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Dina Bélanger
et la Sainte Trinité
Nous venons de voir
comment Dina, vivant dans le Cœur de Jésus, fut conduite peu à peu
au Cœur même de la sainte Trinité. Dina ne découvrit que
progressivement quelques-unes des infinies richesses de Dieu. Pour
comprendre avec elle les révélations que Dieu lui confia, nous la
suivrons pas à pas dans sa vie religieuse qu'elle raconte dans son
journal.
Nous avons vu comment,
dès l'âge de vingt ans, Dina Bélanger offrait des louanges à Dieu
en esprit d'adoration envers la Trinité sainte. Puis, comment,
dès le début de sa vie religieuse, elle contemplait les âmes de ses
élèves qu'elle considérait "comme des ciboires vivants où la
Sainte Trinité résidait." Et en octobre 1923, " la vie de la
Trinité sainte se manifesta en elle avec une douceur, une paix, un
amour indicibles... Dina demeurait immobile de respect, de
reconnaissance et confondue dans son néant... En novembre de la
même année Dina s'écriait: "Oh! Qu'elles sont ravissantes les
harmonies du ciel! C'est l'amour de la Trinité qui laisse onduler en
vagues pures les échos de sa charité! C'est le souffle de l'Esprit
divin qui vibre en chacun de ses anges et de ses élus!"
À la fin de l'année
1923, quand Jésus se fut substitué à elle, Dina pouvait dire:
"Aussitôt, la vie de la Trinité sainte se manifesta en moi avec une
douceur, une paix, un amour indicibles. J'étais immobile de respect,
de reconnaissance et confondue dans mon néant..."
Puis ce fut la mort
mystique
et une vie toute nouvelle. Dina vivait de plus en plus dans le Cœur
de Dieu, perdue, anéantie en lui, abandonnée totalement à l'action
de la Trinité sainte en elle.
Désormais Dina va vivre
au sein de la Très Sainte Trinité; mais "le joyeux abandon au
vouloir de Jésus ne l'empêche pas de trouver bien longues chaque
minute sur la terre..." Et Dina s'explique: "car, ô Trinité
adorable, je vous aime!" Nous sommes en janvier 1925
[2].
Dina est comme conduite au sein de la Très Sainte Trinité. Elle
écrit: “Je ne me vois plus au fond de l’enfer. Toujours anéantie
dans le Cœur de mon Dieu, il me semble que je suis en la Trinité
Sainte, au ciel même... Je n’existe plus, consumée dans la
flamme divine, perdue dans le Cœur des Trois, mais c’est au paradis
que je suis anéantie dans l’Amour... L’Amour, en mon être, est comme
une force invisible qui me garde consumée en Dieu et qui m’épuise
physiquement. Je me sens broyée sous le poids de la charité infinie;
cependant, il me semble que c’est à peine si la Trinité me fait
sentir une toute petite étincelle jaillissant de son foyer divin...
Vous connaître un peu, c'est aussitôt vous aimer sans limites, vous
seul, pour jamais...
Le 27 janvier 1925,
c'est de nouveau la nuit: " Je suis toujours anéantie dans le
Cœur de la Trinité Sainte au ciel. Il me semble que ma demeure est
fixée là pour l'éternité. Je suis en même temps dans le Cœur de
Marie, ma douce Mère. Il me semble encore que je ne suis pas
seulement à l’entrée du Foyer de l’Amour, mais au plus intime, au
Cœur de mon Dieu...
Là, au Cœur des
Trois, rien de palpable. Quelle pureté! Quel Amour! Les images
sensibles, les tableaux d’imagination qui nous représentent le Père
éternel, la Trinité adorable, les anges, les saints ou quelques
scènes supposées du ciel, ces images se sont évanouies pour moi...
mais je ne puis communiquer ce que je comprends. Je suis dans la
vérité, j'en ai la certitude... La terre me semble si loin, si
sombre, qu'elle me paraît un tout petit point noir. Et puis, ô
merveille! l’Infini s’occupe de cet abîme ténébreux qu’est l’univers
entier, parce qu’il y voit des âmes qu’il a créées et qu’il crée à
son image divine, des âmes qu’il aime, des âmes qu’il veut enrichir
de ses trésors. Ô mystère inouï de charité!... Du Cœur de la
Trinité, par la blessure ouverte et glorieuse du Cœur de Jésus
descendent les grâces divines sur la terre comme des océans
impétueux et innombrables... Néanmoins, je ne vois pas la lumière,
je suis plongée en elle, je suis aveugle; la clarté qui m’éclaire
appartient au Foyer dans lequel je suis abîmée...
1er février 1925. Dina
est toujours anéantie en la Trinité adorable: "Pureté!...
Sainteté!... Silence... Trois personnes, oui, Trois dans l'Unité.
Par une grâce ineffable, je comprends un peu la réalité. Je
comprends clairement, j'ai la certitude que c'est la vérité. Mais
oui, Trois! C'est sûr... Un seul Dieu! Nécessairement... Ô mystère
infini! Ô substance divine... L'intelligence humaine, sans une
lumière de la Lumière éternelle, ne peut jamais concevoir... Quelle
grandeur! Quelle simplicité! Dieu, le Père... le Verbe, son Fils, sa
Pensée Unique et éternelle!... L'Esprit-Saint, l'Amour!... Dieu,
l'Un infini!...
La Trinité d'amour
cherche des âmes pour se donner à elles avec ses trésors divins.
