SYNODE DES ÉVÊQUES
INTERVENTIONS
XII ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
5-26 OCTOBRE 2008
La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission
de l'Église
15 - 11.10.2008
À cette Dixième Congrégation Générale sont intervenus les Pères suivants:
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S.Exc. Mgr Joseph VÕ ĐÚC MINH, Évêque Coadjuteur de Nha Trang (VIÊTNAM)
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S.Exc. Mgr Stanislav ZVOLENSKÝ, Archevêque de Bratislava (SLOVAQUIE)
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S.Em. le Card. Daniel N. DI NARDO, Archevêque de Galveston-Houston (ÉTATS-UNIS
D'AMÉRIQUE)
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S.Exc. Mgr Ramón Alfredo DUS, Évêque de Reconquista (ARGENTINE)
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S.Exc. Mgr Enrique DÍAZ DÍAZ, Évêque titulaire d'Izirzadavêque, Évêque
auxiliaire de San Cristóbal de Las Casas (MÉXIQUE)
- S.Exc.
Mgr Basil Myron SCHOTT, O.F.M., Archevêque Métropolite de Pittsburgh des
Byzantins, Président du Conseil de l'Église Ruthène (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE)
-
S.Exc. Mgr Anthony Sablan APURON, O.F.M. Cap., Archevêque de Agaña, Président de
la Conférence Épiscopale (GUAM)
-
S.Em. le Card. Miloslav VLK, Archevêque de Prague (RÉPUBLIQUE TCHÈQUE)
-
S.Exc. Mgr Georg MÜLLER, SS.CC., Évêque Prélat de Trondheim (NORVÈGE)
- S.Exc. Mgr Kidane YEBIO, Évêque de Keren (ÉRYTHRÉE)
-
S.Exc. Mgr George Cosmas Zumaire LUNGU, Évêque de Chipata, Président de la
Conférence Épiscopale (ZAMBIE)
-
S.Exc. Mgr Bejoy Nicephorus D'CRUZE, O.M.I., Évêque de Khulna (BANGLADESH)
-
S.Em. le Card. James Francis STAFFORD, Pénitencier Majeur (CITÉ DU VATICAN)
- S.Exc. Mgr
Luis URBANČ, Évêque de Catamarca (ARGENTINE)
-
S.Exc. Mgr Jurij BIZJAK, Évêque titulaire de Gergi, Évêque auxiliaire de Koper
(SLOVÉNIE)
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S.Exc. Mgr John HA TIONG HOCK, Archevêque de Kuching (MALAISIA)
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S.Exc. Mgr Dominique BONNET, C.S.Sp., Évêque de Mouila (GABON)
- S.Exc. Mgr
Varghese CHAKKALAKAL, Évêque de Kannur (INDE)
-
S.Exc. Mgr Douglas YOUNG, S.V.D., Archevêque de Mount Hagen (PAPOUASIE-NOUVELLE
GUINÉE)
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S.Exc. Mgr René Osvaldo REBOLLEDO SALINAS, Évêque de Osorno (CHILI)
-
S.Exc. Mgr Elías Samuel BOLAÑOS AVELAR, S.D.B., Évêque de Zacatecoluca
(SALVADOR)
-
Très Rév. P. José RODRÍGUEZ CARBALLO, O.F.M., Ministre Général de l'Ordre
Franciscain des Frères Mineurs
- R.P.
Pascual CHÁVEZ VILLANUEVA, S.D.B., Président de l'Union des Supérieurs Généraux
de Saint François de Sales, Recteur Majeur de la Société Salésienne de Saint
Jean
-
S.Exc. Mgr Robert RIVAS, O.P., Archevêque de Castries (SAINT LUCIA)
- S.Em. le
Card. John NJUE, Archevêque de Nairobi (KÉNYA)
Nous publions, ci-dessous, le résumé de leurs interventions:
-
S. Exc. Mgr Joseph VÕ ĐÚC MINH, Évêque Coadjuteur de Nha Trang (VIÊTNAM)
1. L’Église du Christ au Vietnam, depuis l’accueil de l’Évangile en 1533, et
surtout depuis la nomination des premiers évêques en 1659, a parcouru un chemin
plein de croix. À travers les hauts et les bas de leur histoire, comme les Juifs
au temps de l’Exil, les catholiques vietnamiens comprenaient que seule la Parole
de Dieu reste et ne déçoit jamais. Cette Parole, qui imprègne les prières, le
Chemin de la Croix et l’Angelus, les Mystères à méditer dans le Saint Rosaire,
les hymnes, les chants à thèmes bibliques , les leçons de catéchisme, les
dévotions populaires, les para-liturgies, les soirées de prières en famille,
l’écoute et le partage de la Parole constituant une vraie “lectio divina”, etc.,
est devenue la source de consolation et de force qui donne la fermeté pour tous
les membres du peuple de Dieu, et en même temps le point focal qui les aide à
découvrir leur avenir.
2. La Parole de Dieu aide à découvrir la figure véritable de Jésus-Christ, qui
incarne l’amour rédempteur de Dieu, à travers le mystère de la croix. À cause de
l’expérience douloureuse vécue par l’Église du Christ au Vietnam, le mystère de
la Croix est devenu non seulement proche de la vie quotidienne, mais encore un
élément essentiel qui rassemble le peuple de Dieu. Héritant la culture
millénaire du “culte des ancêtres” qui exprime la piété filiale de notre peuple,
les chrétiens, pour célébrer l’anniversaire de la mort d’un membre de la
famille, s’inspirent de la Cène, de la Passion, de la Mort et de la Résurrection
de Notre-Seigneur, dont l’exemple touche toujours l’âme vietnamienne. Les récits
des épreuves traversées par les Patriarches et les prophètes, en particulier
“saint” Job de l’Ancien Testament, et par la Sainte Vierge Marie, saint Joseph
et les apôtres du Nouveau Testament continuent à soutenir la foi des
catholiques.
-
S. Exc. Mgr Stanislav ZVOLENSKÝ, Archevêque de Bratislava (SLOVAQUIE)
Dans son histoire, nous rencontrons beaucoup d’ hommes et de femmes qui ont lu
la Sainte Écriture d’une manière qui les a porté à réorienter totalement leur
vie, à changer leur façon de penser et d’agir, ou au moins à donner une nouvelle
raison d’être à leur propre position de foi. L’histoire de l’Église est
continuellement caractérisée par le retour à un radicalisme existentiel de
l’Écriture. La sainteté de nombreux chrétiens est une conséquence de la réponse
sincère et souvent radicale à l’appel de la Parole de Dieu.
Vérifier la manière dont l’Écriture des Saints est lue peut nous conduire à
découvrir comment est également lue l’Écriture Sainte, ce qui n’est certes pas
nouveau, mais a été quelque peu oublié.
On peut se servir, comme exemple, de la lecture franciscaine de la Bible qui se
présente, sans doute, comme surprenante si nous la considérons dans l’optique
des critères scientifiques d’interprétation contemporains et du point de vue des
fruits de la foi que cette lecture a portés. L’un des signes caractéristiques de
cette lecture a été le principe sine glossa. Il s’agissait de l’accueil de la
Parole de Dieu, ainsi qu’elle est écrite dans l’Écriture Sainte, privée des
commentaires académiques. Selon saint François, la vérité divine n’est pas
objectivée dans les paroles et dans les phrases de la Bible, elle n’est pas
toujours à disposition comme une réponse prête à être donnée à tous les
problèmes. On peut la découvrir seulement dans le contexte entier et personnel,
elle ne se concentre pas sur la matière du texte mais sur l’action de Dieu.
