SYNODE DES ÉVÊQUES

INTERVENTIONS

XII ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
5-26 OCTOBRE 2008

La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Église

16 - 11.10.2008

Lors de cette Onzième Congrégation générale sont intervenus les Pères suivants :

- S.Exc. Mgr Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de Kinkala, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE DU CONGO)
- S.Exc. Mgr Gregor Maria HANKE, O.S.B., Évêque de Eichstätt (ALLEMAGNE)
- S.B. Nerses Bedros XIX TARMOUNI, Patriarche de Cilicie des Arméniens, Chef du Synode de l'Église Arménienne Catholique (LIBAN)
S.Exc. Mgr György-Miklós JAKUBÍNYI, Archevêque d'Alba Iulia, Administrateur Apostolique "ad nutum Sanctæ Sedis" de l'Ordinariat pour les Catholiques de rite arménien résidents en Roumanie (ROUMANIE)
- S.Exc. Mgr Juan Abelardo MATA GUEVARA, S.D.B., Évêque d'Estelí (NICARAGUA)
- S.Exc. Mgr Ignatius SUHARYO HARDJOATMODJO, Archevêque de Semarang (INDONÉSIE)
- S.Exc. Mgr Ricardo Ernesto CENTELLAS GUZMÁN, Évêque titulaire de Torri di Ammenia, Évêque auxiliaire de Potosí (BOLIVIE)
- S.Exc. Mgr Arturo M. BASTES, S.V.D., Évêque de Sorsogon (PHILIPPINES)
- S.Exc. Mgr Javier Augusto DEL RÍO ALBA, Archevêque d'Arequipa (PÉROU)
- S.Exc. Mgr Joseph Prathan SRIDARUNSIL, S.D.B., Évêque de Surat Thani (THAÏLANDE)
S.Exc. Mgr Friedhelm HOFMANN, Évêque de Wurtzbourg (ALLEMAGNE)- S.Exc. Mgr Guido PLANTE, P.M.E., Évêque de Choluteca (HONDURAS)
- S.Exc. Mgr Zbigniew KIERNIKOWSKI, Évêque de Siedlce (POLOGNE)

Nous publions ci-dessous les résumés des interventions :

S. Exc. Mgr Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de Kinkala, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE DU CONGO)

Au Congo-Brazzaville, pays marqué négativement par une série de conflit interne, nous faisons le constat d'un foisonnement de mouvements religieux qu'on peut classer en deux catégories : d'une part les mouvements qui pratiquent une lecture d'orientation libératrice tout en faisant appel à des éléments de la religion traditionnelle. Ils présentent comme une contre-réaction face à un christianisme considéré comme une négation de l'identité africaine. D'autre part des mouvements, ramifications du mouvement pentecôtiste d'origine américaine, caractérisés par une lecture de la Bible fondamentaliste et même magique, propres à démobiliser les consciences par rapport aux problèmes concrets de la vie en société.
Il y a aussi des mouvements d'orientation ésotérique et gnostique, caractérisés par une lecture symbolique et idéologique de la Bible.
Tout cet ensemble est à situer dans un contexte de mal-développement avec son lot de misère et de résignation. Face à cette situation bien complexe, l'urgence se fait sentir d'aider, d'encourager les fidèles du Christ au Congo à lire la Parole de Dieu, à la méditer, à la prier car elle est susceptible de “recréer” l'homme africain qui porte encore en lui les séquelles de son lot passé. Cela exige un accès plus facile au texte biblique grâce aux traductions. C'est une des urgences pastorales de notre Eglise.
Par ailleurs cette lecture de la Parole de Dieu doit susciter chez le lecteur africain la prise de conscience de sa responsabilité à l'égard d'une société qui attend d'être transformée dans toutes ses structures selon les valeurs de l'Evangile.

