Pourquoi
est-il fortement conseillé de passer par Saint Joseph pour trouver Jésus et
Marie?
Dominicain puis chartreux, Ludolphe
nous l’apprend en contemplant les bergers : “Ils trouvèrent Jésus-Christ dans
l’étable avec la Vierge Marie et le juste Joseph, pour nous apprendre que celui
qui veut aller à Jésus-Christ doit avoir la pureté du coeur, signifiée par
Marie, la justice vis-à-vis du prochain, signifiée par Joseph, l’humilité et le
respect par rapport à Dieu, figurés par la pauvre étable. On ne peut trouver
Jésus-Christ que par l’entremise de Marie et de Joseph.”
C’est également à cause de ses
vertus, et particulièrement de son obéissance, que Saint Joseph bénéficia de
l’apparition des anges. Ainsi, pour expliquer le retour de l’exil en Égypte,
Ludolphe se réfèrant à Saint Rémi, estime que l’apparition de l’Ange à Joseph
pendant qu’il dormait a un sens mystique : “Il signifie que ceux qui ne sont
pas troublés par l’amour des choses d’ici-bas et les préoccupations des affaires
du siècle méritent de jouir de la vision des anges. Joseph, donc, se levant
(voilà la promptitude dans l’obéissance) prit l’Enfant (voilà la sollicitude
paternelle) et la Mère (voilà l’époux obséquieux, attentif), et commença à
retourner dans la terre d’Israël. Ils partent tous trois et traversent le désert
par où ils étaient venus.”
Voulez-vous savoir pourquoi Joseph
est appelé juste? Parce que, selon la conception de l’Ancien Testament, il
possédait la perfection de toutes les vertus.
Saint François de Sales enseignait
fréquemment ses religieuses de la visitation. Ses entretiens et ses
enseignements, soigneusement recueillis par les visitandines, devinrent ce que
l’on a appelé Les vrais entretiens spirituels. Le dix-neuvième entretien
est entièrement consacré à Saint Joseph, et c’est avec des termes à la fois
tendres et lyriques que Saint François de Sales parle de Saint Joseph.
“O quel Saint est le glorieux
Saint Joseph! Il n’est pas seulement patriarche, mais le coryphée de tous les
patriarches; il n’est pas simplement confesseur, mais plus que confesseur, car
dans sa confession sont encloses les dignités des évêques, la générosité des
martyrs et de tous les autres saints. C’est donc à juste raison qu’il est
comparé à la palme qui est le roi des arbres, lequel a la propriété de la
virginité, celle de l’humilité et celle de la constance et vaillance, trois
vertus desquelles le glorieux Saint Joseph a grandement excellé...
Les justes tiennent toujours
leurs fleurs resserrées dans l’étui de la très sainte humilité... O combien ce
grand Saint fut fidèle en ceci... car, nonobstant ce qu’il était, en quelle
pauvreté et en quelle abjection ne vécut-il pas tout le temps de sa vie:
pauvreté et abjection sous laquelle il tenait cachées et couvertes ses grandes
vertus et dignités. Mais quelles dignités, mon Dieu! Etre gouverneur de
Notre-Seigneur, et non seulement cela, mais être encore son père putatif, mais
être époux de sa très Sainte Mère!... Il n’y a point de doute, mes chères
soeurs, que Saint Joseph ne fût plus vaillant que David, et n’eût plus de
sagesse que Salomon... Et quelle sagesse n’avait-il pas, puisque Dieu lui
donnait en charge son Fils très glorieux et qu’il était choisi pour être son
gouverneur?... Il n’y a nul doute que Saint Joseph n’ait été doué de toutes les
grâces et de tous les dons que méritait la charge que le Père Éternel lui
voulait donner, de l’économie temporelle et domestique de Notre Seigneur et de
la conduite de sa famille, qui n’était composée que de trois, qui nous
représentent le mystère de la très Sainte et très adorable Trinité.
Marie, Jésus et Joseph; Joseph,
Jésus et Marie : Trinité merveilleusement recommandable et digne d’être
honorée...”
Pour Joseph Malègue Saint Joseph
est surtout un juste, “ce qui signifie d’abord que de coeur et d’actes, il
restait docile à la loi mosaïque .” Ne s’arrêtant pas aux apparences
humaines, et parce qu’il était juste, il sut écouter la parole de l’Ange, et il
prit chez lui Marie et l’Enfant à qui il servit de père.
[2]
Comme la plupart des auteurs ayant
médité sur la vie et les vertus de Saint Joseph, Michel Gasnier passe en revue
tous ses titres de gloire que sont ses vertus. Rappelant des documents de
Flavius Josèphe, il nous laisse entendre que Joseph n’était pas un ignorant car,
par amour pour la Loi, beaucoup de jeunes apprenaient à lire, ne fût-ce que pour
avoir le privilège de faire la lecture à la synagogue. Il est donc incontestable
que Joseph savait lire.
Pauvre de biens matériels, Joseph
était cependant content de son sort. Jamais il ne cherchait à se prévaloir de
son titre de descendant de David: “Il lui suffisait d’être ce que Dieu avait
voulu qu’il fût... Cependant sa pauvreté ne retirait rien à sa noblesse,... elle
en faisait un prince privilégié de la première béatitude... Il était bien ce
juste que son aïeul avait chanté en s’accompagnant de sa harpe.”
Michel Gasnier suppose que “le
démon ne franchissait pas la porte de l’atelier de Joseph car il se sentait
confondu et désarmé en face de son humilité. Satan, tout génial qu’il fût ne
comprenait pas le mystère de cet homme qui lui paraissait à la fois sans défense
et inattaquable. Il ne savait pas sous quel angle l’aborder et le tenter... Le
spectacle de ce Juste lui était une torture.”
Le mot ‘juste’ dans le langage
biblique désigne celui qui possède toutes les vertus. “C’est celui qui
représente l’idéal de la rectitude morale tel que Dieu l’impose aux hommes...
C’est celui dont le coeur est pur, qui est irréprochable en ses intentions et en
sa conduite... Le juste ne fait rien sans s’enquérir de ce que Dieu ordonne ou
défend: il le loue, il l’exalte, il bénit son nom, il lui donne une confiance
sans limite, une obéissance empressée. Il tient en outre son coeur détaché de
l’orgueil, de l’ambition, de la passion des richesses... Il est attentif à
pratiquer la franchise, la droiture et la loyauté. Il s’applique pareillement à
être bon, bienfaisant, compatissant, à se pencher avec amour sur tous ceux qui
ont besoin d’être secourus, en un mot à exercer en plénitude les oeuvres de
miséricorde temporelles et spirituelles.”
Bienheureux celui qui agit ainsi!
Bienheureux Joseph qui a été juste dans toute l’acception du terme.
Michel Gasnier contemple la foi de
Saint Joseph. La nuit de Noël Joseph prenant le nouveau-né dans ses bras
n’hésite pas à reconnaître en lui le Fils de Dieu. “Il reconnaît en ce
nouveau-né... la Sagesse incréée de ce Verbe que le Père prononce en un éternel
Aujourd’hui. Sa foi brise l’apparence et pénètre jusqu’à la divinité... En même
temps qi’il adore, se confirme en lui la conscience du ministère qu’il aura à
exercer: Dieu lui confie son Fils pour le mettre sous sa garde.”
“Quelle plus parfaite humilité
se peut-il imaginer que celle de Saint Joseph? Je laisse à part celle de
notre-Dame, car nous avons déjà dit que Saint Joseph recevait un grand
accroissement en toutes les vertus par forme de réverbération que celles de la
Très Sainte Vierge faisaient en lui... Il a une très grande part en ce trésor
divin qu’il avait chez lui, qui est notre Seigneur et notre Maître, et cependant
il se tient si rabaissé et humilié qu’il ne semble point qu’il y ait de part.
