ALPHONSE RODRIGUEZ
Frère coadjuteur Jésuite, Saint
(1531-1617)

Saint Alphonse Rodriguez, fils d'un riche marchand drapier, naquit à Ségovie, en Espagne. Après avoir fait ses études au collège d'Alcala, sous la direction des Pères de la Compagnie de Jésus, il retourna à Ségovie à cause du décès de son père et dut s'occuper de l'administration des biens familiaux. Après avoir essuyé des revers de fortune, perdu sa femme et sa fille en l'espace de quelques mois, Alphonse Rodriguez abandonna le soin des affaires et se retira dans une chambre avec son fils à peine âgé de trois ans. Plein de sollicitude pour l'âme de son enfant, il pria Dieu de l'appeler à Lui s'il devait un jour L'offenser. Le Seigneur ravit ce petit ange à sa tendresse quelques jours après sa fervente prière.

Durant six ans, saint Alphonse pratiqua dans le monde toutes les vertus chrétiennes. A l'âge de trente-sept ans, de plus en plus absorbé dans la pensée de la mort et de son salut éternel, il ne songea plus qu'à entrer dans un Ordre religieux. Sur le conseil d'un Père de la Compagnie de Jésus, il commença à étudier le latin, mais le succès ne répondit pas à ses efforts. Laissant ce projet de côté, il pensa à se retirer auprès d'un ermite de Valence, mais son confesseur l'en dissuada.

Âgé de trente-neuf ans, Alphonse entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, au couvent de Saint-Paul de Valence où on l'admit en qualité de Frère coadjuteur. Ses premiers pas dans la vie religieuse révélèrent le haut degré de vertu où il était déjà parvenu. Son humilité que rien ne pouvait déconcerter, sa patience devant les exigences les plus indiscrètes ou les reproches les moins mérités, sa scrupuleuse obéissance, son oraison continuelle suscitaient l'admiration et l'édification de tous ses confrères.

Après six mois de noviciat, ses supérieurs l'envoyèrent sur l'île Majorque, au collège de la Ste Vierge du mont Sion où il prononça ses voeux simples et solennels le même jour. Pendant trente ans, saint Alphonse Rodriguez se sanctifiera dans le modeste emploi de portier, accueillant toutes les personnes qui se présentaient avec le même empressement que si c'eût été Notre-Seigneur. Le matin, au son de la cloche, il demandait à Dieu de le garder sans péché durant le jour, ensuite il se mettait sous la protection de la Très Sainte Vierge en récitant Ses Litanies.

A sa prière incessante, il joignait une mortification extraordinaire. "En toutes choses, témoigna son supérieur, Alphonse cherchait ce qui répugnait le plus à la nature." Ainsi, il ne voulait porter que des vêtements usés. Un crucifix et une image de la Très Sainte Vierge sans nulle valeur artistique ornait la cellule de ce pauvre de Jésus-Christ. Il couchait sur la dure et jeûnait souvent. Regardant le réfectoire comme un lieu de mortification, il offrait tous les sacrifices qu'il s'y imposait pour le soulagement et la délivrance des saintes âmes du purgatoire. Avant de sortir de la maison, saint Alphonse Rodriguez demandait à Notre-Seigneur de le faire mourir plutôt que de le voir consentir à aucun péché mortel. Pendant ses visites, il observait une modestie si exemplaire, parlait si peu et rarement, que cet empire acquis sur ses sens l'avait fait surnommer: le frère mort.

L'obéissance de saint Alphonse Rodriquez était aussi aveugle que parfaite, car ce bon Saint était convaincu qu'en accomplissant les ordres de son supérieur, il exécutait ceux du ciel même. Pour savoir jusqu'où sa sublime dépendance pouvait aller, le recteur du collège de Majorque lui commanda un jour de s'embarquer. Saint Alphonse partit aussitôt sans poser de question. Chemin faisant, un religieux vint lui dire que le supérieur le redemandait. "Où alliez-vous, lui demanda le recteur, puisque vous ignoriez le but du voyage et quel vaisseau vous deviez prendre? – J'allais faire l'obéissance, répondit le saint portier."

Alphonse Rodriguez reçut de Dieu le don de prophétie et celui des miracles. Après quarante-cinq années passées dans la pratique des plus admirables vertus, affligé depuis longtemps d'une douloureuse maladie, le saint religieux reçut le sacrement des infirmes. Ayant communié avec ferveur, l'agonisant ferma les yeux et entra dans un ravissement qui dura trois jours. Durant ce temps, son visage demeura tout rayonnant d'une céleste clarté. Le 31 octobre 1617, le saint Jésuite revint à lui, prononça distinctement le nom adorable de Jésus et Lui rendit son âme, à l'âge de quatre-vingt-six ans. Il fut canonisé par Sa Sainteté Léon XIII, le 8 janvier 1888.

 

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