Camilla Battista Varani
Vierge Clarisse, Bienheureuse
1458-1527

Camilla Varani, qui reçut plus tard en religion le nom de Battisa, naquit princesse ; son père, César, souverain de Camérino, fut généralissime des armées pontificales, sa mère Jean e Malatesta était fille des princes-souverains de Rimini. Dès l'enfance sa vie offrit un singulier mélange de piété et de mondanité; elle priait, s'adonnait à des pratiques pénible de pénitence. Mais en même temps, dit son biographe, dans le jardin de son âme, l'ivraie germait à côté du bon grain, et les mauvaises herbes menaçaient d'étouffer les fleurs. Au sortir de l'église elle s'occupait de toilettes et d'amusement ; ses méditations sur la Passion du Sauveur étaient suivies de lectures frivoles, d'amusement mondains. Mais Dieu voulait l'avoir tout entière et l'instrument dont il se servit pour la retirer de la voie dangereuse où elle s'était engagée, fut un enfant du Séraphin, le P. François d'Urbino, prédicateur célèbre dans toute l'Italie. Un de ses sermons dessilla les yeux de la jeune fille ; elle comprit qu'elle ne pouvait faire mentir la parole du Christ, et qu'elle ne pouvait servir Dieu et le monde. Elle se mit sous la direction du saint Religieux, qui l'avait devinée, et fit der rapides progrès dans la vertu ; quelque temps après, agenouillée au pied s des autels, elle consacrait à Dieu sa virginité. Toutefois, ce n'était pas encore là l'holocauste que son Créateur demandait d'elle, et la grâce frappa si fort à son cœur, qui essayait de repousser son inspiration, qu'elle fut obligée de céder.

Celui qui est la fleur des champs et le lis des vallées lui apparut à plusieurs reprises et après l'avoir inondée d'un déluge de grâces, lui laissa dans son âme, dit la Bienheureuse elle-même, trois lis d'un parfum délicieux ; une haine du monde invincible, une humilité sincère, et un ardent désir de souffrance, elle embrassa alors la Règle si austères de saint Claire et ni les caresse, ni les menaces, ni les larmes, ni les violences mêmes de ses parents, ne purent ébranler son énergique résolution, le Jardinier céleste vint donc arracher du milieu du monde cette plante battue par l'orage et qui avait sous le vent de la tribulation jeté de profondes racines dans la vertu. Mais la jeune héroïne n'était pas au bout de ses luttes;des scènes déchirantes pour le cœur d'une enfant, vinrent au monastère comme au palais de son père, éprouvera sa constance de faire éclater sa générosité ; elle fut invincible.

Le second acte de son existence commence alors : la vie religieuse, elle se donne entière aux exercices de la mortification, de la patience t de l'humilité et elle vit dans une union intime avec les douleurs de l' Homme -Dieu. Puis les maladies les plus diverses semblent se donner rendez-vous pour torturer son corps prenant que son âme est soumis à de pénible épreuves ; les ténèbres s'épaississement auteur d'elle, de violentes tentations l'assiègent et de longue sécheresse, qui lui font oublier les délices passées, viennent resserrer son cœur, au point qu'on l'entendit murmurer dans un des ses prières : “Voilà trois ans que j'erre dans les ténèbres, mes forces s'épuisent et le courage va m'aban-donner, rappelez-moi ; à vous ,ô mon Jésus, soutenez dans vos bras votre fille qui chancelle.” Elle devait cependant rester encore de longues années sur la croix, ce ne fut qu'au soir de sa vie que quelques rayons de l'aube éternelle vinrent tempérer ses douloureuses ténèbres et que quelques gouttes de joie infinie tombèrent dans son calice pour en adoucir l'amertume. Ce fut le 31 mai 1527 que son âme se détachant de son corps prit son essor vers le royaume du paradis.

Tiré des Fleurs Franciscaines Vol. 2 p. 85-89

 

 

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