pour lui seul et toujours. Tout cela, je le promets régulièrement à Jésus mais je me rends bien compte que ma résolution disparaît dans la très dure épreuve à laquelle mon esprit est soumis... Je suis un pauvre aveugle et j’ai absolument besoin que vous me guidiez. Ne m’abandonnez pas, mon Père! (6 mars 1917) 

Au Père Benedetto 

À la vue d’un pauvre, la grande compassion qu’éprouve mon âme suscite en elle un désir brûlant de lui venir en aide et, si je n’écoutais que ma volonté propre, j’irais jusqu’à me dépouiller de mes vêtements pour l’en revêtir. (26 mars 1914) 

Au Père Benedetto 

Soyez bon et patient envers celui qui vous cause sans cesse de nouvelles difficultés.(11 mars 1915) 

Au Père Agostino 

Priez Jésus pour moi et, surtout, écrivez-moi longuement et fréquemment. (18 mars 1915) 

Au Père Benedetto 

Pour l’amour du Ciel, ne me refusez pas vos enseignements. (1er avril 1915) 

Au Père Agostino 

La plus grande preuve d’amour consiste à souffrir pour l’être aimé. par conséquent, comme le Fils de Dieu a subi tant de souffrances par pur amour, il ne fait aucun doute que la croix qu’il a portée devient aussi aimable que l’amour. (1er juillet 1915) 

Au père Agostino 

Par dessus tout ayez à cœur l’amour de Dieu, du prochain et de vous-même. Abstenez-vous de juger qui que ce soit, sauf ce qui relève de votre devoir. En agissant ainsi vous garderez l’estime envers tous, et en outre vous vous montrerez digne fils du Père du Ciel qui fait resplendir son soleil sur le juste et sur le pécheur. (2 avril 1919) 

Au Père Benedetto 

Je veux aimer Jésus comme cela me convient à moi. Je désire l’aimer; je sais que je l’aime; mais mon Dieu, je me rends compte que mon amour est tellement inférieur au désir que j’en ai... (7 avril 1915) 

Aidez-moi, je vous en prie, ne m’abandonnez pas. (15 avril 1915) 

1-6-La sainteté 

À l’une de ses dirigées, Padre Pio écrit, le 30 décembre 1915: “Sainteté veut dire être au-dessus de nous-mêmes, cela veut dire être victorieux de toutes nos passions, cela veut dire mépriser nous-mêmes et les choses du monde vraiment et sans cesse jusqu’à préférer la pauvreté aux richesses, l’humiliation à la gloire, la douleur au plaisir. La sainteté, c’est aimer le prochain comme soi-même et par amour de Dieu. La sainteté, sur ce point, c’est aimer même celui qui nous maudit, qui nous hait, qui nous persécute au point même de lui faire du bien. 

La sainteté, c’est vivre dans l’humilité, le désintéressement; c’est être prudents, justes, patients, charitables, chastes, doux, travailleurs, c’est observer ses devoirs propres non pour un autre but que celui de plaire à Dieu, et pour en recevoir de Lui seul la récompense méritée. En bref, la sainteté, ô Raffaelina, a en elle la force de transformer, selon le langage des Livres saints, l’homme en Dieu.” 

2 - Les obstacles à la vertu 

2-1-La vanité et la vaine gloire 

Au Père Agostino 

Mon Dieu! Quel martyre que la tentation de la vanité! Cela semble n’être rien, mais il faut être persuadé du contraire; il faut être passé par ce feu pour en comprendre toute l’intensité. Le seul moyen de la vaincre, c’est de contempler l’humanité de Jésus. Le christ, sa Mère bien-aimée, mon bon ange gardien et tous les autres m’encouragent et ne cessent de me répéter que, pour être une vraie victime, il faut aller jusqu’à verser tout son sang. (18 novembre 1912) 

Au Père Agostino 

Il me semble que le Seigneur désire que je prenne la vanité pour sujet de réflexion... C’est un ennemi propre aux âmes consacrées au Seigneur et qui cherchent à approfondir leur vie spirituelle. Elle mite l’âme qui tend à la perfection et les saints la qualifient de rongeur de sainteté... 