L’exégèse de saint François porte à reconnaître le caractère sacramentel de la
Parole de Dieu.
Les points susmentionnés ne présentent qu’une illustration de la manière dont il
est possible de trouver chez les Saints les perspectives herméneutiques d’une
telle lecture de l’Écriture qui porte au radicalisme de la foi. Ainsi, comme
nous pouvons trouver un certain principe herméneutique chez saint François, il
serait peut-être utile et nécessaire de chercher à le découvrir également dans
la vie d’autres saints, présents en abondance au sein de l’Église.
-
S. Em. le Card. Daniel N. DI NARDO, Archevêque de Galveston-Houston (ÉTATS-UNIS
D'AMÉRIQUE)
La Parole éternelle s’est annulée pour notre salut. De la même façon, le
Saint-Esprit s’est lui-même donné et s’est “humilié” dans l’inspiration des
Saintes Écritures. Avec une grande amabilité, il a adapté le “langage” divin à
la pensée de notre nature humaine (Dei Verbum 9 et 11). La narration
d’événements même futiles, et apparemment insignifiants, dans les Saintes
Écritures fait partie de l’authentique économie de notre salut et de notre
déification.
Je parle au nom des Catholiques qui vivent dans la célèbre Ceinture biblique du
sud des États-Unis. Il s’agit là d’une véritable collocation géographique, mais
aussi d’une mentalité très diffuse dans de nombreuses parties du monde. Un tel
système de pensée peut soulever des questions et des problèmes, mais il a aussi
le mérite d’avoir gardé vivants une imagination et un vocabulaire bibliques, et
un sens de l’action divine dans le monde, ce qui est important pour nous. Dans
le Document de travail, au n°18 a-g et au n° 22 c-d, la Parole de Dieu est
proclamée d’une manière christologiquement riche et profonde du point de vue .
La pneumatologie est cependant plus discrète. Les Catholiques appartenant à la
Ceinture biblique ont besoin d’une pneumatologie qui puisse les aider à lire les
Écritures.
Je voudrais suggérer la publication d’un Compendium, semblable aux documents de
ce même type, qui serait adressé aux fidèles. Il pourrait s’agir d’une
orientation claire et discrète qui mettrait en lumière les riches et utiles
méthodes de l’Église dans la lecture et le partage des Saintes Écritures. Ce
Compendium représenterait une aide incommensurable pour la lecture personnelle
de la Bible, pour les groupes d’Études bibliques, etc. Pleinement ecclésial et
catholique, il représenterait également une aide importante pour les études
bibliques oecuméniques dans lesquelles beaucoup de nos fidèles sont engagés. Ce
même Compendium aiderait à récupérer un sens vivant et excellent de la
compréhension catholique de l’inspiration du Saint-Esprit dans les Saintes
Écritures.
-
S. Exc. Mgr Ramón Alfredo DUS, Évêque de Reconquista (ARGENTINE)
Le numéro 17 du Document de travail se réfère au “ (...) besoin d'une formation
urgent à la lecture chrétienne de l’Ancien Testament, en reconnaissant le
rapport qui lie les deux Testaments et les valeurs permanentes de l'Ancien. Nous
sommes aidés en cela par la pratique liturgique, qui proclame toujours le texte
sacré de l’Ancien Testament comme page essentielle pour une pleine compréhension
du Nouveau Testament”. S’il en est ainsi, on ne pourra renoncer, ni en principe
ni dans la pratique, à la lecture et à l’interprétation de l’Ancien Testament en
vue de la compréhension du Nouveau.
Un texte de saint Irénée (Adversus Haereses, IV, 33, 13), souligne l’unité
d’action salvifique du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, depuis toujours, et
reconnaît que cette action divine est effectuée dans l’Ancien Testament par les
patriarches, les prophètes et par l’ensemble du peuple de Dieu en faveur de
l’ensemble de l’humanité. Le salut que le Dieu trinitaire réalise à tout moment
de l’histoire participe, au niveau ontologique, de son action salvifique totale
et, en ce sens, est toujours pleine. L’affirmation d’un “salut plénier” dans
l’Ancien Testament peut assombrir le caractère irremplaçable du Nouveau
Testament. Cependant, saint Irénée lui-même répond à cette difficulté:
“Qu’est-ce-que le Seigneur ajoute en venant? Il ajoute une nouveauté totale: il
Se présente lui-même” (Adversus Haereses, IV, 34, 1; cf. IL 11).
Le salut qui s’accomplit en le Christ, compréhensible depuis l’Ancien Testament,
révèle une structure trinitaire de relation entre l’Ancien et le Nouveau
Testament. Cette relation, avant d’être conçue selon un schéma temporel, rentre
plus proprement dans les catégories de la participation et de l’analogie. Cette
présentation peut dépasser les carences qui dérivent du schéma
promesse-accomplissement et du caractère prétendument superflu de l’Ancien
Testament.
Jésus et sa communauté – son Église – est la clef historique qui rend pleinement
compréhensible le salut plénier de l’Ancien testament. C’est pourquoi une
profonde connaissance de ce dernier est incontournable pour la vie de tout
disciple et la mission d’un pasteur de l’Église du Christ.
- S.
Exc. Mgr Enrique DÍAZ DÍAZ, Évêque titulaire d'Izirzadavêque, Évêque auxiliaire
de San Cristóbal de Las Casas (MÉXIQUE)
“On est fidèle à la Parole de Dieu lorsque la première forme de charité se
réalise dans le respect des droits de la personne humaine, dans la défense des
opprimés et de ceux qui souffrent” (IL, 39). Et parmi ceux qui souffrent, se
trouvent en particulier les indigènes de nos communautés d’Amérique latine. À
Aparecida, les Évêques ont pris un engagement sérieux: “Notre service pastoral
aux communautés indigènes nous impose d’annoncer Jésus Christ et la Bonne
Nouvelle du Royaume de Dieu, de dénoncer les situations de péché, les structures
de mort, la violence et les injustices internes et externes, de promouvoir le
dialogue interculturel... Jésus Christ est la plénitude de la Révélation pour
tous les peuples” (95).
Dans de nombreux lieux, une relation entre la Parole et les cultures indigènes a
commencé . Dans un certain sens, la Bible est très proche de leurs conceptions
et cosmogonies de par leur commune culture rurale. La création, le concept de
Dieu, la signification du Salut et de la Croix et la vie en communauté offrent
de nombreuses possibilités de rencontre. Toutefois il s’agit de cultures
différentes et d’un chemin à peine entrepris qu’il est nécessaire de parcourir
en faisant attention, afin de ne pas condamner ce que l’on ne comprend pas,
d’expliquer et de valoriser la Parole révélée, de ne pas détruire des cultures
et d’incarner réellement l’Évangile dans nos peuples.
