Bienheureuse
Dina Bélanger
(1897 - 1929)

3 - Le Cœur de Jésus Agonisant

3-1-Dina et l’Agonie de Jésus 

La vie mystique de Dina semble s’être déroulée selon trois pôles fondamentaux, essentiels: la Sainte Trinité, le Cœur Eucharistique, et l’Agonie de Jésus. 

Nous sommes le jeudi 2 septembre 1926. Alors que Dina priait le Cœur Eucharistique, Jésus lui demanda: 

 Veux-tu goûter au calice de ma Passion? Veux-tu? 

À l’instant même Dina fut envahie par une étrange souffrance intime. Elle écrit: “Dans la nuit de jeudi à vendredi, j’étais comme envahie par un grand sentiment de compassion envers mon Sauveur. La douleur physique est douce comparée à ce que je ressentais en mon âme; ma souffrance avait son foyer au cœur et de là parcourait mon être entier en le broyant. J’éprouvais un ennui accablant, et néanmoins, que j’étais heureuse!” 

Le vendredi 10 septembre, le Seigneur lui redemande: 

 Veux-tu boire à mon calice? 

Dina s’écrie, le 24 septembre: “Ah! que son cœur a souffert au Jardin des Oliviers!” Curieusement elle écrit aussi, le 1er octobre: “Quelles délices mystérieuses que d’être appelée par Lui à le consoler! Cette compassion envers le Cœur agonisant de Jésus m’unit à l’adorable Trinité d’une manière très intime.” 

Les jours passent. Le Cœur Agonisant de Jésus lui fait compatir à sa tristesse, et lui fait goûter ce qu’Il a voulu souffrir durant son agonie. Dina recueille ses plaintes pour nous les faire partager: 

“Mon âme est triste jusqu’à la mort!... Mon Père, que votre volonté soit faite... Bien peu d’âmes veulent compatir à mon agonie! Bien peu d’âmes, même consacrées, savent compatir à l’agonie de mon Cœur!” 

 Pourtant, dit Jésus, je fais de grandes confidences aux âmes qui veulent me consoler dans mon agonie. 

Peu d’âmes savent compatir à l’Agonie du Cœur de Jésus, c’est-à-dire Le consoler dans la plus intime union. Dina s’inquiète et demande pourquoi. 

 Parce qu’elles n’ont pas assez de délicatesse envers moi, et parce qu’elles ne s’appliquent pas assez à une grande perfection dans toutes les petites choses. L’agonie de mon Cœur, ce fut l’isolement, l’oubli, l’ingratitude. 

Progressivement, Jésus poursuivra sa pensée: 

 Si les âmes religieuses savaient! Elles ne savent pas! Hélas! plusieurs ne savent pas parce qu’elles ont peur de savoir! Elles ont peur d’être obligées de renoncer à certaines fantaisies... Je n’appelle pas toutes les âmes consacrées à compatir sensiblement et d’une manière spéciale à mon agonie; c’est là une faveur que j’accorde à certaines âmes que je choisis moi-même. Mais j’appelle toutes les âmes à consoler mon Cœur par l’obéissance, la régularité, la parfaite observance de la Règle, l’application à la perfection en tout, par pur amour pour moi. 

3-2-L’amour du Cœur Agonisant 

Dina parle de l’amour du Cœur Agonisant de Jésus. Il lui a fait comprendre qu’Il a vu à Gethsémani, dans l’ange qui est venu Le consoler, toutes les âmes -surtout les âmes consacrées- qui voudraient, dans la suite des siècles, compatir à son Agonie. Et Dina goûte à l’union intime et constante du Cœur Agonisant de Jésus avec son Père céleste. 

Le 22 janvier 1927 Dina avait reçu des stigmates invisibles. Jésus avoua un peu plus tard: 

 Mon Cœur pense continuellement aux âmes, et la plupart des âmes ne s’occupent pas de moi! Je cherche une âme qui représente l’humanité entière, une âme à qui je puisse accorder la grâce de penser continuellement à Dieu. Je me suis substitué à toi; ma petite Moi-même, je te choisis pour cette âme. Je veux faire passer en ton néant ma pensée éternelle de Dieu. 

