UNE ÉTRANGE PETITE
SAINTE
SAINTE PHILOMÈNE
vierge et martyre

TABLE DES
MATIÈRES
Avant-propos
1-La
découverte du corps de sainte Philomène
2-Les merveilles de Mugnano
2-1-Les premiers
miracles
2-2-La guérison de
Pauline Jaricot
2-3-Philomène et le
saint Curé d'Ars
2-4-Philomène et les
papes
3-Des merveilles peu
ordinaires
3-1-Le sang de la
Sainte
3-2-La "figure" de cire
3-3-La grande statue
3-4-Les signes
4-Qui est
réellement sainte Philomène
4-1-Trois révélations
intéressantes
4-2-Sainte Philomène raconte sa vie
5-Les controverses
6-Prières à Sainte Philomène
Prière quotidienne
*** ***
***
Sainte
Philomène Qui es-tu?
Avant-propos
Ce devait être en 1816
ou 1817. Près d'Écully, à Tassin, dans une maison que Mr Jaricot
avait cédée à sa fille aînée devenue Madame Perrin, se réunissaient
de temps en temps toute la famille Jaricot et quelques
ecclésiastiques. Monsieur Vianney, curé d'Ars, était également
invité. C'est au cours de l'une de ces réunions que Jean-Marie
Vianney entendit parler pour la première fois de Sainte Philomène.
On racontait que le corps de cette jeune vierge martyre avait été
découvert depuis peu dans une catacombe romaine. On disait aussi
qu'elle multipliait les miracles. Monsieur Vianney écoutait très
attentivement...
Bientôt, en 1818,
Jean-Marie Vianney arrivait à Ars. Sa renommée de sainteté s'établit
rapidement, et en 1828, on venait déjà de loin pour se confesser à
lui. On disait même qu'il lisait dans les consciences et qu'il
faisait des miracles... Oui, la chose était connue, et cela ennuyait
bien notre Monsieur le Curé. Des infirmes et des malades venaient à
Ars, et ils s'en retournaient chez eux valides et guéris. Et cela se
savait, et Mr Vianney était bien gêné... Mais Philomène arriva... et
le saint curé d'Ars multiplia les louanges envers la petite sainte à
qui il attribua tous ses miracles.
Que s'était-il donc passé?
1-La
découverte du corps de sainte Philomène
Un certain 24
mai 1802, un ouvrier, déblayant une galerie dans la catacombe de
Sainte Priscille à Rome, découvrit une tombe.
Averti
des procédures à suivre dans ces cas-là, il fit part de sa
découverte aux autorités ecclésistiques qui décidèrent de l'ouvrir
le lendemain, le 25 mai 1802. Le savant archéologue qui accompagnait
l'équipe nota que la tombe était fermée, en haut, par trois blocs
de terre cuite sur lesquels étaient peints en rouge les symboles
chrétiens du martyre: une palme, emblème du triomphe des martyrs,
deux flèches et une lance, une la point en bas et les deux autres la
pointe en haut; ces flèches témoignaient du genre de mort subi par
certains martyrs qui mouraient transpercés par des flèches. Étaient
également dessinées une ancre, car on attachait une ancre au cou des
martyrs que l'on voulait noyer, ainsi qu'une fleur de lys, symbole
de la pureté.
Il y avait aussi
une inscription: "LUMENA PAXTE CUM FI. Il apparaissait évident que
les blocs de fermeture n'avaient été correctement mis en place, et,
en les bougeant, on obtint: "PAXTE CUM FILUMENA" soit: "La Paix soit
avec toi, Philomène", ce dernier nom signifiant "Bien aimée" (du
grec Phileo : aimer), ou d'après la racine latine "Fille de
la lumière" (Filia luminis).
D'une main
respectueuse, Mgr Ludovici, gardien des reliques, enleva la cloison
légère, et l'on vit que la tombe contenait des ossements qu'on
identifia comme étant ceux d'une jeune fille de treize à quinze ans
dont le crâne avait été fracturé. Les archéologues découvrirent
également, près de la tête, une petite fiole de sang à demi brisée.
Les humbles ossements furent immédiatement rassemblés, et
transportés pieusement au Trésor des reliques. Ni le vénérable
prélat, ni les témoins de la scène ne pensaient, en retournant à
Rome, leur précieux fardeau dans les bras, qu'ils portaient l'une
des plus glorieuses thaumaturges de l'Église. L'endroit où l'on
venait de découvrir cette nouvelle tombe étant la plus ancienne
partie de toute la catacombe de sainte Priscille, on estima que la
sainte martyre, Philomène, avait vécu au plus tard, vers l'an 150 de
l'ère chrétienne. Il y avait, par conséquent, mille sept cents ans
que son corps dormait là.
