

SYNODE DES ÉVÊQUES
INTERVENTIONS
XII ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
5-26 OCTOBRE 2008
La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission
de l'Église
07 - 07.10.2008
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S. Exc. Mgr Maurice PIAT, C.S.Sp., Évêque de Port-Louis (ILE MAURICE)
La crise de la transmission de la foi dans les sociétés de " Chrétienté "
s'explique en grande partie par le fait que, dans ces sociétés, l'Église
jouissant d'une certaine sécurité, a eu tendance à prendre la foi pour acquise,
à privilégier l'enseignement de la doctrine et à négliger la Parole de Dieu dans
le processus de transmission.
Faute de prendre appui sur le Roc de la Parole, l'édifice doctrinal et moral
devient comme une maison construite sur le sable et résiste mal aux tsunamis de
la culture numérique moderne.
D'où l'urgence de retrouver la place de la Parole de Dieu comme fondement de la
vie et de la mission de l'Eglise.
La Parole est fondement quand elle est accueillie comme l'événement de Dieu qui
nous parle de lui-même et s'adresse à nous comme à des amis pour nous inviter à
partager sa vie. Cette parole ne cherche pas à convaincre des esprits curieux,
mais à susciter la foi dans le coeur des humbles.
Ainsi proposer la foi ce n'est pas d'abord transmettre un contenu impressionnant
mais une invitation laquelle est toujours associée à une promesse, "venez et
vous verrez ". La mission c'est ainsi inviter à se mettre en route comme un
humble pèlerin.
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S. Exc. Mgr George PUNNAKOTTIL, Évêque de Kothamangalam des Syro-Malabars (INDE)
L’approche des Églises orientales se situe plus sur une ligne pastorale (les
Pères orientaux font l’objet de peu d’attention au sein du Document de travail,
avec seulement huit citations!).
L’Église dans la tradition patristique insiste sur deux aspects: 1) ecclésial;
2) spirituel. La Bible est la Parole de Dieu dans l’Église. Les personnes de
leur propre chef ne peuvent pas découvrir l’inspiration ou décider du canon.
Ceux-ci sont garantis par l’Église. La Parole de Dieu est enchâssée dans la
tradition. Actuellement la Bible ne requiert plus le soutien de la tradition
pour attester de son autorité et de sa vérité. La Tradition est enracinée dans
les Saintes Écritures et soutenue par l’Écriture Sainte. La Tradition contraire
à la Bible ne résistera pas. La Bible est la source primaire de la doctrine et
de la foi.
En second lieu, la Bible a une signification historique et spirituelle. Le sens
spirituel n’est pas contraire au sens littéraire. Il est basé sur lui. Le sens
spirituel est connu par “l’intelligence spirituelle”. Elle est considérée comme
l’”oeil intérieur de la foi”. Raisonner n’est pas suffisant. La contemplation
spirituelle de la Parole est requise. Les vrais théologiens sont de vrais
saints.
Lire présuppose un état de prière. La prière illumine l’esprit afin qu’il
saisisse ce qu’il lit. Lire la Parole doit conduire à la Parole substantielle
qui est Jésus.
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S. Exc. Mgr Guillermo José GARLATTI, Archevêque de Bahía Blanca (ARGENTINE)
La division tripartite sur la Parole de Dieu, présentée dans le Document de
travail, me paraît tout à fait excellente. Elle suit une optique à caractère
éminemment théologique et pastoral, et répond aux grands défis de l’Église
d’aujourd’hui qui, vivifiée par l’Esprit, est appelée à assumer l’engagement de
se manifester authentiquement en tant que sacrement de Jésus Christ.
