XXVIII Dimanche du Temps commun
– A –

 

Lecture du livre d'Isaïe  (Is. 25, 6-9)

Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vin décantés. Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations. Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur essuiera les larmes de tous les visages, et sur toute la terre il effacera l'humiliation de son peuple ; c'est lui qui l'a promis. Et ce jour-là on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c'est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : car il nous a sauvés ! »

 

Psaume 49

Le Seigneur est mon berger,
je ne manque de rien ;
sur de verts pâturages
il me fait reposer.

Il me mène près d'une eau tranquille
et me rend des forces ;
il me conduit par les bons chemins
pour l'honneur de son nom.

Si je passe au ravin de la mort,
je ne crains aucun mal ;
car tu es avec moi :
ton bâton, ta houlette me rassurent.

Tu prépares la table pour moi,
face à mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête ;
ma coupe m'emplit de joie.

Grâce et bonheur me suivront
tous les jours de ma vie ;
je peux revenir à la maison du Seigneur
tant que durent mes jours.

 

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre
aux Philippiens   (Ph. 4, 12-14 et 19-20)

Frères, je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu'il me faut. Etre rassasié et avoir faim, avoir tout ce qu'il me faut et manquer de tout, j'ai appris cela de toutes les façons.

Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. Cependant, vous avez bien fait de m'aider tous ensemble quand j'étais dans la gêne. Et mon Dieu subviendra magnifiquement à tous vos besoins selon sa richesse dans le Christ Jésus. Gloire à Dieu notre Père pour les siècles des siècles. Amen.

 

Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ
selon Saint Matthieu - (Mt. 22, 1-14)

Jésus disait en paraboles : « Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d'autres serviteurs dire aux invités : Voilà : mon repas est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce. Mais ils n'en tinrent aucun compte et s'en allèrent, l'un à son champ, l'autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : Le repas de noce est prêt, mais les invités n'en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce. Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce, et lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? L'autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents. Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. »

 

Quand c’est Dieu qui nous convie,
on n’a plus le temps...

La lecture de l’évangile de Matthieu se poursuit aujourd’hui avec cette parabole du festin de noces. La lecture d’Isaïe nous y prépare et s. Paul ajoute une note un peu plus personnelle.

De quelles noces s’agit-il ? Certainement des noces de l’Agneau Divin avec son Eglise, son Epouse virginale, auxquelles sont conviés beaucoup d’invités. Parmi ceux-là, certains ont leurs soucis, leurs préférences, leurs goûts, ou prétendent, comme on dit, avoir “d’autres chats à fouetter”. Il semble que notre époque soit caractérisée par ce malheureux refrain qu’on entend partout : je n’ai pas le temps !

Voyons : on a le temps de surfer sur Internet, de faire des jeux devant la console, d’aller “s’éclater” en discothèque, d’aller au club de ‘muscu’ ou de danse, de se déplacer aux antipodes pour assister à un match, d’aller hurler des slogans sur la place publique… Et bien d’autres choses encore !

Mais voilà, quand c’est Dieu qui nous convie, on n’a plus le temps, et l’on va “qui vers son champ, qui vers son commerce”, dit Jésus. Avec les hommes, on a du temps ; pas avec Dieu. Alors, il n’est pas étonnant que, dans la parabole, le maître “se mette en colère”. Mais là où la parabole est étonnante, c’est que, dit Jésus, le maître fait venir tous ceux qu’on pourra trouver aux croisées des chemins. Imaginez qu’on aille vous prendre à un feu rouge, là, comme vous êtes, et lorsque vous entrez dans la salle du festin, le maître vous reproche : Mais tu n’as pas ta tenue de noce !

C’est qu’une parabole est une parabole : elle n’est pas un récit historique pur et simple et comporte des éléments symboliques, mystérieux ; l’évangéliste Matthieu rappelle ce verset du psaume 78, pour montrer qu’il se réalise en Christ : “Ma bouche prononcera des paraboles, elle clamera des choses cachées depuis la fondation du monde” (Mt 13:35). Ainsi donc, le maître de maison qui examine ses invités, ne regarde pas à l’habit visible, mais à l’habit invisible, aux dispositions intérieures, et tandis que les convives nourrissent des sentiments de reconnaissance et de joie pour cette invitation imprévue, il en est un qui rumine en lui, qui critique les dépenses excessives ou qui n’apprécie pas les mets qu’on lui présente…

Cet invité sans reconnaissance n’a pas droit à la fête ; il ne prendra pas part au festin. Ce n’est pas manque de bonté de la part du maître, c’est un choix délibéré de la part du convive qui s’exclut de la joie unanime. De la même manière, personne n’aura sa place dans la Vie éternelle contre son gré. On ne peut pas répondre “présent” à l’appel, et en même temps regretter d’être présent.

Dans le même sens que l’évangile va la prophétie d’Isaïe, sur le festin que Dieu prépare sur la Montagne — la Jérusalem céleste, pour tous les peuples, et où Dieu fera disparaître tout signe de mort, toute larme.

Le psaume du Bon Berger, eucharistique par excellence, évoque aussi ce Repas sacré, l’Eucharistie à laquelle nous sommes conviés ici-bas, et le Festin nuptial éternel auquel notre espérance nous conduira : “J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours”. Toute ma vie, certainement, et volontiers, mais aussi pendant le “Jour du Seigneur”, ce Jour éternel, que sera le Règne définitif du Christ dans la Gloire avec tous les Elus.

Saint Paul parle aujourd’hui d’un autre “repas” : il explique aux “Philippiens” que nous sommes, qu’il a appris à être toujours heureux, qu’il ait ou qu’il n’ait pas à manger ; oui, il préfère manger à sa faim, comme tout homme, mais il reste dans l’action de grâce même s’il est dans la gêne. Se plaindre, maugréer, critiquer, s’agiter pour ce qui ne va pas, jamais !

On le voit, peu à peu, nous arrivons vers la fin de l’année, de l’année liturgique en particulier, où l’Eglise oriente notre pensée vers l’éternité. Dans cette éternité, nous serons vraiment un seul Corps dans le Christ, nous qui serons — espérons-le ! — participants de cet éternel Banquet. La Prière après la Communion nous le fait dire expressément : “Rends-nous participants de la nature divine, puisque tu nous as fait communier au Corps et au Sang du Christ”.

Abbé Charles Marie de Roussy

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