En
juin 1805, soit trois ans après leur découverte, les reliques de la
jeune martyre furent confiées à la paroisse de Mugnano, petite
bourgade du Royaume de Naples. L'église qui allait les garder
s'appelait l'Eglise des Grâces. Maintenant la Sainte était bien chez
elle, là où Dieu la voulait. Commença alors une série ininterrompue
de miracles et de merveilles comme on en voit rarement... et ce fut
par Angel Bianco, un habitant de Mugnano atteint depuis plusieurs
mois d'une goutte tenace, très douloureuse et handicapante, que
sainte Philomène commença à distribuer ses bienfaits.
Le curé d'Ars
découvrit la petite sainte Philomène grâce à Pauline Jaricot qui lui
avait donné une parcelle de la relique qu'elle avait pu obtenir. En
lui remettant la relique, Pauline avait dit au bon Curé:
"Monsieur le Curé, ayez grande confiance en cette Sainte; elle vous
obtiendra tout ce que vous lui demanderez". Mystérieusement, une
intime et mystique amitié lia la sainte martyre et le bon curé.
Sainte Philomène devenait pour Mr Vianney "sa chère petite
sainte, son consul, son prête-nom, sa chargée d'affaires près de
Dieu."
2-Les merveilles de Mugnano
2-1-Les
premiers miracles
Il est impossible de
rapporter tous les miracles accomplis grâce à l'intercession de
sainte Philomène. Nous n'en mentionnerons que quelques-uns choisis
parmi des centaines d'autres.
– Une veuve supplia
Philomène, pendant une messe, de guérir son enfant infirme. Au
moment de la consécration, on vit l'enfant sauter sur ses jambes et
courir jusqu'à l'urne qui contenait les reliques de Ste Philomène
pour la remercier. À Mugnano la joie fut vive, et les manifestations
de reconnaissance, bruyantes... Dès lors, les foules affluèrent.
– Une maman affligée
trempa son doigt dans l'huile de la lampe qui brûlait devant la
sainte et l'appliqua sur les yeux de son enfant aveugle;
instantanément l'enfant recouvra la vue. De très nombreux autres
aveugles recouvrèrent la vue à Mugnano, près des reliques de Ste
Philomène.
– De nombreuses femmes
ayant des difficultés pour mettre au monde leurs enfants furent
immédiatement soulagées après avoir invoqué sainte Philomène.
Un point important est
à signaler. Philomène veut qu'on remplisse les engagements qu'on a
pris envers elle, et qu'on tienne ses promesses, sinon, elle se
fâche...
2-2-La
guérison de Pauline Jaricot
2-2-1-Le
voyage vers Mugnano
Pauline Jaricot, issue
d'une famille très fortunée, avait été à l'origine de l'Œuvre de
La propagation de la Foi et la fondatrice du Rosaire Vivant.
Elle avait joué également un rôle important dans l'établissement de
l'association de la Sainte Enfance. Nous sommes maintenant en
1834 et Pauline a 35 ans. Elle était gravement malade du cœur, sa
faiblesse était extrême, et bientôt on crut qu'elle allait mourir.
C'est alors qu'elle
décida d'aller à Mugnano. C'était une pure folie car elle était bien
incapable de supporter un tel voyage, mais laissons-la raconter:
– Totalement épuisée
par la douleur, je me disais en moi-même: "J'ai survécu au choc
terrible et à l'excitation du bombardement
et je suis toujours en vie, alors que bien des semaines et des mois
ont passé. Il y a sûrement en cela un secret dessein de la
Providence divine... Je réussis à obtenir du médecin qu'il me dise
que mon état était si désespéré que ce que je pouvais faire n'avait
plus d'importance. Cette déclaration calma mes scrupules... j'ai
entendu le médecin murmurer sans savoir que j'étais éveillée:
"Laissez-la tranquille, laissez-la partir, elle n'ira pas bien
loin."
Le voyage fut terrible,
et à chaque instant on croyait que Pauline allait mourir. Lorsque
les hommes qui accompagnaient Pauline eurent atteint le sommet du
mont Cenis, il s'arrêtèrent pour contempler le paysage. C'est à ce
moment qu'apparut soudain un bel enfant qui s'approcha de Pauline,
lui sourit gentiment et lui offrit une rose blanche. Personne ne
savait d'où venait cet enfant, les guides ne l'avaient jamais vu
auparavant. Puis l'enfant disparut aussi soudainement qu'il était
venu... Or dans ces régions enneigées, les roses ne poussaient pas.
2-2-2-Pauline
Jaricot et le pape Grégoire XVI
Le voyage reprit.
Pauline était presque inconsciente quand elle arriva à Rome, et
c'est le pape Grégoire XVI lui-même qui se déplaça pour aller voir
"sa chère fille", chez les religieuses du Sacré-Cœur, à la
Trinité des Monts, où elle était logée. Le pape loua le courage de
Pauline et la bénit: il pensait ne plus la revoir, jamais...
