* * *

Mystères JoyeuxMystères LumineuxMystères Douloureux

Mystères Glorieux

Mystères du Rosaire

Le Mystère Pascal

Le Mystère Pascal, c’est le Mystère de la mort et de la Résurrection du Seigneur. Le Mystère Pascal c’est le fondement du Christianisme. “Si le Christ n’est pas ressuscité, dit Saint Paul, ma foi est vaine, et je suis le plus malheureux de tous les hommes.” Si le Christ n’est pas ressuscité, le Christianisme n’est plus possible, car sa seule raison d’être, c’est la Résurrection de Jésus.

Si le Christ n’est pas ressuscité, les chrétiens ne peuvent pas exister, car la foi des chrétiens c’est d‘abord la Résurrection du Christ. Le chrétien croit en Dieu, créateur du ciel et de la terre. Le chrétien croit en Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu... conçu du Saint-Esprit... Le chrétien croit en Jésus-Christ qui a souffert sous Ponce Pilate, est mort, et est ressuscité... Le chrétien croit aussi au Saint-Esprit.

Comme on le voit, le Mystère Pascal, Mystère de Jésus, mort et ressuscité, est au centre de la foi des chrétiens. Le Christ est un personnage historique, cela personne ne peut le nier. Jésus n’est pas un mythe, Il a vraiment existé, Il a vécu homme parmi les hommes. Ses contemporains ont pu Le voir, L’entendre, Le toucher. Ils ont mangé avec Lui, ont vécu avec Lui. Ils ont entendu ses enseignements et ont admiré sa sagesse. Et Jésus est mort, sur la Croix. Les témoins furent nombreux à s’assurer que Jésus était bien mort. Puis Jésus fut déposé et laissé dans un tombeau, pendant trois jours. Cela, c’est historique, et personne ne peut le nier.

La vie de Jésus au milieu des hommes est un fait historique. Sa Résurrection aussi. Des centaines d’hommes ont revu Jésus vivant après sa mort, et nombreux furent les martyrs qui moururent pour attester la véracité de la Résurrection.

La méditation des mystères du Rosaire, c’est véritablement une méditation de la vie de Jésus. Et méditer les Mystères de la vie de Jésus, c’est, à chaque fois, se replonger dans le Mystère Pascal.

La méditation des Mystères du Rosaire nous plonge à chaque instant dans le Mystère Pascal, Mystère de la mort et de la Résurrection du Seigneur. Et le Mystère Pascal est présent à chaque étape de la vie du Sauveur, car le Mystère Pascal, c’est, à chaque instant, la victoire de la vie sur la mort.

Mystères Joyeux

Premier mystère joyeux:
L’Annonciation

Essayons de nous situer dans le contexte de l’époque de l’enfance de Marie.  Marie vit dans le Temple. Elle y reçoit l’éducation que reçoivent toutes les jeunes filles juives de son temps. La Palestine est occupée par les Romains, comme la plupart des pays connus à cette époque. Les Romains sont, généralement, très respectueux des croyances des peuples qu’ils occupent. Souvent, même, ils adoptent la foi de ces peuples, car ils commencent à mettre en doute les histoires de leurs mythologies et de leurs dieux aux mœurs dépravées.

Vers l’an 15 avant Jésus-Christ, les Romains sont les maîtres de la Palestine. Ils respectent les croyances et les coutumes du peuple juif. Certains même, commencent à se convertir au judaïsme, car ils sont séduits par le Dieu unique que seuls les juifs connaissent. Mais, et cela nous paraît normal, les juifs supportent très mal l’occupation romaine. Des séditions ont lieu de temps en temps, et les répressions sont sévères.

Pour les juifs pieux de Palestine, l’occupation romaine est vécue comme une sorte de mort, et tous, depuis les dirigeants du Temple, le Sanhédrin, jusqu’aux plus humbles gens, tous les juifs attendent la venue du Messie, le Messie promis par Dieu depuis l’origine, ce Messie qui les délivrera de la puissance étrangère. Les juifs pieux attendent le Messie qui sera pour eux comme une Résurrection. Et toutes les femmes juives, toutes les jeunes filles juives espèrent être la mère de ce Messie.

Marie, comblée d’une grâce très spéciale, (il n’était pas imaginable qu’une femme juive reste vierge à cette époque), Marie s’est donnée à Dieu, totalement, y compris sa virginité. Elle ne pourra donc pas être la mère du Messie, cette faveur insigne que toutes les juives espèrent. Le don de Marie à son Seigneur est vraiment total. Pour la jeune juive qu’elle est, c’est le sacrifice le plus grand qu’elle pouvait faire à son Seigneur, c’est comme une sorte de mort...

Dieu accepte le sacrifice de Marie. Dieu va le bénir au-delà de tout ce qui est imaginable: Marie, vierge toute pure, Marie sera la Mère que Dieu s’est choisie, Marie sera la Mère du Messie, Marie sera la Mère du Sauveur. Du sacrifice de Marie jaillit une véritable résurrection. Le sacrifice de Marie, sacrifice sublimé par Dieu, c’est la réponse à l’espoir suscité par le prophète, c’est la résurrection espérée des juifs et promise par Isaïe: ”la vierge concevra” et enfantera l’Emmanuel, Dieu avec nous.

La vierge va concevoir. Dieu envoie son Ange à la Vierge choisie, et Marie reçoit l’Ange. L’Ange veut que Marie se réjouisse car elle est comblée de grâce. L’Ange annonce à Marie que Dieu est avec elle et qu’Il lui demande d’être la Mère de son Fils, le Sauveur du monde. Et Marie dit “Oui!” à Dieu. D’ailleurs, Marie est la Servante du Seigneur... L’Esprit-Saint peut la couvrir de son ombre. Le Sauveur est parmi nous... Le monde est sauvé.

L’Annonciation annonce la Résurrection, car l’Annonciation, c’est déjà, en germe, la Résurrection.

