Issu de
l'illustre famille des Corsini, ce Saint naquit à Florence, en 1302,
le jour de saint André, dont il reçut le nom. La
veille de sa
naissance, sa mère eut un songe, dans lequel il lui semblait mettre
au monde un louveteau qui, entré dans l'église des Carmes, s'y
transforma aussitôt en un agneau d'éclatante blancheur. Aussi cette
pieuse mère eut-elle soin de vouer son enfant à la Très Sainte
Vierge et de lui inspirer l'amour de la piété et de la vertu.
Malgré les
exemples édifiants de ses parents et les sages instructions de ses
précepteurs, André, entraîné par les mauvaises compagnies dans toute
espèce de désordres, ne tarda pas à vérifier la première partie du
songe maternel. Nouvelle Monique, la pauvre mère n'avait d'autres
ressources que ses larmes et ses prières.
Or un jour,
André, mû par un reste de tendresse, demanda à sa mère pourquoi elle
pleurait ainsi: "Ah! mon fils, répondit-elle, je pleure sur le
louveteau que j'ai mis au monde. Quand donc se changera-t-il en
agneau? Souviens-toi que tu appartiens à la Vierge Marie et que tu
dois La servir."
Ces paroles,
comme une flèche divine, pénétrèrent le coeur d'André. Le lendemain
il entra dans l'église des Carmes et, se prosternant devant l'image
de Notre-Dame du Peuple: "Glorieuse Vierge Marie, dit-il, voici le
loup dévorant qui Vous prie de le rendre désormais un agneau docile;
il veut Vous servir dans l'Ordre du Carmel." Aussitôt, il alla prier
le supérieur du monastère de l'admettre dans son couvent. Il avait
alors seize ans.
Dès le début de
son noviciat, sa ferveur étonna les plus parfaits: l'esprit de la
pénitence lui faisait accepter avec joie les offices les plus
humbles. Ses passions un instant se révoltèrent, mais avec son
énergie, l'amour de la prière et de la mortification, il les dompta
si bien qu'il en demeura pour jamais vainqueur. Il fut un modèle
d'obéissance, de ferveur et d'humilité.
Ordonné prêtre en
1328, il offrir à Dieu les prémices de son sacerdoce dans un petit
couvent où il était inconnu et y célébra sa première Messe avec un
recueillement et une dévotion extraordinaires. Aussitôt après la
communion, la Très Sainte Vierge lui apparut, disant: "Tu es Mon
serviteur, Je t'ai choisi, et Je serai glorifiée par toi." Dans la
suite André ne voulut plus d'autre titre que celui de serviteur de
Marie.
Dieu donna à ses
paroles une onction et une force merveilleuse pour convertir les
pécheurs et le favorisa du don des miracles. Un de ses parents fut
guéri par lui d'un mal de jambe qui lui rongeait les chairs, et il
rendit la vue à un aveugle dans la ville d'Avignon où il terminait
ses études près du cardinal Corsini, son oncle.
De retour dans sa
patrie, élu prieur du couvent de Florence, il devint comme le second
apôtre du pays. Dans son admiration pour André, la ville de Fiésole
le choisit pour évêque. A cette nouvelle il prend la fuite et va se
cacher dans un couvent de Chartreux; mais un enfant dévoile sa
retraite.
Son élévation lui
fit redoubler ses austérités. Au cilice il joignit une ceinture de
fer. Il couchait sur des sarments de vigne étendus à terre. Chaque
jour il récitait les sept psaumes de la pénitence et les Litanies
des Saints, et se donnait une rude discipline. Sa charité pour les
pauvres et surtout pour les pauvres honteux était inépuisable; Dieu
lui accorda un jour de multiplier le pain qu'il distribuait aux
indigents.
Pris d'un mal
subit le jour de Noël, il pressentit avec joie son dernier moment.
Il mourut dans la soixante-douzième année de son âge et la treizième
de son épiscopat. Ses reliques sont conservées à Florence dans
l'église des Carmes.
Frères des Écoles
Chrétiennes, Vie des
Saints, p. 53-54 |