SYNODE DES ÉVÊQUES

INTERVENTIONS

XII ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
5-26 OCTOBRE 2008

La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Église
 

13 - 10.10.2008
 

Sont ensuite intervenus les Pères suivants:

- S.Em. le Card. Vinko PULJIĆ, Archevêque de Vrhbosna, Sarajevo, Président de la Conférence Épiscopale (BOSNIE ET HERZÉGOVINE)
- S.Exc. Mgr Emmanuel FÉLÉMOU, Évêque de Kankan (GUINÉE)
- S.Exc. Mgr Joseph Mitsuaki TAKAMI, P.S.S., Archevêque de Nagasaki (JAPON)
- S.Exc. Mgr Andrzej Wojciech SUSKI, Évêque de Toruń (POLOGNE)
S.Exc. Mgr Ján BABJAK, S.I., Archevêque Métropolite de Prešov, Prjašev des catholiques de rite byzantin, Président du Conseil de l'Église Slovaque (SLOVAQUIE)
- S.Exc. Mgr Santiago Jaime SILVA RETAMALES, Évêque titulaire de Bela, Évêque auxiliaire de Valparaíso (CHILI)
- S.B. Grégoire III LAHAM, B.S., Patriarche d' Antioche des Gréco-Melkites, Chef du Synode de l'Église Gréco-Melkite Catholique (SYRIE)
- S.B. Fouad TWAL, Patriarche de Jérusalem des Latins (JÉRUSALEM)
- S.Exc. Mgr Anthony MUHERIA, Évêque d'Embu (KÉNYA)
- S.Exc. Mgr Víctor Hugo PALMA PAÚL, Évêque d'Escuintla (GUATÉMALA)
- S.Exc. Mgr Charles SORENG, S.I., Évêque de Hazaribag (INDE)
- S.Exc. Mgr Julio César TERÁN DUTARI, S.I., Évêque de Ibarra (ÉQUATEUR)
- S.Exc. Mgr Pablo Virgilio S. DAVID, Évêque titulaire de Guardialfiera, Évêque auxiliaire de San Fernando (PHILIPPINES)
- S.Exc. Mgr György UDVARDY, Évêque titulaire de Marazane, Évêque auxiliaire de Esztergom-Budapest (HONGRIE)
- S.Exc. Mgr Charles Maung BO, S.D.B., Archevêque de Yangon (MYANMAR)
- S.Exc. Mgr Vincenzo PAGLIA, Évêque de Terni-Narni-Amelia, President de la Féderation Biblique Catholique (ITALIE)
- S.Exc. Mgr Jabulani NXUMALO, O.M.I., Archevêque de Bloemfontein (AFRIQUE DU SUD)
- S.Exc. Mgr Jesús PÉREZ RODRÍGUEZ, O.F.M., Archevêque de Sucre (BOLIVIE)
- S.Exc. Mgr Musie GHEBREGHIORGHIS, O.F.M. Cap., Évêque d'Emdeber (ÉTHIOPIE)
- S.Exc. Mgr Miguel Angel SEBASTIÁN MARTÍNEZ, M.C.C.I., Évêque de Lai (TCHAD)
- S.Exc. Mgr Joseph Mukasa ZUZA, Évêque de Mzuzu (MALAWI)
- S.Exc. Mgr Antons JUSTS, Évêque de Jelgava (LETTONIE)
- S.Exc. Mgr Néstor Rafael HERRERA HEREDIA, Évêque de Machala (ÉQUATEUR)
- S.Exc. Mgr Eugène Lambert Adrian RIXEN, Évêque de Goiás (BRÉSIL)
- S.Exc. Mgr Patrick Altham KELLY, Archevêque de Liverpool (ANGLETERRE)
- S.Exc. Mgr Paolo PEZZI, F.S.C.B., Archevêque de la Mère de Dieu à Moscou (FÉDÉRATION RUSSE)
- Très Rév. P. Antonio PERNIA, S.V.D., Supérieur Général de la Société du Verbe Divin

Nous publions, ci-dessous, le résumé des interventions:

S. Em. le Card. Vinko PULJIĆ, Archevêque de Vrhbosna, Sarajevo, Président de la Conférence Épiscopale (BOSNIE ET HERZÉGOVINE)

Je voudrais concentrer mon attention sur le septième chapitre: “La Parole de Dieu dans les services et dans la formation du peuple de Dieu”. Dans l’esprit de la constitution Lumen Gentium, il est ici, souligné avec raison que “les fidèles laïcs partagent la mission salvifique que le Père a confiée à son Fils pour le salut de tous les hommes” (n.51). Je soutiens de tout mon coeur cette pensée que “le service des laïcs requiert diverses compétences pour lesquelles une formation biblique spécifique est nécessaire”. Ensuite, divers groupes sont énumérés au niveau de la paroisse et des diocèses (les malades, les soldats, les prisonniers, les nouveaux mouvements et les associations). Dans ce contexte, le Document de travail rappelle que “un moyen privilégié de rencontrer Dieu qui nous parle est la catéchèse au sein des familles, avec l'approfondissement de quelques pages de la Bible et la préparation de la liturgie du dimanche”. “Une tâche de la famille est justement d'initier les enfants aux Saintes Écritures, à travers la narration des grandes histoires de la Bible, en particulier celles de la vie de Jésus, et à travers la prière s'inspirant des Psaumes ou d'autres livres de la Révélation”.
La plupart de nos familles possèdent au moins le Nouveau Testament chez elles, et pour un grand nombre d’entre elles, même toute la Bible.
Dans les pays qui sont récemment sortis d’un régime socialiste, l’Église a besoin de fidèles laïcs qui vivent intensément l’Évangile du Christ au sein de leur famille et dans la société, et qui reprennent leur place dans la mission de la communauté ecclésiastique.
La préparation familiale pour le Jour du Seigneur pourrait se transformer en un réel kairos pour eux. Si des mouvements spécifiques sont approuvés par les Pasteurs ecclésiastiques, ou bien si les Pasteurs ici présents possèdent, individuellement, une expérience positive à cet égard, je voudrais pouvoir profiter de la richesse de leur expérience.
Je propose donc que les pensées exposées au n.51 du Document de travail, que j’ai mentionnées ici, soient, à la fin de notre Assemblée, formulées en Propositions que nous mettrons à la disposition du Saint-Père pour l’Exhortation post-synodale qui sera élaborée après le Synode.

- S. Exc. Mgr Emmanuel FÉLÉMOU, Évêque de Kankan (GUINÉE)

Le Synode des Evêques, consacré à la réflexion sur la Parole de Dieu dans la vie et la Mission de l'Eglise, constitue une grande occasion pour chacun d'approfondir ses liens avec Jésus-Christ, Verbe de Dieu incarné.
En effet pour dévoiler son Plan d'amour et faire connaître sa volonté ultime, Dieu nous a parlé par son Fils. L'efficacité de cette parole révélée en Jésus-Christ demeure la puissance Divine qui libère les peuples de leur imperfection dans la connaissance de Dieu, de leur peur et de leurs erreurs, de leurs incertitudes et de leurs tâtonnements. L'amour de Dieu est perçu par les couches africaines comme accomplissement de leur attente. Ainsi dans cette Révélation, qui est plénitude, Eschaton de toute Révélation divine, la proximité de Jésus-Christ et la transformation positive de toute culture par sa Parole reste un point d'attraction et de conviction de nos peuples pour laisser purifier leur cultures spécialement leur vision sur la volonté de Dieu sur la vérité dans toute sa splendeur: Si Dieu unique était connu dans nos cultures il restait cependant cette clarté et cette perfection où l'amour n'est plus seulement à vivre avec son frère de famille mais avec tous; à pardonner l' ennemi au lieu de l'empoisonner quand il faut montrer sa puissance. Je ne veux pas dire qu'il n'y avait pas de pardon mais cette réalité avait besoin de la parole du Christ, de sa connaissance et de son exemple. Pour lui donner ce visage unique.
L’Eglise catholique en Guinée avait manifestée un intérêt particulier pour ce Synode en faisant participer toutes les couches ecclésiales sur· la réflexion de LINEAMENTA, phase préparatoire de ces travaux. Aussi, nous avons voulu que chaque agent pastoral: Catéchiste, Religieuses, Prêtre, Evêque, en entrant dans une famille puisse demander: Avez-vous lu un passage de la Bible aujourd'hui et quel est le message que vous voulez vivre maintenant?
Nous voulons aussi insister sur la vénération des Saintes Ecritures en faisant des cérémonies d'accueil et d'Intronisation de la Bible dans la Famille et en lui donnant une place spécifique où chaque jour un passage sera lu et médité. Les jeunes ont besoins d'écouter Jésus Christ qui leur parle: Et nous pasteurs devons les accompagner dans les Camps Bibliques en ne laissant pas seulement la formation à un groupe. Nous devons leur montrer par nos actions comment cette Parole demeure le coeur de nos actions. Et disons que l'initiation à la Bible répond à nos initiations africaines où l'on se met à l'écoute du Maître. Mais ici non seulement on écoute mais vit à l' exemple de celui qui nous parle, Jésus Christ : visiter un malade qui n'est pas seulement mon parent naturel, pardonner mon ennemi, faire du bien à ceux qui me haïssent, aimer gratuitement dans un monde où tout ce fait avec intérêt. Puisse le Ressuscité nous accompagner sur nos divers chemins des nouveaux Emmaüs pour nous aider à demeurer ses témoins malgré les épreuves de la route.