Mais Pauline ne mourut
pas encore. Elle arriva à Mugnano la veille de la fête de Sainte
Philomène. Les habitants de Mugnano prièrent avec force leur sainte
chérie, à la manière italienne, en criant et en frappant l'urne qui
contenait les reliques: "Tu nous entends, Philomène! Si tu ne
réponds pas immédiatement à notre prière, nous ne t'invoquerons
plus; tout sera fini entre nous." Philomène entendit et guérit
Pauline.
2-2-3-La
guérison de Pauline Jaricot
Nous sommes le 10 août
1835. Pauline était installée près de l'urne de sainte Philomène.
Après avoir reçu la sainte Communion, elle ressentit dans tout son
corps des douleurs si violentes qu'elle s'évanouit. Croyant que
Pauline était morte la foule se mit à hurler, mais bientôt Pauline
Jaricot reprit conscience; sa joie était telle qu'elle se crut
arrivée au paradis, mais ce n'était pas encore l'heure: elle était
simplement guérie la petite Philomène avait accompli un nouveau
miracle. Pauline resta quelque temps à Mugnano, puis quand il fallut
partir, elle emporta avec elle une grande relique de sainte
Philomène. Sur la route qui l'emmenait à Rome, les foules
manifestaient leur joie et leur enthousiasme. À Rome elle fut reçue
par le pape Grégoire XVI qui lui demanda de rester à Rome pendant un
an, afin qu'une enquête approfondie puisse être menée sur ce miracle
dont elle était la bénéficiaire. Puis Pauline rentra en France, à
Fourvière.
Le 30 janvier 1837, le
pape Grégoire XVI autorisait le culte de sainte Philomène.
2-3-Philomène
et le saint Curé d'Ars
Nous savons que
Jean-Marie Vianney avait rencontré plusieurs fois Mademoiselle
Pauline Jaricot. Après sa guérison spectaculaire, et son retour en
France, Pauline donna un morceau de la grande relique qu'elle avait
rapportée de Rome au Curé d'Ars en disant:
– Monsieur le
Curé, ayez grande confiance en cette Sainte; elle vous obtiendra
tout ce que vous lui demanderez.
Désormais
Jean-Marie Vianney et la petite Philomène, Vierge martyre, ne se
quitteront plus. Il lui parlait constamment, et elle faisait tout ce
qu'il voulait. Quelque faveur qu'on lui demandât en son nom, elle
l'accordait… Le curé d'Ars se sentait parfois mal à l'aise devant
tant de miracles que les gens lui attribuaient à lui. Mais la petite
sainte continuait ses miracles; elle voulut même en faire un pour le
saint curé.
C'était en 1843.
À force de se priver de tout, de nourriture et de feu, le saint
homme avait gagné une fluxion de poitrine. Il était très mal; on lui
administra les derniers sacrements, et l'on attendait la fin. Tout à
coup, pendant la célébration d'une messe dite pour lui en l'honneur
de Sainte Philomène, il s'endormit doucement, et se réveilla peu de
temps après absolument guéri. Durant ce sommeil mystérieux, on
l'entendit murmurer plusieurs fois le nom de sa protectrice. On a
dit que Philomène lui serait apparu. Un tableau placé dans la belle
chapelle de la Sainte, à Ars, perpétue le souvenir de cette
miraculeuse guérison.
Dès lors
s'établit entre le saint curé et sa protectrice une familiarité
encore plus grande, une sorte de présence réelle.
Beaucoup de
curés de paroisses de France voulurent imiter Jean-Marie Vianney. On
peut vraiment affirmer que sans quitter son village, Jean-Marie
Vianney a couvert la France de sanctuaires en l'honneur de sainte
Philomène. En 1859, l'année de sa mort, il avait mis la France aux
pieds de sa sainte et douce amie.
2-4-Philomène
et les papes
Depuis
le 9 août 1805, jour de l'arrivée des reliques de Philomène à
Mugnano, les miracles s'étaient multipliés. Ces nombreux miracles
suscitèrent, naturellement, de tels sarcasmes et critiques que
l'Église incita les tribunaux ecclésiastiques à une très grande
vigilance. Cependant, même les papes s'autorisaient à rendre à
Philomène les hommages les plus élogieux. Ainsi, Léon XII admirait
les desseins de Dieu qui donnait tant de pouvoirs à une petite
martyre si longtemps ignorée, et accordait que des autels et des
chapelles lui fussent dédiés. Le 10 août 1823, la statue de sainte
Philomène se mit à suinter une huile parfumée. En août 1833,
Philomène se révélait à Sœur Marie-Louise de Jésus, une religieuse
tertiaire dominicaine pour lui raconter sa vie. Ce récit reçut
l'imprimatur le 21 décembre 1833. Nous avons vu plus haut que
Pauline Jaricot fut guérie le 10 août 1835 et que le pape Grégoire
XVI autorisa le culte de sainte Philomène le 30 janvier 1837; il
établit sa fête et son office propre, et la déclara: "la plus
grande thaumaturge du XIXe siècle. Il devait bientôt lui donner
le titre de "Patronne du Rosaire Vivant".