O Dieu, qu’il faisait bon voir
la révérence et le respect avec lesquels il traitait tant avec la Mère qu’avec
le Fils! “
[3]
Saint Claude La COLOMBIÈRE ( 1641-1682)
Saint Claude La Colombière,
directeur spirituel de Sainte Marguerite-Marie et apôtre du Sacré-Coeur a écrit
deux panégyriques de Saint Joseph. Comme la plupart de ceux qui ont écrit sur
Saint Joseph, Claude La Colombière fait remarquer que si l’on sait si peu de
choses sur Saint Joseph c’est que les apôtres, “tout occupés, tout remplis
des grandes choses qu’ils avaient à dire du Sauveur du monde, ont été comme
incapables de songer au reste.” A moins que le Saint-Esprit ait voulu nous
montrer le silence et l’humilité de Saint Joseph, ainsi que son amour pour la
solitude et la vie cachée. Mais Saint Joseph est surtout l’époux de Marie et
c’est son plus grand titre de gloire. “Quand il n’y aurait pas d’autre raison
pour louer Saint Joseph, il le faudrait faire, ce me semble, par le seul désir
de plaire à Marie... Outre qu’elle le reconnaît pour son véritable époux et
qu’elle a toujours eu pour lui tous les sentiments que doit avoir une honnête
femme pour celui à qui Dieu l’a liée si étroitement, l’usage qu’il a fait de
l’autorité qu’il avait sur elle, le respect qu’il a eu pour sa pureté virginale
lui a inspiré une gratitude égale à l’amour qu’elle avait pour cette vertu et,
par conséquent, un grand zèle pour la gloire de Dieu”.
Un secret, c’est un dépôt: Jésus
est révélé à Joseph pour le taire et le cacher, contrairement aux apôtres qui
eurent la mission, et la charge, de le révéler par tout l’univers. Le secret du
Père a été confié à l’humilité de Joseph.“Joseph a eu cet honneur d’être tous
les jours avec Jésus-Christ, il a eu avec Marie la plus grande part à ses
grâces; néanmoins Joseph a été caché, sa vie, ses actions, ses vertus ont été
inconnues... c’est qu’on peut être grand sans éclat, on peut être bienheureux
sans bruit... Celui qui glorifie les apôtres par l’honneur de la prédication,
glorifie Saint Joseph par l’humilité et le silence... Tous les chrétiens ne
peuvent pas être dans les emplois éclatants,... mais tous peuvent avoir
l’honneur d’obéir à Dieu; et c’est la gloire de Saint Joseph... “
Dans son sermon Quaesivit sibi
Deus virum juxta cor suum, Bossuet reviendra sur les vertus de Saint Joseph,
les vertus cachées et intérieures, celles où “le public n’a point de part, où
tout se passe entre Dieu et l’homme, celles qui, non seulement ne sont pas
suivies, mais ne sont même pas entendues... C’est dans ce secret que consiste
tout le mystère de la vertu véritable..” Ces trois vertus cachées du juste
Joseph sont la simplicité, le détachement, et l’amour de la vie cachée.
Bossuet médite encore :
Généralement les hommes croient
qu’ils n’agissent pas s’ils ne s’agitent pas, s’ils ne se remuent pas et s’ils
ne font pas de bruit. Saint Joseph, dans sa maison avait de quoi attirer les
yeux de toute la terre, mais le monde ne le connaît pas: il reste caché aux yeux
des hommes. “Il possède un Dieu-Homme, et il n’en dit mot. Il est témoin d’un
grand mystère, et il le goûte en secret sans le divulguer; les mages et les
pasteurs viennent adorer Jésus-Christ, Siméon et Anne publient ses grandeurs.
Nul autre ne pouvait rendre meilleur témoignage du mystère de Jésus-Christ que
celui qui en était le dépositaire, qui savait le miracle de sa naissance... Quel
père ne parlerait pas d’un fils si aimable?...” Saint Joseph, comme Marie,
gardait le silence.
Bossuet conclut son sermon par ces
mots: “Joseph a mérité les plus grands honneurs parce qu’il n’a jamais été
touché de l’honneur: l’Église n’a rien de plus illustre parce qu’elle n’a rien
de plus caché.”
[4]
Écrivain et polémiste chrétien,
Louis Veuillot écrivit en 1876, une “Vie de Notre Seigneur Jésus-Christ “
destinée à contrer la”Vie de Jésus” de Renan. Pour lui, Saint Joseph
était un homme éminemment juste et humble.
Il écrit, notamment, ce qui peut
être considéré comme un résumé des vertus de Saint Joseph : “C’est pourquoi,
devant l’humble et doux Joseph le respect surtout nous domine, à cause de cette
ombre d’identité avec le Père... Joseph a été une apparition dans le monde, une
apparition du Père non engendré et éternel. Il est doux, clément, il est pauvre
et obscur, il est passif et docile; il est en même temps la forteresse
inexpugnable où s’abritent l’honneur de Marie et la vie de Jésus... Il
communique avec Dieu pendant son sommeil, comme si son sommeil n’était que le
repos mystique de la contemplation.
Anglican converti, le Père Faber
contemple l’humilité de la crèche de Bethléem et de ses occupants : “
Le fondement de l’adoration de Joseph était l’humilité. Son regard était
toujours fixé sur sa propre indignité. Son humilité semble toujours surprise des
dons qui lui avaient été accordés, et cependant elle est si paisible qu’il n’y
a rien en elle qui porte le caractère précipité et disgracieux de la
surprise...”
“Saint Joseph s’approche de
Jésus nouvellement né, afin de l’adorer avant de lui commander... Constamment
occupé de la pensée et de la dignité de son office, il se cachait avec le plus
profond respect dans les sentiments les plus bas de sa propre abjection...
L’humilité de Saint Joseph a été, pendant toute sa vie, entretenue par l’office
qu’il avait à remplir de commander à Jésus et d’être le supérieur de son
Dieu...”
André Doze, contemplant
l’obéissance de Jésus à Saint Joseph, ajoute : “Il me semble que le
commandement dut inspirer à Saint Joseph des pensées prodigieuses. Il me semble
que le nom de Jésus devait avoir pour lui des secrets étonnants. Il me semble
que son humilité devait prendre quand il commandait, des proportions
gigantesques, incommensurables avec les sentiments connus. Son humilité devait
rejoindre son silence, dans son lieu, dans son abîme. Son silence et son
humilité devaient grandir appuyés l’un sur l’autre. Jésus se prépare à montrer
aux hommes le vrai visage du Père, chez ce père. Il se prépare à la mort avec
celui que l’on regardera comme le Patron de la Bonne Mort. “
[6]
L’humilité de Saint Joseph a fait
des émules, comme le prouve la vie de nombreux saints. On peut citer, parmi de
nombreux autres:
Entré très jeune dans l’ordre des
Prémontrés, au couvent de Steinfeld, diocèse de Cologne, le bienheureux
Hermann-Joseph fut un religieux si parfait que ses frères le surnommèrent
Joseph. Son humilité s’en émut. Mais Marie lui apparut comme elle avait coutume
de le faire, et, devant deux anges pour témoins, elle le prit solennellement
pour époux, lui disant que par son tendre amour, il devait réprésenter sur la
terre, l’Époux qu’elle avait eu en ce monde, et qui règne avec elle au Ciel. A
partir de ce jour, Hermann ne s’appela plus que Hermann-Joseph, et mérita de
plus en plus les faveurs de l’auguste Vierge.