Donner, se donner, c'est un besoin de la Bonté infinie... La Trinité
adorable veut déverser ses richesses de miséricorde et d'amour en
Jésus substitué en mon être." Mais l'être humain ne peut
recevoir toutes ces richesses que dans son anéantissement absolu,
puis dans la substitution de Jésus en lui. La Trinité adorable
déverse ses richesses de miséricorde seulement en Jésus substitué en
nos êtres. Par grâce, la volonté de Dina reste ferme dans sa
décision de ne s'occuper que de la Trinité Sainte. Mon doux
Maître, à ma place, dit à son Père (toujours dans le silence, je ne
sais pas m'exprimer autrement) : Mon Père, me voici pour faire votre
volonté. Père, l'heure est venue, accomplissez vos desseins en
moi...
Je connais
clairement ma part à moi... Ma part, c'est de n'être rien...Des
millions d'âmes sur la terre qui me paraît toujours si loin, si
petite et si sombre, attendent des grâces de salut et de
sanctification de mon abandon à l'action divine. Le moindre de mes
mouvements est d'une grande importance pour la gloire de Dieu.
Jésus en moi est un
abîme sans limites que la Trinité d'amour va combler... Jésus,
Marie, je m'abandonne avec vos deux Cœurs..."
6 février 1925 Dina
écrit: "D'après ce que Dieu m'a fait comprendre de lui-même,
depuis quelques jours, la présence de Jésus en la sainte Hostie
s'expliquait clairement pour moi... Le voile du mystère est déchiré.
Il est là, mon Dieu, l'Unité infinie, la Trinité adorable, sous
l'apparence d'un petit morceau de pain. Il est là, Jésus, avec son
Humanité sainte, son Cœur, son Sang précieux, son Âme, sa Divinité
éternelle...
La souffrance en mon
âme ne diminua pas, mais je reçus une grâce de force dans
l'abandon... J'étais déjà perdue en Dieu... mais je suis aveugle...
Plus tard, à l'instant où commencera pour moi la béatitude sans fin,
je verrai la Trinité adorable. Mon lieu d'existence ne sera pas
différent. Ce sera le même que dès à présent. Ô séjour bienheureux
que le Cœur de l'Amour éternel!
Le 17 février 1925.
"La Trinité m'augmente la connaissance d'Elle-même... Jamais nous ne
pourrons bien comprendre l'immensité de la bonté infinie à l'égard
de toute âme humaine... Que de surprises à l'heure suprême quand se
déchire le vole de la vérité! Ô délicieux tabernacle que le Cœur des
Trois!... La Trinité sainte est le seul Trésor digne de ce nom: elle
nous offre ses abîmes de richesses... Hélas! combien peu les
acceptent en se livrant parfaitement à son action sainte en
s'abandonnant avec foi, confiance et amour sans se reprendre jamais!
Le 18 février 1925,
Dina commente: "Dieu me permet de commencer à le voir par les
yeux de Jésus. Je vois, mais pas du tout à la manière dont nous
voyons avec les yeux du corps. Je vois, et pourtant il n'y a rien de
sensible, je le répète: pas d'image, toujours de l'inexprimable, de
l'inconnu, des vérités que l'intelligence humaine ne peut pas
imaginer."
Et, au sujet des anges
et des saints: "Je contemple autant de beautés différentes qu'il
y a d'élus: le Maître éternel ne se répète en aucun de ses saints.
Quelle harmonie! En eux tous, c'est l'amour, la sainteté, chacun au
degré que Dieu lui communique, c'est le bonheur parfait… Je vois
Dieu en ses anges, et les anges vivent en la Trinité infinie. Ce
sont des beautés indicibles…"
Puis, le 20 février
1925: "Je vois les trois Personnes adorables: le Père, le Verbe
et l'Esprit-Saint dans les anges; chacun d'eux est pénétré par la
Trinité, par l'unité infinie et brille en elle d'une splendeur
ravissante... Que mon ange gardien est beau!
Il faut une éternité
sans fin, une éternité qui dure toujours, qui ne passe jamais, pour
contempler la perfection de notre Dieu, pour l'aimer, lui seul, dans
les chefs-d'œuvre de son amour. La Trinité est une immensité de
merveilles... c'est l'Infini!..."
Par les yeux de Jésus
en elle, Dina contemple la sainte Trinité. Pourtant sa nostalgie est
intense. Sa souffrance est proportionnelle aux connaissances qu'elle
reçoit, et elle s'ennuie... Dina écrit: "Je m'ennuie tout
simplement de Dieu, de lui seul, pour lui seul. C'est un aimant
puissant qui m'attire avec suavité à mon unique fin. C'est le besoin
pressant d'habiter définitivement mon "chez moi "éternel, le Cœur de
mon Créateur, de mon tendre Père, de mon Époux bien-aimé."
Progressivement Jésus
fait entrer Dina toujours plus loin dans la Trinité. Le 22 février
1925, Dina s'est sentie en Dieu, dans un état stable. Elle écrit:
"Les évènements passent, se succèdent autour de mon être matériel,
mais mon âme ne passe plus avec eux… Cette grâce que la Trinité de
mon Dieu m’accorde avec tant d’amour est une participation anticipée
à la vie divine…”
Le 24 février 1925,
“par le Cœur de Jésus je La regarde, la Trinité souveraine et
toute-puissante, fixement, sans crainte aucune, ma confiance étant
celle de Notre Seigneur envers son Père. Un voile épais me dérobe
encore la beauté dans toute sa splendeur; ce que je vois clairement
de la vérité n’est qu’un rayon du Soleil infini. Quel éclat! Quelle
magnificence j’admire!”
Le 25 mars 1925, Dina
avoue que depuis un mois son âme demeure toujours dans le même Foyer
divin. En ce jour de l’Annonciation elle peut écrire sa formule du
vœu du plus parfait, “dans le Cœur même de la très adorable
Trinité.” Le 2 mai 1925, Dina commence son action de grâce dans
l'obscurité, quand, soudain "comme un trait rapide, suave et
puissant, elle sent son âme dégagée de tout lien humain. C'est comme
une grâce de liberté. Elle est libre... elle est libre afin de ne
regarder et de ne goûter que la Trinité sainte."