Le pape Pie IX avait
été miraculeusement guéri par sainte Philomène quand il était
Archevêque de Spolète. Devenu le pape Pie IX et chassé de Rome par
la Révolution de 1848 il vint célébrer personnellement la messe à
Mugnano le 7 novembre 1849. Il pria pour demander à sainte Philomène
d'intercéder auprès de Dieu pour que la liberté du siège apostolique
fut respectée. Cinq mois plus tard, il pouvait rentrer à Rome. Il
déclara sainte Philomène "Patronne secondaire du Royaume de
Naples", et confirma le 31 janvier 1855, l'Office propre et la
Messe de sainte Philomène. Il nomma Philomène "Patronne des
Enfants de Marie".
Le pape Léon XIII,
avant de devenir pape, fit deux pèlerinages à Mugnano. Il accorda,
le 24 septembre 1889, le titre et le privilège d'Archiconfrérie à
l'Œuvre de sainte Philomène, pour la France.
Le pape Pie X fut tout
aussi dévoué à la petite sainte, et il en parlait souvent.
Nous savons combien
l'Église est toujours très prudente lorsqu'il s'agit de reconnaître
officiellement l'authenticité d'un miracle. Constater que plusieurs
papes se sont personnellement investis en faveur de sainte Philomène
et de son culte est une preuve éclatante de la véracité des faits
concernant sainte Philomène.
3-Des merveilles peu
ordinaires
Nous avons mentionné
les guérisons miraculeuses qui se produisirent à Mugnano, près des
reliques de sainte Philomène. On pourrait dire qu'il s'agissait là
de miracles "ordinaires", s'il est permis de s'exprimer ainsi. Mais
à Mugnano d'autres prodiges se manifestèrent, étonnants. Ces
merveilles concernent: le sang de sainte Philomène contenu dans un
petit vase, une statue en cire qui contient les ossements de la
sainte martyre, et la grande statue en bois, offerte en 1806, par le
Cardinal Ruffo-Scilla. Nous mentionnerons aussi quelques "signes"
particuliers.
3-1-Le
sang de la Sainte
Le sang de Philomène
contenu dans un vase de cristal est très sec et ressemble à des
cendres. Tous les visiteurs peuvent le voir parfaitement. Cette
poussière devrait normalement demeurer inerte. Or il n'en est rien.
Sous les yeux des pèlerins, le sang se transforme et des pierres
précieuses apparaissent: des rubis, des émeraudes, des particules
d'or et d'argent. Parfois, il y a aussi des particules noires: on
dit qu'elles présagent des désagréments, des affliction, ou révélent
l'indignité de ceux qui vénèrent la relique. Ces transformations ont
été vérifiées et déclarées authentiques par les plus hautes
autorités ecclésiastiques.
On peut citer,
notamment:
– le Cardinal Ruffo
Scilla qui, apposant les sceaux sur le vase contenant le sang de
sainte Philomène, vit ce sang se changer en plusieurs pierres
précieuses brillantes...
– le Cardinal
Deschamps, archevêque de Malines, qui raconta, lors d'un pèlerinage
à Mugnano: "J'ai vu ce précieux sang... qui était d'abord terne
et durci; et voici que Jésus-Christ, en lui communiquant un rayon de
la gloire de l'âme qui l'a offert pour lui, le rend éblouissant
comme un arc en ciel. C'est vraiment merveilleux. Je le savais pour
l'avoir lu, mais je peux dire maintenant que je l'ai vu de mes
propres yeux."
3-2-La
"figure" de cire
Une "figure" de cire
contenant les ossements de Philomène est conservée dans une urne
vitrée qui permet de voir l'image. Cette image, somptueusement vêtue
porte, sur un doigt de la main droite, une grosse bague ornée d'une
topaze, offerte par le pape Pie X. À plusieurs reprises la statue se
transforma. Une première fois le 29 septembre 1805: à la surprise
des personnes présentes, la statue, de facture grossière et mal
installée dans son coffret d'ébène trop petit, prit une position
plus gracieuse, et le visage, assez laid, devint superbe. Vingt ans
plus tard, en 1824, lorsqu'on eut remplacé le premier coffret par un
autre plus beau et plus grand, on eut la surprise de voir les yeux
s'ouvrir et les pieds et les jambes s'allonger comme pour occuper
toute la place.
En 1841, la statue
était placée de telle sorte que tout le monde ne pouvait pas la
voir; soudain tout l'assemblée vit la statue se tourner de
trois-quarts pour devenir visible à tous. Le 27 mai 1892, la statue
changea encore de position.
3-3-La
grande statue
La grande statue
offerte par le Cardinal Ruffo-Scilla en 1806, sert, entre autres,
lors des processions publiques de la sainte. En 1823, lors d'une
procession, les porteurs la sentirent soudain anormalement lourde.
Des couleurs fleurissaient sur son visage, le rendant comme vivant.
Le lendemain une sorte de transpiration perlant sur le front de la
statue, remplissait l'air d'un parfum délicieux. Ce prodige dura
longtemps. Il fut examiné et authentifié par les autorités civiles
et ecclésiastiques.
3-4-Les
signes
Parfois sortent de
l'urne des sons cristallins comme si le verre était frappé par
quelque chose de dur. Ce signe est bien connu.
D'autres signes ont été
signalés; nous citerons la multiplication de livres racontant la vie
de sainte Philomène, ou d'images de la Sainte. Une fois des reliques
furent confiées à des personnes qui ne les traitèrent pas avec assez
d'amour: elles disparurent. On les retrouva plus tard dans l'urne
contenant les ossements de la sainte...
4-Qui est réellement
sainte Philomène?
4-1-Trois
révélations intéressantes
Les recherches
humaines, même celles des plus grands savants du XIXème siècle,
n'ont donné aucun renseignement sur la vie de sainte Philomène. Mais
à trois personnes, fort éloignées géographiquement et ne se
connaissant pas, Philomène a révélé sa vie:
un jeune artisan d'une conscience pure et
d'une piété solide; un prêtre zélé, honoré plus tard des dignités de
l'Église, une religieuse napolitaine de trente-cinq ans, consacrée à
Dieu dans une maison austère de Naples. Nous rapportons
ci-dessous la révélation
qui fut faite à la religieuse: sœur Marie-Louise, Supérieure
générale de la Congrégation des Sœurs des Douleurs de Marie, décédée
en 1875.
4-2-Sainte
Philomène raconte sa vie
Ma chère sœur, je suis la fille d'un
prince qui gouvernait un petit État de la Grèce. Ma mère était aussi
de sang royal. Comme ils étaient sans enfant et tous deux encore
idolâtres, pour en obtenir, ils offraient continuellement des
prières et des sacrifices à leurs faux dieux. Un docteur romain
qui professait le
christianisme, nommé Publius... vivait dans un palais au service
de mon père.. Voyant l'affliction de mes parents,… sous l'impulsion
de l'Esprit Saint, il leur parla de notre foi et les assura que
leurs prières seraient entendues s'ils embrassaient la religion
chrétienne… Finalement, après mûre réflexion, ils reçurent le
sacrement de baptême.
Je suis née au début de l'année suivante,
un 10 janvier, et à ma naissance, ils me donnèrent le nom de 'Lumena',
ou 'Lumière', car j'étais née à la lumière de la Foi à laquelle mes
parents étaient maintenant ardemment dévoués. Le jour de mon
baptême, ils me nommèrent 'Philomena', c'est-à-dire 'Fille de la
lumière'. L'affection que mes parents me portaient était si grande
qu'ils voulaient toujours m'avoir près d'eux. C'est pour cette
raison qu'ils m'amenèrent à Rome avec eux à l'occasion d'un voyage
que mon père devait faire en raison d'une guerre injuste dont il
était menacé par l'arrogant Dioclétien. J'allais sur la fin de mes
treize ans. Arrivés dans la capitale du monde, nous nous rendîmes au
palais de l'empereur où on nous accorda une audience…
Tandis que mon père plaidait sa cause
avec ardeur et cherchait à se justifier, l'Empereur ne me quittait
pas des yeux et à la fin il déclara:
– Cesse de te tourmenter; tu peux être
parfaitement rassuré; il n'y a plus de raison de s'inquiéter. Au
lieu de vous attaquer, je mettrai toutes les forces de l'Empire à
votre disposition à la condition que tu me donnes la main de ta
fille, la jolie Philomène.
Mes parents accédèrent à sa requête et,
de retour chez nous, ils cherchèrent à me convaincre que j'allais
être heureuse comme Impératrice de Rome. Je rejetai leur offre sans
aucune hésitation en leur disant que j'étais devenue l'épouse de
Jésus-Christ par un vœu de chasteté prononcé lorsque j'avais onze
ans. Mon père s'efforça alors de montrer qu'une enfant de mon âge ne
pouvait pas disposer d'elle-même comme elle l'entendait et il exerça
toute la force de son autorité pour me faire obéir.
Lorsque l'Empereur reçut ma réponse, il
la considéra comme un simple prétexte pour briser la promesse qui
lui avait été faite:
– Amène-moi la princesse Philomène,
dit-il à mon père, je verrai si je peux la persuader.
