L’histoire du
bienheureux William Tirry est celle d'un pasteur resté à son poste,
quand il aurait pu fuir, sachant qu'il était recherché, mettant
ainsi sa vie en danger. En vertu de la loi du 6 janvier 1653, la
présence d’un prêtre sur le sol irlandais constituait un crime de
haute trahison passible de mort. William Tirry a été trahi dans sa
clandestinité alors qu'il s'apprêtait à célébrer la messe du Samedi
Saint, 25 mars 1654. Le fait qu'il ait été découvert se préparant
pour la messe le rendit doublement coupable. En outre, lors d’une
fouille de sa chambre on a découvert un manuscrit qu'il avait écrit
sur les erreurs doctrinales du protestantisme.
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Né à Cork, en
Irlande, en 1608, William Tirry appartenait à une famille
distinguée. Son oncle paternel fut
évêque
de Cork-Cloyne.
William est entré
chez les Augustins de sa ville natale, puis a fait ses études à
Valladolid en Espagne, et plus tard à Paris de 1635 à 1636. Il a
ensuite passé quelque temps à Bruxelles avant de revenir en Irlande
quelques années avant le déclenchement des hostilités en 1641.
Parce que la vie
communautaire était impossible à l'époque, il devint aumônier de son
oncle. En 1646, il a été nommé secrétaire de la province. Le 15 juin
1649, il fut nommé prieur du couvent de Skreen, sans toutefois être
en mesure d'y vivre à cause de la présence des troupes de Cromwell.
Après son
arrestation en mars 1654, il fut emprisonné à Clonmel, où il est
resté pendant un mois. Sa vie de prière et de mortification a été
une source d'édification pour les autres prêtres avec qui il a été
emprisonné. Lors de son procès, il a affirmé sa reconnaissance de
l'autorité de la république en matière civile, mais a insisté pour
que dans les choses concernant la religion et de conscience qu'il ne
pouvait obéir qu'à ses supérieurs et au pape. Bien qu'il semble que
le jury ait été enclin à juger en sa faveur, l'influence des
pouvoirs civil et l'autorité militaire l'emporta, et il fut condamné
à mort par pendaison.
Frère William
Tirry a été exécuté à l'âge de quarante-cinq, le 12 mai 1654. Un
capucin, qui avait été jugé et reconnu coupable avec lui, a été
banni après plusieurs mois d'incarcération. C'est à lui que l’on
doit l’important témoignage concernant la procédure de leur procès
et de leur emprisonnement partagé. William a été conduit à
l'échafaud, enchaîné, vêtu de son habit d’Augustin, et priant le
chapelet. Une foule nombreuse s'était rassemblée pour recevoir sa
bénédiction. Il a adressé un dernier mot d'encouragement pour eux, a
réaffirmé publiquement sa foi, puis pardonné aux trois personnes
qui, pour de l’argent, l'avaient trahi. Des passants ont obserevé
que même les protestants ont été profondément émus par sa mort. Des
amis plus tard ont pris son corps et l'ont enterré dans les ruines
du couvent des Augustins de Fetherd. Son lieu de sépulture,
cependant, n'a jamais été retrouvé.
L'impression que
la mort de William a eu sur les catholiques et les protestants, et
les grâces obtenues par son intercession, ont vite fait sa
réputation comme martyr et saint. Le cas d’William est l'un des
mieux documentés des dix-sept martyrs irlandais qui ont été
béatifiés par le Pape Jean-Paul II le 27 Septembre 1992.
Sa fête est
célébrée par la famille des Augustins le 12 mai. |