- S.Exc. Mgr Gregor Maria HANKE, O.S.B., Évêque de Eichstätt (ALLEMAGNE)

Le Document de travail, chapitre cinq, n. 34, nous incite à réfléchir sur le rapport entre la Parole de Dieu et l’Eucharistie. Dans ce contexte, je reprends la question sur la manière dont la présence du Christ dans la Parole de Dieu et dans le Sacrement de l’Eucharistie sont théologiquement en rapport entre eux. Les modes divers de la présence du Seigneur dans la célébration liturgique ne peuvent pas être mis sur le même plan, comme s’ils étaient statiquement équivalents. La conséquence d’un tel mode de penser se résumerait à une compréhension modalistique de la présence du Seigneur, qui consentirait donc de remplacer un mode de cette présence par un autre, par exemple la célébration eucharistique par la liturgie de la Parole.
La solution se trouve dans une juste compréhension de la signification de Parole de Dieu. La Parole de Dieu ne s’épuise pas avec la Bible imprimée ni même avec l’annonce de la Parole. La Parole écrite n’a pas la même gradation que la Parole-Logos révélée dans l’Incarnation. La force de la Parole écrite et annoncée vit de la présence permanente, dans l’histoire du monde, de cette plus grande Parole-Action. Cela fait, des lettres de la Sainte Écriture, la Parole de Dieu qui chemine avec l’homme d’aujourd’hui et qui, en elle, ouvre le dialogue de Dieu avec l’homme.
C’est cependant l’Eucharistie le lieu où se manifeste la Parole d’action, avec toute son histoire du salut et l’eschatologie. La Parole de Dieu de l’Écriture, comme mode de présence du Seigneur, renvoie donc à l’Eucharistie. La présence du Seigneur dans la Parole exige Sa présence dans l’Eucharistie. Il faudra y réfléchir dans notre pastorale biblique.

S. B. Nerses Bedros XIX TARMOUNI, Patriarche de Cilicie des Arméniens, Chef du Synode de l'Église Arménienne Catholique (LIBAN)

Il convient de souligner au début de mon intervention, que l'origine de l'Église arménienne, évangélisée par S. Grégoire l'Illuminateur, est située à la date de l'adoption du christianisme comme religion d'État en Arménie en l'an 301, d'après la tradition. En ce temps-là, l'alphabet arménien n'existait pas et les lectures bibliques étaient proclamées en langue grecque ou syriaque. L'officiant devait ensuite les traduire en arménien. Ceci ne facilitait pas la compréhension de la Parole de Dieu par les néophytes arméniens. D'où est née l'idée d'inventer un alphabet pour traduire la Bible dans la langue du peuple.
Ceci a été réalisé grâce à un hiéromoine du nom de Mesrob, qui, encouragé et soutenu par les Chefs suprêmes de l'Église et de l'État, le Catholicos Sahag et le roi Vramchapouh, s'est attelé à la charge et inventa en l'an 406 l'alphabet arménien. Le premier livre traduit fut la Sainte Bible, à partir de la Septante.
L' on peut affirmer que depuis la traduction de la Bible en arménien, le Livre Saint a acquis une importance particulière dans la vie du peuple arménien. Son effet bénéfique s'est fait sentir en apportant une nouvelle mentalité et un nouvel esprit chez les fidèles, les intellectuels et la société en général.
L'on peut conclure sans hésitation que l'invention de l'alphabet arménien en l'an 406 n'avait d'autre but que celui de l'évangélisation. Cette évangélisation a aidé à sauvegarder la foi chrétienne souvent en danger, comme en 451 - la Bible était à peine traduite - et durant les siècles suivants. La Parole de Dieu a soutenu l'Église et le peuple arménien durant sa pénible histoire. Elle a imprégné et animé toute la culture arménienne au long des siècles. La vie des chrétiens en Arménie a été continuellement pénétrée et guidée par la Parole de Dieu.
Que cette richesse précieuse que représente les Saintes Écritures ainsi que la vie exemplaire de nos ancêtres stimulent la nouvelle génération pour recourir toujours plus à la Parole de vie. Ceci sera le fruit des conclusions de ce Synode.