Du côté catholique, il y a un manque de traduction de la Bible dans les langues
indigènes et l’on a peu cherché à comprendre leur culture et sa conception. Tant
que la Parole révélée ne deviendra pas “parole vivante écrite dans leur culture
et dans leur vie”, il sera très difficile qu’elle parvienne à pénétrer leur
coeur et à s’incarner dans ces peuples. En tant qu’Église, nous devons proclamer
cette “bonne nouvelle” inculturée afin que leurs coeurs fleurissent, qu’ils
puissent se tenir debout, avec dignité, et nous offrir leur parole
évangélisatrice (IL, 40 et 46).
- S.
Exc. Mgr Basil Myron SCHOTT, O.F.M., Archevêque Métropolite de Pittsburgh des
Byzantins, Président du Conseil de l'Église Ruthène (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE)
En Orient, on trouve les Écritures dans la prédication des Pères de l’Églises,
la Tradition et les Services Liturgiques. La Parole Incarnée demeure présente
dans l’Église de deux manières : dans la parole biblique et dans l’Eucharistie,
qui se réalise dans la vie de l’Église par le Saint-Esprit.
L’Écriture n’est pas conçue à l’origine comme une règle écrite, mais plutôt
comme une consécration de l’Histoire du Salut sous la forme de la parole de
l’homme. Le contenu et l’unité de l’Écriture ne se réfère pas aux livres des
Écritures eux-mêmes, mais à la réalité dont témoignent ces livres tout comme ils
témoignent de l’Évangile de Jésus Christ.
Le Theotokos demeure le premier modèle de réception de la Parole, dont l’hymne
de l’Akathistos adressé à la Mère de Dieu en est un exemple.
-
S. Exc. Mgr Anthony Sablan APURON, O.F.M. Cap., Archevêque de Agaña, Président
de la Conférence Épiscopale (GUAM)
De bonnes homélies qui parlent à l’expérience de l’homme d’aujourd’hui peuvent
porter les personnes à la conversion. Mais ce qui est nécessaire aujourd’hui,
outre de bonnes homélies, ce sont des témoins valides d’une vie vécue selon la
Parole de Dieu.
Dans mon expérience au sein du Chemin néo-catéchuménal – comme, j’en suis sûr,
cela survient dans les autres réalités ecclésiales au travers de la Lectio
divina, des Sept étapes pour le partage de l’Évangile ou des groupes de partage
de la foi –, on peut “scruter” la Parole de Dieu de manière quotidienne, en
réfléchissant sur les passages de l’Écriture Sainte, spécialement sur les
lectures liturgiques de la Messe, afin de voir comment la Parole de Dieu nous
touche dans la vie telle que nous la vivons aujourd’hui. Il serait beau que
chaque évêque, chaque prêtre, chaque religieux et chaque laïc le fasse!
Si la Parole de Dieu doit être vivante dans notre vie et dans notre mission en
tant qu’Église, comme évêques et prêtres, guides, religieux profès et laïcs
engagés, nous devons donner l’exemple aux autres et nous mettre chaque jour au
service de la Parole de Dieu; nous ne devons pas seulement la dire, mais
également la montrer, et ne pas nous considérer au-dessus des personnes communes
parce que nous avons reçu une formation ou une ordination, ou parce que nous
avons émis une profession. Si, en tant qu’Église dans son ensemble, nous voulons
être des témoins crédibles du Christ dans le monde actuel, le monde –
particulièrement celui des pauvres et des marginaux – doit nous voir comme
d’humbles serviteurs, comme des auditeurs diligents et des guides généreux, sur
le modèle de Jésus de Nazareth dont nous nous proclamons disciples et apôtres.Je
prie afin que ce Synode nous aide tous à comprendre l’importance que la Parole
de Dieu doit avoir dans notre vie, non seulement comme texte sacré, mais aussi
comme Parole vraiment conclusive de l’amour de Dieu pour les hommes, incarnée en
Son Fils Jésus Christ. Puisse Marie, Mère de notre Seigneur et notre Mère, nous
montrer par l’exemple de sa vie, comment faire connaître aux autres que nous
sommes les premiers à vivre la Parole de Dieu et que nous défions les autres à
venir et à en faire autant, au nom du Christ.
-
S. Em. le Card. Miloslav VLK, Archevêque de Prague (RÉPUBLIQUE TCHÈQUE)
Je ne veux pas répéter ce qui a déjà été dit plus d’une fois, ni développer
seulement la théologie de la Parole. Je veux raconter, comme à l’appui, une
expérience avec la Parole de Dieu, vécue au temps du communisme.
Le parti communiste était très jaloux de la jeunesse. Toute organisation de
croyants était interdite. Aussi, ils se réunissaient clandestinement dans les
chalets, dans les montagnes, dans les bois. Il était très difficile, pour eux,
d’avoir un prêtre qui puisse les guider et célébrer la Messe. Dans cette
situation, ils ont eu la possibilité d’avoir la Bible et Dei Verbum. Chaque
jour, ils ont commencé à lire et méditer une Parole, et se sont efforcés de la
vivre ensemble durant la journée. Une fois, ils ont pris la parole: “vous aimer
les uns les autres comme je vous ai aimés” (Jn 15,12). Vivant intensément cette
Parole, ils se sont rends compte, après un certain temps de vie intense de la
Parole, que l’Esprit Saint présent dans leur coeur était devenu la force qui a
fait naître entre eux la communion. Et ils ont découvert que la force de
l’Esprit Saint dans leur coeur, l’amour de Dieu, vécu réciproquement entre eux,
apportait la présence du Ressuscité au milieu d’eux, réalisant la Parole de
Jésus: “Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au
milieu d’eux” (Mt 18,20).
Une fois, l’un d’eux a amené un de ses amis sans trop expliquer de quel groupe
il s’agissait. Le soir, en parlant de la journée passée, ce jeune a demandé une
explication en disant: Ici, il y a quelque chose de spécial entre vous.
Qu’est-ce que c’est...
Une autre fois, ce groupe s’est rendu en Allemagne de l’Est, communiste, où
l’Église jouissait d’une plus grande liberté. Ils ont invité d’autres jeunes qui
n’étaient pas habitués à vivre les sacrements. Là aussi, on vivait de la Parole
de Dieu... Il était possible de participer, chaque jour, à la messe. Après
quelques jours de vie dans la communion vivante, profonde, les jeunes
non-pratiquants se sont senti, au moment de la communion eucharistique, exclus
de la communauté. Ils ont demandé de pouvoir se confesser. Et, ensuite, ils ont
dit publiquement que la communion, l’unité dans le groupe était tellement forte
qu’il était difficile, au moment sacré de la communion eucharistique, d’être
“excommuniés”.
La communion née de la Parole de Dieu possède une force d’attraction. Après
quelques années, quelques vocations au sacerdoce et à la vie consacrée ont vu le
jour au milieu d’eux.
Et une grande joie était née entre eux, un don de l’Esprit Saint, et l’espérance
dans cette situation désespérée, en dépit du communisme qui sévissait. Oui,
c’est vrai: l’Église naît et vit de la Parole de Dieu... Bel et bien au temps du
communisme, nombreux sont ceux qui en ont fait l’expérience...
-
S. Exc. Mgr Georg MÜLLER, SS.CC., Évêque Prélat de Trondheim (NORVÈGE)
Dans une Église d’extrême diaspora au milieu de chrétiens d’autres Églises et
communautés ecclésiales, le Synode souligne l’importance de l’Écriture et de la
Parole de Dieu. La collaboration biblique représente un ample forum pour
l’œcuménisme. Collaborant avec les sociétés bibliques nationales, nous utilisons
depuis de nombreuses années des éditions de la Bible que nous n’avons pas
réalisées seuls.
