Saint Sophrone
naquit à Damas et se rendit recommandable plus par sa piété que
par ses connaissances. On
ne
dit rien de son enfance et de sa famille. On sait qu’il voyagea
énormément, pour rencontrer d’autres moines, pour en recueillir
les exemples.
Il rejoignit
cependant un saint moine de Jérusalem, Moschus, avec lequel il
se lia profondément d’amitié et voyagea beaucoup : Syrie,
Arabie, Monts Sinaï et Raïthe…
A Alexandrie, le
patriarche Jean l’Aumônier (fêté maintenant le 11 novembre) les
retint quelque temps, apprécia beaucoup les dons de Sophrone et
le chargea, plutôt que de voyager de par le monde, de combattre
l’erreur acéphale ou jacobite.
C’est sur ces
entrefaites que la Palestine fut envahie par les Perses, qui
emportèrent le saint Bois de la Croix avec le patriarche
Zacharie, et l’on craignit beaucoup de les voir déferler aussi
en Egypte. Il n’en fut rien.
Mais à la mort de
Jean l’Aumônier, Sophrone et son ami se remirent en marche :
Chypre, Samos, Rome, et auraient bien pu continuer encore
longtemps, visitant tous les grands monastères de l’Occident ,
mais Moschus mourut à Rome, et Sophrone revint sur ses pas. Il
portait avec lui la dépouille de son ami, ainsi que l’ouvrage
que ce dernier avait rédigé à Rome, le Pré spirituel, où
il consignait les exemples extraordinaires de pénitence, de
pauvreté, d’humilité qu’ils remarquèrent chez les moines.
Ayant donc d’abord
reporté les restes de son ami au monastère Saint-Théodose de
Jérusalem, Sophrone s’en vint à Alexandrie. Là, il se dépensa
beaucoup pour combattre l’hérésie du monothélisme.
Les Perses ayant
fait la paix, Sophrone put revenir à Jérusalem, où il fut choisi
trois ans après pour être patriarche. Comme tel, il réunit un
synode de tous les évêques de sa province où il maintint la
doctrine orthodoxe et dont il envoya les actes au pape Honorius
et au patriarche Sergius de Constantinople, qui avait toutefois
déjà prévenu le pape contre Sophrone. Ce dernier prépara alors
un ouvrage complet recueillant tous les témoignages de
l’Ecriture et des Pères pour établir l’existence des deux
volontés en Notre-Seigneur. Bien que cet ouvrage fondamental
soit aujourd’hui perdu, il servit grandement à la condamnation
définitive du monothélisme, lors du concile de Latran en 649.
Mais Sophrone ne
devait pas voir ce Concile. Comme pasteur il poursuivit l’œuvre
de son prédécesseur et veilla à rétablir la discipline et la
liturgie ancienne, à réformer les mœurs, à veiller au maintien
de la sainte doctrine.
En 636, il eut la
douleur de voir Jérusalem retomber aux mains des Sarrasins et
assista à de nouvelles calamités. Il s’exposa parfois jusqu’à la
mort pour sauver son troupeau. Omar lui accordait la liberté de
pratiquer la religion chrétienne, mais ne respecta pas vraiment
ses engagements, poussant même le sacrilège à vouloir pénétrer
dans le temple des juifs soi-disant pour y adorer le vrai Dieu,
en réalité pour y proférer d’abominables blasphèmes. Sophrone
déclara que c’était vraiment là l’abomination de la désolation.
Il tomba malade peu
après et mourut le 11 mars 639.
On a de lui des
discours et des sermons sur les fêtes, entre autre pour
l’Exaltation de la Sainte Croix ; un Pénitentiel, les Actes de
saint Cyr et saint Jean (31 janvier), une vie de sainte Marie
l’Egyptienne. D’autres traités aussi, dont une partie n’existe
qu’en traduction latine. |