S. Exc. Mgr György-Miklós JAKUBÍNYI, Archevêque d'Alba Iulia, Administrateur Apostolique “ad nutum Sanctæ Sedis” de l'Ordinariat pour les Catholiques de rite arménien résidents en Roumanie (ROUMANIE)

Après les changements de décembre 1989, la liberté démocratique était revenue. Dix-huit “cultes” ont été reconnus, ainsi que l’Église romano-catholique et l’Église gréco-catholique en tant que deux cultes séparés. Actuellement, en Roumanie, il existe (données de l’AP 2008) 1.115.000 romano-catholiques dans six diocèses: Bucarest avec les suffragants Iasi, Oradea des Latins, Satu Mare, Timisoara et l’Archevêché de Alba Iulia absent. 771.000 gréco-catholiques dans cinq diocèses/éparchies: Archevêché Majeur de Fagaras et Alba Iulia (avec siège à Blaj) avec les suffragants Cluj-Gherla, Lugoj, Maramures (avec siège à Baia Mare) et Oradea des Reomeni. 806 arméniens catholiques dans un ordinariat. Ils possèdent tous un évêque diocésain et, pour quelques-uns, également des auxiliaires. Les ordres religieux ont rouvert leurs noviciats. Des éditeurs catholiques, avec des revues catholiques, ont fait leur apparition. Ainsi la Bible est également redevenue accessible pour tous.Les gréco-catholiques ont réédité, avec l’aide du Saint-Siège, la seule Bible gréco-catholique roumaine de Blaj, qui ait été réalisée (1796). Les Roumains romano-catholiques - les professeurs de l’Institut théologique de Iasi ont procédé, en 2002, à une nouvelle traduction du Nouveau Testament. Les Hongrois et les Allemands peuvent importer des Bibles de la Hongrie et de l’Allemagne.
Beaucoup de paroisses ont constitué des cercles pour les jeunes et pour les adultes, pour la Lectio Divina en commun. Les futurs prêtres reçoivent déjà un enseignement dans leur séminaire en vue de l’apostolat biblique.
Quatre diocèses transylvaniens, de majorité hongroise, ont fondé l’Asociatia Biblica Maghiara din Romania, qui fait partie des Associations Bibliques Catholiques (FBC = Fédération Biblique Catholique, AMB = Arbeitsgemeinschaft Mitteleruropäischer Bibelwerke). Cette Association organise l’apostolat biblique avec des sessions, des camps, une formation des multiplicateurs pour des cercles bibliques, etc.
Je pense que ce sont des signes positifs pour le renouveau biblique dans la vie de l’Église locale de Roumanie.
Je proposerais que tous les diocèses constituent une Association Biblique, même une Fédération nationale, ayant pour objectif la promotion de l’apostolat biblique catholique.

- S. Exc. Mgr Juan Abelardo MATA GUEVARA, S.D.B., Évêque d'Estelí (NICARAGUA)

Le coeur du bref récit de la vocation de Jérémie (Jr 1, 10-10.17 sqq.) se focalise sur la Parole de Yahvé, dont l’importance imprègne toute la narration, et sur Dieu lui-même dont la parole jaillit. Dans les paroles que Yahvé prononce au cours de la rencontre et qui révèlent directement la réalité ultime des choses, la volonté ordinatrice de Dieu (cf. Gn 1), Jérémie est immédiatement placé dans sa condition de créature.
En effet, l’expression “Avant même de te former”(yazar) exprime le rapport de dépendance totale de l’homme envers son Créateur. C’est Dieu qui modèle non seulement la substance, mais également l’existence, l’essence et le devenir. Cet aspect s’exprime à travers un verbe typiquement hébraïque, connaître (yada) qui implique une intense connotation volontaire. Par lui-même, le verbe ne dit rien d’autre et pourrait s’appliquer à tous les hommes.
Respectivement à cette magnifique vision théocentrique de l’homme et de ses actions dans ce monde, s’est développée une vision toujours plus anthropocentrique, intéressée à la réalité immédiate, individuelle et concrète: il s’agit d’un athéisme pratique qui postule que l’homme n’a pas besoin de faire appel à Dieu pour exprimer son être dans le monde, et encore moins qu’Il lui dise ce qui peut et ne peut pas se faire. Cette forme “séculière” de comprendre l’homme, caractérisée par l’absence d’une réflexion métaphysique sur la réalité et des règles éthiques objectives qui ressortent de l’essence de cette dernière, se manifeste dans une attitude sceptique de l’homme, autant au regard de l’existence de Dieu qu’au regard de la possibilité de connaître des vérités absolues. Cela a entraîné deux conséquences : la première est qu’un grand intérêt est en train de renaître pour la phénoménologie et pour ce qui est empiriquement vérifiable, qu’on comprend tous deux comme des clés herméneutiques pour comprendre la réalité ; la seconde est qu’une mentalité se répand peu à peu selon laquelle le moralement correct se réduit à assumer ce que demande la collectivité.
Cela nous contraint à un grand effort intellectuel, qui se présente comme un défi, selon les paroles de Jean-Paul II, quand il nous dit : “Un grand défi qui se présente à nous au terme de ce millénaire est celui de savoir accomplir le passage, aussi nécessaire qu'urgent, du phénomène au fondement. Il n'est pas possible de s'arrêter à la seule expérience” (Fides et Ratio, 83). Les problèmes éthiques sont toujours plus présents, pour employer les paroles de Jean-Paul II, sur les sables mouvants d’un scepticisme et d’un découragement général face à la possibilité d’atteindre la vérité (cf. Fides et Ratio, 5).

