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La dévotion au Christ-Roi
3-1-La Royauté de Jésus
L'expression
ÀChrist-Roi” était encore peu employée à cette époque. Pourtant
l'Écriture avait plusieurs fois révélé la Royauté du Messie, puis de
Jésus. Isaïe avait déjà présenté le Messie attendu par le peuple
juif comme le PRINCE DE LA PAIX. Plus tard, à plusieurs reprises la
foule voulut proclamer Jésus Roi. Mais la royauté de Jésus n'étant
pas de ce monde, Il s'enfuyait dans la montagne chaque fois que le
peuple voulait le faire Roi. Ce n'est que lorsque son Heure fut
venue que Jésus se déclara ouvertement Roi. À plusieurs reprises,
durant sa Passion, Jésus fut présenté, ou se présenta Lui-même,
comme le Roi des juifs :
– Es-Tu le Roi des
juifs, lui demanda Pilate.
– Tu l'as dit, je le
suis.
Après l'avoir flagellé,
les soldats se moquèrent de Lui : ils mirent une couronne d'épines
sur sa tête, et se prosternant devant Lui, ils disaient :
– Salut, Roi des
Juifs.
Enfin, et cela est
essentiel, la cause immédiate de l'accusation de Jésus, c'était de
s'être proclamé “Roi des Juifs”. Cette accusation fut même le motif
de sa condamnation à mort, motif retenu par Pilate qui inscrivit sur
le panneau en haut de la croixÀ: “Jésus de Nazareth, roi des
juifs”, au grand dam des membres du Sanhédrin. Mais, ce qui
était écrit, était écrit, et Pilate ne voulut rien changer.
Après sa résurrection, quand il confia
aux Apôtres la charge d'enseigner et de baptiser toutes les nations,
Jésus déclara que “toute puissance lui avait été donnée au ciel
et sur la terre”,
affirmant ainsi sa Royauté sur le monde entier.
3-2-L'encyclique Quas primas de Pie
XI (11 décembre 1925)
L'Église savait
parfaitement que Jésus était Roi, mais son Royaume n'était pas de
ce monde... Pourtant, le 11 décembre
de l'Année sainte 1925, la quatrième de son Pontificat, le pape Pie
XI, dans sa lettre encyclique Quas Primas, de
l'Institution d'une Fête du Christ-Roi,
déclarait son intention d'instituer une
Fête du Christ-Roi. Le Saint-Père déclarait, notamment :
« Nous recherchions la cause intime des
calamités contre lesquelles, sous Nos yeux, se débat, accablé, le
genre humain... Nous proclamions ouvertement deux choses: l'une, que
ce débordement de maux sur l'univers provenait de ce que la plupart
des hommes avaient écarté Jésus-Christ et sa loi très sainte des
habitudes de leur vie individuelle aussi bien que de leur vie
familiale et de leur vie publique...
C'est pourquoi, après avoir affirmé qu'il
fallait chercher la paix du Christ par le règne du Christ, Nous
avons déclaré Notre intention d'y travailler dans toute la mesure de
Nos forces; par le règne du Christ, disions-Nous, car, pour ramener
et consolider la paix, Nous ne voyions pas de moyen plus efficace
que de restaurer la souveraineté de Notre Seigneur. »
Et Pie XI de rappeler le XVIe
centenaire du Concile de Nicée, lequel Concile proclamait comme
dogme de foi catholique la consubstantialité du Fils unique de Dieu
avec son Père, et, en insérant dans sa formule de foi ou Credo
les mots cuius regni non erit finis,
affirmait du même coup la dignité royale du Christ. Et le pape Pie
XI, accédant aux suppliques individuelles ou collectives de nombreux
cardinaux, évêques ou fidèles, poursuit : « Nous clôturerons donc
cette année par l'introduction, dans la liturgie de l’Église, d'une
fête spéciale en l'honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ Roi. »
Pie XI explique ensuite :
« Depuis longtemps, dans le langage
courant, on donne au Christ le titre de Roi au sens métaphorique...
