Cassien, originaire
d'Egypte, fut instruit dans la foi et la piété chrétienne par le
saint martyr Théon. L'opinion que l'on eut de sa vertu et de sa
capacité le fit même choisir pour évêque d'une ville que les uns
appellent Orlhe en Egypte, et les autres Orlhosie en Phénicie. On
dit qu'après la paix donnée par Constantin, une vision détermina
Cassien à quitter son église pour venir en Occident. Allant en
Angleterre, afin d'y travailler à la conversion des Bretons, il
passa par Autan pour y converser avec les Druides, comme le
faisaient plusieurs autres missionnaires, avant d'aller en Bretagne.
S. Rhétice le détourna de son voyage, le fixa à Autun et l'admit
dans son clergé.
Élu évêque
d'Autun, après la mort de S. Rhétice, vers l'an 334, il soutint avec
zèle les conversions que ce saint et savant prélat avait commencées,
imita ses vertus, augmenta le nombre des fidèles, et mourut
saintement après environ vingt ans d'épiscopat. Il fut enterré dans
le cimetière de St-Pierre-Létrier qui avait déjà la réputation de
renfermer beaucoup de corps
saints,
soit de martyrs,
soit de fidèles morts en paix. S. Grégoire de Tours, qui vivait 250
ans après, atteste avoir vu le sépulcre de S. Cassien entouré d'une
vénération extraordinaire. La poussière que l'on enlevait des
pierres de son tombeau était un remède souverain contre toutes les
maladies. Aussi en était-il presque usé et percé du temps de
Grégoire de Tours.
Constance, auteur de la
Vie de S. Germain d'Auxerre, rapporte que ce saint évêque, allant en
Italie, passa par Autun, et voulut y visiter le célèbre polyandre de
S. Pierre, et spécialement le tombeau de S. Cassien. II n'y fut pas
plutôt arrivé, qu'il aperçut une croix noire sur un marbre blanc.
Alors il se mit en prières, et dit au saint évêque : « Que
faites-vous ici, mon glorieux frère ? » — Cassien lui répondit
aussitôt, et ses paroles furent entendues de tous les
assistants : — « Je jouis en paix d'un doux repos en
Jésus-Christ, et j'attends l'avènement du Rédempteur. » Germain
lui répartit : — « Reposez longtemps encore en Jésus-Christ, ô
mon frère ! Mais continuez d'intercéder auprès de Notre-Seigneur
pour nous et pour ce peuple, afin que nous méritions d'entendre le
son » désiré de la trompette, les chants mélodieux des élus, et que
nous participions aux joies de la sainte résurrection. »
L'abbé de Saint-Quentin
en Vermandois, touché des merveilles qui s'opéraient continuellement
au tombeau du saint, conçut le dessein de procurer à son monastère
de si vénérables reliques. Il envoya donc des députés à Modon,
évêque d'Autun, chargés de le prier instamment de lui accorder le
corps de S. Cassien. Il l'obtint, en effet, et le fit transporter en
son église vers l'an 820. Il le plaça d'abord en divers endroits,
qui ne parurent point assez décents pour un trésor aussi précieux.
C'est pourquoi Charles-le-Chauve lui fit préparer un reliquaire
magnifique dans la voûte souterraine de la basilique de
Saint-Quentin et eut soin de l'y faire placer honorablement. Quoique
le corps de S. Cassien ne reposât plus à Autun, le roi Robert éleva
une très belle chapelle dans le lieu où il avait été inhumé.
Ce qui prouve
combien la mémoire de S. Cassien était célèbre au moyen-âge, c'est
le nombre des fêtes instituées en son honneur. Il y en avait au 1er
janvier, au 9 février, au 2 mai,
au 16 juillet, et au 14 novembre, pour célébrer son arrivée à Autun,
son ordination et les diverses translations de ses reliques.
L'église de
Savigny, près de Beaune,
était dédiée en son honneur. |