Cependant, j’ai l’impression qu’il manque une unité intérieure dans le
développement des trois parties, ce qui fait qu’elles apparaissent, de la même
manière que les thèmes traités, comme juxtaposées ou superposées, sans une nette
relation de continuité entre elles par manque d’un appui théologique
unificateur. Pour surmonter ce problème, je pense que la “belle histoire du
salut” (cf. Document de travail 10) pourrait se transformer en une catégorie
théologique et servir, ainsi, de facteur unificateur.L’expression “histoire du
salut” apparaît par trois fois dans le Document de travail (n. 10, 25 et 34),
mais il ne semble pas qu’elle soit, ensuite, suffisamment développée et prise en
compte. Il s’agit d’un concept biblique et théologique d’une grande richesse et
d’une grande variété de sens, car elle met très fortement en relief la manière
d’agir de Dieu (pédagogie divine) dans les interventions salvifiques
successives: création, élection et formation du peuple de Dieu, alliance, Christ
comme centre et sommet de la révélation, Église.
Le concept d’”histoire du salut”, compris comme élément transversal sur lequel
s’appuie toute l’action salvifique de Dieu est, sans doute, la catégorie la plus
appropriée pour expliquer et comprendre la pédagogie divine qui s’exprime “en
parlant”, “en agissant” et “en dialoguant”, sans toutefois perdre de vue que “la
vérité profonde aussi bien sur Dieu que sur le salut de l'homme, c'est par cette
révélation qu'elle resplendit à nos yeux dans le Christ, qui est à la fois le
médiateur et la plénitude de la révélation tout entière” (DV 2).
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S. Exc. Mgr Sylvester Carmel MAGRO, O.F.M., Évêque titulaire de Salde, Vicaire
Apostolique de Benghazi (LIBYE)
Nombre de croyants ne connaissent pas le rôle de l’Eglise dans la formation du
Canon des Écritures.
Ils sont conscients de l’importance que l’Église accorde à la Parole de Dieu,
mais ne réussissent pas à apprécier le rôle du Magistère dans la détermination
du canon des Saints Livres.
Ils ne comprennent pas que, en dernier ressort, c’est l’Église qui a authentifié
la Bible.
Dans la réalité des faits, la Bible présuppose l’Église et dépend de l’Église
pour son authentification... L’Église précède les Écritures.
Par conséquent, il faudrait faire bien comprendre au Peuple de Dieu que, en fin
de compte, il devait y avoir une “quelque autorité” pouvant déterminer quels
livres devaient être considérés comme authentiques ou divinement inspirés, et
devaient donc faire partie de la liste officielle ou “canon” du Nouveau
Testament en particulier, et d’exclure le reste comme “apocryphes”, c’est-à-dire
manquant de l’inspiration divine.
“C’était l’autorité de l’Église qui a authentifié réellement les livres que nous
croyons aujourd’hui comme faisant partie de la Bible. Ce processus
d’identification a duré près de cinq siècles.
L’Église le conduisit après de longues enquêtes et prit des décisions à ce sujet
dans le cadre de conciles locaux et régionaux, durant lesquels la matière a été
amplement étudiée”.
Le “canon” chrétien complet ou liste des Écritures du Nouveau Testament a été
établi par saint Athanase en 367 mais accepté de manière universelle seulement
au Synode de Rome, en 380, et lors des Synodes d’Hippone et de Carthage (417).
“C’est l’Église qui est venue avant les Écritures; l’Église qui a produit les
Écritures avec l’aide divine et qui a préservé leur intégrité des menaces de
persécution et d’hérésie - c’est l’Église qui a rassemblé les Écritures dans un
livre - un livre qui soutient tous ceux qui se nomment chrétiens” (Scott Hahn).
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S. Exc. Mgr José Miguel GÓMEZ RODRÍGUEZ, Évêque de Líbano-Honda (COLOMBIE)
La structure ontologique de l’être humain, de chaque être humain, de tout être
humain, est essentiellement dialogique. Cette constitution de la personne
humaine dépend, en premier lieu, de sa condition de créature. Dieu nous a créés
pour que nous entrions en dialogue avec Lui. Et au fond de notre être, nous
découvrons une dynamique dialogale qui nous rend différents des autres êtres
dont nous faisons l’expérience. Ainsi, notre existence personnelle est, avant
tout, celle de personnes qui écoutent. L’être humain est constitué en tant que
tel par sa capacité à écouter Dieu. La personne parvient à son identité et à sa
dignité fondamentales au travers de l’écoute de la Parole de Dieu et par son
extraordinaire capacité à répondre à celle-ci avec tout son être, toute son
intelligence et toute sa volonté.