- S. Exc. Mgr Ignatius SUHARYO HARDJOATMODJO, Archevêque de Semarang (INDONÉSIE)

L’Asie est un continent aux multiples religions et cultures marqué par la pauvreté avilissante et le sous-développement. C’est dans ce contexte que l’Église en Asie doit réfléchir sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église. La FABC a toujours promu l’évangélisation dans un triple dialogue avec les pauvres, les religions et les cultures. Nostra Aetate et d’autres documents post-conciliaires ont confirmé la voie du dialogue comme le mode caractéristique de l’Église (Ecclesia in Asia, 3).
Les Grandes lignes et le Document de travail de ce Synode se réfèrent principalement à Dei Verbum mais ils s’appuient également sur Gaudium et Spes et son appel au dialogue dans le monde. En Asie, la proclamation de la Parole exige dialogue et inculturation comme des conditions requises par la Parole Incarnée. La Parole de Dieu doit devenir la Parole de vie pour les pauvres en Asie.
Nous devons remédier aux causes structurelles de la pauvreté et de la marginalisation en vue d’une libération intégrale à la lumière de la Parole de Dieu. Les béatitudes du Royaume, notamment celles qui concernent les pauvres dans les Évangiles de Matthieu et de Luc, doivent être proclamées autant aux riches pour remettre en question leur autosuffisance qu’aux pauvres comme sources d’espérance de libération et de vie.
La révélation biblique place l’accent sur l’amour de Dieu pour les pauvres, les veuves, les orphelins et les étrangers. Dieu fait toujours œuvre de justice et fait toujours droit à tous les opprimés (Ps 103, 6). Jésus notre Seigneur a incarné la compassion divine pour les pauvres dans sa proclamation du Royaume de Dieu. L’option préférentielle de Dieu pour les pauvres est la Parole de Dieu pour ceux qui sont ignorés, humiliés et démunis. L’Église doit partager la Parole de Dieu en tant que Parole d’espoir et de vie pour les pauvres en Asie.

S.Exc. Mgr Ricardo Ernesto CENTELLAS GUZMÁN, Évêque titulaire de Torri di Ammenia, Évêque auxiliaire de Potosí (BOLIVIE)