Dans le même temps, cette communion est comprise et entendue de manière
différente. Ceci a un effet important sur la compréhension de la doctrine
chrétienne et sur son application dans la vie. Dans un monde toujours plus
sécularisé, l’Église doit trouver de nouvelles modalités pour donner un espace
vivant à la Parole de Dieu et valoriser les expériences positives réalisées avec
elle.
L’Église catholique en Scandinavie est une forte minorité. Souvent, dans nos
pays, il est difficile pour les fidèles de pouvoir accéder à la communion
ecclésiale du fait des grandes distances des églises, des communautés
dispersées, de la situation de l’immigration et du manque de connaissance de
l’Église qui lui est liée, des différences linguistiques et culturelles. Cette
situation de diaspora se pose au centre de nos réflexions alors que par le passé
nous nous sommes confrontés aux grandes Églises d’Europe. Nous sommes une
minorité dans une société séculaire. Si nous nous regardons, nous ne nous
définissons pourtant pas comme une Église de la diaspora, puisque nous sommes
habitués à être peu nombreux.
Se dédier une nouvelle fois à la Parole de Dieu et à la Sainte Écriture ouvre
aux croyants des petites communautés de nouvelles possibilités pour expérimenter
à partir de la foi et, donc, de renforcer la foi. Le petit nombre nous invite à
regarder à la réalité du levain (cf. Mt 13, 33) et à redécouvrir, dans cette
perspective, l’esprit missionnaire. Le levain agit jusqu’à ce que toute la masse
n’ait pas fermenté.
L’Église en Scandinavie contribue, en vivant la Parole dans le temps présent, à
“faire de l’Église la maison et l’école de la communion” (Novo Millennio Ineunte
43).
- S. Exc. Mgr
Kidane YEBIO, Évêque de Keren (ÉRYTHRÉE)
Comme cela est bien connu, depuis les origines, l’Église considère l’Ancien
Testament comme une partie de l’unique Bible chrétienne et une partie intégrante
de la Révélation. C’est pourquoi la Bible est liée de manière unique à la Parole
de Dieu. La Bible elle-même témoigne de l’identification intentionnelle de la
Parole de Dieu avec l’Écriture. La Parole de Dieu, telle qu’elle est décrite
dans la Lettre aux Hébreux (4, 12-13) est une réalité vivante et efficace, elle
est éternelle (Is 40, 8), omnipotente (Sg 18,15), une force créatrice (cf. Gn 1,
3 et sq.) et donne origine à l’histoire. Cette Parole est Parole de Dieu qui est
Jésus Christ, Dieu et Homme. Le Fils est le Verbe éternel, toujours présent en
Dieu parce que Lui-même est Dieu (cf. Jn 1, 1).
La connaissance de l’Ancien Testament en tant que Parole de Dieu apparaît comme
le véritable défi du temps présent en fonction de son rapport avec le mystère du
Christ et avec l’Église. Malgré les nombreuses traductions de la Bible en
différentes langues, la distribution gratuite ou payante de la Bible, l’Ancien
Testament continue d’être la partie la moins lue de la Bible et la moins
comprise au sein de notre monde catholique. L’environnement de la lecture est
différent selon les circonstances.
Au niveau individuel: beaucoup sont réticents à affronter les passages de
l’Ancien Testament qui apparaissent incompréhensibles, si bien que ceux-ci sont
choisis de manière arbitraire ou ne sont pas du tout lus.
Au niveau de la communauté ou de la paroisse: dans certaines Églises, dans les
pratiques religieuses, il n’existe pas de dispositions concernant les lectures
de l’Ancien Testament. Ainsi, il est donc difficile d’écouter, même dans les
homélies, cette partie de la Parole de Dieu.
Cette situation réclame donc avec urgence les mesures suivantes:
- Préparer le clergé, les religieux et les catéchistes afin qu’ils connaissent
mieux la Bible dans sa totalité.
- Traduire la Bible dans les langues locales et encourager les fidèles à la lire
de manière individuelle, en famille et en communauté.
- Développer une formation centrée sur une lecture de l’Ancien Testament qui
prenne en compte le Christ et qui reconnaisse le lien existant entre les deux
Testaments et la valeur permanente de l’Ancien Testament (DV, 15-16).
- Introduire la lecture de l’Ancien Testament dans les pratiques liturgiques et
faire en sorte que les homélies comprennent des références à l’Ancien Testament,
à la lumière du Nouveau Testament, qui proclame toujours que le texte sacré de
l’Ancien Testament est essentiel pour la compréhension du Nouveau Testament,
comme cela a été témoigné par Jésus lui-même dans l’épisode d’Emmaüs, lorsque le
Maître “commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur
interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait.” (Lc 24, 27).
-
S. Exc. Mgr George Cosmas Zumaire LUNGU, Évêque de Chipata, Président de la
Conférence Épiscopale (ZAMBIE)
Personne ne peut nier le fait qu’il existe un lien intime entre la Parole
proclamée et les Sacrements dans la vie et la mission de l’Église. C’est attesté
dans les Écritures, le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous (Jn
1,14), par les Pères de l’Église, par le Concile Vatican II et par les Conciles
qui ont suivi jusqu’à nos jours. Toutefois, dans certaines parties du monde,
spécialement en Afrique, la réalité est que la plupart de nos communautés vont
de l’avant sans la célébration de l’Eucharistie pendant des semaines, des mois
et même parfois pendant des années, à moins que des Chrétiens ne soient disposés
à parcourir de longues distances pour participer à la Messe. Dans ce contexte,
que se passe-t-il pour les personnes âgées, les handicapés, les enfants, ceux
qui doivent s’occuper de leur champ pour protéger leur récolte loin de leur
village? Comment peuvent-ils participer à la célébration de l’Eucharistie?
Compte tenu de la situation, il est impératif que l’Église trouve un moyen pour
célébrer la Parole qui transformera leur vie et, comme pour saint Paul, leur
apportera une complète conversion qui les amènera à être au service du prochain
avec amour véritable et humilité. Dans ce même contexte, que l’Année de saint
Paul conduise à une conscience missionnaire qui nous incitera à partager avec
générosité les ressources humaines et matérielles pour la diffusion de la Parole
de Dieu. Les diocèses ne devraient pas se sentir ni trop pauvres pour donner, ni
trop riches pour recevoir. Le temps est arrivé pour que les Pères synodaux
entendent le cri des pauvres et fassent quelque chose de concret pour eux.
-
S. Exc. Mgr Bejoy Nicephorus D'CRUZE, O.M.I., Évêque de Khulna (BANGLADESH)
La Parole de Dieu et la pauvreté:
les prophètes, en tant qu’hommes de la Parole de Dieu, ont été les défenseurs
des droits des pauvres, des orphelins et des veuves. Ils ont parlé en leur nom.
La majorité de la population au Bangladesh vit dans la pauvreté, privée des
biens de première nécessité et accablée de calamités naturelles. En une telle
situation, les Chrétiens sont appelés à vivre la Parole de Dieu et à la partager
avec ces personnes. La Parole de Dieu et les Béatitudes ((Lc 6,20) nous
exhortent à devenir une église des pauvres.