Il est nécessaire que l’Église rappelle à l’humanité ces vérités de manière à
trouver les solutions qu’elle ne trouve pas encore. Et il est urgent d’établir
les critères les plus adaptés en vue de l’interprétation authentique de la
Parole révélée. L’interprétation de la Bible échappe au caprice des relativismes
modernes, c’est pourquoi elle est incommode pour beaucoup. L’évangélisation et
la mission ad gentes sont indispensables et requièrent tout le zèle des
chrétiens qui savent que l’écoute et la réception attentive de la Parole sont
nécessaires à la vie du monde.
- S.
Exc. Mgr Orlando B. QUEVEDO, O.M.I., Archevêque de Cotabato, Secrétaire Général
des Conférences Épiscopales d'Asie(F.A.B.C.) (PHILIPPINES)
Référence: n° 12 et 13 du Document de travail. Dieu a prononcé sa Parole
spécialement pour le bien des pauvres (par ex: Am 2, 6-7; 4, 1; 5, 10-11; 8,
4-7; Jr 34, 8-17; Is 11, 4). Il a été leur refuge et leur libérateur. Jésus, le
Verbe Incarné, né de Marie, était pauvre, vivait avec les pauvres, se mêlait à
eux et à ceux qui étaient considérés comme des pécheurs. Ils sont devenus ses
disciples et il les appelait bienheureux. C’est à eux qu’il a proclamé le
Royaume de Dieu. Il a dit que nous devons être pauvres en esprit.
Incroyablement riche d’une splendide mosaïque de cultures et de religions
antiques, l’Asie est cependant un continent de pauvres, de déséquilibres
économiques et politiques, de divisions et de conflits ethniques. Notre sens
profond de la transcendance et de l’harmonie est érodé par une culture séculaire
et matérialiste mondialisante.
Toutefois, la Parole de Dieu en Asie appelle des milliers de petites communautés
de pauvres vers le Père, dans l’Esprit Saint. Et les pauvres, à leur tour,
écoutent la Parole de Dieu. Ce faisant, il construisent un “nouveau mode d’être
Église” - qui, en réalité, est très ancien - c’est-à-dire le mode de la première
communauté de Jérusalem (cf. Ac 2, 43-46 et 4, 32-35). Sous la conduite de leurs
Pasteurs ordinaires, de guides laïcs et de collaborateurs formés, les personnes
locales se réunissent chaque semaine dans les chapelles et dans les maisons pour
célébrer la liturgie de la Parole. Ils écoutent la Parole de Dieu, réfléchissent
sur la Parole, prient sur la Parole et discernent ensemble sur la manière
d’appliquer la Parole au quotidien. Ils reçoivent Jésus dans l’Eucharistie par
le biais de ministres extraordinaires laïcs de la Sainte Communion qui ont reçu
une formation.
Pour eux, la Parole de Dieu renforce la foi en les exhortant à participer
activement dans l’Église et aux changements sociaux. Ils constituent des
communautés ecclésiales de base, qui transforment les familles, les paroisses et
les diocèses en communautés vivantes et qui témoignent la Parole de Dieu dans un
environnement multireligieux très souvent hostile. Ce sont des communautés de
solidarité et d’amitié qui, à leur niveau et par leur façon d’être, mettent
fortement en question la culture moderne du sécularisme et du matérialisme.
Dans une certaine mesure, ils peuvent encore aujourd’hui faire résonner des
paroles de Jean, le disciple bien-aimé: “ce que nous avons vu et entendu, nous
vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à
notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ” (1Jn 1,
3).