Il faut apporter «la force de l'Évangile au cœur de la culture et des cultures» (IL 57)
Cet appel a toujours constitué la vie et la mission de l’Église, cependant, les fruits qui en ont résulté ne sont pas suffisants pour que le monde chemine selon les critères du Royaume. La réalité actuelle nous montre que la Parole de Dieu et les cultures antiques et modernes sont des mondes séparés et parallèles. Deux réalités, intrinsèquement unies, qui cheminent avec des orientations complètement différentes, puisque ce sont deux bras d’un même corps, parce que Dieu parle dans sa Parole écrite, dans la vie des personnes et dans les événements actuels.
D’où le grand défi pastoral: relancer une authentique incarnation de la Parole de Dieu avec son visage propre, dans une situation concrète qui signifie et engage à assumer un projet de société en réponse à la nécessité historique, sociale et culturelle de nos communautés, pour que nous améliorions nos vies selon la vie de Jésus de Nazareth. Nous ne pouvons pas continuer à lire et méditer la Parole sans la relation nécessaire avec les cultures et sans l’engagement social qui en découle.
Il faut donner la priorité à une lecture de la Parole insérée dans son contexte, qui soit en mesure de transformer les personnes et les structures. Une interprétation qui promeuve une lecture à partir des plus pauvres et des exclus; qui promeuve la naissance de communion et de communautés; qui permette de dévoiler aux cultures la mystérieuse présence de Dieu dans leur histoire, pour que chaque croyant soit sujet vivant de son histoire et soit un témoignage de l’expérience de Dieu.
Dans mon pays tout particulièrement, et dans d’autres pays d’Amérique Latine, il faut une lecture à partir des cultures indigènes émergentes qui, pendant des siècles, ont cheminé parallèlement au processus d’évangélisation. Comme nous l’avons déjà indiqué à Aparecida: Beaucoup de baptisés et peu d’évangélisés.
Nous avons besoin que chaque action, projet, groupe et mouvement, institution et structure de notre Église revoie ses propres motivations et parte de nouveau selon l’inspiration biblique. Il est urgent de montrer au monde une nouvelle manière d’être Église.

- S. Exc. Mgr Arturo M. BASTES, S.V.D., Évêque de Sorsogon (PHILIPPINES)

1) Les cours bibliques dans les séminaires sont trop intellectuels et utilisent la méthode occidentale d’exégèse historique et critique, ennuyant ainsi la plupart des séminaristes. À cette approche académique devraient s’ajouter des méthodes qui prennent en compte la culture et la vie des auditeurs.
2) Les membres de la Fédération biblique catholique (présents à ce jour dans 129 pays) ont développé des techniques pour assurer leur ministère pastoral biblique qui ont prouvé leur efficacité dans la transmission du message de Dieu aux femmes et aux hommes de notre temps. Ces méthodes innovatrices devraient être comprises dans les cursus de formation des facultés théologiques et des maisons de formation. Un exemple de cette méthode qui peut intéresser nos contemporains est constitué par le Bibliodrama.
3) On ressent fortement l’urgence de développer une manière asiatique de lire la Bible à cause de grand défi que l’Église affronte dans cet immense continent où des millions de gens sont assoiffés de la Parole de Dieu. On essaie actuellement avec succès de développer une herméneutique biblique qui tienne compte de la richesse de la culture et de l’histoire des peuples asiatiques. Il existe un projet de commentaire asiatique de la Bible qui ferait appel à la méthode historique et critique occidentale et à une culture herméneutique comparative pour rendre accessible à l’âme asiatique la profonde signification spirituelle du texte biblique. Les membres asiatiques de la FBC ont également décidé de créer un Institut biblique asiatique, qui, on l’espère, délivrera le programme de formation biblique holistique.
4) C’est un des moyens de contribuer à la missio ad extra en Asie, où la plupart des habitants n’ont pas encore entendu parler du Christ. À travers un processus graduel d’évangélisation qui présente le Jésus des Évangiles sous la figure d’un professeur, d’un conteur, d’un guérisseur, d’un faiseur de miracles, d’un ami et d’un consolateur – des figures qui plaisent aux asiatiques – les peuples de l’Asie pourraient bien être conduits par l’Esprit Saint à croire dans le Christ comme fils de Dieu.

