Sibillina Biscossi
Religieuse dominicaine, Sainte
1287-1367

Sibillina naquit à Pavie, et fut bien vite orpheline de père et mère, de sorte qu’elle n’eut d’autre ressource que de se mettre en service toute gamine. A douze ans, elle était aveugle.

Des tertiaires dominicaines la recueillirent et lui apprirent à faire oraison, à réciter l’office, pour la préparer à entrer en religion, selon le désir qu’elle leur exprimait. La petite fille pria avec ferveur pour être guérie le jour de la saint Dominique, mais elle comprit plutôt ce jour-là, dans une vision, qu’elle ne guérirait pas, et qu’elle devrait acheter les clartés de l’éternelle vie au prix de la cécité corporelle. Elle prit donc le parti de vivre en recluse dans une cellule contiguë à l’église des Dominicains : elle n’avait que quinze ans. On lui imposa pour compagne une sœur, Beatrice, qui vécut près d’elle un certain temps, puis succomba aux rigueurs de son genre de vie.

Les pénitences de Sibillina furent effroyables, surtout pendant les premières années : la plus terrible venait du froid ; pendant les longs mois d’hiver où, dans les plaines de la Lombardie, le ciel est gris, nuageux et bas, la cellule de la recluse restait sans feu ; il n’y en avait pas davantage dans la vaste église de briques dédiée à saint Thomas d’Aquin ; en toute saison, Sibillina portait les mêmes vêtements grossiers. Les génuflexions et prostrations n’arrivaient pas à réchauffer ses mains gelées, crevassées, pleines d’engelures. Elle y ajoutait des flagellations très rudes. Son seul mobilier : une sorte de table étroite et longue sous la fenêtre de sa cellule, où elle dormait, mangeait, s’agenouillait ou s’asseyait pour s’entretenir avec ses visiteurs.

Ceux-ci vinrent en effet la consulter, de plus en plus nombreux : habitants de Pavie, nobles ou petits, évêques, religieux, elle avait un conseil autorisé pour chacun ; elle avait un sens intime des choses cachées ; elle avait conscience même physiquement de la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie.

Sa réclusion dura soixante-sept ans. Deux fois seulement elle sortit par obéissance, dont une fois pour recevoir l’eucharistie, sans qu’on s’explique d’ailleurs pourquoi cette disposition.

Elle, si ignorante, semblait connaître par-cœur les soliloques de saint Augustin ou les homélies de saint Bernard. La Pentecôte était une période de grandes grâces, et elle eut une profonde dévotion pour l’Esprit Saint.
Sibillina mourut le 19 mars 1367, son corps fut enseveli dans l’église des Dominicains, et Pie IX en a confirmé le culte cinq siècles plus tard. En Italie, les servantes l’ont prise pour patronne.

Le Martyrologe la commémore le 19 mars, jour de sa naissance au ciel, tandis que l’ordre dominicain la fête un peu plus tard, le 18 avril, une fois terminé le Carême.

 

 

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