Ce qui frappe quand on se penche un
peu sur la vie de Saint Joseph, c’est qu’il dut vivre au jour le jour de son
travail, et que ce travail, il dut parfois le chercher, notamment en Égypte,
dans des conditions difficiles, voire humiliantes. Mais il aima sa pauvreté car
elle était, avec sa virginité, l’un des signes distinctifs de son alliance avec
Marie.
Saint François d’Assise et Sainte
Claire sont devenus, dans la Sainte Église, les plus parfaits modèles de la
pauvreté évangélique. C’est la pauvreté, vécue à l’image de celle de Marie et de
Joseph qui a été à l’origine de la fondation des Ordres franciscains. François
et Claire n’ont pas laissé d’écrit sur Saint Joseph qui fut cependant le modèle
de la pauvreté vécue dans toute son ampleur, pauvreté qui a distingué la famille
franciscaine, lui a assuré les fruits d’un apostolat fécond et a inspiré nombre
des ses fils, comme Saint Bonaventure.
Le grand docteur franciscain fait
appel à la pauvreté de Joseph pour justifier le choix qui fut fait de lui pour
être l’époux de Marie et le père de Jésus. Voici un texte tiré d’un sermon pour
la vigile de Noël: “Il se présente ici quelque chose de notable et digne de
considération. Quel est donc le motif pour lequel Marie fut épouse et vierge à
la fois? J’entends volontiers qu’il convenait qu’elle fût vierge pour garder sa
pureté. Mais pourquoi s’unir à un humble “rustique” comme Joseph? Bien qu’il fût
de race royale, il vivait du travail de ses mains. Il était charpentier. Je
réponds que cela advint pour quatre raisons: pour l’honneur de l’intégrité de
Marie, pour l’aide opportune et la consolation qu’il apporterait à la Vierge,
dans ses pérégrinations en Égypte, le service familier qu’il rendrait à l’Enfant-Dieu...,
enfin, à cause de la pauvreté évangélique.”
Pour résumer les vertus de Saint
Joseph et sa grandeur, on peut dire avec Saint Grégoire de Nazianze (4e
siècle): ‘Le Seigneur a réuni dans Joseph comme dans un soleil, tout ce que
les autres saints ont ensemble de lumière et de splendeur.”
Et, le comparant à Marie, on peut
dire qu’aucun autre saint n’a approché le Verbe de Dieu, le Seigneur tout
puissant, d‘aussi près que Saint Joseph.
Pour Lucien Deiss Joseph, si Joseph
fut pauvre de biens matériels, il fut, en réalité, extraordinairement riche
d’une joie profonde: “Joseph vécut dans la pauvreté matérielle et même dans
le dénuement lors de son exil en Égypte. Mais il fut riche de cette joie qui
rassasie le coeur et que seule une épouse chérie peut donner à son compagnon, de
cette paix dont Dieu seul put le combler en l’unissant à Marie.”
[2]
Saint Joseph ne fut, pendant toute
sa vie, qu’un instrument du Père, qu’un serviteur fidèle, un serviteur doux et
pauvre. Il est là, pour exercer le service de l’autorité temporelle auprès de
Jésus et de Marie. “Ce service, il l’exercera dans la douceur, la fidélité et
la pauvreté, car il l’exercera dans une docilité profonde à l’autorité du
Père... Il l’exercera dans une limpidité absolue du coeur en se donnant
lui-même, en offrant toutes ses forces, toutes ses énergies, et sans chercher
aucune jouissance personnelle, sans aucun égoïsme ni préférence individuelle. Il
l’exercera dans une véritable pauvreté, sachant que c’est le Père qui opère en
lui...”
[3]
Nazareth fut un lieu où sur la
terre, retentissaient les chants qui louaient Dieu. Avec Jésus et Marie, Joseph
adorait les perfections divines. Et quelle joie, pour Joseph, de chanter avec
Jésus les psaumes inspirés par David, son père!...
Ce qui domine dans la vie de Saint
Joseph, c’est son silence fait d’esprit de religion, d’humilité, de prière, et
de contemplation.
Saint Pierre Julien Eymard,
canonisé par Jean XXIII, le 9 décembre 1962, est le fondateur de deux
congrégations dont la spiritualité est essentiellement orientée vers
l’Eucharistie: les Prêtres du Saint-Sacrement et les Servantes du Très
Saint-Sacrement. Il a beaucoup écrit sur La Divine Eucharistie. Il a
également laissé quelques textes dans lesquels il présente Saint Joseph comme le
premier et le plus parfait des adorateurs de Notre Seigneur, après Marie,
évidemment. Ce qui suit est extrait du Mois de Saint Joseph, le premier et le
plus parfait des admirateurs de Pierre Eymard.
“Saint Joseph adorait Jésus avec
une vertu de foi plus grande que celle de tous les saints. Il l’adorait avec une
humilité plus profonde que celle de tous les élus. Il l’adorait avec une pureté
plus pure que celle des anges. Il l’adorait avec un amour qu’aucune créature,
angélique ou humaine, n’eut et ne put avoir pour Jésus. Il l’adorait avec un
dévouement aussi grand que son amour.