-
Très P. Giorgio NALIN, R.C.I., Supérieur Général des Rogationistes du Cœur de
Jésus
Nous considérons la dimension vocationnelle de la Parole de Dieu dans une double
perspective: a) la Parole de Dieu est un appel en soi car elle agit d’une
manière efficace dans le cœur de ceux qui l’accueillent; b) la Parole de Dieu
contient des figures, des histoires et des réflexions qui racontent les appels
de Dieu lancés à des personnages bibliques en vue d’une mission: tous les appels
ont pour modèle la vocation et la mission, unique et définitive du Fils Jésus
Christ par laquelle il accomplit le projet salvifique du Père.
Il faut souligner que la définition de “vocation” est étroitement liée au
devenir de la personne humaine en tant que telle, dès sa naissance jusqu’à la
fin de son existence. C’est pourquoi chaque personne, par le fait qu’elle vit
dans le monde, est aimée de Dieu et est appelée à se réaliser selon un projet
d’amour qui donne un sens à son existence. Selon la conception biblique, l’homme
“n’a pas la vocation” comme si elle était un objet de possession, mais “Il doit
faire mûrir sa vocation” dans le cadre d’une découverte graduelle qui doit
s’accomplir en relation avec le projet de Dieu. D’où la nécessité de replacer au
centre le rôle de la Parole de Dieu qui éclaire le chemin vocationnel de chaque
personne. La rencontre avec la Parole produit un certain nombre de conséquences:
- Une première conséquence est de type anthropologique: la Parole donnée à la
liberté de l’homme, définit l’être humain comme une “identité responsoriale”.
- L’événement de la Parole de Dieu souligne la valeur théologique car la Parole
de Dieu communiquée par le biais de l’Écriture Sainte ouvre l’homme à la
transcendance de Dieu, à l’être même du mystère trinitaire.
- La Parole de Dieu et en particulier l’Écriture Sainte jouent un rôle
pédagogique, éduquant l’auditeur à écouter la Parole, à se confronter à son
message et à prendre position face à lui-même et à son histoire.
- La Parole trouve, dans le contexte de la prière liturgique sa forme la plus
haute et la plus profonde. L’accueil de la Parole implique une attitude
d’accueil et de silence intérieur.
- La dimension de témoignage de la Parole de Dieu: elle demande à être déclinée
non seulement à l’intérieur de la communauté chrétienne, mais dans la mission
vers le monde et dans l’évangélisation des peuples.
- S. Exc.
Mgr Desiderius RWOMA, Évêque de Singida (TANZANIE)
La Parole de Dieu comme hymne à de nombreuses voix. À ce propos, il est opportun
de rappeler les paroles de saint Augustin, le grand évêque africain. Dans son
Johannes Tractatus 12, 5 , saint Augustin affirme: “Sonat Psalmus, vox est
Spiritus. Sonat Evangelium, vox est Spiritus. Sonta Sermo divinus, vox est
Spiritus”.
Il est intéressant de noter que le grand saint affirme clairement que le Psaume,
l’Évangile et l’Homélie (prédication) sont toutes des voix de l’Esprit, mais
lorsqu’il parle de sermon/ prédication/homélie, il le qualifie, ce qui est
surprenant, de “Sermo divinus”. Cet adjectif montre bien l’importance que saint
Augustin attribue à l’homélie et à la prédication en général. Ce qu’affirme
saint Augustin reflète l’attitude de l’ensemble des Pères de l’Église. Par
exemple, pour sa prédication, Jean d’Antioche a été appelé Chrysostome
c’est-à-dire bouche d’or. On raconte que même les païens allaient écouter les
prédications de saint Grégoire de Naziance. Sa prédication lui valut le nom de
‘ho thoelogos’, c’est-à-dire le théologien qui parle au nom de Dieu.
L’attitude des Pères de l’Église envers la Parole et la prédication représente
un défi pour nous. Quand nous parlons de personnes tièdes envers les questions
de notre foi et du phénomène des sectes religieuses, qui se répandent à une
vitesse inquiétante dans de nombreuses régions du monde, peut-être les causes
sont-elles à rechercher dans le manque d’une prédication bonne et adaptée de la
part des ministres.