- S. Exc. Mgr Javier Augusto DEL RÍO ALBA, Archevêque d'Arequipa (PÉROU)

La mission de la Nouvelle Évangélisation, que le Christ nous a confiée en tant qu’Église, exige, en ce troisième millénaire, que nous récupérions et répandions la conscience de certains éléments qui parfois, au cours de certaines périodes de la Chrétienté, nous avions considérés comme acquis et qu’en quelque sorte nous avions même pu oublier. Permettez-moi d’en mentionner quelques-uns:
1. L’Église est dépositaire de la Vérité Révélée. L’Évangile n’est pas une offre en plus, parmi toutes celles que l’on peut trouver sur le marché de la post-modernité.
2. La Parole de Dieu est efficace, et possède en elle-même la “dynamis”, le pouvoir d’engendrer de nouveau l’être humain et de faire de lui une “nouvelle créature” (1 P 1,3; Jc 1,18; Jn 1,2-13). 3. Le Kérygme est, avant tout, une “parole de salut”, capable de briser, chez celui qui l’accueille, les chaînes de l’esclavage des idoles, et susciter en lui l’ardent désir de participer à la Vie que Dieu lui offre.
4. L’initiation chrétienne, soit avant ou après le baptême, est un instrument approprié pour concevoir la vie divine chez le croyant.
5. La formation permanente au sein d’une petite communauté présente cet avantage de permettre au fidèle chrétien de voir plus facilement “incarnée” la Parole de Dieu dans son Corps Mystique qui est l’Église.
6. La place centrale des Saintes Écritures dans la vie et dans le ministère des évêques et des prêtres, de façon que nous puissions être “hommes de la Parole”.
Je pense que ces éléments, et d’autres que nous pouvons ajouter, sont en train d’être récupérés par les nouveaux mouvements et par les petites communautés suscitées par l’Esprit Saint dans le sillage du Concile Vatican II. En ce sens, je me permets de proposer que ce Saint Synode se fasse l’écho de l’invitation qu’a fait, il y a quelques mois, notre bien-aimé Saint-Père aux pasteurs en leur demandant d’accueillir avec amour ces nouvelles réalités ecclésiales.
Enfin, je pense aussi qu’il convient de revoir, à la lumière de la Pastores dabo vobis, la formation qui est donnée dans nos séminaires, de manière à accorder une plus grande importance à la prière, au silence et à la lectio divina, et qu’il existe une plus grande unité entre la dimension académique et la dimension spirituelle dans la préparation de nos futurs pasteurs.

- S. Exc. Mgr Joseph Prathan SRIDARUNSIL, S.D.B., Évêque de Surat Thani (THAÏLANDE)

L’Église catholique de Thaïlande vit sa vie en Christ à travers l’Eucharistie et les Écritures. L’Église a donc la mission vivifiante d’être une lumière radieuse de foi et d’espérance dans la société thaïlandaise.
Représentant un petit groupe au milieu d’autres confessions et religions, l’Église thaïlandaise est profondément consciente de son rôle de levain dans la pâte de la société thaïlandaise.
Nous nous rendons compte que la Parole de Dieu doit toucher nos vies à travers l’étude, la médiation, la prière, et que nous devons mettre la Parole de Dieu en pratique. L’Église thaïlandaise a décidé de promouvoir la Parole de Dieu dans sa vie et sa mission de la façon suivante:
1. La disposition à écouter la Parole est extrêmement importante. Les communautés ecclésiales de base dans l’Église thaïlandaise utilisent la Parole de Dieu, notamment la lectio divina, en la plaçant au coeur de leur existence.
2. L’Église en Thaïlande souligne l’importance des études bibliques dans le cadre de nos séminaires, des maisons de formation religieuse et de la formation des laïcs, et les aide à connaître et à aimer la Parole de Dieu, et à la vivre et à partager leurs expériences de la Parole avec d’autres.
3. L’Église en Thaïlande désire profondément que la Parole de Dieu soit au coeur de toutes les catéchèses de manière à jeter des bases solides pour la foi et la maturité des chrétiens en vue de leur mission de témoignage dans la société thaïlandaise.
4. L’Église thaïlandaise, en utilisant la technologie moderne dans ses efforts visant à réaliser les trois objectifs susmentionnés, essaiera de communiquer la Parole de Dieu, qui est la voie, la vérité et la vie pour tous les fidèles et les personnes d’autres religions, en mettant l’accent sur la Parole comprise comme Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres (Lc 4:18).