La vanité est d’autant plus à craindre qu’il n’y a pas de vertu pour s’y opposer. En effet, à chaque vice correspond un remède et une vertu contraire: la colère se combat par la mansuétude, l’envie par la charité, l’orgueil par l’humilité, et ainsi de suite. Seule la vanité n’a pas de vertu contraire. Elle s’insinue dans les actes les plus saints, et jusque dans l’humilité si l’on n’y prend pas garde. Saint Chrysostome écrit à ce sujet: “Tu excites d’autant plus la vanité que tu veux l’exclure de tout le bien que tu fais”. Et quelle en est la cause? “Tout ce qui mal naît du mal. Seule la vanité procède du bien; c’est pourquoi elle n’est pas éteinte par le bien, mais au contraire s’en nourrit.” 

La vanité relève même la tête contre ceux qui la combattent et en sont victorieux. Elle repart à l’assaut de ses vainqueurs en utilisant jusqu’aux victoires qu’ils ont otenues sur elle. C’est un ennemi qui ne se fatigue jamais, qui vient guerroyer dans tous nos actes et, si nous ne nous en rendons pas compte, nous en sommes les victimes. (2 août 1913) 

Au Père Agostino 

Il vous faut être toujours vigilant sur vous-même, en particulier en ce qui concerne ce maudit vice qu’est la vanité; c’est en effet ce qui ronge l’âme pieuse. Il faut y veiller d’autant plus que ce vice pénètre facilement dans l’âme sans qu’on s’en aperçoive; c’est pourquoi il est extrêmement difficile de s’en rendre compte. Soyons toujours en alerte! Il ne nous faut jamais croire que nous combattons trop cet ennemi infatigable. (9 mai 1915) 

Au Père Agostino 

Soyons toujours sur nos gardes pour ne pas laisser le démon s’insinuer en nous par le vice maudit de la vanité. (17 octobre 1915) 

Et pour résumer: 

La vaine gloire est véritablement un ennemi des âmes qui se sont consacrées au Seigneur et se sont données à la vie spirituelle; c’est pourquoi elle peut être appelée à bon droit la teigne de l’âme qui tend à la perfection? Comme le disent les saints, c’est le ver rongeur de la sainteté.... C’est un ennemi qui ne se décourage jamais; c’est un ennemi qui nous déclare la guerre dans tous nos actes, et, si on ne s’en aperçoit pas, on en est victime... 

La vaine gloire suit la vertu n’importe où (comme l’ombre suit le corps). En vain le corps cherche à fuir son ombre, celle-ci le suit toujours et partout, et le presse. Il arrive la même chose à celui qui cherche la vertu, la perfection: plus il fuit la vaine gloire, et plus elle l’encercle. Craignons tous notre grande ennemie. 

2-2-Les scrupules

Au Père Benedetto 

Depuis plusieurs jours je ressens un trouble de conscience continuel pour ma vie passée, si mal employée. Mais ce qui me martyrise le plus le cœur et m’afflige outre mesure, c’est la pensée de n’être pas certain d’avoir confessé tous les péchés de ma vie, et aussi celle de les avoir ou non bien confessés. Mon Père, j’ai besoin d’une aide qui apaise les flottements de mon esprit, car, croyez-moi, c’est une pensés qui me tue; je ne sais quel parti prendre. (20 juin 1910) 

Au Père Agostino 

Restez donc tel que vous êtes et ne permettez jamais que votre âme s’attriste ni qu’elle vive dans l’amertume spirituelle ou dans les scrupules, car celui qui l’a aimée et qui est mort pour la faire vivre est doux, bon et aimable. (10 août 1917) 

Au père Agostino 

Il n’y a rien de pire que les regrets, les afflictions et les mélancolies pour assécher le lait et le miel de la charité. Vivez donc dans une sainte joie au milieu de ces enfants de la patrie[1]: soyez leur réconfort spirituel, montrez-vous bon et d’aspect agréable, pour qu’ils accourent avec joie. (15 décembre 1917) 

3 - Les remèdes contre Satan

3-1-Marie 

Au Père Agostino 

Que de fois n’ai-je pas confié à cette Mère les angoisses torturantes de mon cœur troublé! Et que de fois elle m’a réconforté!... Pauvre maman, comme elle m’aime! J’ai encore pu le constater au tout début du mois. Ce matin, elle m’a elle-même accompagné à l’autel avec beaucoup de gentillesse. J’avais l’impression qu’elle n’avait rien d’autre à penser si ce n’est à me combler le cœur d’affection...  Je voudrais avoir une voix tellement puissante pour inviter les pécheurs du monde entier à aimer la Vierge Marie! (1er mai 1912) 

