La
ville de Cortone n’est pas la cité de sainte Marguerite,
mais aussi celle d’un moine du XIVe siècle que l’église
éleva aux honneurs des autels : Ugolin Zeffirini.
Celui-ci naquit un siècle après la grande Sainte de
Cortone.
Sa
vie fut bien plus modeste, presque timide, si on la compare aux
événements qui ont marqué la vie de la grande
dame de Liviano. Plus qu'un acteur, on le qualifierait plutôt
de spectateur des crises de son temps, un spectateur, cependant,
capable de vivre profondément et de garder dans le secret de
son âme, le ferment de sa vie et sa société.
Marqué précocement par une vocation ascétique,
les discordes civiles de sa ville, dans la dernière moitié
de 1300, rendirent insupportable la vie dans sa patrie. Par
conséquent il préféra émigrer, et se
rendit dans la cour du duc Louis de Gonzague à Mantoue, un ami
de sa famille. Mais même la cour ducale de Gonzague n’était
pas un environnement propice à la vie spirituelle de l’homme
de Cortone, c’est pourquoi il quitta la cour et entra dans un
couvent d’ermites qui suivaient la Règle de
Saint-Augustin. Il passa plusieurs années à Mantoue,
jusqu’au moment où ses supérieurs l’envoyèrent
dans le couvent des Augustins de Cortone, où Ugolin acquit sa
réputation de sainteté, due certainement à
d’autres faits que son implication apostolique. En effet, sa
réputation avait beaucoup à voir avec son humilité
et son affection envers les plus pauvres et sa disponibilité
de tout instant. À cause du nombre de personnes qui le
cherchaient, et pour éviter toute ostentation ou inutile
vanité, il préféra quitter le monastère
et alla s’installer dans un lieu solitaire, dans l'ermitage de
S. Onofre, où il a passa le reste de ses jours dans la prière
et les veilles, le jeûne et la mortification, comme un de ces
solitaires de la Thébaïde, tel que l’avait été
en son temps, saint Onofre, duquel l'ermitage portait le nom.
Après
sa mort en 1370, une curieuse et douce tradition se développa
autours de sa tombe, sur laquelle, à plusieurs reprises, des
lis fleurirent. Plusieurs années plus tard, lors du transfert
des reliques, conservées intactes, on remarqua sur la poitrine
du bienheureux de Cortona de petites cicatrices, comme deux fentes.
Par ces fissures a-t-on dit, seraient passées les tiges des
lis prodigieux, fleurs tout droit sorties de son cœur. La fleur
de lys, comme nous le savons, est la fleur symbolique de la pureté.
Dans
l'histoire spirituelle de Cortone à la figure passionnée
de sainte Marguerite, comme une rose charnue, hérissées
d'épines de la pénitence est opposé en quelque
sorte la figure épanouie du lis du bienheureux Ugolin
Zeffirini.
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