Yves de Chartres
Évêque, Saint
† 1115

Yves naquit dans le Beauvoisis, de parents distingués par leur naissance ; après ses premières études, il fit son cours de théologie sous le célèbre Lanfranc, puis devint abbé des chanoines réguliers de. Saint-Quentin de Beauvais. Par suite de la déposition de Geoffroy, évêque de Chartres, accusé de simonie, il fut élu son successeur d'une voix unanime. Pour le déterminer à accepter, il ne fallut rien moins que les instances du roi lui-même, Philippe I", et les ordres du pape Urbain II, qui voulut être le consécrateur du nouveau pontife.

Dès le commencement de son pontificat, il eut bien des peines à éprouver; mais il semble que la Providence n'a suscité ces obstacles que pour faire paraître tout à la fois la prudence, la sagesse et la fermeté de son serviteur.

On sait toutes les démarches qu'il fit auprès du roi Philippe, pour l'engager à mettre fin à une vie scandaleuse, et l'intrépidité qu'il montra dans cette circonstance, au milieu même des persécutions qu'on lui suscita.

Quand il s'agit de procéder à la consécration de Guy, successeur de Hugues III, évêque de Nevers, Richer, archevêque de Sens, souleva quelques difficultés ; alors le légat du Saint-Siège, Hugues de Die, convoqua à Autun les évêques co-provinciaux, pour faire la cérémonie. Yves crut que ce serait agir contre la discipline de l'Église, et il représenta au légat avec respect et fermeté qu'il n'était pas d'usage de traiter les affaires d'une province ecclésiastique dans une autre province, et déclara, en conséquence, qu'il ne se rendrait pas à son invitation; c'était en 1095.

Deux ans plus tard, le 13 décembre 1097, il consacra l'église de Saint-Étienne de Nevers, accompagné de Guy, évêque de Nevers; de Gauthier, évêque de Châlons, et de Humbault, évêque d'Auxerre. Cette église avait été reconstruite en 1063, et le comte Guillaume l'avait complétée en y faisant élever trois tours, en même temps qu'il construisait les cloîtres et les laboratoires du monastère.

Yves était l'âme de la province de Sens. Dans les circonstances difficiles, il guidait par ses conseils les autres prélats de cette province. Guy était mort; le siège de Nevers était vacant, et les partis étaient divisés sur le choix d'un nouvel évêque. Yves, dans cette circonstance, crut devoir écrire à l'archevêque de Sens :

Les exemples que nous ont laissés les Pères, lui disait-il, doivent régler votre manière d'agir : choisissez sans balancer celui qui l'emporte sur l'autre par sa science et sa vertu. Mais si vous ne pouvez encore porter un jugement certain, ne vous pressez pas de procéder a l'imposition des mains ; il sera plus sage, selon moi, d'attendre jusqu'au prochain concile provincial ; on examinera alors et les intentions des électeurs et les mérites des candidats ; de cette manière, votre conscience sera parfaitement éclairée. On suivit le conseil d'Yves, et Hervé fut sacré au concile de Sens, en 1099.

Après une vie plein* de mérites, Yves alla recevoir la récompense de ses, travaux le 23 décembre 1115. Il fut enterré dans l'église de Saint-Jean-en-Vallée, abbaye qu'il avait fondée. Son corps y demeura jusqu'au seizième siècle. Les huguenots le déterrèrent pour la brûler, et jetèrent ses cendres au vent.

Le pape saint Pie V permit à tous les chanoines réguliers de faire l'office en l'honneur du bienheureux Yves de Chartres, le 20 mai ; ce pieux évêque avait été prévôt des chanoines réguliers de Saint-Augustin. Cet office se faisait dans les abbayes de Saint-Martin de Nevers et de Saint-Laurent-des-Aubats, près Cosne. L'ancien Bréviaire de Nevers en faisait aussi mémoire.

Alban Butler : Vies des pères, des martyrs, et des autres principaux saints… traduction de Jean François Godescard.

 

 

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