- S. Exc. Mgr Joseph Mitsuaki TAKAMI, P.S.S., Archevêque de Nagasaki (JAPON)

Le Synode traite des nombreux aspects de la Bible et devrait amener et conduire les fidèles vers une vision mondiale, en les éclairant afin qu’ils comprennent ceci: la place et l’importance de la Bible dans la vie et l’évangélisation de l’Église ; le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament, en éclairant la signification des passages difficiles de l’Ancien Testament; une explication claire de la totalité des Saintes Écritures à l’égard du développement de la révélation. La révélation, le magisterium, la foi, le lien organique entre la liturgie et les Écritures sont autant de domaines à examiner. L’étude de l’herméneutique par des voies adéquates devrait être encouragée (Introduction n°5).
En général, nous pouvons dire que les personnes qui essayent de vivre une vie chrétienne n’ont pas suffisamment laissé leurs coeurs être pénétrés par la force dynamique des Saintes Écritures. La lectio divina seule ne suffit pas. Il est important que nous comprenions la Parole de Dieu, en la rapprochant de nos vies, que nous partagions cela avec les autres et que nous la mettions en pratique tout au long de nos vies. Alors que nous lisons la Parole de Dieu et commençons à saisir que la Parole est vraiment en action dans les événements de notre vie de tous les jours, nous comprenons que c’est quelque chose que nous devons transmettre aux autres. Comment faire, en termes pratiques, afin que l’Écriture puisse pénétrer et animer la vie chrétienne des fidèles? C’est un sujet qui doit sans cesse être rebattu.
Par conséquent,
1) cette assemblée devrait demander au Saint-Père “de fortement recommander à tous les chrétiens dans le monde entier de lire, de méditer et de faire partager les Saintes Écritures”, en particulier, par le biais de son Exhortation apostolique post-synodale.
2) Un livre devrait être publié qui explique en détails les méthodes actuelles de faire partager la Bible et qui inclurait une espèce d’évaluation, afin que les lecteurs puissent choisir parmi elles celle qui correspond à leurs conditions de vie.
3) Un livre intitulé Sunday Gospel Readings with Lectio Divina Year B: Mark, Advent 2008 – Christ the King 2009 écrit par Mgr Anthony Abela, qui est une contribution à ce Synode, sera publié, également en japonais, avant l’Avent de cette année.

- S. Exc. Mgr Andrzej Wojciech SUSKI, Évêque de Toruń (POLOGNE)

Je me réfère au chapitre V, n. 34, du Document de travail, où il est dit que “à tous les niveaux de la vie ecclésiale il est nécessaire de faire mûrir la compréhension de la liturgie en tant que lieu privilégié de la Parole de Dieu, qui édifie l’Église”. Cette affirmation est fondamentale pour ce qui suit.
Il semble, cependant, qu’il faudrait préciser de quels niveaux de la vie ecclésiale il s’agit. Le mot “communauté” revient souvent dans le document, mais ce mot est “en soi” ambigu. On peut le comprendre dans le sens de la communauté ecclésiale universelle, de la communauté diocésaine et de la communauté paroissiale, tout comme de la communauté religieuse ou des différentes communautés au sein de la paroisse et du diocèse.
Du point de vue pastoral, la communauté paroissiale joue un rôle particulier et je pense qu’elle devrait être plus clairement mise en évidence comme le lieu privilégié, où la Parole de Dieu proclamée aux fidèles, méditée et confrontée aux mille situations de la vie quotidienne, donne naissance à la communauté ecclésiale.
Dans l’exhortation apostolique Catechesi tradendae, le Pape Jean-Paul II affirme que “La communauté paroissiale doit demeurer l’animatrice de la catéchèse et son lieu privilégié (...) Qu’on le veuille ou non, la paroisse demeure une référence majeure pour le peuple chrétien, même pour les non-pratiquants” (n.67).
La paroisse a des motivations d’ordre également théologique. Selon l’enseignement pontifical, la paroisse est une communauté eucharistique; cela signifie que c’est une communauté apte à célébrer l’Eucharistie, en qui se trouvent la racine vivante de son édification et le lien sacramentel de son être en pleine communion avec toute l’Église. Cette aptitude se fonde sur le fait que la paroisse est une communauté de foi et une communauté organique, c’est-à-dire constituée par des ministres ordonnés et par les autres chrétiens, sous la responsabilité d’un curé qui, représentant l’Evêque du diocèse, est le lien hiérarchique avec toute l’Église (cf. Ch.L, 26).

S. Exc. Mgr Ján BABJAK, S.I., Archevêque Métropolite de Prešov, Prjašev des catholiques de rite byzantin, Président du Conseil de l'Église Slovaque (SLOVAQUIE)

La Parole de Dieu est vraie, et Dieu opère dans la vie de l’homme et de toute l’Église. Dans l’Église gréco-catholique, en Slovaquie, l’expérience de la persécution durant la deuxième moitié du siècle dernier et avec l’actuel développement de notre Église, en porte témoignage.
Le pouvoir totalitaire essayait d’anéantir notre Église. Les événements historiques, lointains et ceux plus récents, confirment, au contraire, pleinement la validité des paroles de Jésus Christ: “Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux” (Mt 10,32). Dieu concrétise, déjà maintenant, ces paroles lorsque nous sommes témoins du développement de notre Église. Nous sommes reconnaissants au Saint-Père Benoît XVI pour avoir, le 30 janvier de cette année, élevé l’Église gréco-catholique, qui se trouve en Slovaquie, au rang d’Église métropolitaine sui iuris avec son siège à Presov. Par la grâce de Dieu, nous possédons un nombre suffisant de vocations sacerdotales (l’âge moyen des prêtres engagés dans le service pastoral est de 41 ans), nous avons ouvert des centres de formation pour la famille et pour les jeunes. Ces dons sont les fruits provenant de la souffrance de notre église.
La proclamation de la Parole de Dieu dans l’Église gréco-catholique, en Slovaquie, est aussi aidée par la richesse d’exploitation de la Parole de Dieu dans la liturgie byzantine (outre aux lectures), non seulement par l’usage diffusé des psaumes mais aussi sous la forme de paraphrases du texte biblique dans les hymnes liturgiques. La Parole de Dieu est également communiquée aux fidèles au moyen des icônes, celles-ci n’étant pas une simple illustration du texte biblique, mais bien plutôt une “fenêtre au ciel”, au travers de laquelle se déroule le dialogue entre Dieu et l’homme, et entre l’homme et Dieu.
En dépit de toutes ces activités mentionnées ci-dessus, l’écoute de la Parole de Dieu trouve un empêchement chez les fidèles du fait qu’ils sont souvent influencés par un fort relativisme séculaire. Un autre problème concerne la catéchèse pré-baptismale qui est insuffisante pour rendre les parents capables d’éduquer leurs enfants dans la foi. Un problème particulier pour l’accueil de la Parole de Dieu au sein des familles est représenté par l’émigration d’un grand nombre de fidèles à cause de leur travail, surtout des pères et des mères, dans des régions éloignées ou même à l’étranger.