Joseph, héritier légitime des rois
de Juda, mais héritier dépossédé, vivait dans la plus humble des conditions
sociales. En acceptant sa pauvreté, il atteignit par là même la vraie grandeur.
Les parents de Thérèse de Lisieux
ne sont pas encore sur les autels, mais nous savons que leur procès de
béatification est en cours. C’est pourquoi Louis Martin, dans cette étude, a été
placé parmi les saints.
Les vierges, et ceux et celles qui
veulent vivre chastement savent qu’il ne leur suffit pas d’être vierges. S’ils
ne sont humbles, et s’ils ne conservent pas leur pureté dans le vase précieux de
l’humilité, ils ne pourront jamais entrer dans la salle des noces éternelles.[7] Pour
eux, le vrai modèle est Saint Joseph. En effet,
jamais il n’y eut d’adorateur de la
Majesté divine, plus grand et plus humble que Saint Joseph. Tous les saints qui
ont aimé et vénéré Saint Joseph en sont convaincus. Et parce que la vie de Saint
Joseph fut une vie d’humilité, et comme telle, condamnée à l’oubli, et parce que
cette vie fut une vie d’humilité, Dieu l’a donnée en exemple à des milliards
d’êtres humains.
Et Saint Joseph sera de plus en
plus, pour les générations présentes et futures, à cause de son humilité, non
seulement un modèle et un Patron très saint, mais également un père aimant et
très aimé.
Être patient, “c’est supporter sans
se plaindre ni se rebuter, les maux qui nous pressent, aussi prolongés qu’ils
puissent être. “ C’est aussi, selon Saint Thomas d’Aquin, réagir
victorieusement contre la tristesse qu’occasionne l’actuelle pression du mal, et
par suite entretenir en son coeur une sainte joie: “Combien, à ce double
point de vue fut patient Saint Joseph!... Son étude constante était de prendre
sur lui toutes les peines et les angoisses, et de n’en rien laisser passer
jusqu’à Marie et jusqu’à Jésus. Sa patience était un bouclier qui recevait et
émoussait tous les traits ennemis: sa vocation, son bonheur consistaient à
s’immoler quotidiennement au profit de Jésus et de Marie.”
Marie et Joseph obéissent avec joie à
la volonté de Dieu qui est pour eux la plus sûre des consolations.
Comme Saint Joseph, il faut avancer
dans la vie avec confiance dans l’obéissance au Seigneur. Saint François de
Sales écrit :
“L”Ange commande à Saint Joseph de
partir promptement et de mener Notre-Dame et son Fils très cher en Égypte. Voilà
que soudain il part sans dire un mot. Il ne s’enquiert pas: où irai-je? Quel
chemin tiendrai-je? De quoi nous nourrirons-nous? Qui nous recevra? Il part
d’aventure avec ses outils sur son dos afin de gagner sa pauvre vie et celle de
sa famille à la sueur de son visage... Combien est admirable cette obéissance de
Saint Joseph!”
[8]
Jésus, le Fils Unique du Père était
venu pour sauver les hommes, et pour donner sa vie pour eux. Oui, mais à l’heure
fixée par le Père, l’Heure de Jésus, son Heure, celle de la Croix. En attendant
Jésus doit vivre, Dieu humble, au milieu des hommes, ses frères dans son
humanité. Aussi, lorsque Hérode chercha à le faire mourir, “Dieu, voulant
pour le moment préserver son Fils de la mort, envoya un ange avertir Joseph
qu’il eût à prendre l’Enfant et la Mère et à s’enfuir en Égypte.”
L’obéissance de Joseph est prompte.
“Joseph est bien résigné à la volonté du Père Éternel qui voulait que son Fils
commençât, dès son enfance, à souffrir pour expier les péchés des hommes; mais
son coeur tendre et aimant ne pouvait pas ne pas ressentir une peine bien vive
en entendant Jésus pleurer à cause du froid et des autres incommodités qu’il
éprouvait.” Mais l’Ange lui commande de partir promptement, et il part, sans
s’enquérir des circonstances difficiles qui ne manqueront pas de se présenter.
Dans son sermon Quaesivit sibi Deus
virum juxta cor suum Bossuet n’hésite pas à
dire, se souvenant de la simplicité
de Saint Joseph: “Quiconque cherche Dieu, qu’il cherche en simplicité Celui
qui ne peut souffrir les voies détournées. Quiconque veut trouver Dieu, qu’il se
détache de toutes choses pour trouver Celui qui veut être lui seul tout notre
bien. Quiconque veut jouir de Dieu, qu’il se cache et qu’il se retire pour jouir
en repos, dans la solitude, de Celui qui ne se communique point parmi le trouble
et l’agitation du monde.”
La simplicité est proche de l’humilité
et de l’obéissance. C’est une certaine droiture de cœur et une pureté
d’intention. L’acte principal de cette vertu, c’est d’aller à Dieu de bonne foi
et sans s’en imposer à soi-même. “ Les actes de piété doivent naître du fond
du coeur, et non pas être empruntés de l’esprit ou de la mémoire. Le cœur de
Joseph cherche Dieu en simplicité, et dans ses relations avec Marie, son épouse
enceinte, il surpasse la foi d’Abraham qui avait cru l’enfantement d’une
stérile. Joseph, lui, a cru celui d’une vierge.”
Joseph prend simplement et de bonne
foi les sentiments que Dieu lui ordonne. “Si c’est la volonté du Père Céleste
que Joseph tienne sa place en ce monde et qu’il serve de père à son Fils, il
ressentira, n’en doutons pas, pour ce saint et divin Enfant, cette inclination
naturelle, toutes ces douces émotions, tous ces tendres empressements d’un coeur
paternel.” Et, constate Bossuet, il le révérera comme son Dieu, tant est
grande sa foi, il exécutera ce que Dieu commande, sans s’enquérir. “Cette
obéissance de Saint Joseph venait de ce qu’il croyait en simplicité.”
Dieu ne se donne qu’à ceux qui se
contentent de Lui et se détachent des autres biens. Joseph a su vaincre toutes
les douceurs qui nous charment. Et il est détaché de toutes ses passions. Même
la jalousie, qui aurait été pour lui si légitime, ne l’atteint pas. “Ce monstre
furieux (la jalousie) ne peut rien contre le juste Joseph. Admirez sa modération
envers sa sainte et divine épouse. Il sent le mal tel qu’il ne peut la défendre;
et il ne veut pas la condamner tout à fait. Il prend un conseil tempéré. Réduit
par l’autorité de la Loi à l’éloigner de sa compagnie, il évite du moins de la
diffamer, il demeure dans les bornes de la justice; et bien loin d’exiger le
châtiment, il lui épargne même la honte... Mais encore ne presse-t-il pas
l’exécution. Il veut attendre la nuit, cette sage conseillère dans nos ennuis,
dans nos promptitudes, dans nos précipitations dangereuses. Et en effet, cette
nuit lui découvrira le mystère, un ange vient éclaircir ses doutes...”
Mgr J. Martin a consacré sa Lettre
Pastorale du Carême 1954 à Saint Joseph qu’il présente comme un modèle
d’obéissance, de respect de l’autorité, de confiance et de foi, et d’humble
silence.
“Saint Joseph obéit aux anges; il
obéit aux hommes, du moins à ceux qui sont accrédités pour parler de la part de
Dieu, et il nous donne ainsi un grand exemple de respect de l’autorité.
