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Portrait de Dina

5-1-L’humilité de Dina

Ce qui caractérise le plus Dina Bélanger, c’est son humilité. Elle écrit: “Le sentiment de mon indignité est indicible; je suis pénétrée de mon néant, je me sens faible, pauvre, impuissante. À cause de cela ma confiance en Jésus est comme un océan sans horizon, engloutissant l’abîme de mes misères. Je m’élance avec foi et amour dans les régions de la Miséricorde infinie. La bonté de Dieu: voilà mon assurance ferme et ma paix délicieuse.”

Les tempêtes spirituelles sont nombreuses et parfois violentes. Pénibles à supporter, elles accroissent cependant, en Dina, le sentiment de sa faiblesse et de ses misères. Elle écrit: “Je comprends comment l’amour réparateur des âmes converties, telle celle de Marie-Madeleine, peut dépasser en intensité l’amour innocent des âmes pures... Je comprends aussi qu’il soit salutaire quelquefois, de tomber dans certaines fautes -plutôt irréfléchies que consenties, c’est vrai, mais enfin humiliantes pour la volonté-,  parce qu’alors notre pauvre nature, déplorant sa fragilité, s’appuie avec plus d’amour et de confiance sur Dieu, son unique force.”

Quand Jésus eut fait entrer Dina dans les parterres infinies de la Très Sainte Trinité, elle vit ses actions: “Oh! mes pauvres actions! Elles étaient toutes entachées d’amour-propre, de vanité et de secrète recherche de moi-même... J’avais besoin d’avouer ma misère; je dis à mon bon Maître: “Mon Jésus, je suis bien coupable!” Jésus lui répondit:

— Ne te regarde pas toi-même. Aie confiance en ma miséricorde. C’est justement parce que tu es faible et misérable que je t’ai choisie...

Et Jésus fit comprendre à Dina la nécessité pour elle de conserver le silence de reconnaissance et d’humilité. Puis Il lui parla de sa gloire et de l’heureuse faute:

— La gloire que mon Père reçoit depuis la Rédemption est beaucoup plus grande, malgré l’offense de l’homme, que si l’homme n’avait jamais péché, parce que la réparation que je lui offre, à mon Père, est infinie, et elle couvre infiniment toutes les offenses humaines. Chaque fois qu’une âme s’unit à moi pour glorifier mon Père, elle lui rend par moi une gloire infinie.

5-2-L'obéissance et les désirs de Dina

L'obéissance était la grande règle du plus parfait de Dina qui s'est engagée à ne rien refuser à Notre-Seigneur, et à ne se préoccuper que de Dieu seul. Dina désire, pour la gloire de son Père et de l’adorable Trinité, tout ce qu’une créature humaine peut souhaiter par l’Esprit et le Cœur d’un Dieu. Et pour la consolation de son Cœur, elle désire le salut et la sanctification de toutes les âmes, comme Dieu le désire lui-même.

L’œuvre du salut des âmes, c’est le travail du Seigneur, et cela, Dina l’a bien compris: “Le Cœur de Jésus m’emmène à la conquête des âmes. C’est lui qui fait tout le travail, et moi je lui donne mon ennui, mes petites souffrances, je n’ai qu’à le laisser faire et à ne rien lui refuser. Il m’a bien avertie, hier matin (24 septembre 1927), qu’on ne va pas à la conquête des âmes sans de grandes fatigues ni sans peines, mais tout est si bon avec lui et pour lui!”