- S. Exc. Mgr Friedhelm HOFMANN, Évêque de Wurtzbourg (ALLEMAGNE)

Tant de choses importantes ont déjà été dites sur l’exégèse de la Parole de Dieu et sur la prédication dans la liturgie. Cependant, comment pouvons-nous joindre les personnes qui ne viennent pas à l’Église?
Quelques possibilités ont été mentionnées. M’inspirant du septième chapitre du Document de travail, “La Parole de Dieu dans les services et dans la formation du Peuple de Dieu”, je désire introduire un autre aspect, celui de la culture chrétienne.
La révélation de Dieu ne se limite pas à la Parole de Dieu dans la Bible. Elle se trouve aussi dans la nature et dans la culture. La révélation la plus élevée et plus intense de Dieu est, certainement, l’Incarnation de la Parole de Dieu en Jésus Christ. C’est cela qui doit être expliqué.
Jésus lui-même a souvent transmis son message à l’aide de paraboles. Dans ces paraboles, l’affirmation centrale est, pour ainsi dire, personnifiée, c’est-à-dire située dans un contexte global qui, au moyen d’images, interpelle l’homme dans son ensemble.
La Parole de Dieu a été inculturée dans les cultures les plus diverses. Elle a un impact sur l’art. En Europe, nous possédons une histoire culturelle chrétienne impressionnante de presque 2000 ans. Des architectures extraordinaires, des oeuvres d’art figuratives, musicales et littéraires sont nées de la foi et ont accueilli, en elles, le témoignage de la foi. Il faut, maintenant, faire de nouveau parler cette foi figée.
Au Moyen-Âge, on connaissait la biblia pauperum, qui expliquait visuellement les parties de l’histoire du salut à ceux qui ne savaient pas lire. Aujourd’hui, il faut expliquer la culture chrétienne parce que beaucoup de personnes ne comprennent plus cette langue et ne se consacrent pas directement à la Sainte Écriture. Au moyen d’une illustration actuelle de notre culture d’empreinte chrétienne, que nous pouvons expliquer dans le cadre de notre évangélisation, nous pouvons susciter de nouveau la curiosité de nos contemporains pour la Parole de Dieu.
Il faut donc rechercher, dans la culture contemporaine aussi, les traces de la foi et les ramener à leur fonction de liaison. S’il est vrai que les artistes sont les sismographes de leur temps, alors c’est bien que nous profitions de leur travail, et que nous les interpellions et les impliquions dans l’annonce de la Parole de Dieu.

- S. Exc. Mgr Guido PLANTE, P.M.E., Évêque de Choluteca (HONDURAS)

Le Concile Vatican II nous a invités à promouvoir les célébrations de la Parole de Dieu le dimanche et les jours de fête “surtout dans les localités privées de prêtre: en ce cas, un diacre, ou quelqu'un d'autre délégué par l'évêque, dirigera la célébration” (Sacrosanctum Concilium 35/4). Au mois de mars 1966, quelques mois après cette proclamation de la Constitution sur la Liturgie, Monseigneur Marcelo Gérin, Prélat de Choluteca, Honduras, prépara et envoya 17 paysans célébrer la Semaine Sainte dans des communautés isolées et sans prêtre. L’acceptation des habitants fut telle qu’ils sollicitèrent des célébrations tous les dimanches. Les Délégués de la Parole de Dieu avaient été créés.
Aujourd’hui, nous comptons plus de 10 000 Délégués au Honduras et dans les pays voisins.
Ces Délégués ne sont pas seulement des célébrants dominicaux, et ils sont plus que des lecteurs: ce sont de véritables promoteurs de communautés chrétiennes. De plus, ils travaillent gratuitement. La Parole de Dieu s’est révélée, dès le début, comme le germe d’authentiques communautés ecclésiales. Une Église de communion et de participation s’est renforcée, qui a permis la floraison de nombreuses initiatives pastorales: groupes de jeunes, catéchistes, club des maîtresses de maison, etc. La Parole de Dieu a, aussi, été considérée comme le meilleur ferment pour un développement social chrétien et pour une libération intégrale. Les membres de la communauté, en approfondissant la Parole, se sentent encouragés à promouvoir les droits de l’homme, à aider les victimes de la pauvreté, de la corruption et de la violence. À mon avis, les affirmations du N. 39 du Document de travail, sur “la Parole de Dieu au service de la charité”, pourraient être plus incisives.
En outre, au Honduras, les célébrations dominicales de la Parole n’ont pas éloigné les fidèles de l’eucharistie: elles les ont guidés à la vivre mieux. Avec le temps, la Parole de Dieu a engendré une faim du pain eucharistique. Dans certaines communautés rurales où se célèbre la Parole, le curé a autorisé la Réserve eucharistique dans le monastère du lieu et l’Évêque a désigné un ministre extraordinaire de la communion. On a constaté une ferveur nouvelle. Peut-être que dans d’autres régions, la célébration de la Parole sans prêtre pourrait affaiblir les efforts de la pastorale des vocations en faveur du sacerdoce ministériel. Au Honduras, au contraire, cela a été une source de vocations au sacerdoce. Dans mon diocèse de Choluteca, par exemple, tous les jeunes prêtres du Honduras ont été des Délégués de la Parole.