Son obéissance est rapide. Il part
en pleine nuit, aussitôt qu’il le faut. Il ne se fait pas répéter l’ordre deux
fois: puisque Dieu veut qu’il en soit ainsi, cela suffit... Il n’attend pas
d’avoir compris les raisons de ce qu’on lui commande pour obéir... L’ordre venu
d’En-Haut lui suffit, car le fondement de l’obéissance est dans l’autorité de
Celui qui commande, et non pas dans l’approbation, par le subordonné, des
raisons qui motivent les ordres. Sa profonde conviction que l’autorité vient de
Dieu qui donne à lui-même l’assurance dont il avait besoin comme chef de la
Sainte Famille.”
“Qui donc n’a remarqué dans
l’Évangile que l’Ange avait trouvé Saint Joseph endormi toutes les fois qu’il
était venu à lui?
Tant de gens s’inquiètent dans la
vie! Joseph, lui, dormait tranquillement du sommeil du juste!... Son sommeil
n’était pas celui du lâche, ou de l’indifférent... mais il était celui de
l’homme de foi qui sait qu’à chaque jour suffisent sa grâce et sa peine, et que
rien n’arrive que Dieu n’ait voulu ou permis, et que Dieu ne veut ou ne permet
rien, en fin de compte, que pour notre plus grand bien.”
Saint Joseph est un exemple pour ceux
qui veulent apprendre à obéir
Ainsi, Louis et Zélie MARTIN, très
dévots envers Saint Joseph, n’ont abandonné leur état de continence absolue que
par obéissance à leur directeur spirituel. Cela fut probablement dur pour Louis
Martin. Mais cette obéissance lui fut encore plus difficile lors de sa maladie
mentale car, dans un de ses moments de lucidité, il déclara: “J’avais
toujours été habitué à commander et je me vois réduit à obéir, c’est dur. Mais
je sais pourquoi le Bon Dieu m’a donné cette épreuve : je n’avais jamais eu
d’humiliation de ma vie, il m’en fallait une.”
[9]
Lucien Deiss, lui aussi, contemple
l’obéissance de Saint Joseph : “En présence de Marie et de Jésus, Joseph
reste l’amour silencieux, et en présence de Dieu, cet amour silencieux devient
l’amour obéissant... Joseph n’apparaît pas au centre des récits. Il est
simplement au service de l’Enfant et de sa Mère pour l’accomplissement des
Écritures... Lui, Joseph, l’obéissant, et Marie, servante du Seigneur, ont
enseigné eux-mêmes à leur Enfant l’obéissance absolue au Père, la nécessité
suprême de vivre toujours dans sa volonté. Leur vie quotidienne n’était-elle pas
une demeure chez le Père? C’est bien dans l’intimité de la famille de la terre
que Marie et Joseph avaient enseigné à l’Enfant à préférer à tout amour humain,
l’intimité avec le Père du Ciel.”
[11]
Pour Joseph comme pour Marie, la foi
et l’obéissance sont liées; “Nous connaissons l’humble soumission de la foi
de Joseph à la volonté de Dieu: il est l’amour obéissant. Nous apprenons aussi,
en contemplant Joseph, qu’une foi si parfaitement obéissante peut habiter une
âme remplie d’angoisse: ‘vois, ton père et moi, torturés, nous te cherchions...’
Et nous apprenons aussi qu’une foi si soumise peut habiter un pays de ténèbres,
car ils ne comprirent pas la parole qu’il leur avait dite,”
[12] la réponse de Jésus.
Avec André Doze on peut conclure ce
chapitre sur l’obéissance de Joseph : “Chez les hommes on comprend et on
fait; chez Joseph, on fait et on comprend.”
[13]
Nous venons de contempler l’obéissance
de Saint Joseph. Pourquoi ne nous arrêterions-nous pas un moment pour contempler
aussi l’obéissance de Jésus envers Saint Joseph?
André Doze, poursuivant sa méditation,
s’émerveille aussi de cette obéissance de Jésus, Dieu fait homme, envers Saint
Joseph. Le supérieur obéit à l’inférieur! Et, méditant sur le mystère du
recouvrement de Jésus au Temple, il aboutit à une conclusion peu évidente à
priori : Saint Joseph a appris à Jésus l’obéissance, et c’est lui, Joseph, qui
interrompra la carrière débutante de Jésus, à l’âge de douze ans, pour lui
apprendre l’effacement de Nazareth. “C’est chez Joseph que s’élabore le temps
du Père, c’est-à-dire le temps vécu par le Coeur du Fils sur la terre avec une
double finalité très précise: révéler le vrai visage de Dieu notre Père et jeter
bas l’ennemi, le Prince de ce monde, comme l’exprime clairement la prière du
Notre Père.
La vie de la Sainte Famille est
entièrement centrée sur cette double finalité par la vertu du Sang du Christ.
Joseph va refléter progressivement la justice, c’est-à-dire la sainteté de Dieu,
lui le Juste, et Marie la miséricorde. Tous deux vont aider humblement le Fils
Éternel dans sa lutte contre le Mal. C’est Marie qui, à l’occasion de
l’affranchissement de ses douze ans, l’amènera à passer du Temple à Nazareth et
à choisir ce père que Dieu lui montre...”
On a souvent dit et écrit que
l’enfance de Jésus jusqu’à douze ans était le temps de Marie. Cette période
prend fin par la scène dramatique de la recherche et du recouvrement de Jésus au
Temple : Marie et Joseph ont connu de longues heures d’angoisse. Cet évènement
marque une rupture dans la vie de Jésus, “une sorte de mort : une époque
finit, une autre commence, marquée par une vie si laborieuse et si effacée que
Bossuet n’hésitera pas à l’appeler un état d’anéantissement... Cette longue
période, la plus inconnue, c’est la période qu’on peut appeler celle de
Joseph... Jésus habitera chez Joseph. Il fera la volonté du Père, en obéissant
à Joseph... C’est alors que Jésus vit (du verbe vivre) l’enfouissement du grain
de blé dont il parlera peu avant sa mort. C’est alors qu’il élabore son
Évangile.”
“La simplicité est un don, un
achèvement... C’est une rencontre heureuse entre le Créateur, si riche et si
simple à la fois, et sa créature, lorsqu’elle prend acte de son indigence et se
met à L’aimer afin de mieux s’ouvrir à la richesse divine. La simplicité c’est
le Christ lui-même en qui le Père exprime tout par l’esprit, récapitule tout,
comme dit Saint Paul, traduit tout ce qu’il est par une unique Parole...
L’Église doit, peu à peu, réaliser la paternité de Joseph, retrouver les traces
de l’obéissance de Jésus, accepter les exercices pratiques en descendant à
Nazareth où nous attend la simplicité divine. Car il ne fait aucun doute que
Marie, puis Joseph, constituent ensemble le secret de cette simplicité...”
André Doze se pose une question
apparemment déconcertante : “On entrevoit que rien ne devrait entraver la
liberté humaine, celle qui vient de l’Esprit de Dieu, mais on voit moins bien en
quoi consiste concrètement le fait de penser à Dieu.”
La réponse qu’apporte André Doze n’est
pas moins déconcertante. Après avoir contemplé la Sainte Famille, il conclut :
“Dieu est simplicité. Dieu est réalisme: Dieu est dans la mangeoire, dans la
fuite en Égypte, dans l’atelier. Dieu est dans le combat quotidien pour
survivre, même si on ne fait pas de grandes élévations, lorsqu’on est talonné
par la maladie, les créanciers, un conjoint difficile, à condition que l’on vive
un certain état d’esprit. A condition qu’il y ait un tout petit coin pour
l’espérance, c’est-à-dire une certaine forme de courage et de désintéressement,
si souvent présente, en fait, dans les pauvres efforts humains. Il y a une
manière simple de se débattre, dans la vie terre-à-terre, dans le quotidien, qui
rejoint le coeur de l’Évangile et la paternité de Joseph, sans qu’on en ait pris
conscience... C’est là que la majesté divine et toute la cour céleste nous
attendent. Ici, il n’y a plus de petites choses puisque les grandes, sans elles,
n’existeraient pas non plus... Dans tous les cas, celui qui veut vivre à l’ombre
de Joseph sent qu’il glisse dans un domaine de joie, de liberté, de beauté
cachée, d’amitié où tout conspire à disposer l’âme favorablement, la conforter,
l’encourager à continuer, lui donner un peu de souplesse et de patience, ce que
j’appelle la magie divine...
Les conditions que le Père a
voulues pour le Fils aboutissent à l’irrécusable simplicité de Joseph, le
premier degré de l’échelle du paradis, comme disait saint Léonard de
Port-Maurice. Personne ne devrait dire qu’il n’est pas digne, qu’il ne peut pas,
qu’il ne sait pas puisque c’est Dieu qui fait tout, quand nous le laissons
faire, à la manière de Joseph qui, précisément, ne pouvait faire que cela. L’art
de devenir comme des enfants!...
En attendant regardons vers ce père
que Dieu nous donne et que Marie nous montre. Nous verrons trois choses en lui:
– Il ne parle pas et nous
enseigne un certain silence.
– On ne le voit pas et
Jésus disparaît complètement entre ses mains; il a le secret de la Nuit.
– Il faut rester avec lui:
il nous apprend à vivre le Temps.”
Le mystère de Joseph et la manière
dont il a pu marquer l’âme de Jésus nous émerveillent. Qu’il nous suffise de
savoir, pour conclure ce chapitre sur la simplicité de Saint Joseph, que “la
tendresse d’un homme et d’une femme, vécue dans la simplicité de Nazareth, a
contribué à bâtir la personnalité de Celui que notre foi acclame comme le
Seigneur des éternités.”
[18]
“La vérité est que, comme
l’explique Saint Jean de la Croix, dans La vive Flamme, le démon est un
ennemi extraordinairement dangereux et que, si nous ne savons pas lui ressembler
par quelque côté, comme Jésus nous y invite, jamais nous ne lui échapperons:
voilà où Joseph triomphe. Il a le silence, l’incroyable souplesse du serpent, la
science qui lui vient des anges, cette humilité au ras du sol qui le rend
parfaitement invisible, quand il veut, tout ce qu’il faut pour semer un ennemi
si puissant et si retors. La fuite en Égypte en est la parfaite illustration.
Oui, devenir fils de Joseph, comme Jésus, comme Bernadette devient sa fille, est
indispensable et le sera de plus en plus puisque, comme le dit si justement
Maritain, il y aura toujours plus de vérités et plus de mensonges! Lui seul
tient la clé de cet espace spirituel où tout est secrètement restauré, où le
serpent redevient un symbole extraordinairement positif, plein d’enseignements
indispensables, pour nous aider, comme tous les autres êtres, à marcher vers
l’Enfant.”
[20]
Presque tous les auteurs
“joséphologues” affirment que Joseph, vierge lors de son mariage avec Marie,
établi par Dieu gardien de la virginité de Marie, est resté vierge, lui aussi,
durant toute sa vie.
Dans sa réponse à l’hérétique
Elvidius, Saint Jérôme écrit :
— ”Tu oses nier la virginité de
Marie, et moi je te réponds que non seulement Marie, mais Joseph aussi, son
époux, devait être vierge, puisque Dieu avait décidé qu’à la suite de cette
alliance virginale, naîtrait le Fils vierge par excellence.”
Joseph gardien de la virginité de
Marie
Joseph nourricier et protecteur de
Jésus
Cherchant les raisons qui avaient pu
déterminer Dieu à donner Joseph pour époux à Marie, Saint Jérôme en découvre
plusieurs :
— ”La plus grave est la nécessité
de sauvegarder l’honneur de la mère et du Fils. Si, toute jeune encore et sans
avoir contracté mariage, Marie avait donné le jour à un enfant, qu’est-ce qui
l’aurait garantie de la flétrissure? Qui l’aurait mise à l’abri des tribunaux?
Qui l’aurait soustraite à l’ignominie d’une sentence infâmante, de la
lapidation? Car la loi de Moïse prescrivait ces châtiments contre les femmes
coupables... Pensez-vous que les Hébreux dont l’esprit était aveugle et le coeur
dur, eussent ajouté foi à une jeune fille qui serait venue leur dire: je suis la
vierge d’Isaïe, j’ai conçu par l’opération du Saint-Esprit?”
Saint Jérôme attribue un second motif
au mariage de Marie. D’après lui, Dieu le permit pour procurer à Marie un appui,
une aide, un soutien.
La troisième raison, que Saint Jérôme
emprunte au martyr Saint Ignace, c’est que l’enfantement miraculeux de la Vierge
devait être ignoré du démon; il n’avait pas à savoir que Jésus était le Messie.
Ubertin de Casale a longuement
contemplé le mystère de Jésus et de Joseph. Pour lui Joseph est un homme en tous
points admirable : dans ses relations avec Marie, son épouse, avec Jésus,
l’Enfant-Dieu, et avec tous les saints de l’Ancien Testament.
La cohabitation avec Jésus, qui se
comportait à son égard comme un fils respectueux et obéissant, devait encore
augmenter les vertus de Joseph et leur perfection. “A quelle hauteur dans la
contemplation et à quel degré dans l’ardente charité ne devait pas s’élever
l’âme de Joseph lorsque, dans son coeur, il méditait le spectacle qui s’offrait
à ses yeux. Le Fils de Dieu s’était fait son fils, et c’était lui, Joseph, qu’il
s’était choisi pour nourricier, guide, protecteur de sa vie mortelle!
Oh! quels doux baisers il reçut de
Lui! Oh! avec quelle douceur il l’entendait tout petit Enfant, l’appeler du nom
de père, et avec quelle suavité il se sentait doucement embrassé par Lui. C’est
qu’un amour sans réserve et transformant le portait vers Lui, comme vers un fils
très doux que le Saint-Esprit lui avait donné par la Vierge son épouse...”
Joseph fut grand aussi dans ses
rapports avec son épouse, Marie “Dans tout mariage, l’union des coeurs
s’établit à ce point que l’époux et l’épouse sont appelés une même personne.
Aussi, à la Vierge, Joseph ne peut pas ne pas ressembler... Je tiens donc pour
certain que Saint Joseph fut l’homme le plus pur en virginité, le plus ardent en
amour et le plus élevé en contemplation.... Et, je le crois, Marie aimait très
sincèrement Joseph. Il est à croire qu’ils firent l’un et l’autre voeu de
virginité.... Et puisque les biens de l’épouse sont ceux de l’époux, je crois
que la bienheureuse Vierge a communiqué à Joseph, des trésors de son coeur, tout
ce qu’il pouvait recevoir... Et on peut encore affirmer qu’une source de
perfection venait à Joseph des exemples très saints que lui donnait son épouse.
La sachant Mère de Dieu et toute remplie de l’Esprit-Saint, avec quels
sentiments de respect, d’humilité, de pureté, ne dut-il pas vivre à ses côtés...
et quels ne durent pas être les accroissements en vertus qui s’accomplirent dans
l’âme de Joseph, du fait de son union avec la Vierge très sainte, donnée à lui
comme épouse par le Saint-Esprit!...”
Joseph retira aussi une grande
perfection des services qu’il eut à rendre à Marie : “Pour le coeur de Marie,
ce n’était pas de petite importance que Joseph s’exposât à tant de dangers pour
protéger la vie du Christ... J’ose dire que Marie aima Joseph plus que toute
autre créature. Son amour pour Joseph venait tout de suite après celui qu’elle
portait à Jésus, le fruit béni de son sein.”
