III dimanche du Temps commun
— C —

 

Lecture du premier livre de Néhémie (VIII 1-6 & 8-10).

Quand arriva la fête du septième mois, tout le peuple se rassembla comme un seul homme sur la place située devant la Porte des eaux. On demanda au scribe Esdras d'apporter le livre de la loi de Moïse, que le Seigneur avait donnée à Israël. Alors le prêtre Esdras apporta la Loi en présence de l'assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre. C'était le premier jour du septième mois.

Esdras, tourné vers la place de la Porte des eaux, fit la lecture dans le livre, depuis le lever du jour jusqu'à midi, en présence des hommes, des femmes et de tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi. Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès. Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l'assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen ! Amen ! » Puis ils s'inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre. Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les lévites traduisaient, donnaient le sens, et l'on pouvait comprendre.

Néhémie, le gouverneur, Esdras, qui était prêtre et scribe, et les lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu ! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi. Esdras leur dit encore : « Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n'a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! »

 

Psaume 18

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne la vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu'il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.

Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon cœur ;
qu'ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur !

 

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre
aux Corinthiens (XII 12-14 & 27)

Frères, prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l'unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l'unique Esprit. Le corps humain se compose de plusieurs membres, et non pas d'un seul. (...) Or, vous êtes le corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce corps.

 

Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ
selon Saint Luc (I 1-4 & IV 14-21).

Puisque aussi bien beaucoup ont entrepris de composer un récit des évènements qui se sont accomplis parmi nous, selon ce que nous ont transmis ceux qui, témoins oculaires dès le commencement, sont devenus ensuite serviteurs de la Parole, j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis le début, d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus.

(…)

Et Jésus retourna en Galilée avec la puissance de l'Esprit, et sa renommée se répandit dans toute la contrée à son sujet. Et il enseignait dans leurs synagogues, glorifié par tous. Et il vint à Nazareth, où il avait été élevé, et entra selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe, et déroulant le livre, il trouva le passage où était écrit : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, proclamer aux captifs la liberté et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année que le Seigneur agrée. » Et roulant le livre, il le remit au servant et s'assit. Et les yeux de tous, dans la synagogue, étaient fixés sur lui. Il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles cette Écriture. »

 

“L’Esprit du Seigneur est sur moi”

On a dit que l’année C était celle où l’on proclamait l’évangile de saint Luc. C’est au-jourd’hui que commence précisément la lecture de ce troisième évangile, où Luc se présente à ses auditeurs, tenant à leur dire que ce qu’il écrit est dûment vérifié. Théophile est peut-être un ami de Luc, mais ce nom peut très bien suggérer tout “ami de Dieu” (qui aime Dieu, ou qui est aimé de Dieu), comme plus tard saint François de Sales adressera à “Philothée” son Introduction à la Vie Dévote.

Saint Luc a cherché des informations de première main, sans doute auprès de la Mère de Jésus elle-même, dont il a entendu certains détails de la naissance du Christ et dont il rapporte le Magnificat ; peintre, Luc aurait été le premier à écrire les traits de Marie en des icônes célèbres ; enfin, cet évangéliste aura été extrêmement sensible à la miséri-corde du Christ et au pardon des pécheurs : on aura maintes occasions de le constater au cours de la lecture de son évangile.

A Noël nous lirons le récit de la naissance du Christ et de tous les événements qui l’ont entourée ; aujourd’hui Luc nous présente le début de l’enseignement du Christ, en repre-nant un passage d’Isaïe que Jésus lui-même lit à la synagogue, un message qui sera reçu de façons diverses, comme on le verra dimanche prochain.

La première lecture nous montre comment le personnage de Néhémie, cinq siècles avant le Christ, fut chargé de proclamer la vérité au peuple juif : c’est le moment du retour de l’exil, les juifs peuvent revenir à Jérusalem, où il faut relever les ruines, restaurer le culte, proclamer la Loi de Moïse, qui était tombée dans l’oubli. Le scribe Esdras lit le texte, le traduit, et les lévites l’expliquent : il faut remarquer que le peuple avait totalement oublié cette Loi, que la “nouvelle génération” n’en comprenait pas même la langue, encore moins le sens spirituel ! Imaginons de jeunes chrétiens aujourd’hui, qui demanderaient naïve-ment ce qu’est cette petite chose ronde et blanche que le prêtre donne aux fidèles à la Messe…

Néhémie et Esdras incitent donc le peuple à se convertir et à se réjouir, car ce jour “est consacré à Dieu”. La joie de l’annonce de la Vérité, la lumineuse conversion de chacun : ce sont là les éléments de l’annonce du Royaume, que Jésus commence aujourd’hui dans l’évangile de Luc. C’est en même temps l’illustration de ce troisième mystère lumineux de notre Rosaire.

Jésus lit : “L’Esprit du Seigneur est sur moi”. Il rappelle qu’Il a reçu l’onction de l’Esprit pour sa mission. L’Esprit qui anime l’Église, qui souffle la Vérité aux oreilles des enfants de Dieu, c’est ce même Esprit qui fait l’unité de tous les membres si différents entre eux. L’apôtre Paul s’en fait l’écho dans sa très fameuse parabole des membres du corps, qu’il écrit à l’adresse des Corinthiens.

Ces Corinthiens étaient travaillés par différentes factions, selon un processus très fré-quent dans les communautés, où à un moment donné l’orgueil ou l’ambition, ou la jalou-sie, font que certaines “têtes” se font plus arrogantes, donnant lieu à des divisions malsai-nes, oubliant que, pour suivre Jésus, il faut se faire le serviteur de tous.

Dans toute la société, il y a une très grande variété de “charismes”, et la règle d’or du comportement est surtout de ne pas se comparer aux autres : tous ensemble doivent chercher à imiter Jésus, chacun dans l’état où il se trouve. Le cordonnier ne peut être con-ducteur d’autobus, et le médecin n’est pas un balayeur de rue, mais chacun d’eux doit chercher la perfection dans son travail, au service des autres, dans l’honnêteté et la charité.

C’est ainsi que tous ensemble, comme dans un immense orchestre, chacun tient sa partie et que le résultat est d’autant meilleur que l’harmonie est plus parfaite. 

C’est ainsi qu’au nom de Jésus-Christ notre mission est de porter “des fruits en abon-dance” (prière). 

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