Deuxième mystère joyeux:
La Visitation

Transportons-nous en esprit chez Élisabeth et Zacharie. Un grand bonheur règne dans ce foyer, mais on sent aussi une peine et une sourde inquiétude. Contre toute attente Élisabeth est enceinte, depuis six mois, elle qui était stérile et qui, âgée, ne pouvait plus avoir d’enfant. Mais Zacharie est muet depuis six mois aussi: il a déplu à Dieu par son manque de foi. Dans trois mois un petit enfant réjouira ce foyer longtemps dans la peine. Pourtant Élisabeth est fatiguée et Zacharie inquiet: comment la naissance se passera-t-elle?

De nombreux voisins passent dans la maison pour rencontrer le muet et la “vieille” maman. On y vient plus par curiosité que par sympathie. On pose des questions auxquelles ni Zacharie ni Élisabeth ne peuvent répondre... Puis on s’en va et les badauds causent entre eux. Que sera cet enfant? Mais le père, qu’a-t-il fait de si répréhensible que l’Éternel l’ait ainsi puni? Tout cela est bien curieux, et ce n’est pas très clair.

Zacharie et Élisabeth sentent la sympathie de nombreux voisins, mais aussi une certaine malveillance chez d’autres: il ne fait jamais bon de se singulariser. Alors, furtivement, sans rien dire, Zacharie ou Élisabeth essuient furtivement une larme qui suinte. Car, eux non plus, dans le silence que le Seigneur leur a imposé, eux non plus ne comprennent pas très bien.

“Élisabeth, Zacharie, êtes-vous là? C’est Marie, la petite Marie qui vient vous visiter.” Zacharie sursaute, se lève et se dirige vers le grand portail. Élisabeth tressaille très fort en entendant le salut de Marie. Et son enfant aussi sursaute, comme de joie, dans son ventre lourd. Zacharie accueille Marie et la conduit auprès d’Élisabeth, puis il va demander au serviteur de préparer un rafraîchissement.

Élisabeth, soudain remplie du Saint-Esprit se précipite dans les bras de sa cousine: “Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein!” Élisabeth comprend tout:“ D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi? Car voici: comme le son de ta salutation frappait mes oreilles, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Heureuse celle qui a cru que s’accomplira ce qui lui a été dit de la part du Seigneur!”

Zacharie revient: on apporte les boissons fraîches. Zacharie regarde les deux femmes: elles rayonnent de joie et de bonheur. Les deux femmes semblent exulter, mais Zacharie ne comprend pas pourquoi, et il ne peut pas poser de question, car il est toujours muet. Zacharie regarde, s’étonne, sourit, interroge des yeux. Il semble heureux, lui aussi. Bientôt l’enfant naîtra: Zacharie n’est plus inquiet.

Le bonheur semble inonder la maison et la réveiller d’une longue et indéfinissable torpeur. Les voisins viennent, et curieusement, ne posent plus de question. Une paix extraordinaire émane de Marie, une paix contagieuse et sereine qui envahit tout le village, le haut pays de la petite ville de Juda... C’est comme une résurrection! Une résurrection pour la maison de Zacharie, et pour le voisinnage.

Marie est arrivée avec Jésus. Personne, à l’exception d’Élisabeth ne connaît le secret de Marie. Mais dès que Jésus est arrivé, le petit Jean a tressailli de joie dans le sein de sa mère. Élisabeth rayonne et Marie exulte de joie. Zacharie n’est plus triste: la foi renaît en lui. Dans trois mois le petit Jean viendra au monde. Dans trois mois Zacharie ne sera plus muet, il pourra chanter les louanges de Dieu. Il n’y a plus de tristesse ni d’inquiétude dans la maison de Zacharie. Car Jésus est là, et son mystère, Mystère de mort et de résurrection  est déjà présent, comme en filigrane. 

Troisième mystère joyeux:
La Nativité de Jésus

Le petit Jean est né dans de bonnes conditions: l’aide de Marie a été très efficace et très appréciée. Quelque temps plus tard, Marie a pu rentrer chez elle, à Nazareth. L’Ange du Seigneur a instruit Joseph qui a pris chez lui son épouse.

Maintenant Joseph médite et contemple tous ces événements. L’enfant va naître dans quelques heures, à Bethléem comme cela avait été prédit par le prophète. L’Enfant naîtra à Bethléem car même l’Empereur romain a dû, sans le savoir et grâce à son édit, se soumettre à la volonté du Très-Haut.

Joseph regarde Marie. Joseph est heureux. Tout est prêt maintenant dans la crèche. Oh! ce n’est pas le confort que lui et Marie avaient prévu pour accueillir l’Enfant, mais il y aura au moins le nécessaire. Et puis Joseph a tellement l’habitude de se fier à Dieu...

Joseph sort de la grotte et active le feu sur lequel de l’eau chauffe: car la venue du Petit est imminente. Joseph chante, et, comme en écho, un petit cri, un petit sanglot: l’Enfant Jésus est né. Vite, Joseph rentre, prend le Bébé et aide Marie à le nettoyer, à retirer tout le sang déjà coagulé sur sa peau...

Maintenant, Jésus dort, paisiblement. Les bergers ne sont pas encore arrivés. Marie et Joseph sont heureux et se sourient en regardant l’Enfant. Pourtant Marie essuie furtivement une larme et Joseph se mouche bruyamment. Car le sang qui vient d’être nettoyé évoque soudain en eux des images graves: ce Bébé miraculeux, ce petit innocent Fils de Dieu, ne serait-il pas ce serviteur souffrant dont Isaïe a tant parlé?

Le Mystère Pascal se dessine, le Mystère Pascal est déjà présent. Car une naissance, c’est comme une petite mort. Dans le ventre de sa mère, le bébé est bien au chaud, bien à l’abri dans le seul monde qu’il connaisse. Il a grandi, s’est développé, et a pris ses petites habitudes. Il est heureux et en sécurité, il ne désire rien d’autre...