En juin 1925 Dina
écrit:
Depuis une semaine,
j'éprouve de plus en plus l'absorption de mon être par l'Infini; je
me sens davantage en la présence de la divine Trinité et j'apprends
à sourire à l'amour avec plus de douceur joyeuse et d'abandon
simple… J'éprouve, avec une compréhension plus vive, la présence de
l'adorable Trinité en qui je suis abîmée et la même grâce par
rapport à la présence de notre Seigneur en la Sainte Hostie.
Je suis toujours
anéantie en la Trinité adorable. Pureté… Sainteté… Charité… Silence…
Trois personnes, oui, trois personnes dans l'unité. Par une grâce
ineffable, je comprends un peu la réalité. Mais oui, Trois! C'est
bien sûr… Un seul Dieu! Nécessairement… Ô mystère infini! Ô
substance divine!... Quelle grandeur! Quelle simplicité! Dieu le
Père… Le Verbe son Fils, sa Pensée unique et éternelle!
L'Esprit-Saint, l'Amour! Dieu, l'UN infini!...
La Trinité d'amour
cherche des âmes pour se donner à elles avec ses trésors divins.
Donner, se donner, c'est un besoin de la Bonté infinie.
Mais l'être humain ne
peut recevoir toutes ces richesses que dans son anéantissement
absolu, puis dans la substitution de Jésus en lui. La Trinité
adorable déverse ses richesses de miséricorde seulement en Jésus
substitué en nos êtres. Par grâce, la volonté de Dina reste ferme
dans sa décision de ne s'occuper que de la Trinité Sainte.
Le 7 juin, elle
découvre la plénitude de l'amour, c'est-à-dire "la jouissance, le
repos de la Trinité Sainte, le déversement de l'abîme inépuisable
qu'est Dieu lui-même, c'est-à-dire la réalisation de l'idéal de
l'Éternel dans toute l'étendue de son Esprit d'amour: en un mot, la
volonté divine parfaitement accomplie." Et tout au long de ce
mois de juin 1925 elle continuera à écrire: " Je dois sourire
constamment à l'amour. Depuis hier je me sens continuellement en
présence de la Trinité adorable. Mon âme anéantie au Cœur de l'Unité
indivisible la contemple avec plus de suavité, dans une lumière plus
pure, et j'éprouve davantage la puissance qui me possède... Mais je
ne puis expliquer clairement ce que je conçois pourtant si bien...
Depuis une semaine, j'éprouve de plus en plus l'absorption de mon
être par l'Infini; je me sens davantage en la présence de la divine
Trinité et j'apprends à sourire à l'amour avec plus de douceur
joyeuse et d'abandon simple… J'éprouve, avec une compréhension plus
vive, la présence de l'adorable Trinité en qui je suis abîmée et la
même grâce par rapport à la présence de notre Seigneur en la Sainte
Hostie."
Nous sommes en août
1925. Dina est toujours malade; on sait qu'elle est atteinte d'une
tuberculose dont elle mourra. Elle ne peut pas suivre les exercices
de la grande retraite annuelle avec la communauté, mais elle la fait
seule avec Jésus. Elle écrit: "Le Cœur de l'adorable Trinité, où
je me sens encore plus perdue dans un abîme de silence et de
charité, est le livre de méditations que me présente l'Esprit de
Jésus." Et encore: "L'action de l'Esprit divin en moi est
sans cesse plus suave et plus puissante. Je me sens si éprise de
l'adorable Trinité et tellement envahie par elle que j'en suis comme
paralysée.
Et le 8 septembre 1925:
"Toujours anéantie dans le Cœur de l'adorable Trinité, je
m'enfonçai dans mon anéantissement et m'abîmai davantage en Dieu."
Jésus révèle à Dina les merveilles de la Sainte Trinité. Il lui
révèle aussi que la sainte communion dans une âme sainte, "c'est
le déversement de l'Infini dans l'Infini... c'est l'embrassement de
Dieu le Père et de son Verbe engendrant l'Esprit de Charité, un
jaillissement d'amour des trois Personnes adorables entre elles, une
effusion de tendresse du Cœur de l'Unité indivisible..." Bientôt
Dina s'écriera: "Ô Trinité adorable! Pour votre plus grande
gloire, je veux réaliser les richesses du Verbe incréé et incarné."
Un peu plus tard elle
ajoutera, après avoir beaucoup souffert: "Que Dieu est bon! Tout
est simple et limpide en Lui. Et combien sont délicieuses les
harmonies du silence au Cœur de la Trinité sainte! Ces accords
éternels se confondent avec les harmonies de l'amour. L'éternité,
c'est l'immobilité: mais oui! L'âme perdue en Dieu est ravie à
jamais. L'éternité, c'est le silence: l'âme qui contemple la Beauté
souveraine est muette d'extase... L'éternité, c'est l'amour: Dieu
est Charité!"
Dina, protégée par
Marie, prie une prière étonnante: "Mon Dieu, ô Trinité sainte et
parfaite, ô Charité éternelle, rassasiez-vous, rassasiez-vous! Votre
gloire, votre jouissance, votre délectation sont à mon âme comme une
manne exquise dont elle est affamée de plus en plus. Votre
rassasiement, ô Amour infini, est une ambroisie enivrante que je
désire sans cesse avec une passion toujours plus affinée et toujours
insatiable..."
Dina peut alors écrire,
le 4 août 1925: "Le Cœur de l'adorable Trinité, où je me sens
encore plus perdue dans un abîme de silence et de charité, est le
livre de méditations que me présente l'Esprit de Jésus... J'ai faim!
Que j'ai faim de donner Jésus aux âmes!... Au ciel, je veux
rassasier l'Amour infini du Bon Dieu... Au ciel, je serai une petite
mendiante d'amour, la voilà ma mission! Et je la commence
immédiatement... Oui, je veux épuiser Jésus infini pour rassasier
l'Amour infini! Je serai une toute petite mendiante d'amour au
profit de toutes les âmes, pour la plus grande gloire de notre Père
des cieux.. C'est la sainte Vierge qui distribuera les richesses du
Cœur de son Jésus; et bien cachée dans le Cœur de Marie, j'en
demanderai sans cesse le déversement. Oui, au ciel, jusqu'à la fin
du monde, je mendierai constamment l'amour." Le 3 décembre
1925, "Dina comprit qu'il lui était possible, par Jésus, de
rassasier non seulement l'Amour et la Justice de Dieu, mais encore
toutes ses perfections infinies." Ceci se traduisit, pour Dina,
par ces mots: "Le rassasiement de tous les attributs infinis de
l'éternelle et très adorable Trinité."
Arrivés au point où
Dina Bélanger en est dans son développement spirituel, nous sommes
en droit de nous demander ce qu'elle veut dire quand elle parle de
rassasier Dieu. Nous la laisserons s'expliquer, tout simplement,
sans rien ajouter d'autre, et nous verrons comment Dina voulait
rassasier chacun des attributs de la Sagesse divine. Ce qu'elle a
écrit peut nous surprendre, comme elle a été surprise elle-même.
Mais parce qu'elle aime Dieu pour Lui-même, parce qu'Il est la
Vérité et la Beauté, parce que c'est pour sa plus grande gloire
qu'elle aime Dieu, elle Le supplie: "Ô Trinité divine!
Pardonnez-moi ces folies audacieuses d'amour, ces absurdités et tant
d'autres que je voudrais voir se réaliser si elles pouvaient
contribuer à votre rassasiement. Ces folies n'expriment qu'un amour
bien faible et bien froid à côté du langage de votre Croix, de votre
Eucharistie et de votre ciel. Dans ma confusion et dans mon
exultation, mon Dieu, écoutez votre Verbe éternel qui est l'écho
parfait de votre chant d'amour, et délectez-vous dans le souffle
enflammé de votre Esprit de Charité."
Dina cherchera donc
successivement le rassasiement de "la Sagesse divine" par l'amour
passionné de Jésus pour l'humiliation, la souffrance, la pauvreté,
le dénuement, par sa sainte folie de la Croix... le rassasiement de
la toute-Puissance du Créateur par la substitution constante de son
Verbe incréé dans le pauvre néant qu'est son être... le rassasiement
de la Bonté du Père éternel par la vie intense et la substitution de
Jésus dans les âmes, offrant ainsi à l'auguste Trinité autant de
fontaines vivantes et sacrées... Le rassasiement de la Justice
inexorable, se fera par l'immolation de Jésus, la Victime
infinie... le rassasiement de la Miséricorde sans limite par la
réalisation, jusqu'à l'épuisement s'il se pouvait, des mérites
inépuisables de Jésus, par la prière ininterrompue de l'Hostie
eucharistique, attirant dans les âmes les grâces du repentir et les
océans du pardon... le rassasiement de l'amour infini par
l'immensité du Cœur de Jésus... et par les battements enflammés de
ce Cœur sacré... le rassasiement de la sainteté du Dieu trois fois
saint... par Jésus, l'Agneau immaculé, le Christ innocent, le Juste
éternellement vierge et parfait... le rassasiement du Bon Plaisir
suprême par la fusion de la volonté de Jésus avec celle de son Père
céleste, par son abandon aux plans divins sur les âmes... le
rassasiement de l'éternelle Trinité, c'est-à-dire sa délectation,
son contentement à jamais, dans les siècles sans commencement ni
fin, en elle-même et par elle-même, sa jouissance au maximum, en
toute la création, par Jésus... le rassasiement de la très adorable
Trinité, c'est-à-dire sa plus grande gloire par Jésus qui, seul,
peut lui rendre honneur, louange, actions de grâces, reconnaissance,
selon le tribut qui lui est dû pour elle-même..." Dina résume
en suppliant Jésus et Marie de s'écrier à sa place: 'Notre Père, qui
êtes aux cieux, que votre Nom soit sanctifié...' "
Le 8 décembre 1925,
après la communion, Dina se sentit envahie par un recueillement très
profond: "Toujours dans le Cœur de l'adorable Trinité, elle
s'enfonçait dans son anéantissement et s'abîmait davantage en Dieu."
Dès lors, le 11 janvier
1926, et les jours qui suivront, Dina pourra écrire: "Ô très
adorable Trinité, par le Cœur de Jésus, je vous aime du même amour
que vous vous aimez vous-même, infiniment, éternellement et
divinement, pour vous même et pour vous seul, au nom de tous les
êtres et en union avec tous les êtres, au nom de qui et en union
avec qui vous pouvez vouloir être aimée... Ô Trinité sainte, soyez
glorifiée à jamais de me garder ainsi anéantie et constamment au
cœur de votre Cœur!...J'ai soif, ah! j'ai soif de la souffrance, des
âmes, de l'amour. La souffrance, les âmes, l'amour, ce sont trois
passions qui s'attisent à chaque seconde, ce sont mes trois
tourments, c'est mon triple martyre." Dina veut tout: toute la
souffrance, toutes les âmes, l'Amour infini pour la plus grande
gloire de Jésus. "Mon grand bonheur, ajoute-t-elle, c'est
ta jouissance à Toi, c'est la délectation de la Trinité sainte en
Toi."
La maladie de Dina
s'aggrava, et le 2 décembre 1925 elle écrivit: "Depuis le 21
septembre, inaction, immobilisation de l'être physique causée par la
maladie..." Entrevoyant beaucoup de souffrances, elle supplia la
Sainte Trinité, comme nous venons de le voir ci-dessus, de
"rassasier sa Justice infinie par Jésus, l'infiniment puissant et
vivant à sa place..." Maintenant Dina s'ennuie de Dieu, de plus
en plus... Sa soif de Dieu devient insatiable. Elle ne doit plus se
souvenir d'elle même, anéantie en l'adorable Trinité. Elle habite
la terre, mais elle n'est plus de la terre, et pour elle "tout
évolue à base de renoncement." Les tempêtes, les tentations se
succèdent; heureusement la Vierge Marie est là et combat avec elle.
Oui, Dina vit vraiment
au sein de la Sainte Trinité. Le 27 février 1926, elle écrit: "La
Très Sainte Trinité accentue à mon égard la grâce par laquelle elle
me garde comme inconsciente à tout ce qui n'est pas purement
elle-même. Je le répète, à la louange de mon Dieu, je ne vis pas sur
la terre. Comment cela se passe-t-il? Je subis l'action de
l'Esprit-Saint. Par lui mon regard est rivé sur la Trinité adorable
et ne s'en détache pas. Je ne sais pas expliquer cet état…. Je ne me
souviens plus de moi-même. Mon être est anéanti en l'Infini. Mais
apparemment j'habite sur la terre, et en réalité j'y suis étrangère…
Je me sens passive, comme sous l'influence de l'Être suprême…
Néanmoins, tout évolue à base de renoncements. L'action de la grâce
est à peu près toujours contraire à mon premier mouvement…"
Oui mon Dieu, vous
m'attirez de plus en plus; plus vous me soulevez le coin du voile de
vos attributs infinis, plus je me sens attirée en vous, et plus je
m'ennuie; mais en même temps, je suis toujours plus heureuse de
faire votre sainte volonté, et ma soif de l'amour, de la souffrance
et des âmes augmente en proportion de la connaissance que vous me
donnez de vous-même.
Avril 1926. Dina
précise la matière de son vœu du plus parfait. Elle s'engage en
outre "à sourire constamment à l'Amour infini et miséricordieux,
à ne regarder que Dieu seul et à ne plus se souvenir volontairement
de son être anéanti en la Très Sainte Trinité... Elle émet ce vœu
pour la plus grande gloire de la Trinité adorable, pour le salut et
la sanctification des âmes... se livrant totalement comme une
victime d'amour, une apôtre d'amour et une martyre d'amour, pour le
rassasiement de tous les attributs infinis de l'éternelle et très
adorable Trinité..." Dina va encore plus loin. Elle écrit:
"Je fais le vœu du plus parfait. Je fais le vœu, ô Trinité adorable,
de ne rien vous refuser. Je fais le vœu, ô Jésus, de te laisser agir
avec toute la perfection avec laquelle tu désires agir..." Mais
connaissant sa faiblesse, Dina s'en remet à la Vierge Marie: Ô
Marie, ma bonne Mère, veuillez me préserver de la plus légère
imperfection demi-volontaire, toujours!"
Le 22 mai 1926, Dina
s'étant totalement abandonnée à la volonté de Jésus déclare à
"son divin Substitué, que si la Très sainte Trinité ne se rassasie
pas... ce n'est pas sa faute..." Étonnante remarque! Mais Dina
s'explique: "Je ne suis rien;, un rien est-il responsable? Non,
ce qui n'existe pas ne peut avoir aucune responsabilité..."
C'est une évidence!
Le 8 avril 1927 le
Seigneur montra à Dina, en esprit, les millions d'âmes que, durant
son agonie, il voyait courir vers l'enfer... "Combien d'âmes
consacrées dorment encore tandis que mon Église est persécutée!"
Mais cependant, Dina demeure toujours là-haut, dans le Cœur de
l'aimable Trinité. En même temps, Jésus lui dévoile de mieux en
mieux l'amour et la tendresse de son Cœur Eucharistique. Mais, lui
dit-il, "pour recevoir mes paroles intimes, il faut une âme bien
pure, une âme qui s'applique constamment à penser et à agir pour
moi. Je voudrais beaucoup d'âmes bien pures." Et le 14 avril
1927 Jésus ajoute: "Je te donne aujourd'hui, je fais passer dans
ton néant la pensée de mon Cœur Eucharistique. Mon Cœur pense sans
cesse à unir les âmes à lui par l'Eucharistie, comme il est uni
lui-même à mon Père par l'amour, dans l'unité et la charité
parfaite." Jésus les aime tant, les âmes consacrées
Nous venons de voir
comment, progressivement, Jésus faisait entrer Dina toujours plus
loin dans la Trinité et affine sa pensée. Désormais, au lieu de dire
"adorable Trinité", Dina dira: "aimable Trinité." Par
ailleurs, elle est de plus en plus attirée par le Cœur Eucharistique
de Jésus. Une force irrésistible l'invite à entrer dans la chapelle
chaque fois qu'elle passe devant, et quand il lui faut quitter la
chapelle, elle doit s'arracher "au divin Prisonnier. Pourtant,
dit-elle, je ne cesse pas d'habiter en lui; tout cela se
passe dans le Cœur de la Très Sainte Trinité, immensément loin de la
terre; mais enfin, Jésus veut me faire jouir de lui en son
Eucharistie et me faire souffrir l'ennui loin de son Hostie sainte."
Dina écrit le matin du
5 août 1927: "Hier, Notre Seigneur m'a fait pénétrer dans de
nouvelles profondeurs au Cœur de la Très Sainte Trinité. L'action de
Jésus en moi, depuis quelques jours, est tellement céleste qu'elle
échappe totalement à mes pauvres moyens d'expression..."