- S. Exc. Mgr Santiago Jaime SILVA RETAMALES, Évêque titulaire de Bela, Évêque auxiliaire de Valparaíso (CHILI)

Présentation de trois critères pour la lecture chrétienne de la Bible dont il faut tenir compte en raison de la culture d’aujourd’hui.
Ces critères sont:
- La soif de Dieu, aussi nous avons besoin d’une “pastorale biblique” comprise en tant qu’animation biblique de la pastorale.
- L’identité de fils de Dieu, disciples de Jésus et temples de l’Esprit, pour laquelle nous avons besoin d’une spiritualité biblique croissante qui fasse l’expérience de l’amour de Dieu.
- La condition de “famille de Dieu” qui se réunit pour reconnaître son identité et pour célébrer sa condition de fils de Dieu et de disciples de Jésus, se préparant à la mission. Cette unité même représente déjà un témoignage missionnaire. Ces critères, il faut les programmer, et en même temps ils sont le résultat du dialogue avec la culture et la condition de l’homme d’aujourd’hui. Tout ce qui a été présenté provient de la Bible, de la rencontre de Jésus avec ses deux premiers disciples selon saint Jean.

S. B. Grégoire III LAHAM, B. S., Patriarche d' Antioche des Gréco-Melkites, Chef du Synode de l'Église Gréco-Melkite Catholique (SYRIE)

La Parole de Dieu est le lieu privilégié de la rencontre et du dialogue entre les hommes, de sorte qu’elle devient vraiment une Parole pour moi et une Parole pour l’autre; elle m’invite à rencontrer Dieu et à rencontrer mon frère, elle a besoin d’une épiclèse, de sorte qu’elle puisse devenir la Parole pour les autres, pour la société et pour le monde, adaptée à toutes les conditions et circonstances de notre vie.Le chrétien oriental vit sa foi en premier lieu par le biais de la liturgie, centrée sur l’Eucharistie ou orientée vers elle, avec un contenu essentiellement scripturaire. La table de la Parole de Dieu et la table de l’Eucharistie sont inséparables. La Parole de Dieu est ainsi lue, méditée, prêchée, célébrée et même écrite en icône.Durant la proclamation solennelle de l’Évangile, les enfants et ceux qui souffrent ou sont malades, viennent placer leur tête sous l’Évangéliaire pour demander la grâce dont ils ont besoin.Le jour de Pâques, les fidèles vénèrent le Livre de l’Évangile et l’icone de la Résurrection, puis s’embrassent les uns les autres, car la Parole de Dieu est Parole de réconciliation.Dans l’ordination épiscopale, “le premier hiérarque pose son omophorion sur la tête de l’élu, puis prend le vénérable Évangile , l’ouvre et l’appuie à l’envers sur la tête et le cou de l’élu” priant Dieu de fortifier “cet élu, jugé digne de porter le joug de l’Évangile” pour oeuvrer à sa diffusion.J’aimerai que nous puissions partager la Parole de Dieu, qui nous unit. N’ayons pas peur des versets du Coran, et que nos frères musulmans n’aient pas peur de l’Évangile ou de la Torah.

- S. B. Fouad TWAL, Patriarche de Jérusalem des Latins (JÉRUSALEM)

"Verbum caro hicfactum est". (Jn 1, 14), cette phrase nous propulse jusqu'au seuil du grand mystère de l'Incarnation de la Parole de Dieu sur la Terre Sainte où il a choisi de venir "planter sa tente au milieu de nous" (Jn 1, 14).
C'est sur cette Terre Sainte "qu'après avoir, à maintes reprises et sous diverses formes, parlé jadis par les Prophètes, Dieu, en ces jours , nous a parlé par son Fils" (He 1, 1-2). C'est enfin sur cette Terre Sainte que l'Esprit Saint a été donné aux apôtres pour leur "enseigner toutes chose et leur rappeler tout ce que Jésus leur a dit" (Jn 14, 26).
Pour toutes ces raisons, l'action de lire, d'étudier et de méditer la Parole de Dieu, reçoit une valeur et une fécondité uniques lorsqu'elle est accomplie en Terre Sainte qui conserve non seulement l'histoire, mais aussi la géographie et la topographie du salut.
Le conflit israélo-palestinien provoque des difficultés de lecture et de compréhension de certains passages de la Bible. Ainsi, les chrétiens arabes en général - ont souvent du mal à lire l'Ancien Testament, non à cause de la Parole de Dieu elle-même, mais à cause des interprétations politiques et idéologiques.
Un double principe nous protège des interprétations politiques et idéologiques:
1. Lire et interpréter la Parole à la lumière du Christ. Jésus a dit : ''N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir" (Mt 5, 17). Le Christ a repris et récapitulé en Lui toutes les catégories de l'Ancien Testament pour leur donner un élan nouveau et une signification nouvelle (il les a "accomplies"). C'est en Lui et à travers Lui que l'Ancien Testament est lu et compris.
2. Le deuxième principe d’interprétation est l’Eglise. Toute interprétation en dehors de l’Eglise est une interprétation dangereuse.
En guise de conclusion, je voudrais profiter de la présence du Saint Père et celle de tous les Pères Synodaux, pour lancer un appel en faveur de la Terre Sainte et demander plus de prières, de solidarité et de pèlerinages pour nous aider à être les témoins du Christ, Messie, Sauveur “à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu' aux extrémités de la terre” (Ac 1, 8)!

- S. Exc. Mgr Anthony MUHERIA, Évêque d'Embu (KÉNYA)

Malgré une plus grande facilité d’accès à la Bible, parfois la vie chrétienne continue d’être, en quelque sorte, “en-dehors” de la Sainte Écriture. La forte présence des évangéliques, en Afrique, qui se vantent de pouvoir réciter des passages par coeur, a conduit à une tendance où la “connaissance des Écritures” se confond avec une simple “mémorisation” d’un certain nombre de passages à citer par coeur, accompagnés d’une interprétation “originale” gratuite. (Cf. Instrumentum Laboris n.29).
Il semble aussi que nous ne parvenions pas à entendre la voix de “La Parole” qui résonne avec une force incisive. Je pense que le moment est venu de donner plus d’espace et de temps pour “Écouter” plus attentivement les Écritures. Pour “écouter plus” si vous voulez, quand nous “lisons”! Pour que “La Parole” résonne”, nous avons besoin d’espace pour écouter en silence et pour méditer! (Cf. Instrumentum Laboris n.23).
Dans le contexte catholique, l’Écriture est “rendue vivante” dans la Liturgie: Par sa proclamation dans la liturgie de la Parole et par l’explication dans l’Homélie à l’intérieur de la Liturgie! Dans la Patristique, la “divulgation de la Parole” n’était pas simplement une explication de la péricope en termes académiques, ni une note marginale pour en tirer une leçon de moralité. C’est pénétrer véritablement dans “l’aujourd’hui” de la “Parole”, vivant en tant que contemporains de la scène ou de la péricope, l’écoutant comme une invitation personnelle et communautaire. Quand la Parole est proclamée d’une façon incisive, les fidèles l’apprécieront dans la liturgie. Le partage de la Bible deviendra, alors, une continuation du partage de la Parole à la “table de la Parole”. (cf. Is 55, 10-11; Sacramentum caritatis n.45c).
Dans l’homélie, le ministre aide les fidèles à “écouter” la Parole, les guidant vers une réponse dans leur situation spécifique. Il le fera, s’il a lui-même consacré du temps à la méditation de l’Écriture. Dans ce contexte, nous devons raviver chez nos prêtres et chez nos séminaristes le besoin d’inclure, dans leur programme spirituel personnel, les traditionnelles minutes quotidiennes de lecture des Saintes Écritures ou Lectio Divina!

