Saint Wendelin, communément appelé saint Wentel, était écossais
d’origine : on le dit même issu du sang royal. A l’exemple d’un
grand nombre de ses compatriotes, il se revêtit de l’habit de
pèlerin et
se mit à
voyager
dans diverses contrées, cherchant quelque lieu où il pût se
fixer pour y vaquer uniquement à la prière et
à l’œuvre de sa sanctification. Il passa quelque temps au milieu
d’une forêt dans le pays de Trèves, y menant la vie cénobitique
et
pratiquant toutes sortes d’austérités. Mais un Seigneur, à qui
il demanda l’aumône, lui reprocha ce genre de vie qui le
rendait, disait-il, inutile à la société, et
lui proposa de lui donner un emploi dans sa terre. Ce fut de
garder ses troupeaux. Wendelin accepta, et
trouva dans cette humble condition plus de consolation et
de jouissances qu’il n’en eût éprouvé sur le trône et
dans l’abondance de tous les biens de la terre. Eloigné de toute
cause extérieure de distraction, il vivait dans une union intime
et
habituelle avec Dieu, le priant presque sans interruption
et
s’estimant heureux de pouvoir le servir à son gré, sans
inquiétude et
sans souci pour les besoins de la vie 1natérielle.
Wendelin devint l’objet de l’estime, de l’amitié, de la
vénération même de son maître. Il n’en fallut pas davantage pour
exciter contre lui la jalousie de ceux qui vivaient avec lui
dans sa maison. Il eut longtemps à souffrir de leurs railleries
et
de leurs mépris ; ils en vinrent jusqu’à le maltraiter en
plusieurs manières. Mais ils ne réussirent qu’à faire éclater
davantage sa vertu, parla douceur et
la patience avec lesquelles il ne cessa de supporter leurs
injures et
leurs calomnies.
Une autre épreuve plus délicate et
plus difficile à surmonter, vint encore l’assaillir. Le souvenir
de sa patrie et
de ses parents lui revint plus d’une fois à l’esprit. Il se
reprochait d’avoir résisté aux sentiments les plus légitimes de
la nature, en les abandonnant, et
il était sur le point de retourner auprès d’eux pour se jeter a
leurs pieds et
les consoler de sa longue absence. Mais la grâce le soutint,
et
le désir de la patrie céleste, la seule où nous ayons une cité
permanente, fit enfin évanouir les regrets que lui inspirait la
perte des
biens temporels.
Cependant le maître de Wendelin ne put souffrir plus longtemps
un si saint personnage dans une condition si basse et
même si pénible. Il lui donna la liberté de faire désormais tout
ce qu’il voudrait, tout en restant dans sa maison, si cela lui
convenait ; mais Wendelin préféra de rentrer dans la solitude,
et
alla habiter une petite cellule qu’on lui construisit près du
monastère de Tholey. Il se fit même recevoir dans l'ordre de
Saint-Benoît. Quelque temps après, l'abbé de Tholey étant mort,
les religieux élurent Wendelin pour lui succéder, tant sa
réputation de sainteté était établie dans le pays. Malgré ses
infirmités, il accepta cette charge difficile, et
fut pour ce couvent un modèle admirable d’humilité, de patience
et
de résignation à la volonté du Seigneur. Il mourut le 22 octobre
de l’an 1015. Son corps fut enterré dans sa petite cellule, à la
place de laquelle on bâtit ensuite une église en l’honneur du
saint abbé. Un bourg s’y est élevé depuis, et l’église
de Saint-Wendelin est l’objet d’un pèlerinage très-fréquenté.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |