Rupert,
issu du sang royal de France, s'exerça, dès sa jeunesse,
à la pratique du jeûne, des veilles et de plusieurs
autres sortes de mortifications :
il était aussi un modèle de chasteté, de tempérance et de
charité
envers
les pauvres. Son nom devint si célèbre, qu'on venait le
consulter de toutes parts. Il éclaircissait les doutes qu'on lui
proposait, consolait les affligés, et guérissait les maladies
des corps et des âmes. Un mérite si distingué le fit élever sur
le siège épiscopal de Worms : mais les habitants de ce diocèse,
dont la plupart étaient encore idolâtres, ne purent souffrir un
pasteur dont l'éminente sainteté condamnait leurs désordres ;
ils l'accablèrent d'outrages, et le chassèrent de la manière la
plus indigne.
Théodon, duc de
Bavière invita le Saint à venir dans son pays. Rupert arriva à
Ratisbonne en 697, et y fut reçu par le duc et par sa cour avec
la plus grande distinction. Ayant trouvé partout des cœurs
dociles, il ralluma le flambeau de la foi, éteint par les
superstitions et par les hérésies qui s'étaient élevées depuis
la mort de saint Séverin. Il convertit Ragrintrude, sœur de
Théodon, et cette conversion fut suivie de celle du duc et de
toute la Bavière. Dieu autorisa, par plusieurs miracles, la
doctrine que prêchait le saint missionnaire. Le zèle de Rupert
porta aussi la lumière de l'évangile chez les nations voisines.
Le Saint continua
ses prédications à Lorch et à Juvave. Il établit son siège
épiscopal dans cette dernière ville. Elle était alors presque
entièrement ruinée ; mais on la rebâtit, et elle prit le
nom de Salzbourg. Le duc Théodon y fit beaucoup
d'embellissements, avec de riches donations, qui mirent le Saint
en état de fonder un grand nombre d'églises et de monastères.
Théodebert ou Diotper, héritier de la piété de son père,
augmenta considérablement les revenus de l'église de Salzbourg.
Saint Rupert fit un
voyage en France, dans le dessein de se procurer des
missionnaires capables de le seconder dans ses travaux
apostoliques : il en emmena douze, avec sainte Erentrude, sa
nièce. Celle-ci ayant fait à Dieu le sacrifice de sa virginité,
il lui donna le gouvernement du monastère de Numberg, dont il
était fondateur. Il mourut quelques années après, le jour de
Pâques, qui tombait cette année le 27
Mars. Il venait de dire la messe et de prêcher. Il est
nommé en ce jour dans les martyrologes. En Autriche et en
Bavière, on fait sa principale fête le 25
Septembre. C'est le jour d'une des translations de ses
reliques, que l'on voit à Salzbourg, dans l'église qui porte son
nom.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |