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La Trinité et le Cœur de Jésus

"C'est par le Cœur de Jésus, dans la Sainte Trinité, que nos âmes se retrouvent et ne sont qu'une..."

Extrait d'un texte du Père Vallée rédigé lors de la béatification d'Élisabeth de la Trinité: "Il est des êtres qui meurent inconscients de l'humain ; aussi sont-ils comme un magnifique cristal au travers duquel la lumière passe sans se briser ; l'impression divine reçue, la frappe demeure. Élisabeth était éminemment de ceux-là ; elle avait de l'enfance les naïvetés et les profondeurs instinctives. Toute faite de candeur, de franchise, de simplicité, elle était tout entière en les choses de Dieu, n'ayant rien d'autre dans l'âme et dans son regard si pur...

Son oraison fut longtemps occupée du Crucifié ; puis ce fut l'attrait de la Trinité sainte, le besoin de se sentir de la société du Père, du Verbe et de l'Esprit. Tout s'éclaira et se précisa en elle par l'étude de saint Paul."

3-1-Le but de sa vie: être conformée au Christ pour atteindre la Trinité

Dans le traité, Le Ciel dans la foi, Élisabeth résume en quelque sorte la raison de sa dévotion à la Très Sainte Trinité, but ultime à atteindre. La voie à suivre, c'est l'union à Dieu; le but, se rendre conforme au Maître adoré pour atteindre la demeure de la Trinité. Dieu est notre Père et la Trinité notre demeure.

Elle écrit une dernière fois au chanoine Anglès: "Le 18[1], j'aurai 26 ans : je ne sais si cette année s'achèvera dans le temps ou dans l'éternité, et je vous demande encore, comme une enfant à son Père, de vouloir bien, à la sainte Messe, me consacrer pour être hostie de louange à la gloire de Dieu. Oh ! consacrez-moi si bien que je ne sois plus moi, mais Lui, Jésus ! et que le Père, en me regardant, puisse le reconnaître. Que je sois 'conforme à sa mort'[2], que je souffre en moi ce qui manque à sa Passion, et puis, baignez-moi dans le sang du Christ, pour que je sois forte de sa force à Lui ; je me sens si petite, si faible !

À Dieu, cher Monsieur le Chanoine, je vous demande de me bénir au nom de cette Trinité sainte à laquelle je suis spécialement dédiée. Voulez-vous aussi me consacrer à la Sainte Vierge ; c'est elle, l'Immaculée, qui m'a donné l'habit du Carmel, et je lui demande de me revêtir de cette robe de fin lin[3] dont l'épouse se pare pour se rendre au souper des noces de l'Agneau.

3-2-Jésus se substitue à Élisabeth

Dans, La dernière retraite, écrite vers la fin du mois d'août 1906, Élisabeth de la Trinité explique les raisons de la recrudescence de sa souffrance physique; bientôt elle pourra écrire, parlant de Jésus : "Il m'a substituée à sa place sur la croix... Que faire avec sa souffrance?  Voilà que je vais me faire enseigner la conformité, l'identité avec mon Maître adoré, le Crucifié par amour... Avant d'être transformée de clarté en clarté en l'image de l'Être divin", elle devra devenir conforme en l'image du Verbe incarné, Crucifié par amour. Pour cela, elle contemplera Marie, la Mère pleine de grâces, qui va former l'âme d'Élisabeth à l'image de son premier-né, le Fils de l'Éternel; assistée par l'Esprit Saint, Élisabeth s'imprègnera aussi, et de plus en plus, de l'Écriture. 

3-3-Ensevelie dans la Trinité

Sa prieure Mère Germaine à raconté dans ses Souvenirs qu'Élisabeth écrivit à un jeune séminariste:

— N'avez-vous pas la passion de L'écouter ?

Il y a deux mots qui, pour moi, résument toute sainteté, tout apostolat: 'Union, amour', demandez que j'en vive pleinement, et pour cela que je demeure tout ensevelie en la Sainte Trinité...

Et encore: Lorsque je songe à mon nom, écrit-elle au même séminariste auquel des liens de grâce l'unissaient plus intimement que les liens de famille, mon âme est emportée sous la grande vision du mystère des mystères, en cette Trinité, qui, dès ici-bas, est notre cloître, notre demeure, l'infini en lequel nous pouvons nous mouvoir à travers tout. Je lis en ce moment les belles pages de notre Père saint Jean de la Croix sur la transformation de l'âme en les trois Personnes divines. Monsieur l'abbé, à quel abîme de gloire nous sommes appelés ! Oh ! je comprends les silences, les recueillements des saints qui ne pouvaient plus sortir de leur contemplation : aussi Dieu pouvait-Il les emmener sur les sommets divins où l'union se consomme entre Lui et l'âme devenue épouse dans le sens mystique du mot... Je voudrais y répondre en passant sur la terre comme la Sainte Vierge, gardant toutes ces choses en mon cœur, m'ensevelissent pour ainsi dire dans le fond de mon âme afin de me perdre, de me transformer en la Trinité qui y demeure ; alors ma devise, 'mon idéal lumineux', comme vous me le dites, se trouverait réalisé, je serais bien : Elisabeth de la Trinité.


[1] 18 juillet 1906.
[2] Philip III, 10.
[3] Apoc xix, 8.

   

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