Au Père Agostino 

Oh! Que cela est beau à voir! Regardons bien avec les yeux de l’esprit: immédiatement après Jésus, voici venir notre très sainte Mère qui le suit, chargée de sa propre croix, avec une totale perfection. Elle est suivie par les apôtres, les martyrs, les docteurs, les vierges et les confesseurs. Oh! Que cette foule est sainte, noble, auguste, priante et chère! Comme sa joie est sincère, sa manière de vivre parfaite! La foi l’anime, la confiance la soutient, la charité l’embrase, la pudeur l’embellit, la pénitence l’orne. (24 juin 1915) 

Au Père Agostino 

Que la Sainte Vierge nous obtienne d’aimer la croix, les souffrances et les douleurs! Puisqu’elle fut la première à mettre l’Évangile en pratique dans toute sa perfection et sa sévérité... Efforçons-nous aussi, à l’exemple de tant d’âmes élues, de nous tenir toujours derrière cette Mère bénie et de marcher à sa suite, car il n’y a pas d’autre chemin qui conduise à la vie que celui que notre Mère emprunte: ne nous en détournons pas si nous voulons atteindre notre but. (1er juillet 1915) 

3-2-Le repentir 

Au Père Benedetto 

Je vois en moi quelque chose qui tient du mystère; je me repens continuellement de mes péchés, je me propose continuellement de ne plus les commettre, j’ai continuellement une volonté résolue à ne plus pécher; et pourtant, c’est avec douleur que je le dis, en versant des larmes de sang: je suis encore si imparfait qu’il me semble que bien souvent je dois dégoûter le Seigneur. (2 septembre 1911) 

3-3-La confession 

Au Père Benedetto 

La volonté de Dieu est que vous poursuiviez votre ministère de confession et que vous soyez serein, car ce ministère sera pour vous l’occasion de plus grandes grâces auprès du Seigneur. Maintenant que vous savez cela, vous comprendrez bien que c’est l’esprit malin qui a suscité dans votre âme tant de craintes à ce sujet. 

Cette maudite bête connaît trop bien le nombre d’âmes tièdes qui sont devenues ferventes grâce à vous; le nombre d’âmes pécheresses qui se sont données entièrement au Seigneur grâce à vos saintes exhortations; le nombre infini d’âmes qui se sont consacrées à la perfection chrétienne parce que vous leur en avez donné le goût. C’est pourquoi, à la vue de tant de belles œuvres, le diable a voulu s’insinuer dans votre cœur par ces funestes craintes sur votre ministère. (10 septembre 1915) 

Au Père Agostino 

Une foule d’âmes assoiffées de Jésus me tombe dessus au point que je m’en arrache les cheveux. Devant une moisson si abondante, d’un côté je m’en réjouis dans le Seigneur, car je vois les rangs des âmes élues grossir sans cesse et Jésus être plus aimé; d’un autre côté, je me sens harassé sous un tel poids et presque découragé, pour plusieurs raisons faciles à comprendre. (23 août 1916) 

Pourquoi la confession fréquente, hebdomadaire même, que Padre Pio conseillait à ses dirigés? À l’une de ses filles spirituelles, Padre Pio conseilla: “Tu diras à ton papa qu’une chambre bien nettoyée et même inoccupée, si l’on y retourne au bout de huit jours, tu verras qu’il y a de la poussière et qu’elle a besoin d’être époussetée à nouveau.” Car, disait encore Padre Pio, “la confession est le bain de l’âme. Il le faut tous les huit jours au moins. Je ne veux pas que les âmes restent éloignées de la confession plus de huit jours.”  

3-4-La prière et l’oraison 

Au Père Benedetto 

Je recours à la prière, je me jette dans les bras de la miséricorde divine, je pose mon cœur brisé de douleur et las de combattre, sur le Cœur de Jésus. (4 décembre 1916) Car le Cœur de Jésus est un refuge sûr. Voici ce qu’il écrivait déjà en septembre 1916: “Vivez au calme et reposez-vous sur le divin Cœur, sans aucune contrainte, car là, on est bien à l’abri des tempêtes, et la justice de Dieu ne peut même pas arriver jusque là.” 

Au Père Benedetto 

Voici comment je fais mon oraison habituellement. Dès que je me mets à prier, mon âme se recueille dans une paix et une tranquillité inexprimables. Mes sens sont comme en suspens, à l’exception de l’ouïe qui ne l’est pas toujours; toutefois, ce sens ne me gêne pas d’ordinaire, et je dois reconnaître que, même si l’on menait grand tapage à côté de moi, cela ne me gênerait absolument pas. Vous voyez donc que l’intelligence intervient rarement dans ma prière... 