Situation d’injustice et de corruption:
Le Bangladesh est un pays où sévissent fortement la corruption, la malhonnêteté
et l’injustice. Une petite minorité est en train de s’enrichir, tandis que la
majorité devient de plus en plus pauvre. La Parole de Dieu nous appelle à la
justice et à l’intégrité dans la vie publique. L’Église, une minuscule minorité,
apporte une contribution significative dans le domaine de l’éducation, de la
santé et des services sociaux. Dans ces secteurs, l’Église doit vivre sa
solidarité avec les pauvres, et promouvoir la justice pour tous, spécialement
pour les pauvres à la lumière de la Parole de Dieu.
La Parole de Dieu invite au dialogue interreligieux:
En accord avec le Concile, l’Église ne rejette rien de ce qui est sacré et vrai
dans les autres religions. Celles-ci reflètent souvent un rayon de vérité (NA
2). Aussi, l’Église entre en dialogue avec elles. Au Bangladesh, pays à majorité
musulmane, la communauté chrétienne minoritaire doit vivre en paix, en harmonie
et en dialogue.
Nous partageons la Parole de Dieu avec les Musulmans, toujours dans le respect
de leur foi et en dialogue. Comme l’a dit le Saint-Père Benoît XVI, le dialogue
entre les Musulmans et les Chrétiens est une nécessité vitale dont dépend, dans
une large mesure, notre avenir.
-
S. Em. le Card. James Francis STAFFORD, Pénitencier Majeur (CITÉ DU VATICAN)
La pratique du pardon et de la réconciliation à l’intérieur de l’Église a
diminué au cours des deux dernières générations, mais elle a paradoxalement
augmenté au sein de la société séculaire. Les Commissions nationales pour la
Vérité et la Réconciliation en sont un exemple. De nouvelles rencontres entre
pardon et de la Parole de Dieu sont nécessaires.
D’une part, le nom donné au pardon des péchés par Jésus, à savoir l’Évangile,
est à juste titre considéré comme la Bonne Nouvelle par antonomase. Ce pardon
est intimement lié à la faute qui s’associe au péché et à la miséricorde de
Dieu.
Pourquoi soulever les concepts de pardon, de faute et de miséricorde dans un
contexte dont le thème est la Parole de Dieu. Les motifs sont au nombre de
trois:
1. La réconciliation est l’un des thèmes principaux de la Parole de Dieu.
Toutefois, le Document de travail n’insiste pas sur le rapport entre les
sacrements de la Réconciliation-Pénitence et de l’Onction des Malades et la
Parole de Dieu. Il est nécessaire de mener une réflexion plus longue et plus
approfondie sur le rapport de ces deux Sacrements avec la Parole de Dieu.
2. Au sein du Document de travail, peu d’espace a été accordé au Sacrement du
mariage et à son rapport avec la Parole de Dieu. Et pourtant les parents sont
les catéchistes fondamentaux de leurs enfants. Si les parents ne sont pas
encouragés et assistés dans le processus d’initiation de leurs enfants à
l’exultation (“Jubelruf”) de la Bible, le cri de joie décrit par le Pape Benoît
XVI dans son “Jésus de Nazareth”, les enfants grandiront en ayant, dans le
meilleur des cas, une perception réduite d’eux-mêmes en tant que fils et filles
de Dieu.
3. Les fidèles devraient être mieux informés sur l’indulgence plénière liée à la
lecture révérencielle de la Parole de Dieu pendant un certain temps (au moins 30
minutes).
- S. Exc.
Mgr Luis URBANČ, Évêque de Catamarca (ARGENTINE)
Nous parlons des enfants, mais il nous est difficile de parler avec les enfants.
De la même façon qu’il nous est facile de parler de Dieu, mais difficile de
parler avec Lui.
Notre époque est en train de réaliser de grands progrès dans la bioéthique et
dans la génétique, c’est-à-dire que la science prétend améliorer tout à partir
de sa genèse. N’est-ce pas là un signe des temps pour que nous nous occupions
d’améliorer la “génétique” de notre Église?
C’est, certainement, au cours de cette première étape que la vie humaine doit
être imprégnée des vérités et des valeurs fondamentales de la personne, pour
qu’elle puisse construire non seulement son destin terrestre, mais aussi son
destin éternel, pour lequel elle a été créée.
Le premier droit de l’enfant est celui de découvrir graduellement son Créateur,
Rédempteur et Sanctificateur dans le cadre de la communauté ecclésiale, qui doit
lui garantir que, dans “son église domestique”, la Parole vivante et efficace
l’instruira et le formera progressivement pour aimer comme lui est aimé,
devenant le serviteur de ses frères.
L’Église se doit d’être la voix de ceux qui n’ont pas de voix. Ce sont les
enfants. Ils sont les plus “pauvres parmi les pauvres” (cf. Aparecida n° 467).
Une société civile, une communauté ecclésiale qui ne donne pas la priorité à
l’enfance et qui n’est pas disposée à dépenser le meilleur de ses efforts et de
ses ressources pour elle, est condamnée à l’insuccès et à la déshumanisation.
L’enfance, c’est ce qui rend l’être humain capable de vivre avec étonnement et
engagement son passage en ce monde.
J’attends de ce Synode que, grâce à une plus grande appréciation de la Parole de
Dieu, et rajeunie par elle:
1. L’Église se sente stimulée à proclamer avec ferveur ce qu’elle vit en contact
assidu avec la Parole vivante de Dieu.
2. Que l’on insiste, durant la période de la catéchèse d’initiation, sur
l’importance de mémoriser des passages importants des Saintes Écritures, pour
qu’elles deviennent le fondement axiologique, éthique et esthétique de l’être et
de l’agir du disciple missionnaire de Jésus Christ. 3. Que l’écoute attentive de
la Parole de Dieu favorise une adhésion personnelle et communautaire au Christ,
couronnée par la joyeuse et fraternelle célébration eucharistique.
4. Que l’on profite de toute contribution provenant de la religiosité populaire
en terme d’écoute de la Parole de Dieu et de transmission de la foi,
spécialement chez les enfants.
5.Qu’en tant qu’Église nous surprenions le monde et que nous nous surprenions
nous-mêmes avec une rencontre mondiale des enfants, qui non seulement réunisse
les petits, mais mobilise aussi les membres de leur famille, de manière qu’avec
un tel geste prophétique et courageux nous revendiquions et annoncions le Dieu
de la Vie, qui veut une “culture de la vie”.
Merci.
-
S. Exc. Mgr Jurij BIZJAK, Évêque titulaire de Gergi, Évêque auxiliaire de Koper
(SLOVÉNIE)
Je désire exposer un problème, voire une suggestion, qui m’est proposé et se
réfère à l’économie sacramentelle, à savoir le point 36 du Document de travail.
[..]
Puisque tous les sacrements sont ordonnés à l’Eucharistie(Presbyterorum ordinis,
n°5) et puisque les actions et les symboles liturgiques tirent leur
signification de la Bible (Sacrosanctum Concilium, n°24), je crois que, sur la
base justement de la Parole de Dieu les sacrements peuvent se partager en deux
sacrements de la foi, deux sacrements de l’espoir et trois sacrements de la
charité.
