Que
savons-nous des saints, et comment le savons nous ?
Pour
Sainte Alpais nous avons d'abord un témoin de pierre !
L'actuelle église de Cudot en effet a été
construite du vivant d'Alpais autour de sa logette, transformée
en cellule ! Cet édifice roman subsiste,
restauré à
la fin du XIXe siècle au moment de la canonisation
; on peut l'apercevoir de l'autoroute A6, entre la sortie de
Courtenay et celle de Joigny, vers le sud. Cette église a été
construite par l'Archevêque de Sens, Guillaume de Champagne. Il
avait enquêté sur cette mystérieuse lépreuse
: elle ne mangeait ni ne buvait, mais recevait l'Eucharistie une fois
par semaine. Le plus ancien témoignage écrit nous est
donné par un moine prémontré d'Auxerre, Robert
Abolanz, dans sa chronique de Saint Marien : "L'an 1180 : il
y a actuellement dans le Sénonais au village de Cudot une
jeune fille connue et de grand renom. Rien d'étonnant à
cette célébrité : chez elle resplendit une
étonnante et admirable merveille ! A cette jeune fille il a
été donné par faveur divine de vivre de vie
corporelle sans avoir besoin d'aliment corporel ; et voici dix ans
environ qu'elle est privilégiée d'une telle condition
par la grâce de Dieu". Fille de paysans, Alpais naît
vers 1150-1155, à l'époque du roi Louis VII. Elle
travaille aux champs avec ses frères après la mort de
son père.
Mais
la maladie fait décliner ses forces, elle garde les moutons.
Puis on la découvre lépreuse. La voici reléguée
dans une petite logette où ses proches viennent lui porter à
manger. Un jour ses frères décident de ne plus lui
donner à manger pour la laisser mourir, et en persuadent la
mère. Alpais abandonnée de tous crie vers le Seigneur.
Selon un moine du Prieuré cistercien des Echarlis, tout
proche, cette prière fut faite le samedi saint 1169 :
"Principe de toute pitié, source de toute bonté,
pardonnez à une malheureuse, Compassion immense, regardez mon
malheur… ne m'abandonnez pas à ceux qui demandent ma
mort…ressuscitez la vie d'une pauvre abandonné
demi-morte…" "Belle comme une gerbe des plus
beaux lys", Notre Dame apparaît à la lépreuse,
elle la soulève de ses bras, la revêt de sa lumière
et l'imprègne de son parfum. Le dimanche de Pâques ses
frères et sa mère pris de remord, reviennent la visiter
et lui donner à manger: ils sont d'abord saisis par ce parfum
et découvrent avec stupéfaction que ses plaies ont
disparues.
Elle
demeure extrêmement maigre, avec le corps fané, mais son
visage est redevenu frais, regard vif. Alpais cependant paralysée
; elle ne mange plus. Par la suite au cours de trois extases, elle
recouvrera l'usage de son bras et de sa main droite. Durant les
quarante années qu'elle vivra désormais, elle ne prit
aucune nourriture, sauf la communion. Alpais a de fréquentes
extases pendant lesquelles elle apparait comme en sommeil, presque
morte. Mais quand elle se réveille, elle peut décrire
ses visions. Les paysans des environs puis les moines viennent la
visiter à Cudot. Une source jaillit, qui donne des guérisons
; elle existe encore près du village actuel. A une heure de
marche se trouve un prieuré de Cisterciens, "les
Echarlis", et les moines qui fréquentent la recluse la
font connaître dans leur ordre : des Abbés viennent par
la suite en pèlerinage à Cudot et consultent Alpais.
L'archevêque de Sens décide une enquête : il
envoie des Dames qui surveilleront nuit et jour Alpais pendant un
mois. Elles confirment la vérité du jeûne. Alors
l'archevêque, ce Guillaume de Champagne, beau frère du
roi Louis VII, vient lui-même faire visite à la pauvre
jeune fille ; c'est alors qu'il décide de la construction
d'une cellule à la place de la hutte, et de l'église
attenante.
Les
visions d'Alpais, une évangélisation
De
nombreuses visions d'Alpais qui nous ont été
rapportées, spécialement par le moine des Echarlis, et
par Robert d'Auxerre. Elles constituent une évangélisation.
Beaucoup de gens étaient attirés à Cudot par les
merveilles qu'on disait de "la petite lépreuse de
Dieu" (Jean Larcena). Ils répandaient ensuite le
contenu de ces visions, exhortations et enseignements par oral, et
quelques uns par écrit, grâce à quoi nous pouvons
encore aujourd'hui les connaître. La Reine de France, mère
de Philippe Auguste et bien d'autres grands s'étaient déplacés
à Cudot pour entendre ces récits, demander des
conseils. On imagine que la prédication d'Alpais se répandait
dans le monde de son temps : fustigeant les vices de l'époque,
notamment la cupidité et l'avarice, les défauts du
clergé, corrigeant les moines… La petite malade
percluse, couchée dans sa cellule au côté de
l'Église d'un village perdu, était devenue une
évangélisatrice dont les paroles portaient très
loin, un héraut de Dieu. "Ces récits, simples
comme des images d'Épinal, précis, colorés,
frappaient l'esprit du populaire plus que des discours scolastiques"
écrit Jean Larcena. Encore aujourd'hui on peut lire avec
charme, et être stimulé dans l'espérance, par ses
visions de l'enfer, du purgatoire et du paradis. Mais aussi, par les
descriptions de l'union à Dieu, du don de l'Esprit Saint, des
processions de saints et d'anges qui viennent nous chercher, elle
nous convainc que la vie éternelle, ce n'est pas seulement
pour après la mort : comme le dit Saint Jean, c'est
maintenant, quand nous rencontrons Jésus. Alpais a montré
et montre que dès maintenant l'on peut vivre avec Dieu. La
sainte Patronne des Cosmonautes La lépreuse couchée de
la cellule de Cudot a été adoptée par des
cosmonautes comme sainte Patronne ? Pourquoi ? Parce-que dans ses
extases parfois Alpais voyageait en divers lieux, parfois elle était
élevée au dessus de la terre qu'elle voyait comme un
boule, ou un œuf suspendu au milieu d'une mer d'azur, ou encore
un globe au milieu d'une vallée de ténèbres. Les
contemporains qui ont noté fidèlement ces aspects de
ses visions y voyaient plus de fantaisie que nous, car ce n'était
pas leur cosmologie. Mais ces visions du monde et de la terre
réjouissent les cosmonautes d'aujourd'hui.
http://www.1000questions.net/fr/Qui-sont/Sainte_Alpais.html
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