Pour les fidèles chrétiens, ils l’ont fait au travers d’une mystagogie
permanente et, pour les catéchumènes, par l’intermédiaire d’une catéchèse
intense. Leur prédication était irrésistible. Ils prêchaient toujours pour
célébrer le Ressuscité.
Le Concile Vatican II affirme avec emphase qu’à travers l’homélie, “on explique
à partir du texte sacré les mystères de la foi et les normes de la vie
chrétienne...” (SC 52). Le Synode sur la Parole de Dieu est un temps propice
pour réfléchir sur cela et sur la prédication de l’Église en général. Nous
devons revenir à la prédication mystagogique des Pères de l’Église, qui aide
l’Église en général à générer des fils et des filles et à les nourrir en les
guidant dans les mystères de notre foi.
-
S. Exc. Mgr Anicetus Bongsu Antonius SINAGA, O.F.M. Cap., Archevêque Coadjuteur
de Medan (INDONÉSIE)
Nous apprécions, bien naturellement, le choix du texte biblique pour accompagner
nos efforts durant cet universel Synode des Évêques, qui annonce “Vivante, en
effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu'aucun glaive à deux
tranchants, elle pénètre jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit, des
articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du
cœur (He 4,12). En effet, l’un des officia fondamentaux des Évêques est celui de
“travailler de toutes leurs forces à ce que les œuvres d'évangélisation et
d'apostolat soient soutenues et développées avec ardeur par les fidèles” (CD
n.6).
Sans en mentionner les vraies raisons, nous, les Évêques, nous nous trouvons
devant une sorte d’engourdissement de la Parole de Dieu qui, parfois, perd de
son intensité. Notre tâche pastorale consiste à rechercher et probablement
apporter une réponse et des modes pour ne pas perdre l’actualisation de
“l’acuité et fonctionnalité” retrouvées de la Parole de Dieu. On devrait
s’efforcer de faire en sorte que “la parole du Seigneur accomplisse sa course et
soit glorifiée” (2 Th 3,1).
Alors que nous désirons que “tous... s’attachent aux Écritures par une lecture
assidue et une étude soigneuse” (Dei Verbum n. 25), il est aussi vrai que, si
d’une part notre ère est privilégiée ayant à disposition la Bible dans des
langues nationales et vernaculaires, d’autre part, les personnes, surtout celles
de notre époque, ont des lacunes dans la lecture et la connaissance des Saintes
Écritures. Il est donc souhaitable que le Synode des Évêques s’engage
sérieusement dans la recherche de voies et de méthodes pour surmonter cette
incapacité et cette difficulté chez le croyant.
En Indonésie, une tentative a été faite pour constituer une Commission biblique
de la Conférence des Évêques. L’objectif était de promouvoir cette tâche déjà
confiée de pastorale biblique à l’Association biblique, et non sous l’autorité
des Évêques.
En même temps, la Conférence des Évêques a proposé deux sortes de formation
biblique: une formation sous forme d’imprimés et une formation en groupes.
Préparant les matériels imprimés et électroniques (CD) sur des thèmes
particuliers - l’actuel thème biblique annuel est “Les Saintes Écritures pour
les enfants”- une équipe nationale de formateurs a été constituée pour la
formation et la préparation de ces groupes de formateurs, au niveau diocésain.
Sa forme qui, qui par la suite fonctionnera comme une équipe aux niveaux des
paroisses et des centres extérieurs, est intentionnellement organisée avec un
caractère de participation active à la formation. Tous les participants
prendront part à la dramatisation de la sainte bible, mémorisant de nombreux
versets des Saintes Écritures, sous forme de chant et de déclamation. De cette
façon, le matériel préparé ne se présente pas seulement sous la forme de textes
bibliques, mais aussi de matériels pour la récitation, la représentation sacrée,
de CD, d’instruments musicaux locaux, y compris la Bible pour la lecture. A
travers le programme internet, il est possible d’accéder à une quantité de
manuels électroniques. On essaie de promouvoir la Lectio divina, en adaptant des
moyens de moteurs de participation, avec des intervalles de musique appropriée
pour la méditation et l’intériorisation ou de silence. Tout particulièrement
pour les enfants, la célébration du Dimanche est préparée comme une formation
liturgique active, en alternant la Parole de Dieu et la Sainte Messe.