Le bébé dans le ventre de sa mère est heureux et en sécurité; il ne désire rien d’autre. Alors quand l’heure de sa venue dans notre monde, ce monde qu’il ne connaît pas, quand l’heure est arrivée d’entrer dans notre monde, c’est pour lui comme une petite mort, et une mort dans la souffrance. Pendant de longues minutes douloureuses, il devra suivre un long tunnel, et, pour traverser certains rétrécissements, son petit corps se déformera. Le bébé quitte son monde, pour entrer, dans la douleur, dans un autre monde qu’il ne connaît pas.

Le bébé meurt à son monde, mais pour entrer dans un monde d’amour et de lumière, comme pour ressusciter à une autre vie.

Mystère Pascal, mystère de mort et de résurrection! Marie et Joseph ont-ils pensé à cela après la naissance de Jésus?

Quatrième mystère joyeux:
Présentation de Jésus au Temple

La passion de Joseph

Aujourd’hui, Jésus est présenté au Temple. Syméon, le saint vieillard reconnaît le Salut préparé par Dieu pour son peuple. Syméon a reconnu la lumière qui éclairera les nations. Mais Syméon, docile à l’impulsion de l’Esprit-Saint, dévoile le mystère de Jésus, signe de contradiction. Il dévoile aussi le mystère de ce qui sera la passion de Marie et le glaive qui lui transpercera le cœur.

Marie et Joseph ne comprirent pas ces paroles, mais ils les gardèrent dans leur cœur: ils savaient déjà, par expérience, que les voies du Seigneur ne sont pas les nôtres, et que ces voies sont souvent pleines de douloureux imprévus. Marie et Joseph savaient que les voies du Seigneur sont impénétrables, difficilement compréhensibles pour nos intelligences humaines. Marie et Joseph ne comprirent pas, mais, toujours ouverts à la volonté de Dieu, ils renouvelèrent le Oui que l’un et l’autre avaient donné à l’Ange, il n‘y avait pas encore bien longtemps.

Marie et Joseph demeuraient soumis à Dieu et gardaient dans leur cœur tout ce qu’on disait de l’Enfant. Ils comprenaient que la vie du Petit serait souvent exposée au danger... Mais comment? Intérieurement Joseph s’inquiète. Voici qu’il  pleure: que se passe-t-il en lui? Des images confuses naissent dans son esprit et dans son cœur. Joseph est étrangement recueilli...

Voici qu’à nouveau l’Ange s’adresse à Joseph: “Vite, partez d’ici. Prends l’Enfant et sa mère et allez en Égypte, car Hérode en veut à la vie de l’Enfant. Vous rentrerez chez vous, quand je vous le ferai savoir.”

En vision Joseph vit sa passion... Joseph contemple ce que l’Ange lui ordonnera, plus tard, quand il devra fuir en Égypte.

Et la vie sera rude en Égypte, Joseph le sait. Joseph sera, comme l’un de ses lointains ancêtres, un émigré en Égypte. Mais Joseph partira; d’ailleurs il n’aura pas le choix, car voici qu’on massacrera tous les petits enfants, tous les petits innocents dont la mission sur cette terre aura été de protéger le Fils de Dieu venu chez les siens, pour les sauver.

Joseph pousse un faible cri. Mais les images se succèdent, rapides, toujours floues mais pourtant étrangement nettes... Joseph voit encore...

Lui, Joseph, et Marie, vivent sans plainte leur mystère de mort qui prépare le mystère de vie. Le temps passe. Joseph a pu s’installer en Égypte et trouver du travail. Il a maintenant une belle clientèle car on lui fait confiance: Joseph travaille si bien, et il est si consciencieux.

Les images défilent toujours dans l’intelligence de Joseph.

Tous les ans Joseph fête la Pâque juive. Tous les ans Joseph égorge l’agneau pascal, l’agneau sans défaut qu’il offre au père des Cieux. Mais cette année-là, Joseph ne célébrera pas la Pâque en Égypte, car ils seront morts ceux qui voulaient la mort de Jésus. Cette année-là, Joseph fêtera la Pâque à Nazareth, dans sa maison retrouvée, avec sa famille, enfin en sécurité.

Joseph sourit, heureux mais grave. Mystère de mort et de Résurrection, Mystère Pascal, Mystère de vie. Joseph ne se fait pas tous ces raisonnements: il se contente d’obéir. Il obéit, et souvent, juste quand il le faut, le Seigneur lève le voile et lui révèle une partie de ses mystères. Aujourd’hui Marie et Joseph sont au Temple, dans la joie de leur bonheur, mais pourtant douloureux. Joseph gardera toujours dans son cœur les images de joies et d’épreuves qui construiront sa vie: douleur et résurrection après la mort. Mystère Pascal.

Cinquième mystère joyeux:
Recouvrement de Jésus au Temple

Marie et Joseph, tout angoissés, cherchent Jésus.

— Où peut-il bien être? Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé de grave!... Pourtant il était avec nous, ce matin, au Temple, et quand nous lui avons demandé: “Tu sais ce que tu dois faire maintenant, avant de nous retrouver, ce soir”, il nous a répondu Oui.

L’angoisse de Joseph et de Marie grandit à mesure que les heures, que les jours passent: car cela fait maintenant trois jours qu’ils cherchent Jésus, et personne ne peut leur donner aucun renseignement. Pourtant il y a tant de gens qui le connaissent. Et Jésus n’est pas invisible...

Soudain, c’est comme une force qui semble pousser Marie et Joseph jusqu’au Temple, sur l’un des parvis, là où les docteurs et les scribes enseignent le peuple. Là-bas, un peu plus loin, en effet, tous les docteurs sont là. Il y a même Gamaliel et le grand Hillel, ce vieillard si savant et si vénéré. Et Jésus est au milieu d’eux!!!...

Jésus est au milieu des docteurs, des plus grands docteurs d’Israël, et Il semble les enseigner: les questions fusent, les réponses aussi. Joseph et Marie sont sidérés. Marie, enfin, se précipite, suivie de Joseph:

— Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela. Vois, ton père et moi, nous te cherchions tout affligés?

— Pourquoi me cherchiez-vous? Ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père?