Mon père vint vers moi mais, voyant que
j'étais inébranlable, lui et ma mère se jetèrent à mes pieds en
m'implorant.
– Mon enfant, aie pitié de ton père, de
ta mère, de ton pays! Aie pitié de notre royaume!
– Non, non, ai-je répondu; Dieu et ma
virginité que je lui ai consacrée passent avant tout; avant vous,
avant mon pays! Mon royaume, c'est le Ciel.
Mes paroles les plongèrent dans le
désespoir et il leur fallut m'emmener devant l'Empereur qui, de son
côté, fit tout en son pouvoir pour me gagner. Mais ses promesses,
ses séductions, ses menaces furent également vaines. Il fut alors
saisi d'un violent accès de colère et, influencé par le démon de
l'impureté, il me fit jeter dans les prisons de son palais où l'on
me chargea de chaînes.
Croyant que la douleur et la honte
affaibliraient le courage que mon divin Époux m'inspirait, il vint
me voir chaque jour; puis, après avoir détaché mes chaînes pour me
permettre de prendre la petite portion de pain et d'eau que je
recevais comme nourriture, il renouvela ses attaques dont certaines,
sans la grâce de Dieu, auraient été fatales à ma pureté. Les échecs
qu'il continua de rencontrer furent pour moi le prélude à de
nouvelles tortures, mais la prière me soutenait. Je ne cessais de me
recommander à Jésus et à sa Mère très pure. Ma captivité durait
depuis trente-sept jours lorsque, au milieu d'une lumière céleste,
je vis Marie tenant son divin Fils dans ses bras.
– Ma fille, me dit-elle, encore trois
jours de prison et, après quarante jours, tu sortiras de cet état de
douleur.
Mon cœur battait de joie à l'annonce de
cette nouvelle mais, comme la Reine des anges avait ajouté que je
devrais quitter cette prison pour soutenir, dans des tourments
effrayants, un combat bien plus terrible que les précédents, je
passai immédiatement de la joie à l'angoisse la plus cruelle; je
pensai qu'il me tuerait.
– Courage, mon enfant, me dit Marie, ne
sais-tu pas l'amour de prédilection que je te porte? Le nom que tu
as reçu au baptême en est l'assurance, par sa ressemblance avec
celui de mon Fils et avec le mien. Tu es appelée Lumena ou Lumière.
Mon Fils, ton Époux, est appelé Lumière, Étoile, Soleil. Et ne
suis-je pas moi-même appelée Aurore, Étoile, Lune dans la plénitude
de son éclat, et Soleil? Ne crains pas, je t'aiderai. C'est
maintenant l'heure de la faiblesse humaine et de l'humiliation, mais
au moment de l'épreuve, tu recevras grâce et force. En plus de ton
ange gardien, tu auras aussi le mien, l'archange Gabriel, dont le
nom signifie "La force du Seigneur". Lorsque j'étais sur terre, il
était mon protecteur. Je te recommanderai tout spécialement à ses
soins, mon enfant bien-aimée.
Ces paroles de la Reine des vierges me
redonnèrent courage et la vision disparut en laissant ma prison
emplie d'un parfum céleste.
L'Empereur, désespérant de me faire
accéder à ses désirs, eut alors recours à la torture pour me
terrifier et m'amener à rompre mon vœu avec le Ciel. Il ordonna
qu'on m'attache à un pilier pour être fouettée sans merci tandis
qu'on me lançait d'horribles blasphèmes.
– Puisqu'elle est obstinée au point de
préférer à un Empereur un malfaiteur condamné à mort par ses propres
compatriotes, dit-il, elle mérite un châtiment approprié.
Le tyran, me voyant toujours aussi
déterminée bien que je ne sois qu'une plaie béante, ordonna qu'on me
ramène en prison pour
y
mourir dans les souffrances. Je souhaitais la mort pour m'envoler
dans les bras de mon Époux lorsque deux anges brillants apparurent
qui versèrent un baume céleste sur mes plaies et je fus guérie. Le
lendemain matin, l'Empereur fut surpris en apprenant la nouvelle. Me
voyant plus forte et plus belle que jamais, il entreprit de me
convaincre que je devais cette faveur à Jupiter, qui me destinait au
diadème impérial.
Sous l'inspiration du Saint-Esprit, je
rejetai ce sophisme et résistai à ses caresses. Fou de rage, il
ordonna qu'on m'attache au cou une ancre de fer et qu'on me
précipite dans le Tibre. Mais Jésus, pour montrer Son pouvoir et
confondre les faux dieux, envoya deux anges pour m'aider. Ils
coupèrent la corde et l'ancre tomba dans la rivière où elle demeure
enfoncée dans la boue. Ils me déposèrent ensuite sur la rive sans
qu'une seule goutte d'eau ait mouillé mes vêtements.