- S. Exc. Mgr Víctor Hugo PALMA PAÚL, Évêque d'Escuintla (GUATÉMALA)

L’animation biblique de la vie et de la mission de l’Église trouve aujourd’hui l’horizon sombre de la déformation de la Parole de Dieu, non seulement comme conséquence de l’annulation des critères de la regula fidei et de l’analogia fidei dans le principe de la sola Scriptura de la Réforme protestante, mais aussi par la naissance d’une “nouvelle gnose” qui introduit dans l’interprétation biblique des éléments étrangers à l’essence du Christianisme. Il s’agit, au-delà du grave fondamentalisme des sectes, de services religieux pseudo-chrétiens qui, en tant qu’expression de l’anthropocentrisme culturel et même existentiel de l’actualité, utilisent la Bible pour proposer des idées de progrès matériel, de réinvention de soi-même, de connaissance de parcours pour l’annulation de la douleur, etc. En particulier dans les régions pauvres et émergentes d’Amérique latine, la nécessité d’une vision globale économique et, pour certains, inévitablement religieuse, qui aide à surmonter les conflits découlant de la pauvreté, de la corruption administrative, de la frustration économique, de l’insécurité dans les villes, etc., crée un terrain fertile pour la commercialisation (technique de marché) de la dite “théologie de la prospérité”: un faux Dieu à l’apparence biblique, mais non chrétien, qui limite la portée de son action dans la vie humaine à la pauvreté comme “malédiction” et à la richesse comme “bénédiction ou prospérité”. Le besoin se fait sentir d’une formation et d’une pastorale bibliques qui unissent Bible et Tradition, pour vivre la rencontre avec Jésus-Christ comme chemin vers la conversion, la communion et la solidarité (cf. Jean Paul II, Ecclesia in America, 12ss) surtout dans le privilège du Mystère de l’Amour de Dieu (cf. Benoît XVI, Deus Caritas est, 4ss)

- S. Exc. Mgr Charles SORENG, S.I., Évêque de Hazaribag (INDE)

Je viens d’une région tribale de l’Inde. Environ un million 800.000 Catholiques tribaux de cette mission sont disséminés dans différentes régions de l’Inde.
Nous lisons dans l’Épître aux Hébreux: “ Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers nous a parlé par le Fils” (He 1,1). Dans la religion tribale, Dieu se manifeste à travers la nature. Les tribaux acceptent très facilement Jésus Christ comme le Fils de l’Être suprême.
Dieu qui est amour a parlé à travers Jésus Christ pour le bien de chaque personne humaine.
Jésus a manifesté l’amour de Dieu dans ses actes de guérison et d’amour, ses enseignements et ses paraboles.
La mission de Jésus a été la proclamation du Royaume qui est justice, paix et joie dans le Saint-Esprit (Rm 14,17). Elle comprenait une attitude de service de la part des chefs. En lavant les pieds de ses disciples, Jésus a donné une grande leçon (cf. Aussi Mc 10, 42-45).
Dieu a offert son Fils unique pour nous sauver. Son Fils Jésus Christ aimait tant l’humanité qu’il s’est donné lui-même pour nous dans l’Eucharistie (1 Co 23-25). Ceux qui mangent son corps et boivent son sang dans l’Eucharistie deviennent frères et soeurs de sang en Jésus Christ. L’Eucharistie nous rappelle le sacrifice suprême de Jésus sur la croix priant pour le pardon de ses ennemis. “Père, pardonne-leur: ils ne savent ce qu’ils font” (Lc 23,34).
La Parole de Dieu a le pouvoir de créer la communauté. Comme nous le lisons dans les Actes des Apôtres, les chrétiens étaient “assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières” (Ac 2, 42). Bien que les chrétiens proviennent de cultures et de langues différentes, la Parole de Dieu, qui est parole de foi, détermine leur communion. La Parole de Dieu conduit les personnes à vivre en une communion eucharistique de témoignage et de service.

- S. Exc. Mgr Julio César TERÁN DUTARI, S.I., Évêque de Ibarra (ÉQUATEUR)

En Amérique Latine est née la dite “théologie de la libération” qui prétendait se fonder sur une exégèse biblique basée sur la situation de pauvreté du continent, orienté vers de multiples aspirations à la libération de nos peuples. À juste raison, le Magistère a plusieurs fois attiré l’attention sur les erreurs et les dangers de ces textes, sans pour autant cesser d’encourager les théologiens afin que l’Écriture Sainte illumine les nouveaux parcours que la Parole de Dieu veut accomplir, en répondant aux espérances et aux défis d’aujourd’hui. A partir de là, il faut dégager les points suivants:
1. La réflexion théologique doit se situer dans le contexte de la communauté chrétienne elle-même, lieu privilégié pour comprendre le sens profond de l’Écriture, en dépassant les interprétations subjectives, réductionnistes ou idéologiques; il ne s’agit pas d’une “église parallèle” ni d’une église exclusive des pauvres, mais de l’Église particulière qui, dans le mystère du Christ, se constitue de manière hiérarchique.
2. Cette lecture communautaire de l’Écriture doit se confronter aux signes du péché et de la grâce qui caractérisent le monde mondialisé; en Amérique Latine, il faut prêter une attention particulière aux pauvres aux nombreux visages et aux nombreuses voix, aux nouvelles formes déchirantes de pauvreté et aux nouvelles voies prometteuses de la libération intégrale, sans oublier le témoignage de ceux qui consacrent leur vie chaque jour, parfois jusqu’à la sacrifier, à suivre Jésus, pauvre et humble de coeur (Document d’Aparecida 399-405).
3. L’élaboration de la réflexion théologique, surtout dans les universités catholiques, ne connaîtra donc par de difficultés à s’articuler y compris avec l’exégèse scientifique, conformément aux indications opportunes du Magistère, afin de promouvoir le nouvel esprit missionnaire que réclame la situation culturelle changeante de notre continent (cf. Document d’Aparecida 124, 341, 344).
Pour couronner l’oeuvre des théologiens, il est nécessaire de présenter toujours la personne du Seigneur de l’Église: ce Jésus historique qui apparaît dans les Évangiles et qui est le même Christ ressuscité, réellement présent dans l’Église au travers du mystère pascal.

- S. Exc. Mgr Pablo Virgilio S. DAVID, Évêque titulaire de Guardialfiera, Évêque auxiliaire de San Fernando (PHILIPPINES)

Le Document de travail rappelle, avec justesse, l’attention sur la saine tension qui existe entre l’exégèse et la théologie au sein de l’Église. Alors que la théologie se sert souvent de la Parole en tant que puissance de Dieu, nous aurons toujours besoin de l’exégèse pour, en même temps, nous rappeler l’humilité de la Parole de Dieu. Ne nous trouvons-nous pas souvent sans parole face à des lecteurs, parmi nos fidèles, bien préparés sur la Bible, qui se sentent scandalisés par des passages de l’Écriture remplis de violence, de bigotisme, de cruauté, de fausseté et de toutes autres contradictions qui sont caractéristiques de l’humanité que nous partageons avec tous les autres fils et filles d’Adam? Et pourtant, nous ne les avons pas effacés du canon des Saintes Écritures. Dans ce canon, il y a des textes qui nient la résurrection et la vie après la mort, et des textes qui les affirment. Il y a des textes qui considèrent Satan comme faisant partie de la cour céleste avec une tâche spécifique, et des textes qui le présentent comme un ange déchu. Certains textes affirment que le mal est une conséquence du péché de l’homme et insistent sur la culpabilité humaine, et d’autres textes qui présentent le mal comme une maladie et les êtres humains comme étant simplement des victimes qui ne peuvent que compter sur la miséricorde de Dieu. Il y a des textes qui mettent en relief la grâce divine, et d’autres qui mettent au premier plan l’effort humain.
Ascension et descente, le divin et l’humain, le sublime et le misérable - ce sont les aspects du mystère de la révélation divine, de la Parole de Dieu en paroles humaines, de Dieu qui s’est fait chair, qui auront toujours besoin de la contribution tant des exégètes que des théologiens, mais surtout des pasteurs qui ont pour tâche de nous garder unis dans l’humilité et avec la juste disposition à l’écoute et à l’abnégation, avec notre attention centrée sur Jésus - le Dieu au visage humain- sur sa puissance dans la faiblesse, sur sa sagesse dans la bêtise, sur son élévation à travers l’humiliation.