Marie n’en revient pas, mais elle se tait. Jamais Jésus ne lui avait parlé de cette façon. Et son père! mais il est là, avec moi??? Jésus non plus n’insiste pas. Il sait que ses parents de la terre garderont ces choses dans leur cœur, ces choses douloureuses qu’ils ne comprendront que plus tard. Il sait qu’Il doit encore longtemps poursuivre sa mission d’humilité avec Marie et Joseph, à Nazareth où Il leur sera soumis.

Jésus sait. Il sait qu’Il doit creuser de plus en plus le cœur de Joseph pour que l’Amour du Père pénètre toujours plus en lui. Il sait qu’Il doit préparer doucement sa mère à une aussi longue absence, une absence de trois jours, mais combien plus douloureuse. Il sait qu’Il doit dès maintenant fortifier le cœur de Marie qui devra se briser dans sa passion atroce de mère d‘un crucifié.

Jésus sait que toute mort est suivie d’une résurrection. Mais, avant de ressusciter, il faut d’abord mourir. Et le cœur de Marie devra vivre son Mystère Pascal, à Lui, Jésus, le mystère de mort et de Résurrection, le mystère de la mort et de la vie, le nouveau Sacrifice de l’Agneau Pascal gage du salut du monde.

Recouvrement de Jésus au temple. Marie a connu une première mort dans son cœur, suivie d’une première résurrection. Une longue période suivra, dix-huit années de bonheur dans la paix de Nazareth. Mais Marie n’oubliera pas que toute résurrection est d’abord précédée de la mort.

Mystères lumineux

Premier mystère lumineux:
Le Baptême de Jésus

Mystère de la naissance de Jésus, mystère de la vie de Jésus à Nazareth, mystère du départ de Jésus vers sa vie publique, mystère des étapes du Mystère Pascal...

Jésus vient de quitter la Maman: il est temps pour Lui d’aller vers sa mission, celle pour laquelle Il est venu au milieu des hommes. Jésus s’est longuement recueilli au désert, pendant quarante jours!... Jésus a violemment été tenté par le démon, mais Jésus sait que sa vie doit être une vie d’amour, une vie d’humilité, une vie de pauvreté. Jésus doit sauver les hommes, tous les hommes, et Il ne les sauvera pas par des actions d’éclat, Il ne les gagnera pas au Père, en étant un grand roi, Il ne les gagnera pas par l’argent. Non, Jésus, Serviteur souffrant vivra dans son humilité, l’humilité de Dieu. Et le premier acte de sa vie publique sera un acte d’humilité...

Jésus se dirige vers le Jourdain pour recevoir le baptême de Jean. Le baptême de Jean, c’est un baptême de pénitence. Les pécheurs viennent à Jean pour avouer publiquement leur état de pécheurs. Il faut un certain courage pour accomplir cette démarche, mais on dit que le Messie attendu doit bientôt venir, et il faut se préparer à sa venue. Il faut se purifier, et demander au Seigneur le courage de faire pénitence et de changer de vie... Oui, aller jusqu’à Jean le Baptiste, cela demande du courage; cependant les juifs sont nombreux à venir jusqu’au Baptiste qui pourtant ne leur facilite pas la tâche en les recevant avec des imprécations violentes et des qualificatifs redoutables...

Jésus se dirige vers le Jourdain: Il veut rencontrer Jean, Il doit recevoir le Baptême de Jean. Pourtant, Jésus n’est pas un pécheur, mais Il devra, quand son Heure sera venue, porter, pour les expier, tous les péchés du monde. Et puis, Jésus, aujourd’hui, Jésus a rendez-vous avec le Père... C’est le Père qui doit présenter Lui-même son Fils au monde, c’est le Père qui doit ouvrir le chemin d’amour que Jésus prendra le premier, ce chemin qui Le conduira jusqu’au chemin de Croix, et à sa mort sur cette Croix, Acte essentiel du Mystère Pascal avant la Résurrection.

Jean a reconnu le Messie, et il hésite à mettre Jésus au rang des pécheurs, mais Jésus doit accomplir toute justice, la justice associée au Mystère Pascal, son Mystère de mort mais surtout de résurrection. Jésus doit montrer la mort que symbolise son entrée dans les eaux, mais surtout sa résurrection, déjà contenue dans sa sortie des eaux et sa rencontre publique avec le Père...

Jésus a reçu le baptême de Jean, le Père a manifesté la gloire de Jésus et l’amour qui uni le Père et le Fils. Jésus peut aller chercher ses premiers disciples, ceux qui participeront à son mystère pascal, et qui le renouvelleront pour les siècles des siècles...

Deuxième mystère lumineux:
Les noces de Cana

André fut le premier disciple de Jésus. Il était avec Jean, fils de Zébédée, quand il rencontra Jésus pour la première fois. Lui et Jean étaient allés passer quelques jours avec Jean le Baptiste... pour l’écouter et recevoir son baptême de pénitence. Ils avaient vu, parmi ceux qui venaient voir le Baptiste, un homme que Jean venait de baptiser et envers qui il avait montré un respect extraordinaire. Puis ils avaient vu une colombe se poser sur l’Homme, et ils avaient entendu une voix formidable, venue du Ciel, déclarer: “Celui-ci est mon Fils, mon Aimé. Écoutez-Le!” Entendant cette voix, le Baptiste s’était profondément incliné, comme s’il avait voulu se faire bénir par l’Homme. Et l’Homme était parti lentement...

Le lendemain, Jean et André étaient revenus vers Jean le Baptiste. Tous les deux étaient pécheurs, fils de pécheurs; mais il ne fait pas de doute qu’ils étaient assez maîtres de leurs occupations pour pouvoir se libérer ainsi plusieurs jours de suite. Incontestablement, leur parenté devait être aisée et jouir d’une certaine notoriété, puisque plus tard, au moment de la Passion, l’Évangile nous dira que Jean avait ses entrées dans la maison de Caïphe. Donc André et Jean étaient revenus auprès de Jean le Baptiste; l’Homme se trouvait aussi sur la rive du fleuve où Jean baptisait. L’Homme avait dû parler avec quelques pénitents du Baptiste, car quelques personnes étaient en train de le quitter...