Les deux sacrements de la foi sont le baptême et la pénitence. Tous les deux
sont ordonnés à notre existence et sont placés sous le signe de l’eau. Le
premier est le baptême qui nous régénère comme fils de Dieu: Mc 16,16; Jn 3,5;
Ac 8,36-37; 22,16; Ep 5,25-27; 1P 3,21. Le second est la confession qui purifie
ce qui a été corrompu après le baptême: Ac 26,18; Jc 4,8-9; 1P 1,22; 1Jn 1,9.
Les deux sacrements de l’espoir sont la confirmation et l’onction des malades.
Tous les deux sont ordonnés à notre agir et placés sous le signe de l’huile. Le
premier est la confirmation qui nous rend aptes à être témoins du Christ: Lc
4,18; Ac 4,27; 10,38; 1Co 9,10; He 1,9; 1Jn 2,20-27. Le second est l’onction qui
rétablit ce qui s’est affaibli après la confirmation: Mt 26,7; Mc 6,13; 14,3; Lc
7,38; Jn12,3; Jc 5,14; Ap 3,18.
Les trois sacrements de la charité sont l’ordre, le mariage et l’Eucharistie.
Tous les trois sont ordonnés à notre sanctification et placés sous le signe du
sang. Le premier est l’ordre: Mc 10,35-40; 14,36; He 9,11-14; 10,19-20; 13,20;
Jn 17,19; Ap 1,5. Le deuxième est le mariage: Ex 4,25-26; Dt 22,13-19; 1Co 7,14.
Le troisième est l’Eucharistie: Mt 26,27-28; Jn 1,29; 6,53-56; 1Co 10,16; 11,25.
Tous les trois représentent les voies vers la charité qui est le lien de la
perfection chrétienne (Col 3,14).
-
S. Exc. Mgr John HA TIONG HOCK, Archevêque de Kuching (MALAISIA)
Les prêtres jouent un rôle important dans la promotion de la Parole de Dieu dans
la vie et le ministère de l’Église. Aussi les formateurs doivent-ils cultiver
dans les séminaires une spiritualité axée sur la Parole de Dieu. Dans ce but, il
faut assurer dans les séminaires une solide formation de théologie sur la Parole
de Dieu. En même temps, pour il faudrait compléter les études littéraires et
historiques de la Bible par des études d’exégèse canonique. Pour en améliorer la
pertinence, l’herméneutique biblique, son actualité et ses tendances devrait
faire l’objet d’une formation continue. Pour une intériorisation plus
personnelle, l’exercice de la lectio divina devrait être pratiqué régulièrement.
Tout cela vise à mener les séminaristes à rencontrer le Christ, Parole de Dieu
faite chair.
Pour assurer cette formation, les formateurs des séminaires – notamment les
enseignants de sciences bibliques – doivent être correctement formés. En plus de
l’exégèse académique et scientifique, la formation des formateurs des séminaires
devrait intégrer un entraînement pratique à l’herméneutique biblique et au
ministère pastoral. À cette fin, des instituts de formation de formateurs pour
les séminaires, dotés d’un personnel compétent et de grande expérience,
devraient être mis en place dans plusieurs régions, sur plusieurs continents.
Grâce au zèle des prêtres qui pensent et qui centrent leur vie sur Parole, la
Parole de Dieu trouvera sa place dans la vie et le ministère de l’Église.
- S.
Exc. Mgr Dominique BONNET, C.S.Sp., Évêque de Mouila (GABON)
L’Évangélisation de l’Afrique s’est réa1isée grâce à une double annonce de la
Parole de Dieu. La première fut celle des missionnaires envoyés par les
Églises-Mères d’Europe relayés par les prêtres et les Évêques autochtones
responsables des Églises actuelles de l’Afrique. Une seconde annonce s’est
effectuée en même temps et continue de s’accomplir grâce à des équipes
dynamiques de catéchistes chargés d’annoncer et d’expliquer la parole de Dieu
aux multiples communautés villageoises et même aux communautés des quartiers
urbains que les prêtres visitent régulièrement.
L’Église d’Afrique doit son épanouissement et son extension en grande partie
grâce à ces milliers de catéchistes choisis et installés à la tête de ces
communautés villageoises en raison de leur foi, de leur sagesse, de leur
disponibilité pour l’annonce de l’Évangile de Jésus-Christ. Ce sont eux les
héros, les saints de l’Évangélisation en Afrique.
Nourris de la tradition des us et coutumes de leurs propres ethnies, ils savent
se laisser conduire par l’Esprit Saint pour interpréter comment la Parole de
Dieu peut lever dans les cœurs, interpeller les mentalités encore marquées par
la loi du talion, de vengeance, de l’esprit fétichiste et conduire les hommes
vers la loi de l’amour, du pardon, du partage fraternel.
Ce sont les catéchistes des villages qui ont su se nourrir du Nouveau Testament
avec ses paraboles qui rejoignent nombre de proverbes de leurs ethnies. Ils ont
digéré cette Parole divine et ils ont su la reformuler en leurs propres langues,
la rendant plus accessible à leurs frères et soeurs.
Par ailleurs, depuis Vatican II un gros effort a été accompli pour prodiguer à
ces collaborateurs de la Mission une formation régulière qui les rend plus aptes
pour accomplir leur Mission de messagers de la Parole de Dieu. Cette formation
varie selon les diocèses et les milieux : urbains, ruraux, mixtes. Elle est
donnée sous forme de session avec un thème précis : exemple: “ Évangile de
Matthieu au début de l’année liturgique A”. Ces sessions se déroulent sur cinq,
dix jours ou plus, selon les diocèses.
- S. Exc.
Mgr Varghese CHAKKALAKAL, Évêque de Kannur (INDE)
Dans ce synode, nous devons tous ensemble nous poser cette question : quel est
le message que délivre la Parole de Dieu à un monde tiraillé entre les
fondamentalistes radicaux et le rationalisme irréligieux, le consumérisme et la
pauvreté, l’hédonisme et l’angoisse, l’injustice et la violence, le racisme, le
racisme social, le sexisme, un monde manipulé par les médias eux-mêmes sous la
férule de puissances financières ? Comment pouvons-nous faire entrer la Parole
de Dieu dans les cœurs et les esprits d’hommes et de femmes qui sont toujours
plus contre la religion, contre Dieu, sécularisés? Comment pouvons-nous
présenter la Parole à un monde qui avance chaque jour davantage vers une culture
de l’éclipse de Dieu ? D’un côté, on recherche réellement Dieu, de l’autre, le
monde tend vers un monde sans Dieu. Le monde progresse vers une culture qui met
en valeur l’importance de la mort. La mondialisation a transformé le monde en un
petit village. L’explosion des technologies de l’information a fortement
rapproché le monde entier. Mais le monde devient un monde sans cœur frappé par
la violence, le terrorisme et la guerre. Nous devons orienter notre proclamation
du monde vers une mondialisation de l’amour. Ce n’est qu’à travers une culture
de l’amour que nous pourrons sauver le monde, que nous pourrons créer un
civilisation de la bonté et de l’amour.
C’est dans ce monde que nous devons proclamer la Parole grâce à la puissance qui
vient d’en haut. C’est dans ce monde que nous devons prêcher la Parole de
l’amour – le message chrétien peut se résumer en trois petite phrases : Dieu est
amour, Dieu vous aime, je vous aime moi aussi.
Je suis profondément convaincu qu’il n’existe qu’une seule bonne nouvelle qui
puisse embraser les cœurs des femmes et des hommes. Cette bonne nouvelle, c’est
que Dieu vous aime et que ses bras vous seront toujours ouverts pour vous amener
à la joie infinie.