Nous voici en février 1927. Le Cœur Agonisant de Jésus se révèlait toujours plus à Dina; Il lui donna à considérer “ce qu’avait ressenti son Cœur Agonisant, chargé et couvert de tous les péchés de l’humanité, en présence de la sainteté infinie de son Père céleste.” 

L’amour du Cœur de Jésus pour les hommes est un mystère incompréhensible, hors de la portée de l’intelligence humaine. Notre Seigneur lui montra la miséricorde du Père et de son Cœur Agonisant. Mais Il lui fit voir également, “en esprit, les millions d‘âmes que, durant son agonie, il voyait courir vers l’enfer. Et lui est là, priant et souffrant, entouré seulement d’un petit nombre d’âmes. Quel spectacle poignant!... 

 Combien d’âmes consacrées dorment encore tandis que mon Église est persécutée et souffre!”  

 Dina demandera: “Que veux-tu, Jésus?” Jésus répondit: 

 L’amour et le sacrifice. En parole, on me dit: tout pour vous, mon Dieu! Mais en pratique, on agit bien souvent: tout pour soi!... Je fais de grandes confidences aux âmes qui veulent compatir à mes souffrances et me consoler dans mon agonie. 

Dina continuera à goûter à l’amertume du calice de Jésus: ennui, dégoût, isolement du cœur, abandon du Père. 

3-3-Le Cœur Agonisant de Jésus veut être consolé... Paroles de Jésus 

          3-3-1-Les consolations de Jésus

Avril 1927-Jésus déclara:

 Si tu savais combien mon Cœur est consolé quand je trouve une âme qui se livre totalement à moi! Même parmi les âmes consacrées, elles sont rares celles qui se livrent totalement à moi! 

Jésus précisa la notion de don total, qui pour tant d’âmes n’est pas total parce qu’il n’est pas sans aucune restriction ni aucune attache: 

 Souviens-toi que, même quand je paraîtrai t’abandonner, te délaisser, te rejeter, je serai près de toi, en toi, substitué en ton être, plus encore, si c’était possible, dans ces moments-là qu’en d’autres temps. 

Vendredi Saint 6 avril 1928. Jésus dit: 

 Reste unie à mon Cœur Agonisant. La grâce de mon calice est une communion— perpétuelle à mon Être divin, mais c’est aussi une communion perpétuelle à l’agonie et aux souffrances de mon Cœur. Ma petite épouse, je te donne la grâce continuelle de ma présence réelle, afin de t’associer plus intimement à ma Passion et à la rédemption des âmes. 

Juin 1928-Nouvelles plaintes de Jésus Agonisant: 

 Console-moi... Reste bien unie à mon Cœur Agonisant... Mon Cœur a tant de grâces à donner et la plupart des âmes ne pensent même pas à les accepter. 

          3-3-2-Mais qu’est-ce que “consoler” le Cœur de Jésus? 

Jésus est au ciel, Il est bienheureux dans la Trinité Sainte. Il ne souffre plus les affres de son Agonie ne de sa Passion. Alors, pourquoi ces désirs toujours renouvelés de consolation? Et surtout, pourquoi Jésus veut-Il que nous Le consolions, nous qui avons été la cause de sa Passion? 