André et Jean regardaient alternativement l’Homme, puis le Baptiste: ils n’osaient rien dire, mais leurs regards étaient interrogateurs. Le Baptiste, alors, tendit un bras, et, désignant l’Homme, il dit:

— Voici l’Agneau de Dieu!

André et Jean ne bougèrent pas. Le Baptiste répéta:

— Voici l’Agneau de Dieu. Voici Celui qui enlève les péchés du monde.

Le Baptiste insistait en désignant Jésus à ses deux disciples et en les incitant à le suivre. Alors, André et Jean étaient allés à Jésus, ils avaient vu où Il habitait, et ils avaient passé une journée entière avec Lui, à Le questionner et à écouter ses enseignements. Maintenant ils en étaient sûrs, ils avaient rencontré le Messie qu’Israël attendait depuis si longtemps. Éblouis par les paroles de Jésus, ils avaient averti quelques amis proches et tous L’avaient suivi jusqu’ici, à Cana...

La noce battait son plein. André et son ami Jean s’étaient un peu éloignés des autres disciples de Jésus. Réfugiés sous l’ombre d’un figuier un peu à l’écart de la salle du festin, ils semblaient inquiets. Que faisait donc Jésus, assis à la table d’honneur, près des mariés? Était-ce la place du Messie de Dieu qui devait délivrer Israël?  André et Jean s’étaient fait une tout autre idée du Messie. À quoi bon perdre son temps ici? Pourquoi Jésus s’attardait-Il, et  participait-il aux ripailles d’une noce? Car on buvait bien... Il faut dire qu’il faisait chaud, et qu’eux-mêmes, tout à l’heure, ne s’étaient pas privés de boire une bonne coupe de vin... Mais leur Messie?

André et Jean semblaient inquiets, troublés même. Oui, le Maître avait peut-être des devoirs familiaux à remplir... D’ailleurs sa mère était là: il la leur avait présentée. Mais maintenant, il serait temps de partir, de travailler à la cause d’Israël... Pourquoi Jésus s’attardait-il encore?

Marie revenait des cuisines où elle avait été rendre quelques services. Passant près de Jean et d’André, elle entendit ce dernier déclarer à Jean:

— Nous nous sommes probablement trompés. La voix que nous avions cru entendre, ce n’était certainement qu’un coup de tonnerre. Et puis, comment le Maître peut-Il s’attarder à une noce, Lui qui nous a si longuement expliqué la grandeur de la  de la virginité, et nous a si fortement incités à nous garder purs? Tu vois Jean, nous avons dû nous tromper. Jean se tait, troublé, lui aussi. Il faut dire que le premier contact avec la divinité, même cachée, est particulièrement dérangeant. C’est une joie immense, mais aussi une interrogation lancinante: est-on dans la vérité, dans l’erreur, dans l’illusion? André et Jean qui expérimentaient dans leur cœur, pour la première fois, la divinité de Jésus, ne comprenaient pas et ils commençaient à douter.

Marie fait signe à Jésus qui se dérange:

Ils n’ont plus de vin! dit Marie.

Jésus lève les bras au ciel comme pour dire: qu’est-ce que Tu veux que cela me fasse? Mais Marie regarde Jésus avec une intensité nouvelle, et de son regard profond elle désigne les disciples. Jésus sourit et se dirige vers ses disciples:

— Nous allons bientôt partir. Mais avant Je veux remercier les serviteurs qui nous ont tant gâtés. Venez avec Moi.

Pendant ce temps, Marie qui était retournée vers les cuisines disait aux serviteurs:

— Faites tout ce qu’Il vous dira.

Jésus, suivi de ses premiers disciples, s’approche des serviteurs et désigne les urnes vides:

— Remplissez d’eau ces urnes.

Et, se retournant vers ses disciples, Il leur dit:

— Aidez-les à porter l’eau.

Les urnes furent vite remplies. Jésus dit:

— Maintenant, portez de cette eau au maître d’hôtel.

Légèrement inquiets et interrogatifs, les serviteurs firent ce que Jésus venait de commander. Quand le maître d’hôtel eut goûté l’eau, il s’écria:

— D’ordinaire, on sert le bon vin en premier. Pourquoi l’avez-vous gardé jusqu’à maintenant?

Les serviteurs ne répondirent pas mais se précipitèrent pour goûter, eux aussi, l’eau changée en vin. Les disciples de Jésus firent de même. Bientôt une immense clameur envahit toute la noce. On voulait remercier, glorifier l’auteur de ce miracle. On voulait acclamer Jésus... Mais Jésus était déjà parti. Il avait manifesté sa Gloire; et ses disciples, qui maintenant croyaient vraiment en Lui, L’avaient suivi.

Troisième mystère lumineux:
L’enseignement de Jésus

 Et vous, qui dîtes-vous que je suis? demande Jésus.

 Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant! s’exclame Pierre.

Jésus leur recommanda de ne le dire à personne, car son heure n’était pas encore venue, et Il confia à ses apôtres:

 Il faut que le Fils de l’Homme souffre beaucoup, qu’Il soit rejeté par les Anciens... et qu’Il soit mis à mort. Mais le troisième jour, Je ressusciterai.

Les apôtres n’ont pas compris, et ils se regardent en silence, faisant signe à Jean d’interroger le Maître. Mais Jésus poursuit:

 Si quelqu’un veut me suivre, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il vienne à ma suite... Oui, c’est vrai, celui qui veut à tout prix sauver sa vie humaine la perdra, par la mort que le péché a fait entrer dans le monde. Mais celui qui acceptera de perdre sa vie à cause de Moi, la sauvera, car Je le ressusciterai au dernier jour.

Les apôtres se taisent, même Pierre. Pourtant, une remarque lui brûle les lèvres: ce n’est pas possible, personne ne crucifiera Jésus, Jésus ne peut pas être mis au rang des malfaiteurs; d’ailleurs, le Maître est tellement puissant qu’Il ne se laisserait pas faire... Et moi, je saurai sauver mon Maître, et même donner ma vie pour Lui.