- S. Exc. Mgr György UDVARDY, Évêque titulaire de Marazane, Évêque auxiliaire de Esztergom-Budapest (HONGRIE)

Je me réfère au chapitre 5 du Document de travail
La catéchèse de l’Église – qu’elle soit initiale ou systématique –, en plus de la liturgie, de la diaconie et de la vie de témoignage des communautés, a de grandes possibilités et de grandes responsabilités pour faire connaître la Parole de Dieu et pour céder notre vie à la personne, à l’enseignement et à l’Église de Jésus Christ. Dans la catéchèse, en nous adaptant et en suivant la nature de la Parole de Dieu, nous pouvons montrer la caractéristique de la Parole de Dieu: sa force personnelle, qui invoque, invite ou interroge.
Bien que nous lisions la Parole de Dieu “à partir du livre” et que nous entendions une histoire vieille de plusieurs millénaires qui porte la marque d’une culture qui nous est peu connue, elle est prononcée “maintenant” et s’adresse à “moi”. La Parole résonne depuis le présent éternel de Dieu. Dieu agit “maintenant” à travers l’Esprit Saint. Elle m’appelle aujourd’hui à examiner ma vie, m’invite à renaître – à me convertir. Il nous donne consolation et espérance, nous libère et se fait juge (cf. Is 55, 10-11).
Notre catéchèse est efficace si elle saisit et sert ce moment créateur. Par ce moment, nous pouvons espérer que notre connaissance acquise puisse vraiment transformer notre vie.
Parfois, les livres, les différents supports, et les méthodes utilisés dans l’enseignement religieux et dans la catéchèse des différentes classes d’âges utilisent l’Écriture Sainte – la Parole de Dieu – comme une histoire qui illustre un sujet, comme une parabole morale, ou la présentent seulement comme le témoignage d’une expérience existentielle fondamentale et générale.
Certes, on pourrait améliorer les livres, les supports, les méthodes de la catéchèse, mais le succès, de temps à autre, dépend de la personne qui fait la catéchèse – le pasteur, le catéchiste. Il devient – en suivant la dynamique de l’incarnation – la propre méthode de la Parole de Dieu, en offrant sa vie à l’œuvre de l’Esprit du Christ.
Il est merveilleux de contempler l’histoire des disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 13-35) où le Christ ressuscité apparaît comme un enseignant, un herméneute et – pourrait-on dire – comme un catéchiste.
La juste utilisation de la Bible – selon moi – n’est pas fondamentalement une question de méthode, mais elle est la plus personnelle des questions : mon rapport personnel avec la Parole de Dieu.

- S. Exc. Mgr Charles Maung BO, S.D.B., Archevêque de Yangon (MYANMAR)

L’Église dans notre partie du monde proclame l’Évangile au milieu de lourdes restrictions, de privations et d’une véritable souffrance. Avec Paul, nous pouvons dire: “je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ”(Col 1, 24). Bon nombre de nos groupes ethniques ont leur propre Bible, souvent réalisée avec l’aide de missionnaires pionniers.
La Parole se fait chair de diverses manières dans les différents pays. Dans le monde libre, cela se réalise par la proclamation, l’annonce publique, mais dans de nombreuses parties du monde, la mission de l’Église, la Bonne Nouvelle, est confrontée à des défis opprimants. Son devoir d’annoncer la Bonne Nouvelle est défiée par les forces des ténèbres. Alors que nous vivons l’Année Paulinienne, nous sommes confrontés aux mêmes défis que le grand apôtre de la Parole a rencontrés.
Nous sommes une Église pauvre et notre unique gloire est de “connaître le Christ” et “le soutien de la Parole”. La Parole joue un rôle important dans la vie de notre peuple. “La diakonia – ou service de la charité – est une vocation de l'Église de Jésus-Christ [...] La Parole de Dieu doit conduire à l'amour du prochain” (IL 39). Nous sommes guidés par les paroles du Saint-Père dans Deus Caritas est: “L’Église ne peut pas négliger le service de la charité, de même qu’elle ne peut négliger les Sacrements ni la Parole” (22).
Le mandat évangélique de “donner à manger aux affamés, de vêtir ceux qui sont nus” s’est imposé avec force après le récent passage du terrible cyclone Nargis. Près de 150 000 personnes sont mortes et deux millions sont devenus des réfugiés dans leur propre pays. La nation était en deuil.
Avec l’aide du Seigneur, nous avons reporté la vie dans de nombreuses communautés. Les églises sont devenues des camps de réfugiés, Dans ces camps, nous avons célébré une liturgie unique: celle d’annoncer la Parole au travers de notre accompagnement et de partager le pain au travers de l’assistance. Le monde est devenu notre autel et nous avons rompu le pain de la fraternité humaine avec les foules bouleversées. L’Évangile annoncé a été la nourriture donnée aux affamés qui a produit la vie et la lumière que nous avons données au cours des cinq derniers mois.

- S. Exc. Mgr Vincenzo PAGLIA, Évêque de Terni-Narni-Amelia, President de la Féderation Biblique Catholique (ITALIE)

Une nouvelle Pentecôte est urgente. Nous devons sortir du cénacle et prêcher aux “70 peuples” - à tous les peuples de la terre - le seul Évangile dans les différentes langues. Et cela représente déjà un défi en soi: il existe plus de 6 000 langues mais la Bible n’a été intégralement traduite que dans 480 d’entres elles et le Nouveau Testament en 1168. Il en reste donc plus de 4 000, ce qui comporte d’ailleurs aussi une difficulté d’ordre économique. Certaines langues pourraient vivre elles aussi l’aventure d’être codifiées grâce à la traduction de la Bible. Le défi est, bien évidemment, d’ordre pastoral. L’accord entre la Fédération biblique catholique et les Sociétés bibliques est un petit exemple de communion également dans le domaine oecuménique. Il est nécessaire que le Synode suscite un nouvel enthousiasme pour les Écritures . C’est ce que disait déjà le Bienheureux Jean XXIII. Les conditions existent déjà afin qu’un tel enthousiasme rencontre l’attention des personnes. L’enquête promue par la Fédération biblique montre bien que la Bible rencontre la faveur de tous. La majorité des personnes interrogées dans les seize pays du monde où l’enquête a été conduite pensent que la Bible devrait être enseignée dans les écoles, mais, en même temps, elles estiment toutes que la Bible est difficile à comprendre et que pour cela une aide est nécessaire. On pourrait dire: les données confirment que la Sola Scriptura ne suffit pas. Un accompagnement est nécessaire. C’est le vrai défi qui nous attend.
Mais nous ne devons pas avoir peur de remettre la Bible dans les mains de tous et pas seulement des fidèles. Malheureusement, si, d’une part, il est vrai que souvent la Bible est présente dans les maisons, il est très rare que les chrétiens, pris individuellement, aient chacun leur propre Bible, une Bible personnelle. À mon avis, tel devrait être l’un des objectifs du Synode. Du reste, si la Bible, comme le disent les Pères, contient “La lettre d’amour écrite par Dieu aux hommes”, pourquoi en retarder ou, pire encore, en éviter la remise? Au contraire, il nous est demandé de redoubler nos efforts pour en accompagner la lecture. Les personnes doivent apprendre à prier avec la Bible. Malheureusement, d’après l’enquête, il ressort que seulement une toute petite minorité le fait. Alors nous devons justement nous proposer de faire ceci: aider nos fidèles et tous ceux qui s’approchent du texte biblique à entrer dans le dialogue mystérieux et salvifique que tisse l’ensemble de l’Écriture. La fréquentation de la Bible élargit l’esprit et réchauffe le cœur.