et l'on dit :
– qu'il règne sur les intelligences
humaines,
– qu'il règne sur les volontés humaines,
– On dit enfin qu'il est le Roi des
cœurs » (Quas primas N° 4)
« Que le Christ soit Roi, ne le
lisons-nous pas dans maints passages des Écritures! C'est lui le
Dominateur issu de Jacob,
le Roi établi par le Père sur Sion, sa montagne sainte, pour
recevoir en héritage les nations et étendre son domaine jusqu'aux
confins de la terre,
le véritable Roi futur d'Israël, figuré, dans le cantique nuptial,
sous les traits d'un roi très riche et très puissant, auquel
s'adressent ces paroles: Votre trône, ô Dieu, est dressé pour
l'éternité; le sceptre de votre royauté est un sceptre de droiture. »
Pie XI s'appuie ensuite sur le célèbre
texte d'Isaïe :
« À ces témoignages s'ajoutent, encore
plus nombreux les oracles des prophètes et notamment celui, bien
connu, d'Isaïe : Un petit
enfant... nous est né, un fils nous a été donné. La charge du
commandement a été posée sur ses épaules. On l'appellera
l'Admirable, le Conseiller, Dieu, le Fort, le Père du siècle futur,
le Prince de la paix. Son empire s'étendra et jouira d'une paix sans
fin; il s'assoira sur le trône de David et dominera sur son royaume,
pour l'établir et l'affermir dans la justice et l'équité, maintenant
et à jamais. »
D'ailleurs, affirme Pie XI, les autres
prophètes ne s'expriment pas différemment.
Tel Jérémie, annonçant dans la race de
David un germe de justice, ce fils de David qui “régnera
en roi, sera sage et établira la justice sur la terre”.
Tel Daniel, prédisant la constitution par le Dieu du ciel d'un
royaume “qui ne sera jamais renversé... et qui durera
éternellement” ;
et, peu après, Jérémie ajoute : “Je regardais durant une vision
nocturne, et voilà que, sur les nuées du ciel, quelqu'un s'avançait
semblable au Fils de l'homme; il parvint jusqu'auprès de l'Ancien
des jours... et celui-ci lui donna la puissance, l'honneur et la
royauté... et son royaume sera incorruptible.”
Et tel Zacharie,
“prophétisant l'entrée à Jérusalem, aux acclamations de la foule, du
juste et du sauveur, le Roi plein de mansuétude monté sur une ânesse
et sur son poulain:
les saints évangélistes n'ont-ils pas constaté et prouvé la
réalisation de cette prophétie ?...”
(Quas primas N° 6)
Pie XI rappelle ensuite le message de
l'Archange Gabriel à la Vierge Marie : elle engendrera un fils à qui
le Seigneur Dieu donnera le trône de David ; il régnera
éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n'aura point de
fin.
« Dès lors,
confirme Pie XI, faut-il s'étonner
qu'il soit appelé par saint Jean le Prince des rois de la terre
ou que, apparaissant à l'Apôtre dans des visions prophétiques, il
porte écrit sur son vêtement et sur sa cuisse: Roi des rois et
Seigneur des seigneurs.
Le Père a, en effet, constitué le Christ héritier de toutes choses ;
il faut qu'il règne jusqu'à la fin des temps, quand il mettra tous
ses ennemis sous les pieds de Dieu et du Père.
(Quas primas N° 6) En
d'autres termes, son pouvoir royal repose sur cette admirable union
qu'on nomme l'union hypostatique. » (Quas primas N° 8)
Cependant nous ne devons jamais oublier
que le Royaume de Jésus-Christ n'est pas de ce monde, et chaque fois
que la foule voudra le faire roi, Jésus se dérobera. Puis, lorsque
devant Pilate il affirmera sa Royauté, Jésus ajoutera immédiatement
que son royaume n'est pas de ce monde. Et Pie XI précise, dans son
encyclique : « Ce royaume s'oppose uniquement au royaume de Satan
et à la puissance des ténèbres; à ses adeptes il demande non
seulement de détacher leur cœur des richesses et des biens
terrestres, de pratiquer la douceur et d'avoir faim et soif de la
justice, mais encore de se renoncer eux-mêmes et de porter leur
croix. C'est pour l’Église que le Christ, comme Rédempteur, a versé
le prix de son sang ; c'est pour expier nos péchés que, comme
Prêtre, il s'est offert lui-même et s'offre perpétuellement comme
victime : qui ne voit que sa charge royale doit revêtir le caractère
spirituel et participer à la nature supraterrestre de cette double
fonction ? » (Quas primas N° 11)
Pie XI peut alors faire siennes les
paroles de Léon XIII : « Son empire ne s'étend pas exclusivement
aux nations catholiques ni seulement aux chrétiens baptisés, qui
appartiennent juridiquement à l’Église même s'ils sont égarés loin
d'elle par des opinions erronées ou séparés de sa communion par le
schisme ; il embrasse également et sans exception tous les hommes,
même étrangers à la foi chrétienne, de sorte que l'empire du Christ
Jésus, c'est, en stricte vérité, l'universalité du genre humain. »