Jésus regarde longuement Pierre, de son regard qui transperce les cœurs. Pierre baisse les yeux, mais pense toujours: ce n’est pas possible!

Jésus, alors, s’adressant aux disciples leur dit:

 Mes amis. C’est par le mystère pascal, le mystère de l’agneau égorgé que Moïse sauva le peuple. Cela vous le comprenez bien. De même, c’est par le Mystère de la Nouvelle alliance, le parfait Mystère Pascal, que le monde sera sauvé. Et c’est Moi, l’Agneau Pascal que le Père a envoyé.

Quatrième mystère lumineux:
La transfiguration

En grimpant les pentes du Tabor, Pierre se souvient... Il y a à peine quelques jours, Jésus a dit, devant ses disciples médusés:

 Je suis le pain de vie... Je suis vraiment le pain vivant descendu du Ciel... Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en Moi, et Moi en lui... Ma chair est une vraie nourriture, et mon sang un vrai breuvage...

Après quelques instants de stupeur, quelques disciples se levèrent et partirent en disant:

 Ces paroles sont trop dures! Qui peut les écouter?

Jésus ne les retint pas, mais Il se contenta d’ajouter:

 Ces paroles vous scandalisent!... Voulez-vous partir, vous aussi?

 Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle!

Pierre, en grimpant les pentes du Tabor, revit intérieurement cette scène récente et si étonnante. C’est vrai que ces paroles sont dures à entendre. Qui peut les comprendre? Pourtant, le Maître ne ment jamais... Mais Dieu ne veut pas qu’on tue, et encore moins qu’on mange de la chair humaine... Le Maître a donc voulu nous enseigner quelque chose, mais quoi?

Pierre suit toujours le Maître qui décidément grimpe trop vite... Les deux autres, Jacques et Jean, sont presque arrivés au sommet, mais ils sont si jeunes, pense encore Pierre. Enfin, il touche le sommet... Mais que se passe-il? Jésus n’est plus le même: Il est comme de la Lumière... et Il n’est plus seul! Il y a aussi Moïse et Élie, et ils parlent de sacrifice, d’action de grâce, de la crucifixion du Maître, de son Cœur qui sera transpercé et qui deviendra source d’eau vive... Et de sa chair livrée, nourriture pour la vie éternelle...

 Comme il fait bon, ici! déclare Pierre dont le cœur brûle d’amour. Nous devrions rester: on bâtirait trois tentes...

 Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, mon unique, déclare une voix venue du Ciel. Écoutez-Le! Écoutez-Le toujours, Il est ma parole de vérité!

Pierre s’est jeté à terre: il adore le Père... 

—Venez avec Moi, dit Jésus, redevenu ce qu’Il est toujours. Bientôt le véritable Mystère Pascal va s’accomplir, mais ne parlez pas encore de cette vision, attendez que l’Agneau Pascal ait été immolé et soit ressuscité.

Cinquième mystère lumineux:
L’Eucharistie

Mystère Pascal! Mystère de vie et de mort, mystère de mort et de résurrection!

Jésus contemple ses apôtres. Le repas de la Pâque juive vient de se terminer, et Jésus a rassemblé ses apôtres près de Lui, autour de la table. Il a maintenant quelque chose d’essentiel à leur donner, quelque chose d’immense qui sera le a pierre d’angle de toute leur vie, et de la vie de tous les hommes des siècles à venir. Jésus se recueille profondément, puis, comme sortant d’un extase:

 Père, glorifie ton Fils, pour que ton Fils Te glorifie...

Que s’est-il passé dans le Cœur de Jésus pendant ces minutes solennelles? L’Évangile ne nous le dit pas explicitement, mais il nous laisse entendre que, dès cet instant, Jésus était déjà livré, que son sang était déjà versé. Jésus est glorifié parce que, acceptant la mort horrible de sa Passion, Il est déjà ressuscité...

Le sacrifice sanglant est imminent. Jésus doit partir et rejoindre le Père. Il enverra plus tard son Esprit, mais, Homme parmi les hommes, Il sait que les pauvres humains ont besoin de signes palpables, de repères. Jésus sait aussi qu’Il a promis de ne pas laisser ses amis orphelins... L’Amour de Jésus déborde de son Cœur. Jésus regarde ses apôtres, longuement et son amour emplit leur cœur, intensément:

 Mes amis, j’ai désiré d’un si grand désir manger cette Pâque avec vous, la Pâque de la Nouvelle Alliance, de l’Alliance éternelle. Désormais je serai avec vous jusqu’à la fin du monde. En attendant, aimez-vous les uns les autres, comme Je vous ai aimés. Et Jésus prit le pain, le rompit, comme pour figurer sa mort:

 Prenez et mangez-en, tous, ceci EST mon Corps livré.

Les apôtres mangent le pain, sans vraiment comprendre... Jésus prend la coupe de vin:

 Prenez et buvez, ceci EST mon Sang versé.

Intensité du Mystère Pascal qui se réalise en cet instant dramatique. Les apôtres se taisent, subjugués.

 Maintenant, il faut partir, dit soudain Jésus. C’est l’Heure, c’est mon Heure. Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation, car c’est aussi l’heure des ténèbres.

Jésus n’est pas encore livré aux mains de ses ennemis. La croix mortelle, c’est pour dans quelques heures, pour demain. Mais le Mystère Pascal est déjà accompli, Jésus est déjà glorifié, les hommes sont sauvés, et, s’ils le veulent, ils ne seront jamais plus orphelins, orphelins de Dieu.

Jésus vient de donner l’Eucharistie, son Sacrifice suprême, toujours présent, toujours actuel, aux hommes de tous les temps. L’Eucharistie, Mystère Pascal de vie et de mort, Mystère d’Amour, Présence éternelle et vivante de Dieu. Mystère de l’Amour...