- S. Exc. Mgr Jabulani NXUMALO, O.M.I., Archevêque de Bloemfontein (AFRIQUE DU SUD)

L’expérience actuelle est la suivante: petites communautés chrétiennes et groupes de voisinage qui se rencontrent, régulièrement, pour des activités, mais qui ont établi comme règle de consacrer, avant tout engagement, un peu de temps à la lecture orante du texte sacré et à la fraction du pain de la Parole sous la conduite de l’Esprit Saint, de réfléchir sur la Parole et de partager la prière. Ces groupes ou petites communautés chrétiennes sont pleines d’énergie et se développent imprégnées de joie et de vitalité car Jésus Christ est présent parmi elles (DV 2). La qualité des célébrations liturgiques paroissiales en est améliorée. Ce Synode ne discute, donc, pas “à vide” sur l’importance de la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église. Alors qu’elle cherche à intensifier la promotion de la Sainte Écriture dans la vie de l’Église, cette assemblée est aussi inspirée par ce qui est déjà en train de se passer et de se développer au sein de l’Église. Cet événement comporte une dialectique conjonctive, du fait que les Pères synodaux se sentent stimulés par ce qui se passe déjà dans le concret et, qu’à leur tour, ils affirment et encouragent les ministres de la Parole, promouvant la formation afin de porter à maturation ce qui se fait déjà dans le contexte de la mission de l’Église. En d’autres termes, il s’agit de consolider ce qui a déjà été commencé, bien qu’encore en phase initiale dans de nombreuses parties du monde, et de favoriser l’ultérieure croissance et développement de cet engagement pastoral, spirituel et biblique.
Par conséquent et comme faisant partie du développement de cet engagement, la Lectio Divina, la méthode des Septs Étapes, et d’autres méthodes similaires pour la lecture de la Sainte Écriture et pour la réflexion orante devraient devenir accessibles à tous les membres de l’Église (DV 22). Cela requiert un grand investissement spirituel en personnel pour ce ministère: prêtres, religieux, laïcs et jeunes, suivant le défi de Vatican II (DV 24), car l’ardent désir de faire de la Sainte Écriture l’âme de la vie et de la mission de l’Église est bien présent. Par conséquent, ceci est une invitation pour développer avec vigueur et pour instituer de nouveaux centres pour l’Apostolat biblique et pour la formation dans les méthodes et dans l’art de lire l’Écriture, pour la réflexion sur la Parole et la prière biblique, et pour approfondir la connaissance des Saintes Écritures. Ceux qui existent déjà ont prouvé leur valeur et devraient être dotés d’un personnel dévoué. Enfin, et plus fondamentale encore est la fourniture de traductions de la Bible dans les langues locales pour pouvoir rejoindre tous les coins de la terre.

- S. Exc. Mgr Jesús PÉREZ RODRÍGUEZ, O.F.M., Archevêque de Sucre (BOLIVIE)

Il est nécessaire de souligner les relations intrinsèques, vitales et permanentes qui existent entre la Bible et la catéchèse. En pratique, nous savons bien que l’usage qui a été fait de la Bible dans le travail catéchétique a été fragmentaire, limité et, parfois, instrumentalisé. Petit à petit, nous sommes restés dans le lit du fleuve au lieu d’aller nous désaltérer à la source, là où naît la vie. L’Écriture Sainte est devenue en grande partie un appui ou un simple support pour les contenus, et non pas leur forme normative et vitale.
En tant que spécialiste de la Parole de Dieu, le catéchiste doit connaître l’Écriture Sainte, savoir traduire le mystère du salut qu’elle contient dans un langage accessible et compréhensible qui aide à éduquer la foi de sa communauté dans le contexte dans lequel elle vit, afin qu’elle sache donner des réponses créatives aux appels de Dieu qui proviennent des défis lancés par la réalité globale. C’est pourquoi la Conférence bolivienne voit comme un défi le fait d’adapter le langage biblique aux besoins et aux langages d’aujourd’hui, au monde moderne.
La catéchèse de la communauté doit fournir, dans la pratique, un certain nombre de clés qui l’aident, d’un côté, à respecter le texte sacré et, de l’autre, à l’interpréter correctement pour la vie des personnes et des peuples.
Le rapport primaire entre la Bible et la catéchèse doit être compris et accepté comme source et non pas comme une ressource didactique ou comme un simple support pour les contenus.
Il est très important de distinguer la catéchèse en général de la catéchèse biblique en particulier.
Il faut que le texte biblique soit accessible à tous, à commencer par les enfants. L’Église bolivienne se trouve dans l’impossibilité de le faire. C’est pour cette raison qu’elle demande aux autres Églises qui disposent de plus de moyens économiques d’aider ceux qui ont moins la possibilité d’acheter la Bible. En même temps, nous pensons qu’une Journée mondiale de la Bible pourrait être fixée; nombreux sont déjà les pays qui célèbrent non seulement une journée de la Bible mais aussi le mois de la Bible.

- S. Exc. Mgr Musie GHEBREGHIORGHIS, O.F.M. Cap., Évêque d'Emdeber (ÉTHIOPIE)

Comme pour toutes les Églises chrétiennes, pour la tradition érythro-éthiopienne, la Bible est “Parole inspirée”, “Parole de Dieu”. L’un des témoins bibliques invoqués pour soutenir cette affirmation est le passage de 2 Timothée 3: 16-17 qui déclare: “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice :ainsi l’homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute œuvre bonne”. Les auteurs sacrés sont illuminés ou mieux encore “habités” par l’Esprit Saint. Tous les livres bibliques considérés comme canoniques par les autres Églises chrétiennes le sont aussi pour l’Église érytho-éthiopienne qui, par ailleurs, possède le plus grand nombre de livres inspirés: ils sont au nombre de 81 dont 46 pour l’Ancien Testament et 35 pour le Nouveau. Dans la tradition érythro-éthiopienne, le concept de canon est flexible et tend à inclure plus qu’à exclure. L’inspiration qui a donné vie aux livres sacrés est conçue comme un processus dynamique qui se poursuit à l’intérieur de la communauté des croyants. Le vaste patrimoine de la tradition chrétienne est justement considéré comme irradiation, de nombreux textes comme bourgeons de la Parole de Dieu. C’est la raison pour laquelle certains textes bibliques, présents dans le canon de l’Église érythro-éthiopienne sont décrits comme awald (fils, descendance [de la Bible]).
La tradition érythro-éthiopienne voit la traduction des textes bibliques à partir des langues originales al geez et leur interprétation comme deux sœurs, deux faces d’une même médaille. Le même Esprit qui a illuminé l’auteur sacré guide le cœur et l’esprit de l’interprète qui, avec la foi, cherche le mystère contenu dans la Parole. Les commentaires, connus sous le nom d’andemta, ont d’abord et avant tout une valeur pédagogique durable. Le premier pas, fondamental, est l’apprentissage de la Parole. On lit le texte geez et on le traduit dans la langue courante en cherchant à comprendre les différentes nuances de l’original. Après la Lectio, vient le temps de l’analyse grammaticale et d’une discussion portant sur d’éventuelles questions de critique textuelle. La première clef d’interprétation est recherchée à l’intérieur de la Bible. Expliquer la Bible avec la Bible est l’un des éléments fondamentaux de l’herméneutique érythro-éthiopienne. En outre, les Pères de l’Église constituent une source à laquelle les interprètes puisent à pleines mains.

- S. Exc. Mgr Miguel Angel SEBASTIÁN MARTÍNEZ, M.C.C.I., Évêque de Lai (TCHAD)

Je vous parle au nom de la Conférence épiscopale du Tchad. Ce pays, au centre de l’Afrique, n’a été évangélisé qu’il y a peu d’années. Notre Église Famille de Dieu qui est au Tchad a opté, selon le désir du Synode pour l’Afrique, pour les Communautés Ecclésiales de Base. Ces communautés se nourrissent de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie. Pendant leur réunion hebdomadaire, on lit la Parole, on prie et on cherche ce que le chrétiens doivent faire pour changer tout ce qui, dans leur vie, n’est pas en conformité avec l’Evangile. Les chrétiens se réunissent le dimanche, mais beaucoup d’eux seulement pour la célébration de la Parole, car nous n’avons pas assez de prêtres. Dans notre pays, nous vivons des situations sociales et politiques très conflictuelles dues, surtout, à une interminable guerre de plus de quarante ans. Nous sommes convaincus que la Parole de Dieu est une parole de Paix, une parole qui annonce la Paix et qui appelle à la Paix, qui appelle au pardon, à la réconciliation et à la justice. L’écoute et la prière de la Parole de Dieu sont essentielles dans la vie et la mission de notre Eglise. Cela est un défi pour nous”!
La Parole de Dieu nous illumine et nous encourage à nous engager pour la promotion de l’homme e la femme Tchadiens. Notre pays est un pays appauvri, malgré nos richesses naturelles, pour cela nous nous engageons pour un développement humain intégral. Ce travail nous le faisons aussi avec nos frères protestants. Nous avons un autre défi: celui de la diffusion de la Parole de Dieu. A cause du taux d’analphabétisme, du manque de Bibles en langue locale et du coût des Bibles. Nous voulons nous engager pour l’apostolat biblique.