-
S. Exc. Mgr Douglas YOUNG, S.V.D., Archevêque de Mount Hagen (PAPOUASIE-NOUVELLE
GUINÉE)
Dans des situations où la Parole de Dieu est aimée mais non suivie, que peut-on
faire pour inciter l’obéissance à la Parole?
L’élaboration d’un plan pastoral centré sur le Christ avec une dimension
biblique constitue une étape importante.
-
S.
Exc. Mgr René Osvaldo REBOLLEDO SALINAS, Évêque de Osorno (CHILI)
Nous proposons que la formation des futurs ministres, outre à faire connaître la
Parole Divine Révélée à travers la compréhension des Saintes Écritures, provoque
en eux une véritable passion pour elle, un amour qu’ils puissent transmettre et
mettre au service du Peuple de Dieu. Aussi, nous considérons fondamental le
travail des formateurs et des directeurs spirituels dans les centres de
formation et dans les séminaires, afin qu’ils appliquent la “pédagogie de la
convivialité”, formatrice de contenus et de valeurs grâce au témoignage
transmis.
La passion ainsi réveillée doit amener les éducateurs au dialogue et à la
communion avec Dieu grâce aux Saintes Écritures, un dynamisme qui doit aboutir
dans l’évangélisation personnelle, du monde et de ses structures. Pour ces
raisons, ce chemin est fondamental, tant dans la formation transmise au cours de
la première année propédeutique du séminaire que comme accompagnement de l’Année
Pastorale, pour tous et pour chacun de ceux qui aspirent au ministère
sacerdotal.
Grâce à cet amour qui ne peut naître que de l’intimité même de l’être,
impliquant toute la personne, la Parole sera toujours l’animatrice par
excellence de la mission pastorale de l’Église, interpellant en continuation
notre identité de disciples. La grande richesse que nous devons apporter au
monde du XXIe siècle est celle de susciter l’amour profond pour Jésus Christ
comme Parole vivante et actuelle de Dieu, proposition de pleine et définitive
signification pour tant de vies qui l’ignorent ou ne le connaissent que d’une
manière fragmentaire et superficielle.
-
S. Exc. Mgr Elías Samuel BOLAÑOS AVELAR, S.D.B., Évêque de Zacatecoluca
(SALVADOR)
À partir du Concile Vatican II, une nouvelle vitalité est donnée à la lecture de
la Bible dans l’Église catholique, les Lectionnaires sont enrichis, une plus
grande importance est accordée à l’homélie, l’Eucharistie est valorisée en tant
que source de vie quotidienne, avec la table de la Parole de Dieu et
l’Eucharistie.
L’INITIATION CHRÉTIENNE doit être proposée dès l’enfance (6 à 12 ans) avec
l’“École de la foi”, spécialement dans ces pays où il n’y a pas d’enseignement
religieux à l’école: elle doit être structurée avec les catéchismes fondés sur
les récits bibliques et les narrations de l’Ancien et du Nouveau Testament
appropriés à leur âge, se concluant avec la préparation et la participation aux
sacrements de l’Eucharistie, de la Confirmation, précédées par le sacrement de
la Réconciliation.
À partir et comme conclusion du sacrement de la Confirmation, que l’on donne aux
adolescents et aux jeunes une meilleure connaissance de la Parole de Dieu, à
l’aide de parcours ou d’itinéraires juvéniles de foi qui prennent fin avec
l’insertion dans le monde du travail ou avec le sacrement du Mariage ou un choix
vocationnel.
Pour l’âge adulte, que les paroisses proposent des parcours de formation
permanente et de vécu de la foi à travers des expériences de communautés, et des
groupes de réflexion et d’échange de la méditation de la Parole, en suivant les
lignes de la Lectio divina.
Il existe déjà des parcours qui donnent des résultats très valables, comme par
exemple les parcours catéchuménaux, les groupes de prière, les petites
communautés, qui permettent aux fidèles de partager la Parole de Dieu, de la
méditer ensemble avec leurs frères dans la foi; cette expérience communautaire
conduit à une vraie maturité et fermeté dans sa propre vie chrétienne, pour
pouvoir témoigner devant le monde de l’efficacité transformatrice de la Parole,
comme l’a dit Paul VI: le monde d’aujourd’hui a plus besoin de témoins que de
maîtres.
-
Très Rév. P. José RODRÍGUEZ CARBALLO, O.F.M., Ministre Général de l'Ordre
Franciscain des Frères Mineurs
La vie consacrée est profondément enracinée dans la Parole de Dieu et, plus
concrètement, dans l’Évangile, règle et vie de tous ceux qui, par inspiration
divine, désirent suivre de plus près l’exemple de Jésus Christ obéissant, pauvre
et chaste. Celui qui désire comprendre et célébrer la grâce des origines de la
vie consacrée ne peut faire abstraction de l’Évangile. C’est toujours l’écoute
attentive de l’Évangile et la ferme volonté de le mettre immédiatement en
pratique qui donne origine à la détermination d’une expérience charismatique,
comme dans le cas de saint François d’Assise, après avoir écouté l’Évangile de
la mission dans la Porziuncola. La Parole de Dieu est vie, et le texte ne se
comprend dans sa profondeur que dans la mesure où on la vit et la met en
pratique. Dans la tradition rabbinique et biblique, observer ou mettre en
pratique la Parole est élevé au niveau de la catégorie herméneutique. Tant
l’étude de la Parole que sa prédication, si elles restaient en marge de la vie,
seraient “lettre qui tue”. À l’écoute et au savoir doit suivre le bien faire.
Nos fondateurs ont été d’attentifs auditeurs de la Parole et ont fait de leur
vie une réponse prompte et prophétique à la Parole. Suivant leur exemple, nous
ne pouvons pas, en tant que consacrés, séparer l’écoute, l’étude et la
prédication de la Parole, de sa mise en pratique. La Parole de Dieu doit être
écoutée attentivement, étudiée avec assiduité, prêchée en tout lieu et de tout
temps, mais surtout elle doit être vécue, “expérimentée”, aboutissant ainsi dans
la diakonia (cf. IL 39). C’est seulement ainsi que la Parole sera réellement la
première source de spiritualité chrétienne et religieuse (cf. VC 94). C’est
seulement ainsi que le peuple de Dieu et que nous, les consacrés, trouverons
dans la Parole de Dieu la Parole qui interpelle, oriente et modèle l’existence.
Appelés à être prophétie de l’avenir (cf. NMI 3), vivant le présent avec passion
(cf. NMI 1), nous, les consacrés, nous trouvons en la Parole de Dieu une
“boussole qui indique la voie à suivre” (Benoît XVI). Appelés à parcourir un
long exode de recherche et de discernement ensemble avec les hommes et les
femmes de notre temps, nous devons le faire accompagnés par la Parole, car c’est
seulement ainsi que la vie consacrée sera une proposition alternative et de
frontière, comme elle l’a été dans la vie de nos Fondateurs/Fondatrices. Notre
avenir, comme l’avenir de la vie chrétienne, consiste à nous laisser faire et à
nous laisser modeler par la Parole.
