“Celui qui n’est pas prêt à
suivre son Seigneur jusqu’au martyre
ne pourra pas non plus Le suivre dans la gloire.”
La vie de Sainte Brigitte
Brigitte de Suède[1] était la fille
aînée de la deuxième femme de son père, Birger Persson, homme de loi, l’un des
plus puissants personnages du royaume
de
Suède, et grand propriétaire terrien. Elle fut favorisée de quelques visions
pendant son enfance, dont une dramatique vision de Jésus Crucifié: Brigitte
n’avait pas dix ans. Dès lors la Croix sera l’élément central de ses
méditations.
Elle avait douze ans à la mort de
sa mère. En 1316, âgée de quatorze ans, elle fut mariée à Ulf Gudmarson d’Ulfasa,
de cinq ans son aîné. De ce mariage naquirent huit enfants (quatre fils et
quatre filles) dont cinq atteindront l’âge adulte. Après la mort de son mari en
1344, Brigitte distribua ses biens à ses héritiers et aux pauvres, et s’en alla
vivre une vie austère à Alvastra dans un petit logement situé près du monastère
cistercien où Ulf avait vécu ses dernières années. C’est là que le Seigneur
commença ses entretiens avec celle dont il voulait faire son épouse.
Plus tard Brigitte fut amenée à
fonder un nouvel ordre religieux l’Ordre du Saint Sauveur. Mais Brigitte n’était
pas destinée à vivre une vie cachée dans un monastère: le Seigneur lui assignait
une mission de prophète et de prédicateur.
En 1349 Brigitte quitta la Suède,
qu’elle ne reverra plus, pour aller à Rome, espérant y trouver le pape afin de
faire approuver le nouvel ordre religieux, et surtout, de le convaincre de
rentrer à Rome. Mais ni Clément VI, ni Innocent VI, ne répondront pas aux appels
pressants de Brigitte: ils mourront en Avignon.
En 1350, sa fille Catherine, qui
sera elle aussi canonisée, rejoignit sa mère à Rome, là où Brigitte rédigea ses
lettres, ses Révélations et les quinze célèbres oraisons de la Passion. En 1367
enfin, le pape Urbain V revint à Rome, mais pour trois ans seulement.
C’est Catherine de Sienne qui
reprendra le flambeau de Brigitte après la mort de cette dernière, et verra le
retour définitif de la papauté à Rome, en 1377.
Agée de 70 ans, en 1371, Brigitte,
sur l’ordre du Seigneur, entreprend un pèlerinage en Terre Sainte. Le voyage de
retour en 1373 fut long et difficile et Brigitte mourut à Rome le 23 juillet
1373. Elle fut canonisée par Boniface IX en 1391, et la véracité de ses
révélations fut reconnue par le Concile de Constance en 1415.
La vie mystique de Brigitte
“Ne pensez pas
qu’aucun péché soit petit...
Craignez Dieu, confessez vos fautes.
Par la confession l’âme s’approche de plus en plus de Dieu.
Plus la confession est fréquente, et plus elle est exacte,
tant des grandes que des petites fautes, plus elle plaît à Dieu. “
Nous retiendrons surtout les deux
thèmes essentiels des enseignements de Brigitte de Suède: la Miséricorde de Dieu
manifestée par sa Passion, et la nécessité de l’humilité. "Pour parvenir au
Cœur de Dieu, explique la Vierge Marie à Brigitte, il y a deux voies: la
première, c’est l’humilité d’une vraie contrition qui introduit l’homme dans le
Cœur de Dieu. La deuxième, c’est la considération de la Passion de
Jésus-Christ.”
Prophète, chargée de missions
difficiles auprès des papes, Brigitte ne fut pas seulement une grande active.
Elle fut également une grande contemplative, et c’est dans sa vie mystique
qu’elle puisa la force de répondre aux appels du Seigneur et d’accomplir sa
mission.
Le Cœur de Jésus et le cœur de Marie ne sont qu’un seul
cœur
C’est la Vierge Marie qui montra le
chemin à Brigitte. Par les yeux de Marie elle revécut la Passion et la mort de
Jésus. Par Marie, elle connut l’Amour réciproque de Jésus et de sa Mère:
“Nous nous sommes réciproquement aimés, et avec tant de ferveur, que nous avons
été tous deux comme un seul cœur... Je ressentais comme si la moitié de mon
cœur sortait de moi, et quand Il souffrait, j’en ressentais la douleur, comme
si mon cœur eût enduré ses tourments... De même, quand mon Fils était frappé et
flagellé, mon cœur l’était aussi....J’ai été la plus proche de lui dans sa
Passion... J’ose dire que sa douleur était ma douleur, d’autant que son Cœur
était mon cœur... Mon cher Fils et moi avons racheté le monde comme par un seul
Cœur.”