Mystères douloureux

Premier mystère douloureux:
L’Agonie de Jésus

Mystère de l’Eucharistie... Jésus vient de célébrer la pâque juive avec ses apôtres. La salle a été rangée, mais sur la table, une grande coupe de vin est encore là. Il y a aussi du pain. Tout le monde s’installe autour de cette table amicale et Jésus parle, poursuivant son enseignement. Mais voici qu’Il lave les pieds de ses disciples effarés... Puis Jésus rend grâce, et sourit:

 Il est temps maintenant que Je vous donne le pain du ciel que Je vous avais promis. Cette Pâque, Je l’avais désirée, d’un grand désir...

Alors, Jésus rendit grâce de nouveau, prit le pain, le bénit, le partagea et le donna à ses disciples en disant:

 Prenez, et mangez-en tous. Ceci est mon corps livré pour vous.

Puis il fit de même avec la coupe remplie de vin:

 Prenez, et buvez-en tous, ceci est mon sang versé pour vous...

L’Heure de Jésus est arrivée. Jésus vient d’être glorifié par le Père. Dans peu de temps Il sera livré, condamné, et crucifié. Maintenant Jésus doit aller au Gethsémani, car c’est là que Judas Le retrouvera avec ceux qui L’arrêteront, puis Le condamneront, puis Le crucifieront.

Jésus s’éloigne un peu pour prier, pour retrouver le Père. Mais le Père est absent. Jésus a tout donné, tout accepté de la volonté du Père. Il s’est donné Lui-même en nourriture à ses disciples qu’Il ne voulait pas laisser orphelins. Maintenant Il est seul: ses disciples dorment et le Père se tait. Il n’y a pas de consolateur pour Celui qui a pris sur Lui le péché du monde.

L’angoisse de Jésus est à son paroxysme. Jésus sue le sang, Jésus crie vers le Père qui se tait. Pourtant le Père se souvient que cet homme brisé par le péché du monde, c’est son Fils, son Fils Unique qui, pour obéir au Père a accepté de se faire péché, pour que le péché soit cloué à la Croix avec Lui, pour que le péché meure quand Jésus mourra, pour que l’Homme soit sauvé.

Jésus aussi se souvient de tout ça. Et Jésus accepte la volonté du Père. Et le Père envoie l’Ange de la Consolation pour fortifier le Fils, pour que le Fils puisse aller jusqu’au bout de sa terrible mission. Maintenant, Jésus peut aller vers sa Passion: d’ailleurs Judas est tout proche.

Jésus réveille ses disciples: “Levez-vous, allons!...” Jésus accueille Judas qui Le livre par un baiser: “Mon ami! C’est par un baiser que tu livres le Fils de l’Homme!” Jésus regarde aussi tous ses autres disciples. Il les regarde avec pitié car Il sait que tous vont fuir cette nuit, tous vont L’abandonner. Il les regarde avec amour, car Il connaît leurs faiblesses, leurs misères. Mais Jésus sait aussi que la vie qu’ils auront à vivre pour témoigner de Lui, les conduira tous au martyre. Jésus sait...

Jésus regarde ses disciples, puis Il part avec ses bourreaux. Il sait qu’Il peut partir. Il sait que lorsqu’ils seront revenus de leurs fautes, ils affermiront tous les baptisés dans la foi. Ils seront forts, alors, car ils ont le pain des forts, son Corps et son Sang qu’Il vient de leur donner.

Jésus va mourir, mais Jésus rend grâce. Eucharistie! Mystère de mort et de Résurrection! Eucharistie! Mystère de la Croix toujours présent, Jésus toujours vivant!  

Deuxième mystère douloureux:
La Flagellation

Les chefs des juifs ont livré Jésus à Pilate. Les chefs des juifs ne veulent pas de ce prophète qui leur parle d’amour, qui leur parle de l’Amour. Les chefs des juifs ne veulent pas de ce Messie qui parle de pardon. Les chefs des juifs ne veulent pas de ce Roi-là qui veut la paix, qui aime les pauvres, qui désire la justice. Un tel homme est dangereux... et le Sanhédrin n’en veut pas. Jésus a été livré a Pilate, le procurateur romain, et Pilate est bien ennuyé.

Pilate regarde Jésus. Pilate sait que Jésus est innocent de tout ce dont on l’accuse. Jésus n’est pas contre l’Empereur: Il conseille même de rendre à César — en l’occurrence l’impôt — ce qui est à César. Il dit aussi de rendre à Dieu ce qui est à Dieu, et là, Pilate ne comprend pas très bien. Pour lui, il n’y a qu’un dieu: César. Pilate sait que Jésus est un juste, le plus juste de tous les justes, et Rome protège les justes et les innocents. Mais Pilate a peur de la foule, Pilate redoute l’émeute, et Pilate ne sait pas quoi faire... Alors Pilate a une idée: il sait que Jésus est innocent, mais Jésus est vraiment trop encombrant, et il faut, au moins, Le faire taire. Alors Pilate décide de Le faire flageller: ce supplice est si cruel qu’après, s’Il est encore vivant, Il se tiendra tranquille.

Jésus a été flagellé, durement. Jésus a été humilié autant qu’un homme peut l’être. Jésus a été humilié dans son Cœur, blessé dans sa chair, bafoué dans tout son être. Jésus, sous les coups de fouets armés de crochets en fer, Jésus, sous les coups de la flagellation a bien failli mourir, mais des forces imprévues et invisibles Lui ont été données: c’est sur la Croix qu’Il doit mourir.

Des forces invisibles ont soutenu Jésus. Malgré les coups redoublés des bourreaux qui s’acharnent -on n’a jamais vu un homme souffrir autant sans mourir, et surtout sans crier- Jésus est toujours vivant. Alors, n’en pouvant plus, les bourreaux inventent un jeu d’une cruauté inouïe. Il s’est dit Roi: on va Le couronner. Vite, une couronne d’épines, un manteau de pourpre, et un sceptre de roseau. “Salut! Roi des juifs!”