Saint Joseph adorait le Verbe
Incarné en union avec sa divine Mère, en union avec toutes les pensées, les
actes d’adoration, d’amour, de louanges de Jésus pour son Père et de charité
envers les hommes pour lesquels Il s’était incarné... Dans l’Incarnation il
adorait l’anéantissement du Fils de Dieu; à Bethléem, sa pauvreté; à Nazareth,
son silence, sa faiblesse, son obéissance, ses vertus dont il avait une
connaissance très grande et dont il voyait l’intention, le sacrifice à l’amour
et à la gloire de son Père.
Saint Joseph adorait,
intérieurement du moins, tout ce que Jésus disait et pensait. Le Saint-Esprit le
lui manifestait afin qu’il pût s’y unir et glorifier le Père Céleste en union
avec son divin Fils notre Sauveur. De sorte que la vie de Saint Joseph fut une
vie d’adoration de Jésus, mais d’adoration parfaite.”
Il faut donc s’unir au saint
adorateur que fut Saint Joseph afin qu’il nous apprenne à adorer Jésus dans
l’Eucharistie, et que, comme Joseph fut l’adorateur de Jésus à Nazareth,
nous devenions les Joseph de l’Eucharistie.
“Si c’est un conseil du Père
Éternel que son Fils soit caché au monde, et que Saint Joseph le soit avec lui,
adorons les secrets de la providence... et que la vie cachée de Joseph soit
l’objet de notre vénération. Car Joseph est un voile pour couvrir Jésus ; et
sous ce voile mystérieux on nous cache la virginité de Marie et la grandeur du
Sauveur des âmes.”
André Doze, voulant montrer combien
Saint Joseph fut un homme de prière et d’oraison fait référence à quelques
grands saints. Ainsi, pour lui, des femmes exceptionnelles comme Thérèse d’Avila
et Bernadette Soubirous ont compris que Saint Joseph était un maître de
l’oraison. Pour apprendre à prier vraiment, et comme Dieu le veut, il nous faut
regarder Saint Joseph. Jésus nous a montré le chemin en regardant son père
adoptif. “Jésus dut renoncer à la tradition millénaire du Temple de son Père
pour disparaître dans un atelier obscur. Ce que Jésus a vécu, il nous faut le
vivre.” Sainte Bernadette disait: “Quand on ne sait pas prier, on demande
à Saint Joseph.” Et le Père Libermann, fondateur des Spiritains au XIXe
siècle, disait : “Saint Joseph est un des saints qui doit nous être le plus
cher: c’est la dévotion du coeur qu’il faut lui demander.”
[6]
Thérèse de Lisieux, le 19 mars
1897, quelques mois avant sa mort, confie à Saint Joseph une intention qui
engage sa vie éternelle. Elle lui demande la grâce “de passer son ciel à
faire du bien sur la terre.”
C’est à Saint Joseph qu’a été
confié Le jardin clos
[8], la Vierge
Marie:“A qui Marie a-t-elle été confiée par la voix angélique, c’est-à-dire
par l’Esprit Saint qui l’inspire directement? A Joseph, fils de David. C’est lui
seul, comme le bon intendant choisi entre tous, qui possède la clé de ce
jardin... Tout dans l’Écriture, comme Jésus le souligne, renvoie à Jésus et à
Lui seul, mais la joie de Jésus est d’associer les hommes à sa vie d’union au
Père de qui, Lui-même reçoit tout ce qui est... Comment ne donnerait-Il pas, de
toute éternité, à Joseph la clé du jardin invisible de l’âme habitée par
l’Esprit? D’ailleurs, n’est-ce pas Joseph seul qui ouvrait et fermait, combien
soigneusement, cet abri où Dieu cachait l’Enfant et sa Mère?”
“Joseph est l’homme de la
prière. Ses mouvements sont prière. Il y a en lui une réconciliation entre le
corps, l’âme et l’esprit qui sont comme un même mouvement. Saint Joseph est tout
entier prière.”
[9]
Vraiment, nous pouvons dire avec
Dom Bernard Maréchaux: “Incontestablement Saint Joseph est par excellence le
Patron de la vie intérieure.”
[1] Deiss
Lucien “Joseph, Marie, Jésus” Éditions Saint Paul.
[2] Deiss
Lucien “Joseph, Marie, Jésus” Éditions Saint Paul.
[3] Père
Marie-Dominique “Le mystère de Joseph” - Éditions Saint Paul.
[4] “Saint
Joseph, Époux de Marie” Éditions Traditions monastiques
(1997).
[5] L’oraison,
c‘est la prière qui permet à un pauvre homme plein de faiblesses et
d’obscurité de se trouver sur le trajet qui va du Fils au Père et du
Père au Fils unique, ni plus, ni moins. (André Doze).
[6] Cité
par André Doze, dans ”Joseph, Gardien du Shabbat” Éditions des
Béatitudes.
[7] Deiss
Lucien “Joseph, Marie, Jésus” Éditions Saint Paul.
[8] Doze
André “Joseph, gardien du Shabbat” Éditions des Béatitudes.
[9] Jo
Croissant ”Le Corps, Temple de la Beauté” Éditions des
Béatitudes.
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