Dominicain puis chartreux, Ludolphe a
exercé une influence considérable sur la piété chrétienne de son temps en
publiant une Vie de Notre Seigneur Jésus-Christ. Beaucoup de ses citations sont
empruntées aux Pères de l’Église. Il s’est attaché à mettre en relief la figure
de Saint Joseph. Toutefois ses récits s’appuyant aussi sur ses propres
méditations et sur quelques récits apocryphes, il faut prendre ce qui suit avec
une certaine prudence. Ainsi : “Selon certains auteurs la présence de
Jésus-Christ dans le sein de la Vierge faisait briller son visage d’un tel
éclat que Joseph ne pouvait regarder face à face Celle sur qui le Saint-Esprit
avait répandu sa plénitude.”
Mais voici qui est plus plausible:
“Joseph demeure avec son épouse bénie, plein de contentement. Il l’aime d’un
amour chaste vraiment ineffable. Il lui prodigue toutes ses attentions; et Marie
est heureuse d’être avec Joseph: elle met en lui toute sa confiance. Ils vivent
contents au sein de leur obscurité.”
Pierre d’AILLY et Jean GERSON ont été,
au XVe siècle, les grands promoteurs du culte envers Saint Joseph, dont ils
s’étaient faits les avocats.
Nous avons parlé ci-dessus[24] du
long traité en latin : ”Les douze gloires de Saint Joseph”, que Pierre
d’Ailly rédigea et dans lequel il disserte sur les motifs de gloire de Saint
Joseph, en insistant particulièrement sur son rôle d’époux de Marie, donc sur sa
qualité de témoin de la naissance et de l’enfance du Christ : la grossesse de
Marie, la naissance de Jésus, et la venue des bergers qui “racontèrent des
choses admirables sur cet enfant.” Nous n’y reviendrons pas. Nous
rappellerons simplement que “c’est à Saint Joseph que furent soumis par une
humble obéissance, non seulement la Mère de Dieu, non seulement la Reine et la
Souveraine des anges, mais aussi le Fils de Dieu, le Roi et le Seigneur de
toutes choses, devant qui tout genou fléchit au ciel, sur la terre et dans les
enfers... “
Jean Gerson succéda en 1395 à Pierre
d’Ailly comme chancelier de Notre-Dame et de l’université de Paris. Il joua un
grand rôle au Concile de Constance (1414-1418).
Il avait une grande dévotion à Saint
Joseph et contribua, par ses interventions, notamment auprès du Duc Jean de
Berry, à répandre l’amour du saint patriarche chez ses contemporains ainsi que
le culte à lui rendre.
En 1413 il adressa une lettre à toutes
les églises consacrées à Notre-Dame pour qu’elles célèbrent une fête en
l’honneur du mariage virginal de Marie et de Joseph. Il reprit ce thème qui lui
était cher au cours du Concile de Constance.
Il faut laisser à Jean Gerson la
responsabilité de ses thèses dont certaines peuvent nous paraître surprenantes.
Cependant il convient de dire ici, pour être tout à fait juste, qu’il fut loué
par Saint François de Sales lui-même, lequel le trouvait “docte, judicieux,
et dévot.”
[26]
Écrivant au Duc Jean de Berry pour lui
demander d’instaurer une fête en l’honneur de Saint Joseph, époux virginal de la
Vierge Marie, Jean Gerson lui rappelle que c’est de Dieu qu’il en reçut
l’inspiration, puis il insiste : “Je vous le demande au nom de Jésus... je
vous le demande au nom de Joseph qui, vierge lui-même, fut l’époux et le gardien
très fidèle de la Vierge des vierges, le protecteur du divin Enfant, qu’il a
porté tant de fois dans ses bras, qu’il a couvert de baisers et qu’il a traité
avec une familiarité inconnue à tout autre que lui...”
Comme nous l’avons vu plus haut,[27] Isidore
de Isolani, dominicain, véritable prophète de Saint Joseph, fut l’un des
écrivains qui auront le plus contribué à faire connaître Saint Joseph et à
étendre son culte. Nous avons également mentionné une curieuse prophétie dans
laquelle Isidore de Isolani disait prophétiquement combien les dons et les
vertus de Saint Joseph seraient honorés dans les siècles futurs.
Dans ce même ouvrage, Isidore, parlant
de Nazareth, ne craignit pas d’affirmer ce qui suit, thème qu’il reprendra
fréquemment par la suite : “Nazareth veut encore dire “onction”, ou “remède”;
“gardien” ou “séparation”. Cette interprétation convient parfaitement à la vie
de Joseph qui fut toujours pure par sa virginité, son innocence et sa soumission
à la loi divine. Elle convient aussi à son ministère: il fut le gardien de la
Vierge Immaculée et son époux séparé, uni à elle jusqu’à sa dernière heure par
une protection continuelle, et séparé d’elle par une pureté angélique.
Persévérant dans la virginité avec la divine Reine des Cieux, oint de la grâce
suprême, brillant d’une merveilleuse pureté, gardien du paradis terrestre, et
séparé des souillures de la chair, il fut d’abord connu de tous les anges, et
ensuite manifesté aux mortels.”
Isidore ajoute, comme pour se
justifier : “Lecteur intelligent, ne cherche pas pour le moment de plus
fortes preuves à ce que je dis; mais, rentrant dans ton coeur, et te renfermant
dans l’intérieur de toi-même, tu verras que mes paroles sont plus claires que la
lumière, tu leur accorderas ton assentiment, et tu affirmeras même de plus
grandes choses de Joseph.”
[28]
Saint François de Sales, dans un
entretien sur Saint Joseph écrit : “En quel degré pensons-nous que Saint
Joseph eut la virginité? Si la très Sainte Vierge ne fut pas seulement vierge
toute pure et toute blanche, mais si elle était la virginité même, combien
pensons-nous que celui qui fut commis de la part de Dieu pour gardien de sa
virginité, ou pour mieux dire, pour compagnon, puisqu’elle n’avait besoin d’être
gardée, combien dis-je, devait-il être grand en cette vertu!”
Admirant la chasteté de Joseph, Saint
François de Sales écrit : “Si la très Sainte Vierge est une porte, dit le
Père Éternel, nous ne voulons pas qu’elle soit ouverte; car c’est une porte
Orientale par laquelle nul ne peut entrer ni sortir: au contraire, il la faut
doubler et renforcer de bois incorruptible, c’est-à-dire lui donner un compagnon
en sa pureté, qui est le grand Saint Joseph, lequel devait pour cet effet
surpasser tous les saints, voire les anges et les séraphins, même en cette vertu
tant recommandable de la virginité.”
L’éminence de la virginité de Saint
Joseph est la base de son union avec Marie, Mère de Dieu. “Sa qualité d’époux
de Marie demande qu’il soit associé, ressuscité lui-même, à Marie ressuscitée.
Sa qualité de père adoptif, de nourricier de Jésus, postule sa glorification
complète à côté de Jésus. L’unité intime de la Sainte famille exige que le chef,
Joseph, soit en pleine harmonie de gloire avec les deux autres membres qui la
composent, Jésus et Marie... Saint Joseph est donc au Ciel en corps et en âme;
c’est sans doute.” Nous laisserons à Saint François de Sales la
responsabilité de cette affirmation.
“L’Esprit, en Saint Joseph, était
soumis à Dieu par une parfaite justice qui, identifiée de fait avec la charité,
ornée du don de sagesse, lui fait sentir et suivre la volonté de Dieu en toutes
choses, et le rendait admirablement docile aux conduites du Saint-Esprit. Par
suite, la chair, en cet élu de Dieu, était parfaitement docile à l’esprit:
Joseph le juste fut le plus chaste des hommes...