Ainsi, le soir du
5 août 1927 Jésus lui dit:
— Viens dans les
parterres infinis de la Très Sainte Trinité où n’entrent que
quelques âmes privilégiées.
Alors, raconte
Dina, mon bon Maître m'introduisit dans une immensité infinie où
la lumière est si vive que j'en suis, depuis ce moment, comme
éblouie. Depuis cet instant aussi, je suis unie à la Très Sainte
Trinité d'une manière nouvelle et beaucoup plus intime. Je suis unie
à chacune des personnes divines distinctement, au Père, au Fils, au
Saint-Esprit, en même temps que je suis perdue et anéantie en
l'unité de Dieu. Et Jésus ajouta, s'adressant à moi:
— Silence et
renoncement, ma petite Moi-même, ne me refuse rien, rien..."
Le jour suivant fut une
journée de tentations, de luttes, d'humiliations. Dina est toujours
dans les parterres infinis de la Très sainte Trinité, mais Jésus
veut lui faire comprendre qu'il est salutaire de tomber parfois dans
quelques fautes irréfléchies mais humiliantes pour la volonté, afin
de nous faire découvrir notre fragilité.
Le 8 août 1927 Jésus
dit, parlant des parterres infinis de la très sainte Trinité:
— Ici tout est
abnégation absolue de soi, et tout est jouissance absolue en Dieu
seul.
Jésus voulait faire
comprendre à Dina que cela voulait dire l'oubli total de soi-même et
la recherche constante et entière de Dieu seul en tout, en un mot la
parfaite pureté d'intention. "Alors, ajoute Dina, en
présence de la sainteté infinie de l'adorable Trinité… je vis mes
actions!... Oh! Mes pauvres actions! Elles étaient entachées
d'amour-propre, de vanité, de secrète recherche de moi-même. À la
vue de la sainteté de mon Dieu, je me serais précipitées dans les
flammes du purgatoire, afin de me purifier de mes nombreuses
souillures…"
Jésus lui dit:
— Ne te regarde pas
toi-même. Aie confiance en ma miséricorde. C'est justement parce que
tu es faible et misérable que je t'aie choisie.
Dina exprime
l'inexprimable: "Je sentais que Notre Seigneur me rapprochais de
la Très Sainte Trinité. Pourtant j'étais toujours en son Cœur
adorable, mais, dans ce centre même, se trouve là une immensité,
infinie comme l'Être infini Lui-même... À un moment la Très Sainte
Trinité m'attira doucement à elle, puis, avec une suavité ineffable,
elle m'absorba entièrement, ou plutôt elle absorba Jésus en moi. Je
fus absorbée par mon Dieu dans une union et une intimité
indéfinissables avec chacune des trois personnes divines..."
Et la Sainte Trinité
garda Dina absorbée en sa divinité, en des profondeurs qui lui
étaient nouvelles. Et de nouveau, le 11 août 1927, Jésus dit:
— Ici, c’est le
centre de la Vie. Tout contribue à la gloire de Dieu. Ta mission de
victime devient de plus en plus pressante. Je t’ai introduite dans
ce Foyer divin, ma petite Moi-même, pour la plus grande gloire de
mon Père et au profit des âmes.
Dorénavant Dina sera
unie à la Très Sainte Trinité d’une manière nouvelle et beaucoup
plus intime. Jésus lui demandait constamment le silence intérieur.
Puis, "il la confirma dans l'état perpétuel d'humiliation et de
souffrance jusqu'au moment où il lui ouvrira les yeux de son âme
dans l'éternité glorieuse."
Les jours passent; la
vie de Dina, toujours malade est souvent difficile. Son ennui de
Dieu s'intensifie: "Le tourment de l'infini l'accable et la
fortifie..." Le 29 août Jésus lui révèle: "Chaque fois que tu
t'appliques à penser à Moi, je te fais pénétrer plus avant dans le
Cœur de la Très Sainte Trinité... et je t'accorde la faveur d'entrer
plus profondément dans mon Cœur..." Dès lors, le Cœur de Jésus
emmène Dina à la conquête des âmes. Elle écrit: "C'est lui qui
fait tout le travail, et moi je lui donne mon ennui, mes petites
souffrances; je n'ai qu'à le laisser faire et à ne rien lui
refuser..." Nous sommes en 1927.
À plusieurs reprises
Jésus dit à Dina qu'il a "besoin de réparations." Il précise,
le 19 décembre 1927: " J'ai besoin de réparations... Que de
catholiques ne s'occupent pas de faire pénitence durant ce saint
temps de l'Avent! Combien de catholiques ne pensent pas à préparer
ma venue à Noël! Donne-moi la journée d'aujourd'hui en esprit de
réparation."
À plusieurs reprises,
et plus spécialement le jour de Noël 1927, Jésus dit à Dina qu’Il
voulait la faire entrer dans le jardin fermé du Cœur de la Très
Sainte Trinité:
— Viens dans le
jardin fermé du Cœur de la Très Sainte Trinité...
Dina s’effraie; une
grande crainte l’envahit: “On aurait dit que tout en moi
redoutait cette grâce.” Mais elle s’abandonna... Et elle
explique: “Mais en vérité, je ne sais pas exprimer ces phénomènes
divins ni décrire la nature de ces célestes habitations.”
Quelques jours plus tard, le 2 janvier 1928, elle précisera:
"Pour le Cœur de Jésus, tout est présent. Ses intentions embrassent
à la fois ce qu'on appelle dans le langage du temps: le passé, le
présent, l'avenir."
Dès lors le Seigneur
exigea l'abandon total de sa bien-aimée et le 3 janvier 1928 il
insistait: "Laisse-moi bien faire dans le jardin fermé de
l’Infini; et là je vais te préparer à pénétrer dans le sanctuaire de
l’adorable Trinité."