- S. Exc. Mgr Joseph Mukasa ZUZA, Évêque de Mzuzu (MALAWI)

Au nom de la Conférence épiscopale du Malawi, je voudrais dire que la plupart de nos petites communautés chrétiennes dépendent et vivent de la Parole de Dieu, puisque elles célèbrent l’Eucharistie une fois par mois, et parfois tous les trois mois ou plus. Elles vivent de la Parole de Dieu. Il est donc important pour nous de former les différents agents de l’évangélisation et nos chrétiens à la Lectio Divina et au partage de la Parole. Nous apprécions l’exemple de Marie, notre Mère, écoutant, méditant et vivant la Parole de Dieu(Lc 2, 19).

- S. Exc. Mgr Antons JUSTS, Évêque de Jelgava (LETTONIE)

Dans mon discours, je fais référence au numéro 28 du Document de travail: la Parole accomplit sa course (cf. 2Th 3, 1) et descend du ciel comme une pluie féconde (cf. Is 55, 10-11). Je désire en outre parler des martyrs du XXe siècle, spécialement ceux de mon pays, la Lettonie. Des prêtres, des hommes et des femmes sont morts pour avoir proclamé la Parole de Dieu.Je me souviens de notre prêtre letton Viktors, arrêté sous le régime soviétique en Lettonie parce qu’en possession d’une Bible. Aux yeux des agents soviétiques, les Saintes Écritures étaient considérées comme un livre contre-révolutionnaire. Les agents jetèrent à terre les Saintes Écritures et ordonnèrent au prêtre de les piétiner. Le prêtre refusa de le faire et s’agenouilla pour embrasser le livre. Pour ce geste, il fut condamné à dix années de travaux forcés en Sibérie. Dix ans plus tard, quand le prêtre retourna dans sa paroisse et célébra la Messe, il lut l’Évangile. Il éleva le lectionnaire et dit: “Parole de Dieu!”. Les gens pleuraient et remerciaient Dieu. Ils n’osèrent pas l’applaudir parce que cela aurait été interprété comme une ultérieure provocation. En Lettonie, au cours de l’époque soviétique, il n’était pas permis d’imprimer de livres religieux, ni les Écritures Saintes ni les catéchismes. Le raisonnement était le suivant: en l’absence de Parole de Dieu imprimée, il n’y aurait plus eu aucune religion. Notre peuple a fait ce qu’avaient déjà fait les chrétiens des premiers siècles: il a appris par coeur des passages des Écritures Saintes. Aujourd’hui encore, en Lettonie, la tradition orale est encore vive. Nous montons sur les épaules de nos martyrs pour proclamer la Parole de Dieu. Nos petits enfants se souviennent de leurs grands-pères et de leurs grands-mères morts pour leur foi et désirent, à leur tour, être des “héros” de la foi. En Lettonie, nous proclamons la Parole vivante de Dieu! Nous faisons des processions et des pèlerinages, nous prions, nous chantons et nous disons: “Ceci est la Parole de Dieu” pour laquelle sont morts nos grands-parents. En Lettonie, quand la Messe dure seulement une heure, les personnes déclarent qu’il s’agit seulement d’un échauffement en vue de la véritable rencontre avec Dieu dans le Sacrement et dans Sa Parole.

- S. Exc. Mgr Néstor Rafael HERRERA HEREDIA, Évêque de Machala (ÉQUATEUR)

Si la Parole de Dieu est la source de vie pour l’Église et l’âme de son action évangélisatrice, la Pastorale Biblique devient importante et nécessaire, et elle implique que:
1. La Parole de Dieu, la Bible, soit mise à la portée de tous.
La Constitution dogmatique sur la Révélation divine déclare que les fidèles doivent pouvoir accéder facilement à l’Écriture Sainte et que la Parole de Dieu doit toujours être à la disposition de toutes les époques (DV, 22). Grâce à Dieu, comme aux débuts de l’Église, la Bible est traduite en différentes langues qui la rendent accessibles à tous. La Nouvelle Évangélisation a lieu justement avec la Bible et à partir d’elle. En Amérique latine, il existe une grande diffusion de la Bible au sein des communautés, dans les groupes et les mouvements apostoliques et surtout à travers la catéchèse.
2. La Bible soit lue dans la vie.
L’objectif principal d’une pastorale biblique est, plus que diffuser la Bible pour la lire, interpréter la vie à l’aide de la Bible. Les communautés chrétiennes, les groupes, les mouvements formés à la connaissance de la Bible croient fermement que Dieu leur parle directement et ils considèrent qu’elle a été écrite pour chaque personne.
3. La Bible soit lue à la lumière de la foi.
Pour le peuple des croyants, la lecture de la Bible est l’exercice de la foi. En effet, la Bible doit être lue dans un climat de prière de manière à ce que l’Esprit puisse en éclairer le sens et nous en révéler la réalité au travers de laquelle le Seigneur nous parle. La Lectio divina représente un moyen privilégié qui, avec ses quatre temps: lecture, méditation, prière et contemplation, favorise la rencontre personnelle avec le Christ (A 249).
4. Comme force de transformation
La communauté chrétienne prend au sérieux la Parole de Dieu. Elle ne la lit pas seulement pour la comprendre mais aussi pour essayer de la mettre en pratique. Le peuple cherche dans la Bible un sens à sa vie et le trouve parce qu’il a la certitude que c’est Dieu lui-même qui lui parle. La lecture de la Bible conduit à la conversion parce qu’il s’agit d’un livre qui a autorité, inspiré par Dieu et qui demande obéissance.

- S. Exc. Mgr Eugène Lambert Adrian RIXEN, Évêque de Goiás (BRÉSIL)

Une des grandes conquêtes du cheminement biblique dans notre pays fut la découverte que la Bible est le livre privilégié de la catéchèse, qui n'a pas accompli sa mission si le fidèle n’a pas découvert l'importance d'avoir la Parole de Dieu entre ses mains et de la vivre. Sans aucun doute, par la transformation et la mobilisation qu'elle provoque, la Bible, au Brésil, est le livre le plus lu, aimé, admiré et vécu par les fidèles. Entre nous, un projet catéchétique ne partant pas de la Bible et ne conduisant pas à la Bible, est inacceptable.
Dans notre pays, la catéchèse a comme première source l'Ecriture Sainte qui, lue, expliquée et priée dans le contexte de la Tradition et du Magistère, donne le point de départ, le fondement et la norme de ce qui est transmis aux fidèles afin que tous soient disciples missionnaires de Jésus Christ, fervents, dynamiques et prophètes. Et une des caractéristiques de la catéchèse entre nous est qu’elle œuvre pour que les fidèles découvrent la manière dont Dieu agit aujourd’hui, ici et encore, à l’endroit où il nous a mis pour témoigner son amour et son action libératrice.
Il est important ici de reprendre ce qu'ont affirmé les évêques présents à la Seconde Conférence Episcopale Latino-américaine, à Medellín (1968): “Dans la catéchèse, il doit être pris comme source principale la Sainte Ecriture, lue dans le contexte de la vie, à la lumière de la Tradition et du Magistère de l'Eglise, transmettant, en plus de cela, le symbole de la foi; par conséquent, il sera donné de l'importance à l'apostolat biblique diffusant la Parole de Dieu, formant des groupes bibliques” (cf. Medellín).
A Saint-Domingue, en 1992,. il fut également rappelé l'importance de la. Bible dans la catéchèse: “la Nouvelle Evangélisation doit accentuer une catéchèse kérygmatique et missionnaire. Il est nécessaire, pour la vitalité de la communauté ecclésiale d'avoir davantage de catéchistes et d'agents de pastorales, possédant une solide connaissance de la Bible, qui forment à la lire, à la lumière de la Tradition et du Magistère de l'Eglise et pour illuminer, à partir de la Parole de Dieu, sa propre réalité personnelle, communautaire et sociale” (SD, 49).
La Cinquième Conférence, en 2007, confirme avec force une catéchèse biblique, kérygmatique, missionnaire et mystagogique. Elle rappelle l'importance de commencer par le Kérygme, guidé par la Parole de Dieu qui approche la personne de Jésus Christ, menant à la conversion et à l'engagement dans· une communauté ecclésiale où mûrissent la pratique sacramentelle et le service (cf. DA. 288). La Catéchèse doit être mystagogique, c'est-à-dire avoir un caractère expérimental, liturgique, célébratif et priant (cf. DA. 289). Et met en évidence que “l'initiation chrétienne donne la possibilité d'un apprentissage graduel dans la connaissance, l'amour et la marche à la suite du Christ” (DA. 291).
Il faut reprendre, comme l'affirme le “Lineamenta”, le ministère de la Parole dans la prédication pastorale, dans la catéchèse et dans toute forme d’instruction chrétienne. L'homélie liturgique doit occuper une place privilégiée dans la célébration, s'alimenter salutairement et se revigorer saintement de la Parole de l'Ecriture” (cf. Lineamenta, n 23).
Il est nécessaire de valoriser davantage l'importance de la lecture priante de la Bible au niveau personnel et communautaire et de promouvoir une catéchèse qui soit une initiation à la Sainte Ecriture qui vivifie les programmes catéchétiques et les propres catéchismes, la prédication et la piété populaire (cf. Instrumentum Laboris, n 32).
Dans toute catéchèse intégrale, se doivent toujours d'être unies de manière inséparable la connaissance de la Parole de Dieu, la célébration de la foi dans les sacrements et la profession de la foi dans la vie quotidienne (cf. Synode de 1977, Message au Peuple de Dieu, n. 11).