5-3-L'union à Dieu

Dina fut unie à Dieu d'une manière exceptionnelle. Une telle perfection doit-elle nous décourager? Certainement pas. Nous avons vu combien Dina, la dernière année de sa vie, manifesta parfois ses faiblesses et ses difficultés à vivre son extrême fatigue physique, cause d'une véritable lassitude spirituelle. Mais elle s'accrochait à la volonté de son Seigneur qui, prenant comme exemple les âmes consacrées, réalisait pour elle un véritable cours d'union à Dieu. Ainsi, ayant exprimé ses désirs: la Gloire du Père et de l'adorable Trinité, la consolation du Cœur de Jésus, et la sanctification des âmes, Dina "entendit" Jésus lui répondre:

— On ne m'aime pas assez pour moi. On m'aime trop pour soi-même. Il y a si peu d'âmes qui m'aiment pour moi dans l'amour qu'elles me donnent… Je suis triste, dit encore Jésus, parce qu'il y a des âmes consacrées qui m'aiment pour elles-mêmes; c'est parce qu'il y a tant de mes prêtres qui cherchent leurs intérêts personnels avant les miens…

Trop d'âmes religieuses et sacerdotales ne comprennent pas que les sacrifices que je leur demande sont des flammes d'amour qui s'échappent de mon Cœur divin pour attirer et sanctifier leur cœur humain.

Et à une question de Dina concernant sa famille religieuse, Jésus dit:

— Il leur manque (aux religieuses de Jésus-Marie) l'union avec moi. Un grand nombre de mes épouses agissent trop souvent par elles-mêmes en oubliant de s'appliquer à s'unir à moi. Je ne puis bénir leurs prières ni leur travail comme je le veux, parce que l'attachement à leurs désirs humains met obstacle à la plénitude de mes grâces.

— Que faut-il à chacune de nous pour obtenir la grâce d'être bien unie à toi, demande Dina.

Jésus reprit:

— Il faut me la demander. Je la donne, ma grâce, à toute âme qui me la demande, et surtout à toute âme religieuse qui est mon épouse ou qui veut le devenir.

— De quelle manière la demander?

— Que l'âme demande simplement la grâce que je règne en elle comme je le veux…. Et y correspondre avec beaucoup d'amour.

— Mais si l'on tombe? s'inquiète Dina. Que faire?

— Se relever avec beaucoup d'amour, toujours revenir à moi, compter sur moi… Comptez sur moi sans jamais craindre de trop compter.

5-4-Conseils de Jésus à Dina

5-4-1-La joie

En septembre 1928, Jésus parle de la joie associée à la souffrance:

— Je veux que dès maintenant tu chantes avec moi le cantique éternel de mon Cœur sacré glorieux. Laisse-moi rayonner en toi l’amour et la joie de l’éternité...

Une âme ne peut pas s’approcher de mon Cœur sans être heureuse, parce que je suis le Foyer de la joie et du bonheur. Même dans les moments où j’associe une âme plus intimement à ma Passion et à mes souffrances, je sais changer pour elle en douceurs toutes les amertumes. Ma petite Moi-même, je te garde dans mon Cœur et dans les profondeurs de l’Essence de la Très Sainte Trinité; je veux donc que tu jouisses comme moi, dès maintenant, dans la mesure où tu souffres avec moi, dans la mesure de ton amour pour moi et de la consolation que tu me donnes. La joie parfaite et constante en moi est la plus grande preuve de l’union parfaite et constante avec moi. Tu m’aimes sincèrement: c’est moi qui agis en toi et à ta place; je veux donc le prouver par le rayonnement de ma joie divine...

5-4-2-La joie et la souffrance

Ma joie à laquelle je te donne part peut se trouver dans les aridités, dans les angoisses, dans les ténèbres, parce que c’est la joie de l’union parfaite à ma volonté divine, c’est la joie dans mon amour, la joie dans mon Cœur.

Souris... Souris à tout quand même je te broie... Veux-tu, ma petite épouse, me laisser rayonner au dehors la joie que je te donne intérieurement?... Applique-toi à sourire à tout. Refoule en silence tes ennuis, tes fatigues, tes douleurs morales ou physiques, et ne t’occupe qu’à me plaire en souriant... Que la souffrance ne t’empêche pas de sourire extérieurement comme tu me souris intérieurement; que la souffrance ne te distraie pas de ma pensée.