-
R. P. Pascual CHÁVEZ VILLANUEVA, S.D.B., Président de l'Union des Supérieurs
Généraux de Saint François de Sales, Recteur Majeur de la Société Salésienne de
Saint Jean
Mon intervention se réfère au numéro 53 du Document de travail et porte sur la
manière de rapprocher aujourd’hui la Parole de Dieu du monde des jeunes, en
prenant appui sur le récit d’Emmaüs (IL 26b).
L’épisode, récit d’un événement passé, nous offre un itinéraire d’évangélisation
précis où il nous est dit qui, Jésus par sa parole, et comment, en faisant route
avec eux, doit se faire l’évangélisation.
La conclusion inattendue du voyage à Emmaüs fut le retour à Jérusalem dans la
communauté des disciples. Le Christ ressuscité, qui les accompagna durant le
voyage, ne resta pas avec eux et eux ne purent rester seuls: ils rentrèrent à la
communauté, où l’on rencontre le Christ.
La Parole avait illuminé leur vie, mais n’ouvrit ni leurs yeux ni leurs cœurs à
la reconnaissance du Christ ressuscité. Elle précéda cependant l’invitation à
rester et elle prépara la rencontre à la table.
Jésus, qu’ils n’avaient toujours pas reconnu, voulu accompagner les deux
disciples et partager leurs inquiétudes. Aujourd’hui, les jeunes ont peu de
choses en commun avec ces disciples, sinon peut-être la frustration de leurs
rêves, la fatigue de leur foi et le désenchantement de leur condition de
disciple. Les jeunes ont besoin d’une Église que leur soit proche, là où ils
sont.
Comme le Christ, son Église doit leur apprendre à supporter ce qui arrive, en
eux et autour d’eux, en les aidant à relire les événements à la lumière de la
Parole de Dieu. Pour les ramener à la foi, elle doit restituer à la Parole le
rôle de guide souverain de leur existence.
Arrivés à Emmaüs, les disciples n’étaient pas encore arrivés à la connaissance
personnelle de Jésus. Ce que Jésus ne réussit pas à faire en les accompagnant,
en leur parlant, en leur interprétant la Parole de Dieu, s’accomplit par le
geste de l’Eucharistie. Une éducation à la foi qui oublierait ou renverrait la
rencontre sacramentelle des jeunes avec le Christ n’est pas le meilleur moyen de
le trouver en toute certitude.
-
S.
Exc. Mgr Robert RIVAS, O.P., Archevêque de Castries (SAINT LUCIA)
La proclamation de la Parole est au centre de la vie des fidèles des Caraïbes,
une région où les habitants sont souvent décrits comme des gens “religieux” qui
lisent la Bible. Et comme les habitants des Caraïbes sont très attentifs à la
proclamation de la Parole, ils attendent beaucoup de leurs pasteurs... Étant
donnée cette tendance à privilégier la parole proclamée, on peut dire que les
bergers qui ne nourrissent pas leurs brebis créent les conditions pour que
quelqu’un d’autre les nourrisse.
Nous voudrions insister sur la “Prédication de la Parole de Dieu”. Elle est
cruciale à un moment où l’Église qui est au Caraïbes affronte les défis de la
proclamation de la Parole dans un cadre social, politique et religieux en rapide
évolution.
Le monde, et notamment les jeunes, attendent des messagers porteurs de la bonne
nouvelle, mais surtout des personnes qui sont plus des témoins que des
professeurs (Evangeli Nuntiandi n.41). Les jeunes représentent un des plus
grands défis à la proclamation de la Parole... Si l’Église veut vraiment
accueillir ses futurs membres, alors le partage et la prière de la Parole doit
devenir un aspect important de sa mission.
Attentifs à la fécondité d’un ministère basé sur la prédication dans l’Église,
nous, Évêques de la Conférence épiscopale des Antilles, demandons à ce synode :
– de porter une attention particulière à la Parole de Dieu dans le ministère de
l’Église s’adressant aux jeunes ;
– de porter une attention bienveillante à la contemplation, la proclamation et
la prédication de la Parole de Dieu dans les formations des séminaristes ;
– de porter une attention spéciale à la formation continue renforçant nos
pasteurs et nos prédicateurs de la Parole ;
– de porter une attention exemplaire aux Églises locales en s’assurant qu’elle
soient davantage dotées de prêtres formés aux langues et possédant des
compétences de communication, notamment pour ceux qui sont envoyés ou recrutés
pour servir dans des cultures où la langue parlée n’est pas la leur.
- S. Em. le
Card. John NJUE, Archevêque de Nairobi (KÉNYA)
Dieu, dans sa bonté et sa sagesse, a choisi de se révéler à nous et de nous
faire connaître le but caché de sa volonté (cf. He 1, 1-2). La Parole de Dieu et
le mystère du Christ sont étroitement liés. C’est en Christ que Dieu nous parle.
Le message biblique constitue dans son ensemble une offre de vie qui exige une
réponse, comme Dieu l’a promis par l’intermédiaire du prophète Isaïe (cf. Is 55,
10-11). En vérité, la Parole de Dieu n’est pas revenue à Lui dénuée de sens,
elle a au contraire accompli beaucoup de choses. Quand la Parole de Dieu est
proclamée, l’Esprit Saint s’en sert afin de susciter la conviction qui, à son
tour, conduit à la repentance, au renouvellement et à la communion avec Dieu.
Les Écritures en soi ne nous font pas nécessairement brûler le coeur (cf. Lc 24,
32) mais, comme les deux disciples sur la route d’Emmaüs, elles nous mènent à
les proclamer sous différentes formes.
Un épisode de violence récent dans notre pays, le Kenya, a mis en évidence le
grand besoin de la “Parole réconciliatrice”. Dans un monde divisé et déchiré,
dans un monde où le pardon est rare et la haine trop fréquente, dans un monde où
l’amour est difficile et la guerre est facile, les chrétiens, comme le semeur de
la parabole (Lc 8, 4-5) doivent semer “la parole” de paix et de réconciliation.
En ce qui concerne le continent africain aujourd’hui: face à la violence, au
génocide et aux guerres tribales, face à la faim, au nombre énorme des réfugiés
et au sous-développement, face à une mauvaise politique et à la corruption, la
Parole de Dieu doit accompagner les hommes et les femmes dans leur existence
avec une nouvelle hardiesse et transformer la manière de vivre et d’aimer.
Pour être précis, la proclamation de la Parole de Dieu, “la Bonne Nouvelle du
Royaume”, doit s’accompagner de signes, c’est-à-dire d’actions et de gestes
salvifiques suivant l’exemple de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. En vue
d’une nouvelle évangélisation efficace, nous devrions déployer tous les efforts
afin de permettre à tous les chrétiens de mieux connaître la Parole de Dieu. En
ce sens, le manque de bonnes traductions catholiques dans les dialectes locaux
représente un grand désavantage.
En Afrique, l’Eunuque éthiopien est un symbole qui nous représente tous, dans
notre recherche de Dieu à travers les Écritures. En effet; dans les Écritures,
nous rencontrons vraiment Dieu: “Et comment le pourrais-je, dit-il, si personne
ne me guide ?” (Ac 8, 31). Tel est le fondement et le cœur de la spiritualité
biblique. Avec cette faim et cette soif de la Parole de Dieu en Afrique, nous
avons besoin de Bibles, non pas tant d’une Bible par famille mais d’une bonne
Bible en langue locale pour chacun des membres de la famille.
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