Il y a beaucoup à faire. Mais cette célébration présente toujours ce caractère
de festivité joyeuse et active, avec cette nuance de joyeuses Pâques dans notre
fonction dominicale pour les enfants. En favorisant la joie, la communication,
la visualisation, l’audition et la participation motrice active de cette
génération de la mondialisation, nous constatons avec plaisir que nos enfants
tiennent à participer à la fonction dominicale. D’une manière plus vaste, ils
accomplissent, eux aussi, un travail missionnaire en invitant des enfants
intéressés de foi différente, et grandissent dans l’amour de la recherche du
texte biblique dans les Saintes Écritures.
-
S. Exc. Mgr Salvatore FISICHELLA, Évêque titulaire de Voghenza, Président de
l'Académie Pontificale pour la Vie; Recteur Magnifique de l'Université
Pontificale du Latran à Rome (CITÉ DU VATICAN)
Dei Verbum n’a pas encore été découvert et développé dans sa grande intuition
qui a constitué un véritable progrès dogmatique. En effet, les Pères
conciliaires avaient récupéré le concept biblique de l’unicité de la source, en
permettant ainsi de comprendre l’Écriture Sainte insérée dans la vie de
l’Église, qui non seulement vit d’elle, mais a aussi la responsabilité de la
conserver vivante, intègre et féconde. De nombreux croyants interrogés sur ce
qu’ils entendent par “Parole de Dieu” répondent: la Bible. Ce n’est pas une
mauvaise réponse, mais elle est incomplète ou manifeste à tout le moins une
perception incomplète de la richesse présente dans l’expression et a pour
conséquence d’identifier le christianisme avec la “Religion du Livre”. Il est
nécessaire que nous évitions d’employer, dans notre langage, l’expression
équivoque “Les trois religions du livre”. Le christianisme est religion de la
“parole”. Il est important que nous nous engagions à construire une culture qui
voit l’Écriture Sainte comme une parole vivante, ouverte de manière dynamique à
la vérité de la révélation qu’elle contient. Si nous ne présentons pas cet
enseignement dans sa globalité dans les différents instruments dont nous
disposons pour la formation de notre peuple, nous risquons d’humilier la Parole
de Dieu parce que nous la réduisons exclusivement à un texte écrit qui n’a plus
la force provocatrice de donner du sens à la vie. L’Apôtre nous rappelle que:
“la parole de Dieu n'est pas enchaînée” (2Tm 2, 9).
Nous sommes toujours face au caractère inépuisable de la Parole de Dieu; elle
est comme le buisson qui brûle mais ne se consume pas. Nous sommes appelés à
exercer un ministère qui permet d’accéder à cette Parole de vie pour que toute
personne, en tout lieu de la terre, puisse comprendre son sens profond, pour
qu’elle puisse obtenir le salut. Dans une période comme la nôtre, où l’on tente
encore de marginaliser les textes sacrés comme porteurs de sens parce
qu’identifiés avec des mythes, privés de caractère historique et destinés aux
seuls naïfs, il est important de retrouver les formes nécessaires afin de
restituer la valeur historique et la provocation à propos du sens de
l’existence. Nous nous trouvons réellement face à une urgence éducative qui
remet le thème du salut au centre de notre vie de foi. C’est toujours Dei Verbum
qui nous rappelle que ce qui a été transmis et écrit “annonce l’Évangile” (DV
7). Les différentes tendances culturelles qui sont présentes dans le tissu
actuel non seulement ont dénaturé le sens du salut mais l’ont marginalisé en le
considérant inutile et illusoire. Présenter à nouveau la Parole de Dieu dans sa
globalité nécessite d’orienter son enseignement en le finalisant sur le thème de
notre salut.