C’est Jésus Lui-même qui, par l’intermédiaire de Dina, nous répond et nous explique combien Il est peu compris, et surtout si mal connu: 

”La nature humaine déchue est un abîme de ténèbres. Dieu le sait; c’est pourquoi sa miséricorde a toujours compassion de notre aveuglement, et, malgré nos répugnances naturelles, nous offre et même nous oblige à recevoir l’instimable bienfait de la croix. Oh! que le divin Maître est heureux d’entendre un merci reconnaissant quand il offre une épine de sa couronne ou quelques gouttes de son calice amer! Combien son Cœur sacré se réjouit quand l’âme blessée et crucifiée baise avec amour le fouet, la lance et les clous précieux! Ah! si le don de Dieu était compris!... Si le Cœur de l’Époux était vraiment connu! “ 

Ainsi, “consoler” Jésus, c’est ouvrir nos cœurs pour découvrir les grâces dont son Amour veut nous combler!

Un jour, Jésus dit à Dina: 

 Console mon Cœur Agonisant, car... j’ai de la peine. 

Jésus parla de nouveau des âmes consacrées et demanda à Dina de beaucoup prier pour sa Congrégation: 

 Elle est si chère à mon Cœur... Prie beaucoup pour ta Congrégation; pour toi, c’est un devoir, et pour moi, c’est un bonheur de répandre sur elle l’abondance de mes grâces... C’est mon grand désir: prie beaucoup et laisse-moi bien faire. 

Mais Jésus ajouta presque aussitôt: 

 Il suffit d’une seule religieuse dans une Congrégation qui me refuse une toute petite chose, pour que cela m’empêche de répandre sur la Congrégation tout entière, la plénitude de mes grâces. 

Octobre 1928-Jésus dit: 

 Ce sont les âmes consacrées qui me sont bien chères, qui me consolent. Ce sont aussi de toutes petites âmes d’enfants encore bien blanches et qui m’aiment pour moi... 

Ce n’est pas le résultat extérieur qui compte à mes yeux, c’est l’action intérieure, parfaitement soumise à ma volonté. 

Si tu savais la joie que tu me causes en me laissant bien faire! 

4 - Portrait de Dina 

4-1-L’humilité de Dina 

Ce qui caractérise le plus Dina Bélanger, c’est son humilité. Elle écrit: “Le sentiment de mon indignité est indicible; je suis pénétrée de mon néant, je me sens faible, pauvre impuissante. À cause de cela ma confiance en Jésus est comme un océan sans horizon, engloutissant l’abîme de mes misères. Je m’élance avec foi et amour dans les régions de la Miséricorde infinie. La bonté de Dieu: voilà mon assurance ferme et ma paix délicieuse.” 

Les tempêtes spirituelles sont nombreuses et parfois violentes. Pénibles à supporter, elles accroissent cependant, en Dina, le sentiment de sa faiblesse et de ses misères. Elle écrit: “Je comprends comment l’amour réparateur des âmes converties, telle celle de Marie-Madeleine, peut dépasser en intensité l’amour innocent des âmes pures... 

Je comprends aussi qu’il soit salutaire quelquefois, de tomber dans certaines fautes -plutôt irréfléchies que consenties, c’est vrai, mais enfin humiliantes pour la volonté-,  parce qu’alors notre pauvre nature, déplorant sa fragilité, s’appuie avec plus d’amour et de confiance sur Dieu, son unique force.” 

Quand Jésus eut fait entrer Dina dans les parterres infinies de la Très Sainte Trinité, elle vit ses actions: “Oh! mes pauvres actions! Elles étaient toutes entachées d’amour-propre, de vanité et de secrète recherche de moi-même... J’avais besoin d’avouer ma misère; je dis à mon bon Maître: “Mon Jésus, je suis bien coupable!” Jésus lui répondit: 

 Ne te regarde pas toi-même. Aie confiance en ma miséricorde. C’est justement parce que tu es faible et misérable que je t’ai choisie... 

Et Jésus fit comprendre à Dina la nécessité pour elle de conserver le silence de reconnaissance et d’humilité. Puis Il lui parla de sa gloire et de l’heureuse faute

 La gloire que mon Père reçoit depuis la Rédemption est beaucoup plus grande, malgré l’offense de l’homme, que si l’homme n’avait jamais péché, parce que la réparation que je lui offre, à mon père, est infinie, et elle couvre infiniment toutes les offenses humaines. Chaque fois qu’une âme s’unit à moi pour glorifier mon Père, elle lui rend par moi une gloire infinie. 