Pie XI déplore ensuite combien a diminué
le respect dû à l'autorité dont les bases mêmes furent renversées
dès lors qu'on supprimait la raison fondamentale du droit de
commander pour les uns, du devoir d'obéir pour les autres. Mais il
ajoute immédiatement une note d'espérance : « Pourquoi donc, si
le Royaume du Christ s'étendait de fait comme il s'étend en droit à
tous les hommes, pourquoi désespérer de cette paix que le Roi
pacifique est venu apporter sur la terre ? Il est venu tout
réconcilier ;
il n'est pas venu pour être servi, mais pour servir;
maître de toutes créatures, il a donné lui-même l'exemple de
l'humilité et a fait de l'humilité, jointe au précepte de la
charité, sa loi principale; il a dit encore : Mon joug est doux à
porter et le poids de mon autorité léger
. »
(Quas primas N° 14 et 15)
D'où l'urgente nécessité qui s'impose :
« Pour que la société chrétienne
bénéficie de tous ces précieux avantages et qu'elle les conserve, il
faut faire connaître le plus possible la doctrine de la dignité
royale de notre Sauveur. Or, aucun moyen ne semble mieux assurer ce
résultat que l'institution d'une fête propre et spéciale en
l'honneur du Christ-Roi. Car, pour pénétrer le peuple des vérités de
la foi et l'élever ainsi aux joies de la vie intérieure, les
solennités annuelles des fêtes liturgiques sont bien plus efficaces
que tous les documents, même les plus graves, du magistère
ecclésiastique. Ceux-ci n'atteignent, habituellement, que le petit
nombre et les plus cultivés, celles-là touchent et instruisent tous
les fidèles ; les uns, si l'on peut dire, ne parlent qu'une fois;
les autres le font chaque année et à perpétuité ; et, si les
derniers s'adressent surtout à l'intelligence, les premières
étendent leur influence salutaire au cœur et à l'intelligence, donc
à l'homme tout entier.
Composé d'un corps et d'une âme, l'homme
a besoin des manifestations solennelles des jours de fête pour être
saisi et impressionné ; la variété et la splendeur des cérémonies
liturgiques l'imprègnent abondamment des enseignements divins; il
les transforme en sève et en sang, et les fait servir au progrès de
sa vie spirituelle. »
Pie XI rappelle ensuite comment l'Église,
au cours de l'histoire, fut amenée à instituer des fêtes liturgiques
solennelles pour ranimer le courage des fidèles persécutés ou en
butte aux hérésies. Et il nomme les
fêtes instituées en l'honneur de la
bienheureuse Vierge Marie, ou bien la Fête-Dieu, « établie quand
se relâchèrent le respect et la dévotion envers le Très Saint
Sacrement;" ou encore la fête du Sacré Cœur de Jésus, "instituée
à l'époque où, abattus et découragés par les tristes doctrines et le
sombre rigorisme du jansénisme, les fidèles sentaient leurs cœurs
glacés et en bannissaient tout sentiment d'amour désintéressé de
Dieu ou de confiance dans le Rédempteur ». (Quas primas N° 17)
À son tour, Pie XI peut décider :
« C'est ici Notre tour de pourvoir aux nécessités des temps
présents, d'apporter un remède efficace à la peste qui a corrompu la
société humaine. Nous le faisons en prescrivant à l'univers
catholique le culte du Christ-Roi. La peste de notre époque, c'est
le laïcisme, ainsi qu'on l'appelle, avec ses erreurs et ses
entreprises criminelles. » (Quas primas N° 18)
« La fête, désormais annuelle, du
Christ-Roi Nous donne le plus vif espoir de hâter le retour si
désirable de l'humanité à son très affectueux Sauveur... En
conséquence, en vertu de Notre autorité apostolique, Nous instituons
la fête de Notre-Seigneur Jésus-Christ-Roi.
Nous ordonnons qu'elle soit célébrée dans
le monde entier, chaque année, le dernier dimanche d'octobre,
c'est-à-dire celui qui précède immédiatement la solennité de la
Toussaint. Nous prescrivons également que chaque année, en ce même
jour, on renouvelle la consécration du genre humain au Sacré Cœur de
Jésus, consécration dont Notre Prédécesseur Pie X, de sainte
mémoire, avait déjà ordonné le renouvellement annuel... »
(Quas primas N° 19)
Nous sommes le 11 décembre 1925. La
première fête officielle du Christ-Roi n'aura lieu qu'au mois
d'octobre suivant, en 1926. Et voici que le 14 août 1926, une petite
jeune fille, très pieuse, Olive Danzé, entre au monastère des
Bénédictines du Saint-Sacrement, rue Tournefort à Paris. Bientôt
Olive prendra le nom de Sœur Marie du Christ-Roi, et il semble
qu'elle soit chargée, par Jésus Lui-même, de faire construire, dans
l'enceinte de son monastère, un sanctuaire qui serait consacré sous
le vocable du Christ-Roi. Comment Olive pourra-t-elle remplir
une telle mission ?
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