Le coeur de Joseph fut façonné de
Dieu pour aimer la très pure Vierge Marie... Par un privilège spécial de la
grâce aucun désir impur ne l’effleura jamais... La chasteté de Saint Joseph
n’était pas une chasteté de lutte et de combat, mais une chasteté passée en
nature et de tout repos; il fallait qu’elle eût ce caractère pour l’habiliter à
des noces avec Marie, la très pure Vierge.”
Saint Claude La COLOMBIÈRE ( 1641-1682)
Directeur spirituel de Sainte
Marguerite-Marie, Claude La Colombière estime que le
plus grand titre de gloire
de Saint Joseph c’est d’être l’époux de Marie. Il n’hésite pas à écrire : “On
devrait donc louer Saint Joseph, quand il n’y aurait pas d’autre raison de le
faire que ce qu’il a été l’époux de Marie.”
La présence continuelle de Marie à ses
côtés a été pour lui la source de progrès constants dans toutes les vertus :
“La seule présence d’une aussi modeste, aussi humble, aussi sainte personne que
celle-là, la seule vue d’un modèle si accompli et si excellent ne pouvaient même
manquer d’inspirer un grand amour pour toutes sortes de vertus et un désir
ardent de les acquérir?... je ne doute nullement que le silence même de Marie ne
fût extrêmement édifiant et que ce ne fût assez de la regarder pour se sentir à
aimer Dieu et à mépriser tout le reste... La seule idée qu’on se forme en
soi-même des secrets entretiens qu’ils avaient si souvent ensemble, sur les
mystères qui s’accomplissaient à leurs yeux et sur les grâces qu’ils recevaient
tous les jours, cette seule idée édifie et porte, ce me semble, au recueillement
et à la ferveur. Mais qui peut imaginer quel était le fruit de ces mêmes
entretiens pour celui à qui Marie communiquait ses admirables lumières... “
Le grand feu que Marie portait en
elle, capable d’embraser toute la terre, n’a eu que le coeur de Joseph, son
époux, à échauffer et à consumer durant un si grand nombre d’années.[30]
Saint Jean Eudes est surtout connu
comme apôtre du Sacré-Cœur de Jésus, et du Saint Cœur de Marie. Connaissant
aussi parfaitement l’affection qui liait, et lie toujours, Jésus et Marie, il va
de soi qu’il a dû pénétrer aussi très profondément dans l’amour qui unissait
Saint Joseph, Jésus et Marie.
“Après Dieu, Saint Joseph est le
premier objet de l’amour de sa très sainte épouse et il a première place dans
son coeur; car Marie étant toute à Saint Joseph, comme l’épouse est à son époux,
le coeur de Marie était à Joseph... La bienheureuse Vierge et Saint Joseph
n’avaient qu’une âme et qu’un coeur par un un lien sacré d’amour et de
charité...
Il est donc constant que Joseph n’a
qu’un cœur avec Marie, en suite de quoi nous pouvons dire que Marie n’ayant
qu’un coeur avec Jésus, Joseph, par conséquent, n’a qu’un cœur avec Jésus et
Marie.. De sorte que, comme dans la Trinité adorable du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, il y a trois personnes qui n’ont qu’un cœur ; ainsi dans la
trinité de Jésus, Marie, Joseph, il y a trois cœurs qui ne sont qu’un Cœur... Ô
grand Saint Joseph, nous vous offrons nos cœurs ; unissez-les avec le vôtre et
avec celui de Jésus et de Marie, les priant de faire en sorte que cette union
soit inviolable et éternelle.”
[31]
Saint Alphonse de Liguori est le
fondateur de l’Ordre des Rédemptoristes. Il a laissé une oeuvre écrite
considérable dont Sept méditations en l’honneur de Saint Joseph. Il a,
notamment, longuement médité sur la croissance continuelle de l’amour dans le
coeur de Joseph, amour envers Marie, amour envers Jésus. “Parmi les hommes, à
force de vivre ensemble, on finit d’ordinaire par n’avoir plus, les uns pour les
autres, qu’un amour fort médiocre, parce que, au fur et à mesure que les
relations durent, on découvre davantage les défauts l’un de l’autre. Saint
Joseph, au contraire, ne cessait, en continuant à vivre avec Jésus, d’admirer
davantage sa sainteté.”
Voici comment Saint Alphonse de
Liguori imagine l’amour de Saint Joseph pour Jésus et Marie.
“Marie méritait l’affection de
Saint Joseph, et Saint Joseph, pour qui la vertu avait tant de charmes, aimait
Marie de tout son coeur. D’autant plus qu’il recevait incessamment les marques
de l’affection dont sa sainte épouse était animée pour lui... Il voyait dans
Marie la bien-aimée de Dieu, celle que le Seigneur avait choisie pour Mère de
son Fils unique. Combien donc le coeur si juste et si reconnaissant de Joseph
devait aimer sa pure et admirable épouse!”
“Dieu ne pouvait charger Joseph de
tenir lieu de père à Jésus sans lui mettre au coeur l’amour dont il fallait
qu’un père fût animé pour un tel Fils, un Fils si digne d’amour, un Fils qui
était en même temps son Dieu. Aussi l’amour de Joseph, fort différent de celui
que les pères ont d’ordinaire pour leurs enfants, ne fut-il pas seulement
naturel, mais encore surnaturel, Jésus étant tout à la fois et le fils de
Joseph, et son Dieu.”
Car Joseph savait de science certaine
que Jésus était le Verbe divin fait homme par Amour. Et Joseph savait qu’il
avait été choisi, lui, entre tous les hommes, pour être le gardien et le
protecteur de Jésus : “Quel incendie d’amour ne devait pas allumer dans l’âme
du saint patriarche la considération de ces merveilles!... Quels sentiments de
tendresse inondaient son âme quand il portait l’Enfant Jésus dans ses bras et
que tous deux se témoignaient leur amour par les plus douces caresses, quand il
l’entendait proférer ces paroles de vie éternelle dont chacune était comme une
flèche d’amour qui lui perçait le coeur... Saint Joseph ne cessait, en
continuant de vivre avec Jésus, d’admirer davantage sa sainteté.”
[32]
Saint Alphonse de Liguori a également
écrit : “Plus Saint Joseph conversait avec Jésus, plus il connaissait sa
sainteté. Jugez de là combien il aimait Jésus!...” Quand on sait, par
ailleurs, que le coeur de Saint Joseph avait été façonné par Dieu pour aimer la
très pure Vierge Marie, on conçoit aisément quel amour devait emplir le coeur de
Joseph et quel amour il devait porter à sa Famille. C’est pourquoi les âmes
sensibles aux impulsions de l’amour divin voient en Joseph un exemple lumineux
de la vie d’intimité et d’amour avec le Seigneur.
La troisième vertu retenue par
Bossuet, vertu qui accompagne ce dépôt (celui de Jésus confié à Saint Joseph),
c’est l’humilité. En effet, Joseph qui possédait un si grand trésor, par une
grâce extraordinaire du Père Éternel, “bien loin de se vanter de ses dons ou
de faire connaître ses avantages, se cache autant qu’il peut aux yeux des
mortels, jouissant paisiblement avec Dieu du mystère qu’Il lui révèle et des
richesses infinies qu’Il met en sa garde.”
[33]
Et Bossuet donne quelques définitions
permettant de préciser les trois points évoqués ci-dessus.
Pour lui, la virginité chrétienne
“c’est une imitation de la vie des anges... c’est comme un milieu entre les
esprits et les corps... La virginité, c’est ce qui fait que Dieu ne refuse pas
de venir vivre avec les hommes... Si la pureté angélique est le bien de la
divine Marie, elle est le dépôt du juste Joseph... Marie a voué sa virginité;
Joseph la conserve... C’est pourquoi Jésus est le fils de Joseph, non pas à la
vérité de la chair, mais il est son fils par l’esprit, à cause de l’alliance
virginale qui le joint avec sa mère.”