4-2-Les désirs de Dina 

Dina désire, pour la gloire du Père et de l’adorable Trinité, tout ce qu’une créature humaine peut souhaiter, inspirée par l’Esprit et le Cœur d’un Dieu. Et pour la consolation de son Cœur, elle désire le salut et la sanctification de toutes les âmes, comme Dieu le désire lui-même. 

La générosité de Dina 

L’œuvre du salut des âmes, c’est le travail du Seigneur, et cela, Dina l’a bien compris: “Le Cœur de Jésus m’emmène à la conquête des âmes. C’est lui qui fait tout le travail, et moi je lui donne mon ennui, mes petites souffrances, je n’ai qu’à le laisser faire et à ne rien lui refuser. Il m’a bien avertie, hier matin (24 septembre 1927), qu’on ne va pas à la conquête des âmes sans de grandes fatigues ni sans peines, mais tout est si bon avec lui et pour lui!”

4-3-Conseils de Jésus à Dina 

La joie 

En septembre 1928, Jésus parle de la joie associée à la souffrance: 

 Je veux que dès maintenant tu chantes avec moi le cantique éternel de mon Cœur sacré glorieux. Laisse-moi rayonner en toi l’amour et la joie de l’éternité... 

Une âme ne peut pas s’approcher de mon Cœur sans être heureuse, parce que je suis le Foyer de la joie et du bonheur. Même dans les moments où j’associe une âme plus intimement à ma Passion et à mes souffrances, je sais changer pour elle en douceurs toutes les amertumes. Ma petite Moi-même, je te garde dans mon Cœur et dans les profondeurs de l’Essence de la Très Sainte Trinité; je veux donc que tu jouisses comme moi, dès maintenant, dans la mesure où tu souffres avec moi, dans la mesure de ton amour pour moi et de la consolation que tu me donnes. La joie parfaite et constante en moi est la plus grande preuve de l’union parfaite et constante avec moi. Tu m’aimes sincèrement c’est moi qui agis en toi et à ta place, je veux donc le prouver par le rayonnement de ma joie divine... 

Ma joie à laquelle je te donne part peut se trouver dans les aridités, dans les angoisses, dans les ténèbres, parce que c’est la joie de l’union parfaite à ma volonté divine, c’est la joie dans mon amour, la joie dans mon Cœur. 

Souris... Souris à tout quand même je te broie... Veux-tu, ma petite épouse, me laisser rayonner au dehors la joie que je te donne intérieurement?... Applique-toi à sourire à tout. Refoule en silence tes ennuis, tes fatigues, tes douleurs morales ou physiques, et ne t’occupe qu’à me plaire en souriant... Que la souffrance ne t’empêche pas de sourire extérieurement comme tu me souris intérieurement; que la souffrance ne te distraie pas de ma pensée. 

Mais la joie dans la souffrance est-elle vraiment possible? Et pourquoi la souffrance? À cette universelle question des hommes:  Jésus répond: 

 La souffrance est la rançon nécessaire du péché. Mais Dieu aime les âmes d’un amour si grand qu’il met son bonheur à changer pour elles en jouissances toutes leurs souffrances. Il veut que déjà sur la terre, les âmes soient heureuses dans la souffrance par l’amour divin. C’est pourquoi les âmes qui aiment Dieu véritablement trouvent tant de bonheur dans la croix, malgré les répugnances de leur nature. C’est qu’elles trouvent et aiment Dieu en tout ce qui les contrarie... 

Les âmes ne sont malheureuses qu’autant qu’elles s’éloignent de Dieu. Le grand désir de mon Père et le mien, serait de voir toutes les âmes heureuses, même sur la terre. Quand notre Justice divine afflige ou punit, c’est toujours par amour, et toujours pour rapprocher les âmes de Dieu, de leur souverain bonheur...” 