Ce miracle convertit un grand nombre de
spectateurs et Dioclétien, plus obstinément aveugle que Pharaon,
déclara alors que je devais être une sorcière et ordonna qu'on me
transperce de flèches. Mortellement blessée et sur le point de
mourir, on me jeta à nouveau en prison. Au lieu de la mort qui
aurait normalement dû survenir, le Tout-puissant me fit tomber dans
un sommeil paisible dont je me réveillai plus belle qu'auparavant.
Ce nouveau miracle mit l'Empereur dans une fureur telle qu'il donna
l'ordre de répéter cette torture jusqu'à ce que mort s'en suive.
Mais les flèches refusèrent de quitter les arcs. Dioclétien affirma
que c'était le fait de la magie et, espérant que la sorcellerie
serait impuissante contre le feu, il ordonna que les flèches soient
rougies au feu dans un brasier. Cette précaution fut inutile. Mon
divin Époux me sauva de la torture en retournant les flèches contre
les archers, et six d'entre eux furent tués. Ce dernier miracle
entraîna d'autres conversions et la foule commençait sérieusement à
montrer des signes de mécontentement envers l'Empereur, et même de
révérence pour la sainte Foi.
Par crainte de conséquences plus
sérieuses, le tyran donna l'ordre de me couper la tête. Mon âme,
glorieuse et triomphante monta vers le Ciel où je reçus la couronne
de virginité que j'avais méritée par tant de victoires. Il était
trois heures de l'après-midi, un dix août, qui était un vendredi.
Voilà pourquoi Notre-Seigneur a voulu que
mon corps soit ramené à Mugnano un dix août, et pourquoi Il
accomplit tant de miracles en cette occasion."
5-Les
controverses
Curieusement, la
multiplicité des miracles obtenus par l'intercession de sainte
Philomène troublait certaines personnes qui se demandaient si tout
ce que l'on racontait avait bien été identifié. Pourtant des
archéologues éminents avaient donné leur avis lors de la
“découverte” des reliques. Les papes, avaient, les uns après les
autres, manifesté leur dévotion envers sainte Philomène, ainsi que
de nombreux serviteurs de Dieu renommés par leur sainteté, non
seulement le curé d'Ars, mais aussi sainte Madeleine-Sophie Barat,
Mr Léon Dupont, le saint Homme de Tours, Pierre-Julien Eymard, saint
Pierre Chanel, etc... Pourtant des objections d'ordre historique ou
archéologiques continuaient à s'élever...
Nous ne sommes
pas tenus de croire aux révélations privées. Nous ne sommes donc pas
tenus de croire à tout ce qu'on raconte sur sainte Philomène. Mais
comment ne pas croire tant de témoins si éminents? Comment refuser
de voir ce qu'on ne peut nier? Comment refuser l'évidence? Pourquoi
nier ce que tant et tant de témoins avaient vu, et ce dont tant de
malades avaient été les bénéficiaires: miracles physiques, ou
psychologiques ou conversions…
Voici que
soudain nous sommes encore plus profondément troublés: pourquoi, en
1961, suite à un décret, la Sacrée Congrégation des Rites, a-t-elle
rayé Sainte Philomène, Vierge et Martyre, dont la fête avait été
fixée au 11 août, de tous les calendriers liturgiques de l'Église
Universelle, supprimant du même coup l'Office propre avec Messe
décrété le 11 janvier 1855 par le Pape Pie IX? Sa sainteté
n'est-elle plus reconnue?
Pourtant, alors que les controverses faisaient déjà rage, au cours
d'une audience du 6 juin 1907, le pape Pie X avait déclaré, parlant
de Philomène:
– Ah! Sainte
Philomène! Je suis bien attristé par ce que l'on écrit à son sujet.
Est-ce possible de voir de telles choses?... On lut ce nom Filumena
sur sa tombe. Que ce soit son propre nom ou qu'elle en portât un
autre […] peu importe. Il reste, il est acquis que l'âme qui
informait ces restes sacrés était une âme pure et sainte que
l'Église a déclarée l'âme d'une vierge martyre. Cette âme a été si
aimée de Dieu, si agréable à l'Esprit-Saint, qu'elle a obtenu les
grâces les plus merveilleuses pour ceux qui eurent recours à son
intercession...
Et aujourd'hui?
Le 7 octobre 2002, le
Père Mark Miravalle, STD, professeur de théologie et de mariologie à
l'université franciscaine de Steubenville,
traitant du Statut ecclésial actuel de la
dévotion à Sainte Philomène, écrivait: "Le
statut de la dévotion à Sainte Philomène a fait récemment l’objet
d’une attention renouvelée après la publication d’un Martyrologe
romain révisé par la Congrégation pour le Culte Divin, où l’omission
de Ste Philomène a été perçue par certains comme un rejet officiel
de son statut de sainte, chose quelque peu contradictoire avec le
fait qu’elle continue d’être l’objet d’une dévotion populaire
partout dans le monde...