Dina vécut ensuite un
temps de douloureuses purifications, puis, après un nouvel
enseignement, le 20 janvier 1928, Jésus lui dit: "Il est vaste,
le jardin fermé de la Très adorable Trinité, mais mon amour peut te
le faire parcourir rapidement."
Le 21 janvier 1928,
Marie enveloppa Dina de sa pureté, son Ange gardien la couvrit de
son aile, et le Saint-Esprit l’enveloppa de son ombre. Jésus lui
redit:
— Viens, ma petite
Moi-même. Laisse-moi te faire pénétrer dans le sanctuaire de la Très
Sainte Trinité.
Dina écrit: "Dans
cette nouvelle demeure divine, ce qui me frappe, parce que je les
comprends mieux, c'est la puissance, la grandeur, l'immensité des
attributs de Dieu. L'Infini m'apparaît infini de plus en plus."
Depuis son entrée dans le sanctuaire de la Très Sainte Trinité, Dina
est frappée par la puissance, la grandeur, l'immensité des attributs
de Dieu. L'Infini lui apparaît infini de plus en plus...
Les assauts de Satan
contre Dina reprennent, violents, mais le 9 février 1928 Jésus lui
dit:
— Ne crains pas,
c’est moi. Mon amour veut te faire entrer dans le tabernacle de
notre Très Sainte Trinité. Viens, c'est moi, ne crains pas."
Dina se trouva alors
comme dans un brasier immense de délices. Cette expression est très
imparfaite, mais Dina ne sait pas traduire avec des mots humains ce
qu’elle découvre dans les profondeurs de l’Infini. Jésus explique:
— C’est ici le foyer
des divines flammes, c’est le centre de l’Amour infini. Ma petite
Moi-même, il faut que, consumée en moi, tu ne vives plus que d’amour
pur et d’immolation. Et je t’ai introduite ici pour la gloire de mon
Père, pour la consolation de mon Cœur et le profit des âmes.
Pour comprendre, au
moins un peu, le langage de Dina à cette période de sa vie, il nous
faut revenir à son passé pendant quelques instants. Le 18 février
1925, Dina commentait déjà: "Dieu me permet de commencer à le
voir par les yeux de Jésus. Je vois, mais pas du tout à la manière
dont nous voyons avec les yeux du corps. Je vois, et pourtant il n'y
a rien de sensible, je le répète: pas d'image, toujours de
l'inexprimable, de l'inconnu, des vérités que l'intelligence humaine
ne peut pas imaginer."
Et, au sujet des anges
et des saints: "Je contemple autant de beautés différentes qu'il
y a d'élus: le Maître éternel ne se répète en aucun de ses saints.
Quelle harmonie! En eux tous, c'est l'amour, la sainteté, chacun au
degré que Dieu lui communique, c'est le bonheur parfait… Je vois
Dieu en ses anges, et les anges vivent en la Trinité infinie. Ce
sont des beautés indicibles…" Puis, le 20 février 1925: "Je
vois les trois Personnes adorables: le Père, le Verbe et
l'Esprit-Saint dans les anges; chacun d'eux est pénétré par la
Trinité, par l'unité infinie et brille en elle d'une splendeur
ravissante."
Revenons maintenant là
où nous avons quitté Dina, en février 1928. Souvent l'ennemi
s'agitait au dehors, et redoublait l'intensité de ses attaques; mais
l'action vivifiante de Jésus se poursuivait toujours plus profonde.
Pourtant, curieusement, c'est dans le tabernacle de la Sainte
Trinité que Jésus révéla à Dina l'immensité de sa peine dans les
tabernacles terrestres:
— On m'oublie! On
m'oublie! Ce ne sont pas seulement les âmes du monde qui
m'offensent, ce sont les âmes religieuses qui m'oublient. On prie,
on agit avec une sorte de piété de surface; dans la prière et dans
l'action l'amour manque de profondeur. Mon Cœur est si sensible à
l'amour vrai de la part des âmes qui me sont consacrées! Je suis si
sensible à leur amour désintéressé, à leur amour qui ne cherche en
tout que mes seuls intérêts... je veux de l'amour, j'en cherche et
j'en trouve si peu! On me traite comme un Être absent quand je suis
si réellement présent auprès des âmes et dans les âmes.
Puis le Seigneur,
pendant plusieurs jours, insistera sur les défaillances des âmes
consacrées "qui ne comprennent pas ce que c'est que le
renoncement parfait." Dina est de plus en plus unie à Jésus qui
peut maintenant "la faire pénétrer en de nouvelles profondeurs
dans le tabernacle de la Très Sainte Trinité." Dina est
submergée par l'Amour, dans l'Infini... Plus que jamais elle aimera
Dieu avec le Cœur de Jésus, jusqu'à l'infiniment infini.
Ici, une remarque
importante s'impose: Dieu est UN. À ses apôtres Jésus avait dit:
"Le Père et Moi nous sommes UN." Souvent à ses saints, saint
Bernard ou sainte Catherine de Sienne notamment, le Père insistera
en disant: "Moi et mon Fils, nous sommes UN." Puisque Dieu
est UN , le Cœur du Père et le Cœur du Fils, unis dans leur Esprit
d'Amour, c'est-à-dire le Cœur de la Trinité Sainte ne font qu'UN.
C'est le Cœur de Dieu, c'est le Cœur de la Très Sainte Trinité.