5-Le Cœur de Jésus agonisant et les âmes consacrées 

5-1-La responsabilité de Dina 

Le 13 mai 1927, Jésus dit: 

 Mon Cœur agonisant a vu, à Gethsémani, outre les âmes consacrées, la multitude de toutes les autres âmes. Regarde-les jusque dans le lointain, jusqu’à la fin des temps, regarde-les jusqu’à la dernière âme qui vivra. Maintenant considère l’influence des âmes consacrées en qui je rayonne sur les âmes du monde... Dans les âmes consacrées entièrement livrées à moi, en qui j’agis librement, regarde mes rayons qui s’étendent à toutes les âmes du monde jusqu’à la fin des temps... Toutes ces âmes du présent et de l’avenir, elles attendent toutes de grandes grâces de ta fidélité à me laisser agir librement en toi. 

 Tu as une grande part,  dit encore Jésus à Dina, dans le salut et la sanctification de chacune... Laisse-moi, ajouta Jésus, laisse-moi en toi être en état d’oblation et d’immolation perpétuelles. Laisse-moi en toi être en état continuel de sacrifice... Supplie le Père céleste de laisser ma très Sainte Mère répandre sur les âmes les trésors de mon Cœur. Mon Cœur est si débordant d’amour pour chacune de ces âmes qu’il ne peut plus contenir les fleuves de grâces qu’il voudrait leur donner; mais la plupart des âmes ne veulent pas de mon amour... 

5-2-Plaintes concernant les âmes sacerdotales 

23 avril 1927. 

Ce jour-là Jésus était triste, d’une tristesse indéfinissable. Il ouvrit son Cœur à Dina et lui parla des âmes sacerdotales: 

 Mes prêtres devraient être d’autres moi-même. À l’agonie, mon Cœur a pleuré des larmes de sang sur un certain nombre de mes prêtres. Plusieurs, parmi eux, possèdent l’éloquence et la science humaine, mais il leur manque la première des sciences: la sainteté. Ils sont unis à moi par la grâce sanctifiante, oui, mais ils ne vivent pas assez dans mon intimité par le renoncement et l’amour pur... Ô ma petite épouse, console-moi! Je sais que tu m’aimes... Mes prêtres, mes prêtres! Ah! Je les aime tant! Et il y en a tant qui m’aiment si peu... Être d’autres moi-mêmes: voilà leur vocation. Un grand nombre sont ma consolation, ma gloire et mon honneur. Mais plusieurs, hélas! me contristent... 

Octobre 1928 - Cris de douleur de Jésus 

“Mes prêtres!... Mes prêtres!... Offre-moi à mon Père pour mes prêtres. Mes prêtres, je les aime tant, et en retour, il y en a tant qui cherchent leur jouissance en dehors de moi! Il y en a tant qui ne savent pas m’aimer!... Je veux de l’amour. J’ai soif des âmes! Un grand nombre d’âmes se perdent parce que beaucoup de mes prêtres ne m’aiment pas assez. Ils ne touchent pas les cœurs parce qu’ils ne sont pas assez unis à moi. Ils comptent trop sur des moyens humains et sur leur activité propre, et pas assez sur mon action divine. 

Conséquence pour Dina: sa soif d’immolation et son désir de consoler le Cœur de Jésus, l’ont conduite à “s’offrir de nouveau au Père éternel, par Notre Seigneur, et en Lui, comme victime, en réparation de tous les péchés des âmes de tous les siècles, depuis le commencement du monde jusqu’à la fin, comme si elle avait été la seule âme capable d’aimer le Bon Dieu.” 

