Wendelin de Tholey
Abbé, Saint
+ 1015

Saint Wendelin, communément appelé saint Wentel, était écossais d’origine : on le dit même issu du sang royal. A l’exemple d’un grand nombre de ses compatriotes, il se revêtit de l’habit de pèlerin et se mit à voyager dans diverses contrées, cherchant quelque lieu où il pût se fixer pour y vaquer uniquement à la prière et à l’œuvre de sa sanctification. Il passa quelque temps au milieu d’une forêt dans le pays de Trèves, y menant la vie cénobitique et pratiquant toutes sortes d’austérités. Mais un Seigneur, à qui il demanda l’aumône, lui reprocha ce genre de vie qui le rendait, disait-il, inutile à la société, et lui proposa de lui donner un emploi dans sa terre. Ce fut de garder ses troupeaux. Wendelin accepta, et trouva dans cette humble condition plus de consolation et de jouissances qu’il n’en eût éprouvé sur le trône et dans l’abondance de tous les biens de la terre. Eloigné de toute cause extérieure de distraction, il vivait dans une union intime et habituelle avec Dieu, le priant presque sans interruption et s’estimant heureux de pouvoir le servir à son gré, sans inquiétude et sans souci pour les besoins de la vie 1natérielle.

Wendelin devint l’objet de l’estime, de l’amitié, de la vénération même de son maître. Il n’en fallut pas davantage pour exciter contre lui la jalousie de ceux qui vivaient avec lui dans sa maison. Il eut longtemps à souffrir de leurs railleries et de leurs mépris ; ils en vinrent jusqu’à le maltraiter en plusieurs manières. Mais ils ne réussirent qu’à faire éclater davantage sa vertu, parla douceur et la patience avec lesquelles il ne cessa de supporter leurs injures et leurs calomnies.

Une autre épreuve plus délicate et plus difficile à surmonter, vint encore l’assaillir. Le souvenir de sa patrie et de ses parents lui revint plus d’une fois à l’esprit. Il se reprochait d’avoir résisté aux sentiments les plus légitimes de la nature, en les abandonnant, et il était sur le point de retourner auprès d’eux pour se jeter a leurs pieds et les consoler de sa longue absence. Mais la grâce le soutint, et le désir de la patrie céleste, la seule où nous ayons une cité permanente, fit enfin évanouir les regrets que lui inspirait la perte des biens temporels.

Cependant le maître de Wendelin ne put souffrir plus longtemps un si saint personnage dans une condition si basse et même si pénible. Il lui donna la liberté de faire désormais tout ce qu’il voudrait, tout en restant dans sa maison, si cela lui convenait ; mais Wendelin préféra de rentrer dans la solitude, et alla habiter une petite cellule qu’on lui construisit près du monastère de Tholey. Il se fit même recevoir dans l'ordre de Saint-Benoît. Quelque temps après, l'abbé de Tholey étant mort, les religieux élurent Wendelin pour lui succéder, tant sa réputation de sainteté était établie dans le pays. Malgré ses infirmités, il accepta cette charge difficile, et fut pour ce couvent un modèle admirable d’humilité, de patience et de résignation à la volonté du Seigneur. Il mourut le 22 octobre de l’an 1015. Son corps fut enterré dans sa petite cellule, à la place de laquelle on bâtit ensuite une église en l’honneur du saint abbé. Un bourg s’y est élevé depuis, et l’église de Saint-Wendelin est l’objet d’un pèlerinage très-fréquenté.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

 

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