- S. Exc. Mgr Zbigniew KIERNIKOWSKI, Évêque de Siedlce (POLOGNE)

L’homme moderne, qui n’est pas formé à l’écoute de la Parole, reste souvent face à elle tel un sourd-muet. Nous avons, dans l’Évangile de Marc, la scène de Jésus qui ouvre les oreilles et délie les langues avec le geste (quasi rituel) de l’Ephphatha (Mc 7, 34).
Le kérygme est un moment très important. Cependant, si le kérygme n’est pas suivi d’une véritable formation individuelle à l’écoute de la parole au sein de la communauté de foi, on court le risque de tomber dans différents moralismes, ou de déboucher dans différents types de fanatisme ou d’autres types d’interprétation subjective.
Il est nécessaire de tenir compte de l’homme qui, après le péché (conditio peccatoris), a besoin d’aide pour pouvoir écouter et se laisser former. S’il ne reçoit pas cette aide, l’homme fuit sa propre réalité, comme Adam dans le jardin d’Eden, parce qu’il a peur d’être impliqué et pénétré par la Parole de l’Évangile que lui propose “la vie nouvelle”, en le mettant dans la condition de devoir se quitter lui-même pour suivre Jésus, le Crucifié ressuscité en qui se réalise le Sermon sur la Montagne.
Le discours sur la Montage est très attrayant. Mais si l’homme se trouve seul face à ce message, et le comprend seulement comme un commandement et non comme une image et une promesse de l’homme nouveau, il reste pétrifié. Les vérités : “Heureux ceux qui ont une âme de pauvres, heureux les persécutés ; je vous dis de ne pas tenir tête au méchant ; aimez vos ennemis” (Mt 5) leur apparaissent irréalistes.
Si cette conception de la Parole n’est pas enseignée dès le départ de manière appropriée, il arrive souvent – bien qu’ils aient déjà entendu la Parole de Dieu – que les fidèles avortent, divorcent, se trahissent, écartent toute conception perspicace qu’ils considèrent incommode et dangereuse.
La seule personne capable d’accueillir la Parole est Marie – l’Immaculée. En tant, justement, qu’Immaculée, elle pouvait accueillir la Parole, la concevoir, la garder dans son intimité et l’amener à donner des fruits, à la faire naître comme l’Homme Nouveau, le Nouvel Adam. Elle est la figure et la Mère de l’écoute qui donne des fruits en chaque personne qui écoute.
Ce qui se réalise fermement dans le Chemin néocatéchuménal est basé sur le kérygme initial et est suivi par une série de processus sous la conduite de l’Église (Évêques, curés et catéchistes) faite dans de petites communautés en suivant les étapes nécessaires à l’initiation chrétienne. Le catéchumène fait ainsi suivre au novice un parcours qui lui enseigne à rapporter la Parole à sa vie.

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