5-3-Plaintes concernant toutes les âmes consacrées 

Sur le même thème, Jésus poursuit l’éducation de Dina: 

 Ma petite épouse, si tu savais combien peu d’âmes consacrées s’occupent de penser à moi! On s’occupe de ses intérêts à soi, de toutes sortes de bagatelles, mais on ne s’applique pas à penser à moi. Chaque fois que tu t’appliques à penser à moi, je te fais pénétrer plus avant dans le cœur de la Très Sainte trinité. En même temps que je te donne la grâce de ma pensée, je t’accorde, pour ta fidèle correspondance, la faveur d’entrer plus profondément dans mon Cœur... 

Il y a bien peu d’âmes, même religieuses, qui consentent à ne vivre que d’infini durant leur passage sur la terre! Pourtant, l’infini seul peut satisfaire leur cœur!... Si tu savais combien il y a d’âmes consacrées qui refusent de se soumettre à l’autorité, à cause de leur orgueil! Laisse-moi te plonger dans l’humiliation et, durant ce temps, je donnerai à beaucoup d’âmes consacrées la grâce de sortir de leur orgueil.” 

Jésus explique à Dina comment, au jardin de l’Agonie, Jésus a versé des larmes de sang sur beaucoup d’âmes consacrées. En mai 1927, Jésus fit voir à Dina une foule innombrable d’âmes consacrées. Il les lui montra comme il les vit lui-même à Gethsémani, et en désigna quelques-unes: 

 Considère cette âme. Tu me reconnais en elle; mais, vois-tu, mes mains sont liées par des fils; elle m’aime, mais elle garde des attaches aux biens temporels qui me lient les mains et m’empêchent de lui donner de grandes grâces. 

Regarde cette autre. Je rayonne davantage en elle; elle m’aime plus. Mais, vois mon Cœur, il est blessé de toutes petites épines; ce sont de toutes petites choses qu’elle me refuse et qui m’empêchent de lui donner tous les trésors de mon Cœur. 

Considère celle-ci. Tu me vois faiblement en elle. Mes pieds sont liés avec des cordes; mes mains sont attachées de même; dans mon Cœur, s’enfoncent des épines qui l’enserrent et le font saigner. C’est une âme tiède. En elle, mon action est paralysée, et elle près de se séparer de moi. 

Et puis, regarde ici. Ne crains pas, tu es avec moi. C’est une âme qui s’est séparée de moi en perdant l’état de grâce. Celle-ci, c’est l’âme d’un prêtre. Je ne l’habite plus, mais mon image reste en elle: c’est une âme baptisée et une âme consacrée. Vois le démon qui s’empare de mon image, qui l’enserre fortement avec des chaînes de fer; il fait grand tapage, il danse, il ricane; il se joue de mon image, et il tyranise cette âme qu’il rend malheureuse, l’entraînant à droite, à gauche: il fait d’elle sa proie. Tu peux me la gagner, l’arracher au démon, en union avec ma très sainte Mère, par l’amour et le sacrifice. Hélas! comme il y en a plusieurs âmes consacrées que je vois tomber sous l’empire du démon! Regarde là-bas, là-bas, au loin... Enfin, considère celle-ci. 

Jésus désigna une nouvelle âme, et Dina s’écria: “Ô mon Jésus, que tu es beau!” Jésus était rayonnant de grâce et de lumière. Il dit: 

 Tu me vois tout rayonnant:  c’est une âme qui ne me refuse rien. Tu ne vois plus rien, rien de l’âme, elle est anéantie en moi, et je me suis substitué à elle. Je puis librement lui donner tous les trésors de mon Cœur. Je la rends heureuse, et elle me console.” 

Jésus explique alors qu’Il a fait voir à Dina cinq catégories d’âmes consacrées. Chaque âme garde sa physionomie particulière, mais elles entrent dans ces catégories en fonction de leur union à Dieu. Ainsi, Jésus rayonne un peu autour de celles en qui Il a les mains liées. Par elles, Il ne peut faire que peu de bien aux âmes qui les entourent. Les âmes qui blessent le Cœur de Jésus avec des petites épines rayonnent davantage et Jésus fait plus de bien par elles. 