- S. Exc.
Mgr Filippo SANTORO, Évêque de Petrópolis (BRÉSIL)
1. La Parole de Dieu est un fait; c’est la personne de Jésus Christ que les
Apôtres ont rencontré alors qu’il marchait le long de la mer de Galilée, et que
l’Église proclame comme étant quelqu’un que l’on peut rencontrer aujourd’hui sur
les routes de notre vie.
Cette annonce doit relever un défi, et ce défi est avant tout anthropologique.
Il s’agit de démontrer que ce fait est capable de dépasser l’espace et le temps
comme quelque chose qui ne décline pas, qui ne s’use pas et répond de manière
unique et singulière à l’attente du coeur de l’homme. L’expérience montre que
les choses brillent et se consument avec le temps; Mimnerme, le poète de la
Grèce antique, le disait déjà “comme les feuilles que la saison du printemps
fait germer”, et avec lui Arnault, Leopardi et la littérature de tous les temps.
Le moi lui-même déchoit et ce qui avait fasciné perd de sa valeur avec le temps,
se consume ou ne nous attire plus. La grande question, que pas même la culture
contemporaine ne peut nier, est la suivante: existe-t-il quelque chose qui
réalise pleinement les besoins du coeur et qui dure dans le temps, pour
toujours.
2. La dynamique de l’incarnation pose l’autre défi qu’il est important
d’approfondir: le défi de la méthode. La Parole faite chair indique non
seulement un contenu salvifique mais également une méthode par le biais de
laquelle les apôtres commencent à comprendre eux-mêmes. Dans la rencontre avec
Jésus, quelque chose, qui était assoupi en eux, se réveille et ils commencent à
entrevoir quelque chose de positif dans leur destin. La méthode impliquée par
l’incarnation, un thème que Don Giussani a particulièrement développé, consiste
à suivre cet événement au sein duquel le miracle se fait présent. Dans toutes
les rencontres bibliques avec Jean, André, Pierre, Zachée, la Samaritaine... en
suivant cet homme, on rencontrait l’autre, le destin, le Père. Cette même
méthode se poursuit après la Résurrection au travers de la rencontre avec le
corps visible du Christ, l’Église, dont Pierre est le chef.
Au cours de la Ve Conférence d’Aparecida, les Évêques d’Amérique latine, en
citant le discours inaugural du Pape Benoît, ont déclaré: “La nature même du
christianisme consiste donc à reconnaître la présence du Christ et à le suivre.
Telle est la merveilleuse expérience de ces premiers disciples qui, en
rencontrant Jésus, demeurèrent fascinés et pleins de stupeur face au caractère
exceptionnel de celui qui leur parlait, par la manière dont il les traitait,
apportant une réponse à la faim et à la soif de vie qui était dans leurs coeurs.
L’Évangéliste Jean nous a raconté, avec force icastique, l’impact que la
personne de Jésus produisit sur ses deux premiers disciples, Jean et André,
quand ils le rencontrèrent. Tout commença par la question: “Que cherchez-vous?”
(Jn 1, 38). À laquelle suivit l’invitation à vivre une expérience: “Venez et
voyez” (Jn 1, 39). Ce récit demeurera dans l’histoire comme une synthèse unique
de la méthode chrétienne.
C’est pour cette raison que, dans la discussion actuelle sur les ministères
extraordinaires, nous nous permettons d’observer que ceux-ci, à eux seuls, ne
suscitent pas la rencontre mais risquent d’augmenter la bureaucratisation de
l’Église. Seule l’action de l’Esprit suscite la rencontre et, comme Lumen
Gentium affirme au n. 12, Il est à l’origine des dons hiérarchiques et
charismatiques. Par ces charismes, l’Esprit montre le visage du Christ,
attrayant aussi pour l’homme d’aujourd’hui, et appelle à suivre la Parole faite
chair.



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