On remarquera combien les
révélations de Brigitte sont orientées vers la souffrance de la Croix et la
nécessité de l’humilité
Les souffrances et l’humiliation de la Croix
Le Christ et Marie, en effet,
insistèrent beaucoup sur la souffrance et l’humiliation de la Croix. Le Christ
dit à Brigitte: “Celui qui n’est pas prêt à suivre son Seigneur jusqu’au martyre
ne pourra pas non plus Le suivre dans la gloire. Marie ajouta: “Vous avez
maintenant deux voies pour parvenir jusqu’au Cœur de Dieu. La première est
l’humilité de la vraie contrition, celle qui conduit l’homme jusqu’au Cœur de
Dieu et au dialogue spirituel. La seconde est la contemplation de la souffrance
de mon Fils.“
On comprend dès lors que la facette
du Cœur de Jésus qui apparaîtra le plus dans les révélations de Brigitte est
presque toujours celle de l’amour débordant du Cœur de Jésus pour nous, mais
d’un amour souffrant. Parlant de ses amis, Jésus dit: “S’ils avaient de
l’amour pour Dieu, ils réfléchiraient aux souffrances du Christ et au sacrifice
de la Croix, puisqu’Il a préféré mourir sur la Croix plutôt que de les
abandonner.” ou encore: “Écoutez ma voix qui criait au gibet: J’ai soif
de vous...”
Mais cette souffrance est pourtant
pleine de douceur, car le Christ: “ est vraiment comme une mère qui court
au-devant de son fils égaré, lui montre une lumière, afin qu’il voie le chemin,
aille à sa rencontre le cœur plein d’amour, lui abrégeant ainsi la route, et
l’embrasse en exultant de joie. ”
Marie dit de son fils: “Celui
qui est le pain des anges et des hommes, qui rassasie toutes choses et qui n’a
besoin de rien, désire d’être repu de l’amour des hommes.”
Jésus complète: “Je suis très
doux, Je suis très charitable, Moi qui suis plus prêt à donner que quelqu’un à
demander. Mes paroles et mon Cœur rassasieront les hommes et les rempliront
d’indicibles et abondantes consolations.”
La Miséricorde du Cœur de Jésus
Dieu est miséricorde, mais Il
réclame l’humilité. Ainsi, parlant à son épouse Brigitte, Jésus lui dit:
“Aimez-moi de tout votre cœur, car Je vous ai aimée. Je me suis librement donné
à mes ennemis... Partant, vous seriez trop ingrate, si vous ne M’aimiez, en
reconnaissance du grand amour que Je vous ai témoigné. Si ma tête a été percée
par les épines et s’est inclinée sur la Croix, votre tête doit bien s’incliner à
l’humilité...”
Jésus précise : “Ma miséricorde
pardonne aux méchants... à cause de mon excès d’amour: à raison de ma grande
charité, Je les supporte jusqu’aux derniers instants de leur vie... Ma
miséricorde leur pardonne, à raison de la perfection des bons et pour la
conversion de quelques méchants.”
Le Cœur de Jésus est plein de
miséricorde pour les pécheurs. Mais le Seigneur demande que les hommes
reconnaissent leurs péchés et qu’ils s’en purifient: “Ne pensez pas qu’aucun
péché soit petit; n’en négligez pas un... Craignez Dieu: la crainte est une
introduction au ciel... Confessez vos fautes. Par la confession l’âme s’approche
de plus en plus de Dieu. Plus la confession est fréquente, et plus elle est
exacte, tant des grandes que des petites fautes, plus elle plaît à Dieu. La
confession plaît d’autant plus à Dieu qu’elle introduit l’âme dans le Cœur de
Dieu.”
Parlant d’un homme simple, Jésus
dit : “... en lui demeure l’humilité qui fait entrer Dieu dans le cœur... Il
m’aime dans son cœur, et d’où lui vient cet amour sinon de mon esprit?... Celui
qui avec foi et volonté dit: Jésus, aie miséricorde de moi, me plaît plus que
celui qui, distraitement, lit mille versets de la Bible... Le pain que je désire
c’est le perfectionnement des âmes, la contrition du cœur... et l’humilité qui
brûle d’amour.”
Et encore : “J’irai avec amour
au-devant de tous mes amis, de tous ceux qui reviennent à Moi, et J’illuminerai
leur esprit et leur âme à la sagesse divine. Je veux les embrasser avec toutes
sortes de gloire, et avec mes troupes célestes... Je vous manifeste mon Amour
afin que ceux qui se sont retirés de Moi reviennent à Moi, et me reconnaissent
pour leur Créateur, lequel ils ont oublié.”
Car, précise Marie parlant à
Brigitte: “Le Cœur de mon Fils est très suave, comme du miel, et très pur
comme une fontaine très pure, car toutes les bontés éparses en cet univers
procèdent de Lui comme de leur source, car Lui est doux.”
Pour conclure les enseignements de Jésus et de Marie
donnés à Sainte Brigitte
Afin de parvenir au Cœur de Dieu,
souvenons-nous que le Cœur de Jésus, Cœur du Fils, est doux, et qu’il est
Miséricorde et Amour. Mais cependant n’oublions jamais l’essentiel, ce que Marie
nous a enseigné par l’intermédiaire de Sainte Brigitte: “Pour parvenir au
Cœur de Dieu, il y a deux voies: la première, c’est l’humilité d’une vraie
contrition qui introduit l’homme dans le Cœur de Dieu. La deuxième, c’est la
considération de la Passion de mon Fils qui fait courir joyeusement jusqu’au
Cœur de Dieu.”
Paulette Leblanc
[1] “Brigitte
de Suède, sainte et prophète” Vie et écrits de la mystique du Nord,
présentés par Aron Anderson - Éditions du PARVIS (1987)
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