Pour Saint Léonard, franciscain, Saint
Joseph se présente essentiellement comme un juste, un époux et un père.
Saint Joseph est un juste. “Avant
de devenir l’époux de Marie, il a fallu que Joseph fût déjà l’âme la plus grande
qui ait jamais paru dans le monde, excepté l’auguste Vierge que je sous-entends
toujours... Je ne parle pas ici de cette grandeur dont s’enorgueillit
l’ambition, qui ne vise qu’à faire l’étalage de titres pompeux, pour s’attirer
la vaine estime des hommes... Non, la grandeur qui rehausse sa dignité, c’est
celle qu’il emprunte à tant de vertus héroïques et qui lui valut le beau titre
de juste: voilà le trésor qui lui plaît davantage; car c’est pour cela qu’il
sera l’admiration de tous les siècles et portera gravé sur le front cet éloge
qui résume toutes ses gloires: “Joseph autem vir ejus cum esset justus.”
Dom Prosper GUÉRANGER (1805-1875)
Dom Guéranger, abbé de Solesmes, est
surtout connu pour ses travaux sur le chant et la musique grégorienne.
Toutefois, dans l’Année Liturgique, il fait précéder les divers offices et les
messes par des considérations édifiantes. Il fut particulièrement élogieux
lorsqu’il présenta Saint Joseph.
“... Jusqu’à ce que le fils de
Marie fût reconnu pour le Fils de Dieu, l’honneur de sa mère demandait un
protecteur: un homme devait donc être appelé à l’ineffable gloire d’être l’époux
de Marie. Cet heureux mortel, le plus chaste des hommes, fut Joseph... seul
digne d’un tel trésor. Ce ne fut pas la seule gloire de Joseph d’avoir été
choisi pour protéger la Mère du Verbe Incarné; il fut appelé à exercer une
paternité adoptive sur le Fils de Dieu lui-même.” Et le Fils de Dieu, Jésus,
lui était soumis comme il était soumis à Marie.
Pour Dom Maréchaux, la virginité de
Joseph ne fait aucun doute car la virginité est la loi de ce mariage qui,
cependant, en tant que mariage, réclame un fruit. Et ce fruit, comme le dit
Saint Augustin, Dieu le lui donne en la personne de son propre Fils Incarné dans
le sein de Marie : Jésus est le fruit du mariage virginal de Marie et de Joseph.
“Ô Joseph, époux de la Mère de Dieu!... Vous êtes l’époux de la Vierge mère
de Dieu, parce que vierge vous-même, vierge d’âme et de corps!”
Ajoutons que Dom Maréchaux est
également souvent cité par l’auteur anonyme d’un ouvrage de méditations sur
Saint Joseph
[34] “Saint Joseph, Époux de Marie”.
Parlant du silence et de la vie intérieure de Saint Joseph, il écrit :
“Jamais il n’y eut d’adorateur plus grand et plus humble de la Majesté divine,
cachée sous un voile de chair, que Saint Joseph... “
Jeune homme, Louis Martin porte en son
coeur un grand amour de Dieu auquel il a décidé de consacrer sa vie. Mais Dieu
en a décidé autrement. Il devra se marier, et celle que le Seigneur a choisie
pour lui est Zélie Guérin, elle aussi amoureuse de Dieu. Leur mariage va
commencer par une longue période de continence absolue, à l’image de Marie et de
Joseph.
Voici ce qu’écrit Louis Martin :
“Le lien qui constitue le sacrement est indépendant de sa consommation. Nous
avons une preuve éclatante de cette vérité dans la Sainte Vierge et Saint Joseph
qui, bien que véritablement mariés, ont gardé une continence perpétuelle. Ces
illustres époux ont eu pour imitateur plusieurs saints vivant dans le mariage,
se bornant à l’union pure du coeur, renonçant d’un commun consentement au
commerce charnel qui leur était permis. Ces mariages (comme celui de Marie et
de Joseph) avaient tout l’essentiel nécessaire à leur validité, ils avaient même
cet avantage sur les autres de représenter d’une manière plus parfaite l’union
chaste toute spirituelle de Jésus-Christ avec son Église.”
[35] Ainsi, sans le savoir, Monsieur
Martin se prépare à devenir, à l’instar de Saint Joseph, gardien des vierges,
puisque ses cinq filles se consacreront au Seigneur.
[1] Cité par Mgr Villepelet dans
“Les plus beaux textes sur Saint Joseph” - Éditions du Vieux
Colombier (1959)
[2] Cité par Mrg VILLEPELET dans
“Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[3] Cité par Mrg VILLEPELET dans
“Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[4] BOSSUET “Quaesivit sibi
Deus “- Éditions DMM
[5] André DOZE ”Joseph,
Gardien du Shabbat” - Éditions des Béatitudes
[6] André DOZE ”Joseph,
Gardien du Shabbat” - Éditions des Béatitudes
[7] “Saint
Joseph, Époux de Marie” Éditions Traditions monastiques
[8] Cité par le chanoine
LAMOTHE-TENET “Saint Joseph, patron des communautés religieuses”
Éditeur J.Martel
aîné,Imprimeur de N.S.P. le Pape. Montpellier (1879)
[9] Cité parFrère Éphraïm
“Joseph, un père pour le nouveau millénaire” Éditions des
Béatitudes
[10] Lucien DEISS“Joseph,
Marie, Jésus” Éditions Saint Paul
[11] Lucien DEISS “Joseph,
Marie, Jésus” Éditions Saint Paul
[12] Lucien DEISS“Joseph,
Marie, Jésus” Éditions Saint Paul
[13] André DOZE ”Joseph,
Ombre du Père” - Éditions des Béatitudes
[14] André DOZE ”Joseph,
Gardien du Shabbat “- Éditions des Béatitudes
[15] André DOZE ”Joseph, Ombre
du Père” - Éditions des Béatitudes
[16] André DOZE ”Joseph, Ombre
du Père” - Éditions des Béatitudes
[17] Lucien DEISS “Joseph,
Marie, Jésus” Éditions Saint Paul
[18] Lucien DEISS “Joseph,
Marie, Jésus” Éditions Saint Paul
[19] André DOZE “Joseph,
gardien du Shabbat” Éditions des Béatitudes
[20] André DOZE “Joseph,
gardien du Shabbat” Éditions des Béatitudes
[21] ”Arbor
vitae crucifixae Jesu” Livre II, ch.
VI “La fuite en Égypte” de Ubertin de Casale. Cité par Mgr
Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph” -
Éditions du Vieux Colombier (1959)
[22] Cité par Mgr Villepelet
dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph” - Éditions du Vieux
Colombier (1959)
[23] Cité par Mgr Villepelet
[25] Cité par Mgr Villepelet
[26] ”Traité
de l’Amour de Dieu” de Saint François de Sales
[28] Cité par Mrg Villepelet dans
“Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[29] “Saint
Joseph, Époux de Marie” Éditions Traditions monastiques (1997)
[30] Cité par Mrg Villepelet dans
“Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[31]“Oeuvre complètes” de
Saint Jean EUDES
[32] Cité par Mgr VILLEPELET
dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[33] BOSSUET “Depositum
custodi “ Éditions DMM
[34] Cité par l’auteur anonyme de
“Saint Joseph, Époux de Marie” publié par les traditions
Monastiques
[35] Cité
par Frère Éphraïm “Joseph, un père pour le nouveau millénaire”
Éditions des Béatitudes
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