Anne-Marie Javouhey est
née le 11 novembre 1779 à Jallanges (Côte d’Or)) en Bourgogne.
En
pleine Révolution Française, elle se consacre à Dieu lors d'une
messe clandestine. Adolescente, elle instruit les enfants pauvres de
son village et des alentours. Elle catéchise également.
Mère Rosalie Javouhey,
la plus jeune sœur, en 1819.
Après avoir cherché sa
voie auprès de congrégations religieuses, ayant groupé autour d'elle
quelques jeunes filles, ainsi que ses trois sœurs qui prononcèrent
leurs vœux ensemble, elle fonde en 1805 à Chalon-sur-Saône une
congrégation nouvelle, sous le patronage de saint Joseph, pour
s'occuper d'enfants pauvres.
En 1812, la
congrégation s'installe aux Récollets de Cluny et prend désormais le
nom de Saint-Joseph de Cluny. La congrégation qui a pour but
l'éducation va se faire remarquer à Paris pour sa qualité. C'est
ainsi que les missions outre-mer vont démarrer en 1817. C'est,
chronologiquement, le premier ordre de femmes missionnaires.
Elle établit des
fondations en France et envoie des religieuses à l'île Bourbon en
1817, au Sénégal en 1821, en Martinique et en Guinée en 1822, en
Guadeloupe en 1823...
Finalement c'est
en Guyane qu'elle obtient son plus grand succès. Elle y arrive en
1828 avec 36 Sœurs et 50 émigrants. Le gouvernement français lui
confie la préparation de 500 esclaves à la liberté. Elle s'installe
près de Mana et y fonde une colonie agricole très réussie. Cette
colonie s'appelle aujourd'hui Javouhey.
En 1835, deux ans après
son retour en France, elle recueille du gouvernement 520 Noirs,
autrefois travaillant sous l'autorité de Cayenne : elle les
christianise, les initie à la vie moderne de l'époque et leur
apprend un métier, avant de les laisser repartir. Son principe est
en effet que la liberté doit pouvoir être assumée financièrement et
moralement pour être effective. Elle prouve alors à son temps que
les Noirs peuvent être libres et vivre de leur travail. En 1838 elle
fait libérer 185 esclaves noirs.
Harcelée par ceux qui
craignaient une érosion de la main d'œuvre servile et s'opposaient à
elle, elle arriva néanmoins à influencer beaucoup de propriétaires
de plantations pour qu'ils traitent mieux leurs esclaves et son
œuvre put survivre. Lors de l'abolition de l'esclavage, il n'y eut
pas de grandes émeutes de la part des Noirs, en grande partie à
cause des meilleures conditions de vie, comparées à celles des
autres esclaves de Guyane, qu'elle avait pu obtenir pour eux. Une
majorité d'entre eux s'étaient convertis au christianisme et
baptisaient volontiers leurs enfants.
Prolifique, elle écrira
un journal aujourd'hui publié sous la forme de quatre grands
volumes, où elle parle surtout de la Guyane.
À son retour en France,
elle fonde un petit séminaire d'où sortiront les premiers prêtres
indigènes du Sénégal, dont l'abbé Boilat, auteur des Esquisses
sénégalaises (1853).
Femme forte,
entreprenante et réfléchie, Anne-Marie Javouhey sait tout accueillir
et y discerner l'essentiel. Elle ne se contente pas de soulager la
misère; elle travaille aussi à instaurer un ordre social plus
conforme à l'Évangile. À sa mort à Paris le 15 juillet 1851, 1 200
religieuses se trouvent sur les cinq continents.
Actuellement (2007),
les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny sont plus de 3 000 sur les cinq
continents. |