- S. Exc. Mgr Patrick Altham KELLY, Archevêque de Liverpool (ANGLETERRE)

Dialogue avec les Juifs et les Musulmans
La nature du dialogue dans d’autres disciplines
Les implications des convictions enracinées dans les événements spécifiques dans la fidélité des Juifs, des Chrétiens, des Musulmans.
Le Nouveau Testament à la fois comme un témoignage à une seule Personne et aux événements spécifiques mais témoignant de telle sorte que le dialogue est essentiel pour une fidélité à ce texte de base et ainsi, peut-être, en dépit du fait de porter un témoignage à Quelqu’un et aux événements spécifiques, sans être un obstacle à priori, au dialogue avec les Juifs et les Musulmans.

- S. Exc. Mgr Paolo PEZZI, F.S.C.B., Archevêque de la Mère de Dieu à Moscou (FÉDÉRATION RUSSE)

En ce moment historique que nous vivons actuellement, la Parole de Dieu ne doit pas être séparée de l’événement du Christ Lui-même. Il est le Logos, la communication du Père, Son image(cf. Col 1,15). Nous ne pouvons pas oublier, non plus, que c’est grâce à l’oeuvre et sur suggestion même de l’Esprit, que les paroles et les actions de Jésus nous ont été transmises. Sa vie nous a été transmise et cette transmission dure encore de nos jours. C’est en ce sens que les paroles avec lesquelles Benoît XVI débute son encyclique sur la charité sont incisives: “À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive”.
Dans le relativisme actuel, qui tend à niveler toute différence, de sorte que toutes les paroles sont valables et aucune d’elles ne l’est plus d’une autre, où tout est ramené à un jeu d’opinions, la parole biblique doit s’incarner dans la beauté de ses témoins, si elle veut attirer le monde vers la vérité. Dans Le Document de travail (48), il est observé, avec perspicacité, que “faisant de la Parole de Dieu et des Saintes Écritures l'âme de la pastorale [l’évêque] est capable de conduire les fidèles à rencontrer le Christ” [...] « afin qu'à travers leur propre expérience, les fidèles voient que les paroles de Jésus sont esprit et vie (cf. Jn 6,63). [...]”.
L’annonce de la Parole de Dieu doit, donc, avoir comme objectif celui de mettre les personnes, pour ainsi dire, en présence d’une Personne vivante: être témoins de la Personne de Jésus Christ, Logos fait chair. Ou, selon les splendides paroles de saint Paul: elle doit “dessiner le Christ crucifié devant les yeux” des hommes. La Parole de Dieu est la source d’une authentique et toujours plus approfondie connaissance du Christ, de la “connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ” (2 Co 4,6). Cette splendeur du Christ allume en nous un feu, devient désir d’en porter témoignage.
Il est dit dans le Document de travail (54) que “l'écoute de la Parole de Dieu est prioritaire pour notre engagement œcuménique”. Il faut que, chez les chrétiens, se renouvelle cette tension envers la personne même du Christ, le désir d’en connaître plus profondément le mystère. À travers la rencontre avec le Verbe qui s’est fait chair, rendue possible par l’Esprit, nous redécouvrons la communion avec Lui: c’est la force de l’Esprit du Christ ressuscité qui attire le peuple dispersé vers Son unique corps.

- Très Rév. P. Antonio PERNIA, S.V.D., Supérieur Général de la Société du Verbe Divin

Me référant à la troisième partie du Document de travail, j’approuve l’approche adoptée dans cette section, à savoir la centralité de la Parole de Dieu dans la mission de l’Église et je souhaite le faire en proposant une nouvelle formulation du titre de cette section, en disant: “la Parole de Dieu EST la mission de l’Église”.
L’idée se base sur l’affirmation du Concile Vatican II se référant à l’origine trinitaire de la mission (AG 1-2, 9). Ici, la vision est celle du Dieu Trine en tant que communion et dialogue entre le Père, le Fils et le Saint Esprit. Cette communion intérieure ou ce dialogue inonde – ou pour mieux dire embrasse – la création et l’histoire. Dès lors, la mission est le dialogue en cours entre le Dieu Trine et le monde et l’humanité, un dialogue qui invite et attire l’humanité dans une pleine communion avec la communauté divine. L’agent primaire de ce dialogue de Dieu en cours avec le monde est la Parole de Dieu lui-même. Jésus, le Verbe incarné, est la Parole de Dieu adressée à l’humanité. Il est le dialogue en cours avec le monde. Le divin Logos est le dia-logus de Dieu avec le monde. L’Église existe afin de collaborer au dialogue en cours entre Dieu et le monde. La Parole de Dieu est sa raison d’être, la substance de sa vie, le coeur de son activité.
Dès lors, sous l’objectif de la Parole de Dieu, la mission de l’Église doit être comprise en termes de dialogue. En effet, l’Évangile que nous proclamons est l’invitation de Dieu au dialogue. Nous devons donc considérer les différents groupes avec lesquels nous cherchons de partager l’Évangile (IL 42) comme des “partenaires du dialogue”. Cependant, le dialogue implique que l’évangélisation ne soit pas une action unidirectionnelle mais un échange réciproque de dons entre le missionnaire et les personnes. Par conséquent, le missionnaire doit être prêt à évangéliser et à être évangélisé, à parler et à écouter, à donner et à recevoir. Le document de Vatican II, Dei Verbum, le dit bien: “Dei Verbum audiens et proclamans”: “Quand il écoute religieusement et proclame hardiment la parole de Dieu” (DV 1). L’Église missionnaire proclame la Parole de Dieu, mais l’écoute également – telle qu’elle est révélée dans les Saintes Écritures, mais aussi dans “les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent” (GS 1).
Les hommes et femmes consacrés, surtout les missionnaires qui sont engagés dans une mission aux frontières de notre foi et aux marges de la société, peuvent constituer une “aide à l’écoute” de l’Église en s’efforçant d’écouter la Parole de Dieu révélée, surtout dans les vies des personnes, dans la recherche de ceux qui cherchent Dieu, dans les traditions religieuses et culturelles des personnes d’autres fois, dans les aspirations des pauvres et des marginaux. En cela, la vie consacrée peut contribuer à faire de l’Église une communauté qui ne proclame pas seulement, mais écoute aussi – “Dei Verbum audiens et proclamans”.

 

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