Les hommes, quand ils
doivent parler de Dieu sont obligés d'utiliser leurs pauvres moyens
humains de penser, donc de prendre des images, des comparaisons, et
pire, de présenter Dieu selon des facettes différentes. C'est
obligatoire vue la petitesse de l'homme. Mais, ensuite, quand on a
comprit l'enseignement que le Seigneur voulait donner, il faut
toujours revenir à l'unicité de Dieu. Dieu est Trine, mais Il est
UN. Cela, Dina Bélanger l'a très bien compris, elle qui, très
souvent, parlant du Cœur de Jésus le ramène au Cœur du Père, et de
la sainte Trinité.
En conséquence, si l'on
veut bien comprendre Dina Bélanger, il ne faut jamais oublier que
Jésus l'a placée dans son Cœur et qu'Il s'est substitué à elle. Le
Cœur de Jésus-Dieu est également véritablement présent dans son
Eucharistie, dans l'Hostie consacrée. Donc quand Dina parle du Cœur
de Jésus, de son Cœur Eucharistique, le Cœur du Père est toujours
là, et Dina, même quand elle ne l'exprime pas explicitement, Dina
dans le Cœur de Jésus est donc dans le Cœur de la Très Sainte
Trinité.
Quand on veut étudier
un aspect de la spiritualité d'un saint, on doit mettre l'accent
plus spécialement sur cet aspect, sans oublier les autres
orientations qui éclairent le sujet traité. En ce qui concerne Dina
Bélanger, il faut toujours avoir à l'esprit qu'elle est dans le Cœur
de Jésus; là elle découvre le Cœur du Père et le Cœur de Dieu, le
Cœur de la Très Sainte Trinité.
Cependant la
tuberculose poursuit ses ravages. Dina est de plus en plus fatiguée
physiquement et moralement; la lutte est ardue et "maintes fois
elle se surprend à soupirer comme accablée par un fardeau qui lui
répugne..." Mais malgré ses chutes extérieures, ne voulant pas
faire de peine à Jésus, elle lui demande ce qu'elle doit faire. Et
Jésus répond:
— Sourire. Souris à
tout même quand je te broie... Veux-tu, ma petite épouse, me laisser
rayonner au-dehors la joie que je te donne intérieurement?...
Applique-toi à sourire à tout. Refoule en silence tes ennuis, tes
fatigues, tes douleurs morales et physiques, et ne t'occupe qu'à me
plaire en souriant... Oublie ta souffrance au moment où tu la
souffres. Cela veut dire: que la souffrance ne t'empêche pas de
sourire extérieurement comme tu me souris intérieurement. Que la
souffrance ne te distraie pas de ma pensée...
Alors Dina s'écrie:
"Ô admirable tendresse du Cœur de mon divin Substitué! Avec quelle
charité il m'apprend à le laisser vivre en moi! Avec quelle
délicatesse il me reprend de mes manquements!"
Car dorénavant, la vie
de Dina s'unifie. Les révélations qu'elle reçoit sur la Trinité,
vont se confondre avec sa vie dans le Cœur de Jésus sous ses deux
principaux aspects: son Cœur Eucharistique et son Cœur agonisant.
Le Seigneur lui dit, le
8 septembre 1928: "Je veux que ma vie soit en toi comme un
cantique de louange à la gloire de mon Père. Je veux que dès
maintenant tu chantes avec moi le cantique éternel de mon Cœur sacré
glorieux..." Et Jésus fait participer Dina à la joie de son Cœur
au ciel, "cette joie qu'il éprouve dans l'union parfaite et
divine avec son Père."
Dina vit de plus en
plus profondément dans le Cœur de Jésus qui la conduit au Cœur de la
Sainte Trinité. Le 11 juin 1929 Jésus lui confie: "Mon Cœur
Eucharistique a deux grands désirs dont l'ardeur le ferait mourir à
tout instant s'il pouvait mourir encore: le désir de régner dans les
âmes par l'amour, et le désir de donner aux âmes l'immensité de ses
grâces..." En juillet 1929, alors que Dina est complètement
épuisée et proche de sa mort, Jésus lui confie deux prières
correspondant aux deux désirs exprimés en juin:
– Prière correspondant
au premier désir: "Cœur Eucharistique de Jésus, que votre règne
arrive, par le Cœur immaculé de Marie."
– Prière correspondant
au deuxième désir: "Cœur Eucharistique de Jésus, brûlant d'amour
pour nous, embrasez nos cœurs d'amour pour vous."
Et Jésus fait
remarquer: "Quand vous dîtes: nos Cœurs, ayez en vue toutes les
âmes du présent et de l'avenir."
Jésus lui-même va
instruire Dina qui écrit, le 20 septembre 1928: "Quand Notre
Seigneur parle de la gloire divine, il parle de la gloire de son
Père plutôt que de sa gloire à lui ou de celle du Saint-Esprit. Or
comme les trois Personnes divines sont égales et ont également droit
aux mêmes hommages, j'ai demandé à mon bon Maître, lundi dernier,
par obéissance, une explication à ce sujet, s'il lui plaisait de me
la donner. Le lendemain matin il répondit:
— La gloire de mon
Père, c'est la gloire de Dieu. Mon Père et Moi, et notre Esprit
d'amour, nous ne sommes qu'Un. Glorifier mon Père, c'est en même
temps me glorifier et glorifier l'Esprit-Saint, parce que notre
Unité est indivisible."
Le 20 mai suivant Dina
ne craint pas d'écrire: "Un souffle ou une grâce de
l'Esprit-Saint dans une âme est un abîme d'amour que Dieu seul peut
mesurer." Et elle ajoute, le 20 mai 1929: "la Trinité divine
fait la gloire et la félicité des élus dans le ciel, dans la mesure
infinie où l'âme a été son temple sur la terre."
Dina Bélanger, née le
30 avril 1897, décéda le 4 septembre 1929, dans sa trente troisième
année.
Elle fut béatifiée par
le pape Jean-Paul II le 20 mars 1993.
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