Le statut de la dévotion à Sainte Philomène a fait récemment l’objet
d’une attention renouvelée après la publication d’un Martyrologe
romain révisé par la Congrégation pour le Culte Divin, où l’omission
de Ste Philomène a été perçue par certains comme un rejet officiel
de son statut de sainte, chose quelque peu contradictoire avec le
fait qu’elle continue d’être l’objet d’une dévotion populaire
partout dans le monde... Ni la directive de 1961 de la
Congrégation des Rites pour enlever Ste Philomène du calendrier, ni
son omission dans le Martyrologe romain révisé n’affectent de façon
négative la dévotion populaire à Ste Philomène établie par les Papes
et approuvée par l’Église, dévotion qui continue de nos jours
avec la sanction de l’Église...
Par conséquent, toute conclusion
cherchant à invalider la dévotion populaire à Ste Philomène sur la
base de son omission au Martyrologe romain révisé serait
théologiquement erronée et contraire à la dévotion existante
sanctionnée par l’Église envers la sainte martyre.
En conclusion la
dévotion populaire à Ste Philomène, vierge et martyre, est
actuellement bien vivante parmi le Peuple de Dieu; elle jouit
d’un statut ecclésial positif et d’une vénération généreusement
grandissante. La sagesse des Papes et des Saints du passé a reconnu
que l’ "histoire" de la puissante intercession surnaturelle de
Philomène pour l’Église était plus importante que l’"histoire" de
son existence terrestre. Telle est la manifestation des voies
mystérieuses du dessein salvifique de Dieu".
6-Prières
à Sainte Philomène
Illustre vierge
et martyre, bienheureuse Sainte Philomène, dont le nom et les
miracles sont connus jusqu'aux extrémités du monde, soyez sensible à
ma confiance en votre intercession, et au désir que j'ai de voir
votre dévotion s'étendre dans tout l'univers. Glorieuse vierge et
martyre, je me réjouis avec vous de la puissance que le Seigneur
vous a donnée, pour la gloire de son nom et pour l'édification de
son Église. J'aime à vous voir si pure, si généreuse, si fidèle à
Jésus, si élevée dans la gloire.
Attiré par vos
exemples à la pratique de la vertu, plein d'espoir à la vue des
récompenses accordées à vos mérites, je veux fuir le péché, et
accomplir tout ce que Dieu me commande. Aidez-moi, grande Sainte, à
obtenir une pureté à jamais inviolable, une générosité qui ne se
refuse pour l'amour de Dieu à aucun sacrifice, un dévouement sans
bornes la foi catholique, et . . . (nommez la faveur spéciale que
vous désirez). Ce Dieu si bon pour lequel vous avez donné votre
sang et votre vie, ce Dieu qui m'a tant aimé, ne refusera rien à vos
prières.
Ainsi soit-il.
Je vous salue, ô
innocente Philomène qui, par l'amour de Jésus, avez conservé dans
tout son éclat le lis de la virginité. Je vous salue, ô illustre
Philomène, qui avez répandu si courageusement votre sang pour
Jésus-Christ.
Je bénis le
Seigneur pour toutes les grâces qu'Il vous a accordées pendant votre
vie, et tout spécialement à l'heure de votre mort. Je Le loue et Le
glorifie pour l'honneur et la puissance avec lesquels Il vous a
couronnée, et je vous supplie d'obtenir pour moi auprès de Dieu les
grâces que je demande par votre intercession.
Sainte
Philomène, fille bien-aimée de Jésus et de Marie, priez pour nous
qui avons recours à vous. Ainsi soit-il.
Prière quotidienne
Ô sainte
Philomène, vierge et martyre, priez pour nous, afin que par votre
puissante intercession nous puissions obtenir cette pureté de cœur
et d'esprit qui conduit à l'amour parfait de Dieu. Amen.
En 1834,
Lyon connut des émeutes sanglantes: les canuts renouvelèrent
leur insurrection de 1831 car les promesses qui leur avaient
été faites n’avaient pas été tenues. En effet, ils
travaillaient 16 heures par jour, entassés avec leur famille
dans d’étroits logements; ils supportaient péniblement les
méfaits du machinisme.
d'après le "Messager Canadien du Sacré-Cœur", vol.
V, août et septembre 1896.
L'ampoule du sang est maintenant dans la châsse de la
sainte. Il y avait autrefois un reliquaire où l'on avait mis
une partie du sang pour l'offrir au baiser des fidèles. Ce
reliquaire a été volé en 1972. (d'après une note du livre du
R.P. Paul o'Sullivan: Sainte Philomène, la chère "petite
sainte" du curé d'Ars.)
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