Anthelme, évêque
de Belley, est né en Savoie, vers le commencement du XIIe
siècle ; il entra dans l'état ecclésiastique et fut pourvu de bonne
heure de deux bénéfices.
Sa conduite était
irréprochable selon le monde ; on remarquait même en lui une grande
charité pour les
pauvres ; mais sa vie n'était cependant pas
véritablement pieuse. Une visite qu'il fil à la Chartreuse de Portes
lui inspira la résolution de renoncer aux biens de ce monde pour se
livrer uniquement au service de Dieu, parmi les solitaires dont les
exemples lui paraissaient si édifiants.
Envoyé dans la
Grande-Chartreuse, il y pratiqua les austérités de la règle avec une
ferveur admirable, et il y exerça la charge de procureur, de manière
à justifier la haute idée qu'on avait de son mérite. Élu général des
Chartreux après la mort du bienheureux Guignes, il s'opposa avec
vigueur à tous les abus qui pouvaient conduire au relâchement ; et
les contradictions qu'il éprouva dans cette entreprise ne servirent
qu'à mieux faire éclater sa patience et sa fermeté. La discipline
étant rétablie, il se démit de sa dignité ; mais il ne jouit pas
longtemps du repos que sa démission lui procurait, il fut obligé
d'aller prendre le gouvernement de la Chartreuse de Portes. Il
revint dans sa cellule en 1158, espérant qu'on lui permettrait de ne
plus s'occuper que de son salut.
Au milieu du schisme
qui divisait alors l'Eglise, Anthelme, du fond de sa retraite,
rendit de grands services à la cause d'Alexandre III, qui était le
pape légitime, et contribua à ruiner le parti de l'antipape Victor
qui était soutenu par l'empereur Frédéric Barberousse. On élut
Anthelme évêque de Belley en 1163, mais il fallut un ordre du pape
pour le faire acquiescer à son élection. Il commença la réforme de
son diocèse par celle de son clergé. Il employa d'abord les
exhortations et les conseils ; mais il fut forcé, pour réussir,
d'avoir recours aux censures ecclésiastiques ; il défendit avec une
fermeté inflexible les droits de son église contre Hubert, comte de
Savoie. Voyant que ce prince ne voulait rien retirer de ses injustes
prétentions, il quitta son siège, que le pape l'obligea de
reprendre, et le comte se réconcilia sincèrement avec lui quelque
temps après. Saint Anthelme visitait souvent les monastères et
surtout la Grande-Chartreuse. Comme le bon pasteur, il courait après
les brebis égarées el accueillait avec bonté les pécheurs louches de
leur désordres : il avait aussi une tendre charité pour les pauvres,
et versait dans leur scia d'abondantes aumônes. Il mourut l'an 1178,
le 26 juin. |