 Enfin, dit Jésus, regarde les âmes qui sont totalement livrées à moi et qui ne me refusent rien. Mes rayons s’étendent sur toutes les autres âmes, loin, bien au loin; ils s’étendent jusque sur les âmes livrées au démon. Vois, je vais faire descendre un de mes rayons sur l’âme du prêtre que tu as considérée tantôt. Ce prêtre va se laisser toucher par ma grâce, il tombera à genoux, et je lui pardonnerai. 

Au sujet des âmes dans lesquelles ses mains étaient liées et son Cœur blessé d’épines, Jésus précisa:

 Quand on a les mains liées comme un prisonnier, penses-tu qu’on puisse avoir le cœur bien à l’aise? Quand mes mains sont liées dans une âme parce qu’elle est attachée à autre chose qu’à moi, tu comprends que mon Cœur soit blessé.  Un peu plus tard, Il continua: 

 Je te fais voir toute la multitude des âmes consacrées jusqu’à la fin des temps pour te faire comprendre le rayonnement, même d’une seule âme entièrement livrée à moi, sur toutes les autres âmes. Tu vois que, par elle, mes rayons s’étendent au loin, à l’extrême limite, c’est à dire que je fais du bien jusqu’à la fin des temps. 

J’appelle toutes les âmes consacrées à se livrer totalement à moi, à se laisser remplir par moi, à me laisser agir librement en elles et rayonner par elles comme je le veux. Je les appelle toutes. Et tu vois comme il y en a bien peu qui ne me refusent rien. Dans toute cette multitude, en chaque âme, on ne devrait plus voir rien d’humain, mais me voir, moi seul. En regardant les âmes consacrées, mon Père céleste ne devrait reconnaître et voir en chacune d’elles que moi seul. Hélas! c’est bien loin de là!... 

Jésus poursuivit: 

 Ma petite épouse, écoute... écoute bien... Si toutes les âmes consacrées ne me refusaient rien, si elles me laissaient sans cesse librement agir en elles, toutes les autres âmes seraient sauvées... Par la voix des âmes consacrées, je prierais et je supplierais mon Père céleste de sauver et de sanctifier toutes les autres âmes selon sa volonté sainte, et il ne pourrait pas me refuser... Ma petite épouse, si je vois tomber tant d’âmes dans l’enfer, c’est sans doute parce qu’elles le veulent, mais c’est aussi à cause de l’abus que les âmes consacrées font de mes grâces... 

Prie et supplie, par ma très Sainte Mère et par mon Cœur divin, prie et supplie mon Père céleste de sauver et de sanctifier toutes les âmes. Prie-le et supplie-le de sanctifier toutes les âmes consacrées... Supplier, cela veut dire prier avec instance, prier sans se lasser, prier avec l’assurance d’être exaucé. Prie et supplie! 

1er Juin 1928

Ce jour-là, Jésus, qui semblait particulièrement triste, avoua: 

 On ne m’aime pas assez pour moi. On m’aime trop pour soi-même; il y a si peu d’âmes qui m’aiment pour moi dans l’amour qu’elles me donnent... Si je suis triste, dit encore Jésus, c’est parce qu’il y a tant d’âmes consacrées qui m’aiment pour elles-mêmes; c’est parce qu’il y a tant de mes prêtres qui cherchent leurs intérêts personnels avant les miens.” Et encore: 

 La plupart des âmes ont peur de m’aimer pour moi. Même un grand nombre d’âmes consacrées, un grand nombre de mes prêtres redoutent mes divines avances. Trop d’âmes religieuses et sacerdotales ne comprennent pas que les sacrifices que je leur demande sont des flammes d’amour qui s’échappent de mon Cœur divin pour attirer et sanctifier leur cœur humain.”  

Dernière confidence de Jésus à Dina, écrite en juillet 1929: 

 Je t’ai donné mon Cœur, c’est pour jamais.  Au ciel, tu  devras donc distribuer mes richesses par ma très Sainte Mère.

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