Parfois, mon esprit demeure au contraire dans une grande sécheresse; mon corps se sent accablé par tant d’infirmités. J’ai l’impression d’être dans l’impossibilité de me recueillir et de faire oraison malgré mon désir. (1er novembre 1913) 

Au Père Benedetto 

Ce que je comprends en toute vérité et clarté, c’est que, même dans un tel moment (de doute), mon cœur aime beaucoup plus que mon intelligence ne connaît.(1er novembre 1913) 

Au Père Agostino 

Dieu veut épouser l’âme dans la foi, et l’âme qui doit célébrer ces noces célestes doit marcher dans la foi pure, car c’est le seul et unique moyen de parvenir à une telle union d’amour. Pour être élevée à la contemplation divine, il faut que l’âme soit purifiée de toutes ses imperfections, non seulement actuelles -ce qui s’obtient par la purification des sens-, mais aussi de toute imperfection habituelle; il s’agit dans ce cas de certaines affections, de certaines habitudes imparfaites que la purification des sens n’est pas arrivée à extirper et qui reste au fond de l’âme comme à l’état de racines; cela s’obtient par la purification de l’esprit, au cours de laquelle Dieu pénètre toute l’âme d’une lumière vive, la transperce au plus intime et la renouvelle totalement. (19 décembre 1913) 

Au Père Benedetto 

Aussitôt que je me mets à prier, je sens mon cœur être comme envahi par la flamme d’un vif amour. Cette flamme n’a rien à voir avec toutes celles de ce bas monde. C’est une flamme délicate et très douce qui dévore sans faire souffrir. Elle est si douce, si délicieuse, que l’esprit y trouve un grand plaisir et qu’il en est rassasié au point de ne plus jamais en perdre le désir. Mon Dieu! c’est une chose qui m’émerveille au plus haut point et que je n’arriverai peut-être jamais à comprendre, sinon dans la patrie céleste. 

Loin de faire disparaître la satiété de l’âme, ce désir l’affine toujours plus. Il ne diminue pas le plaisir que l’âme éprouve au plus profond d’elle-même, bien au contraire, ce dernier se perfectionne sans cesse; il en va de même du désir de toujours jouir de cette flamme très vive car, au lieu d’être assouvi par la jouissance, il devient toujours plus pur. (26 mars 1914) 

3-5-La crainte de Dieu 

Au père Agostino 

Le combat est une épreuve qui vise à l’union de l’âme avec Dieu, et un signe de la présence de Dieu au plus intime de l’âme: “Je suis avec lui dans la détresse.” (Ps 91, 15)

Que l’exemple de Jésus ”éprouvé en tout d’une manière semblable, à l’exception du péché” vous encourage, car il fut tenté et éprouvé jusqu’à n’en plus pouvoir et jusqu’à s’exclamer: “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?” Ne prêtez pas foi à ce que vous suggèrent l’ennemi et votre imagination par laquelle Satan vous souffle que Dieu vous punit pour des infidélités cachées... 

Quand l’âme gémit et craint d’offenser Dieu, elle ne l’offense pas et est bien loin de le faire. (25 mars 1918) 

Au Père Agostino 

Efforcez-vous de vaincre et de réprimer en vous cette peur excessive, autrement, Père, Jésus ne vous sourira pas. (27 septembre 1916) 

Au Père Agostino 

Mon Père, gardez courage et ne craignez rien; puisque Jésus est avec vous, de quoi avoir peur? Toutes les craintes qui surviendront n’ont pas lieu d’être puisqu’elles sont sans raison. Elles sont suscitées par notre sottise, mais aussi par notre ennemi commun; c’est pourquoi elles ne méritent que notre mépris. 

Ne vous faites pas de souci à l’idée que l’épreuve sera encore longue; il vaut mieux souffrir le purgatoire par la volonté de Dieu que de goûter aux délices du cloître, qui n’est qu’une pâle figure de la Jérusalem céleste. 

Le Calvaire est le mont des saints; mais de là, on passe à un autre mont qui s’appelle le Thabor. (10 octobre 1916) 

Au Père Benedetto 

Celui qui craint d’offenser Dieu ne l’offense pas; c’est quand cette crainte cesse qu’il l’offense. (29 janvier 1919) 

Au Père Benedetto 

Dieu lui-même veut que vous vous moquiez de tout cela (les craintes) et que vous supportiez ces épreuves dans la paix... Il faut que vous vous résigniez et que vous laissiez faire, même quand il ne vous est pas accordé de laisser faire. (9 janvier 1921)


[1] Le Père Agostino était alors mobilisé

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