Zéphirin, romain de naissance, succéda à Pape
Victor en 202, c´est-à-dire dans l´année où Sévère alluma le feu de
la cinquième persécution. Il fut l´appui et le consolateur des
fidèles, et la charité lui fit ressentir ce
que souffraient tous les
confesseurs. Il est vrai que les triomphes des martyrs étaient pour
lui un sujet de joie; mais son coeur reçut des plaies bien profondes
de la chute des apostats et des hérétiques. La douleur que lui
causait l´aveuglement de ces derniers ne cessa point lorsque la paix
eut été rendue à l´Église.
Natalis qui vivait à Rome, et avait souffert
diverses tortures pour la foi, s´était laissé séduire par
Asclépiodote et Théodote le banquier, l´un et l´autre disciples de
Théodote le corroyeur, que le Pape Victor avait excommunié à cause
de son hérésie. Ces deux hérésiarques ordonnèrent Natalis évêque de
leur secte, et s´engagèrent à lui fournir tous les mois un revenu de
cent cinquante deniers d´argent. Mais Dieu eut pitié de celui qui
avait confessé son nom; il l´avertit par plusieurs visions
d´abandonner le parti des hérétiques, dans lequel il ne restait que
par intérêt et par vanité. Enfin Natalis fut fouetté par un Ange
pendant toute une nuit. Le lendemain il alla se jeter aux pieds de
Zéphirin, fondant en larmes, et revêtu d´un habit de pénitence; il
se prosterna aussi devant l´assemblée des fidèles, et y donna de si
grandes marques de repentir, que tous en furent touchés.
Zéphirin montra son zèle avec tant de vigueur
contre les blasphèmes des hérétiques séducteurs de Natalis, que
ceux-ci le traitèrent de la manière la plus outrageuse; mais ce fut
une gloire pour lui de s´entendre donner le titre de principal
défenseur de la divinité de Jésus-Christ. Il mourut en 219, après
avoir occupé le siège pontifical pendant dix-sept ans.
Nous voyons, surtout dans les premiers siècles
du christianisme, une suite de pasteurs zélés à maintenir le dépôt
de la foi, à veiller sur la pureté de la morale et à conserver la
sainteté de la discipline. Qu´ils eurent de combats à soutenir! De
quelle constance et de quelle fermeté n´eurent-ils pas besoin pour
résister au paganisme, aux hérésies et à la corruption du monde!
C´est par leurs travaux que nous jouissons des plus précieux
avantages de la grâce. Nous devons donc à Dieu un tribu de louanges
pour cette miséricorde dont Il a donné des marques si éclatantes à
Son Église. Nous devons encore Lui recommander nos propres oeuvres,
Le prier d´exalter la gloire de Son Saint Nom pour la propagation de
la foi sur la terre, de susciter dans Son Église des modèles de
vertu, des pasteurs animés de Son Esprit, un peuple disposé à
captiver Son entendement sous l´autorité de la révélation, et à
soumettre son coeur au joug aimable de la loi divine, un peuple
saisi d´horreur pour les nouveautés profanes en matière de doctrine,
et aguerri contre les assauts et les artifices de la corruption.
Vies des Saints recueillies par les
meilleurs auteurs, Édition Georges E. Desbarats, 1868 |