Mais la joie dans la souffrance est-elle vraiment possible? Et pourquoi la souffrance? À cette universelle question des hommes:  Jésus répond:

— La souffrance est la rançon nécessaire du péché. Mais Dieu aime les âmes d’un amour si grand qu’il met son bonheur à changer pour elles en jouissances toutes leurs souffrances. Il veut que déjà sur la terre, les âmes soient heureuses dans la souffrance par l’amour divin. C’est pourquoi les âmes qui aiment Dieu véritablement trouvent tant de bonheur dans la croix, malgré les répugnances de leur nature. C’est qu’elles trouvent et aiment Dieu en tout ce qui les contrarie...

Les âmes ne sont malheureuses qu’autant qu’elles s’éloignent de Dieu. Le grand désir de mon Père et le mien, serait de voir toutes les âmes heureuses, même sur la terre. Quand notre Justice divine afflige ou punit, c’est toujours par amour, et toujours pour rapprocher les âmes de Dieu, de leur souverain bonheur...”

5-5-Dina et Satan

Dina ne fut pas épargnée par les attaques de Satan. Elle est restée très discrète sur ce sujet, mais en avril 1925, après avoir prononcé son vœu du plus parfait, elle confie pourtant: "Lutte pénible. Paix dans l'obéissance. L'assaut a été terrible, mais aussi la grâce divine très forte… Oh! Que le démon a de ruses!...  Le démon est comme enragé parce que l'action de Notre Seigneur en mon être lui arrache des âmes et les conduit à Dieu. Que ma responsabilité est grande!...Le démon, en essayant de me troubler et de m'attrister, me dit que je ne suis pas généreuse et pas mortifiée. Je ne l'écoute pas, le vilain ange de ténèbres… Je jette tous mes manques de renoncement dans la miséricorde infinie…"

Le 15 juin 1925 elle avoue: "Le démon ne m'oublie pas, mais Jésus est mon rempart inexpugnable. Il ne se passe pas un seul matin sans que le vilain ange de ténèbres ne me tende un piège pour me faire manquer ma communion. Chaque soir, au moment de l'examen général, il revient à l'assaut. Outre ces deux filets habituels, il se présente avec ruse en d'autres temps; il se dissimule pour essayer de me tromper mieux…"

Et le 23 juin 1925: "Les attaques de l'ennemi sont plus violentes. Hier soir, tout à coup, j'ai senti la présence du démon à côté de moi, à gauche, aussi réellement que j'aurais constaté la présence d'un être visible. J'éprouvais en même temps ses tentations d'enfer; il était là comme un enragé multipliant ses pensées et ses actions diaboliques… Les assauts étaient aussi rusés que forts. Je n'avais pas peur, car Jésus et Marie étaient entre lui, le misérable, et moi…"

Alors Dina explique que ce qui la sauve, c'est l'obéissance et l'Eucharistie. Pourtant le démon la poursuit avec fureur. Elle éprouve sa présence effroyable, mais sa rage ne peut la troubler puisqu'il ne peut l'atteindre en Jésus et Marie.

Le 5 février 1927: "L'action du démon est violente; ce vilain esprit voulait me faire croire que je n'étais pas en état de grâce, et, par une ruse nouvelle, il essayait de m'éloigner de la Sainte Vierge, de me distraire de la pensée de ma céleste Mère et d'affaiblir ma confiance en elle."

2 mai 1927: "Le démon multiplie ses ruses… Pour essayer de me faire croire que je ne suis pas en état de grâce, il agit comme une personne qui mettrait un manteau sur les épaules d'une autre en lui disant: "C'est vous qui l'avez fait, ce manteau," quand ce ne serait pas la vérité. De même le démon essaie de me jeter des péchés mortels sur mon âme en me disant: "Tu les as commis!"… Vendredi il s'y est pris d'une autre manière: il a essayé d'agir comme Notre Seigneur…

Mais bientôt une lumière suave me fit remarquer l'empressement, l'agitation, la brusquerie qui accompagnaient la pensée distrayante, et à ce signe infaillible, je reconnus que c'était là une tentation du mauvais esprit."

   

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