Jésus! Quelle victoire pour Toi! On croit T’humilier et voici qu’on Te donne ton  titre, ton vrai titre de Roi. Comme ton Royaume n’est pas de ce monde, ta couronne sera d’épines, pour l’éternité. Comme ta puissance est toute d’Amour, ton sceptre sera de roseau. Comme ton Pouvoir est de Dieu, ton manteau, est tissé dans ton sang, le sang de l’Agneau de Dieu, le sang de l’Amour qui se donne.

Jésus! Tu reviens vers Pilate: ”Voici l’Homme!” dit Pilate qui ne voit rien de Toi que quelques lambeaux de chair. “Voici votre Roi!” dit-il encore aux juifs qui ne veulent plus avoir d’autre roi que César, et condamnent Jésus à mort, à la crucifixion.

Pilate se lave les mains... Pilate condamne Jésus à la Croix. Il ne veut pas sa mort, mais il a peur, et la peur est pire que la mort. Alors Pilate se lave les mains: “Je suis innocent du sang de ce juste.” Jésus peut mourir, Il sera Roi, déjà sur cette terre, car si Pilate Le laisse mourir, il reconnaît malgré lui qu’Il est Roi. Ce sera même le motif de sa condamnation: “Jésus de Nazareth, Roi des juifs!” Condamnation que le monde entier, et toutes les nations de tous les siècles connaîtront.

Jésus, Tu meurs, mais ta Royauté est plus visible que jamais. Tu meurs Homme, Jésus, Tu ressusciteras Roi. Mystère de mort et de Résurrection, Mystère Pascal!

Troisième mystère douloureux:
Le couronnement d’épines

“Salut Roi des juifs!” Maintenant on sait pourquoi Tu as été condamné. Parce que Tu es Roi. Mais ton Royaume n’est pas de ce monde. Si ton Royaume était de ce monde, le monde aurait su Te protéger comme il protège tous les siens, mais ton Royaume n’est pas de ce monde...

Voici, Jésus, que Tu commences ton royal Chemin, le Chemin de la Croix, le chemin vers le Père, le chemin qui sauve tous les hommes. Tu es Roi, Jésus, Roi couronné. Tu portes ta couronne, ta couronne de Gloire. Elle est douloureuse, Jésus, ta couronne royale. Elle est douloureuse ta Gloire, car ta couronne est d’épines, ton manteau est de dérision, ton sceptre, c’est ta Croix, la croix que Tu portes. Mais, Jésus, Tu nous l’as dit: “Ton chemin royal, c’est ton Chemin de Croix.” Et ceux qui veulent venir avec Toi doivent aussi porter leur croix.

Jésus, nous Te contemplons. Voici que Tu arrives au Calvaire. On Te dépouille encore. On ne Te laisse qu’un linge pour cacher ta nudité... Mais, curieusement,  et contre toute attente, voici que l’on Te remet la couronne d’épines qui avait été arrachée quand on T’avait oté la tunique sans couture. Tu es Roi, roi des juifs et Roi du monde, et l’on Te crucifiera Roi. Roi pour toujours!

Oui, Jésus, Tu es notre Roi, même ta Croix le crie au monde qui hurle à ta mort, à la nature qui s’enténèbre et tremble, et pleure, aux hommes qui hochent la tête, aux nations qui Te contemplent, au Romain qui témoigne:

 Celui-ci était vraiment le Fils de Dieu!”

Tu es notre Roi, Jésus, Roi de la Création, Roi des univers; tout en Toi le crie, et même ta Croix l’affirme: “Celui-ci, Jésus de Nazareth, est le Roi des juifs” c’est-à-dire Roi de tout le peuple de Dieu...

Jésus, Tu peux mourir sur la terre, Tu peux mourir sur la Croix... Mais Tu meurs couronné?

Tu meurs, Jésus, mais dans trois jours Tu ressusciteras. Tu seras notre Roi, vivant à jamais. Tu seras le Ressuscité! Tu seras notre Roi, Tu seras notre joie, notre résurrection. Car ta Croix, c’est la Résurrection.

Quatrième mystère douloureux:
Jésus est condamné à mort

Jésus, maintenant, Tu es crucifié, bien cloué, bien fixé sur la Croix. Tu ne peux plus partir. Ceux qui T’ont condamné à mort sont bien contents: maintenant ils n’ont plus rien à craindre de Toi... Tu ne descendras pas de la Croix.

Jésus, ceux qui T’ont condamné à mort sont bien contents: ils ne T’entendront plus parler. Ils ne Te verront plus guérir les pauvres gens et les malades. On ne Te verra plus sauver les misérables, même un jour de Sabbat. Tes disciples vont bientôt se disperser, car lorsque le chef est mort, les disciples s’en vont... et tout rentre dans l’ordre.

Jésus, Tu es crucifié, bien cloué, bien fixé sur la Croix. Tu vas mourir, c’est sûr. Tu vas mourir, et l’on n’entendra plus parler de Toi: “Tu as sauvé les autres, et Tu ne peux Te sauver Toi-même!”

Jésus, Tu es crucifié, bien cloué, bien fixé sur la Croix. Tu vas bientôt mourir... Bon débarras! Jésus, quels insensés ont osé dire cela? Car c’est la Vie qui va mourir, et la nature le sait, la nature qui tremble, et pleure et gronde, la nature qui s’effraie.

Tu vas mourir, Jésus! Mais c’est la Vie qui meurt. Jésus, Tu meurs! Tu remets ton âme entre les mains du Père, Tu remets ta Vie à Dieu qui t’accueille. Dans un grand cri ta Vie s’en va, dans un grand cri, c’est notre vie qui meurt. Jésus!

Jésus, pardonne-nous! Jésus, nous ne savions pas ce que nous faisions. Nous ne savons pas ce que nous faisons quand nous refusons Dieu, quand nous refusons l’Amour pour aller vers des amours frelatés, pourris, sans consistance et sans vie. Vers des amours sans vie et bientôt sans amour.

Jésus, notre Sauveur, nous T’avons condamné à mort. Jésus, notre Rédempteur, nous T’avons élevé de terre, sur la Croix. Jésus, sur ta Croix Tu contemples le monde, ce monde que Tu sauves, que ton Sang régénère et que ton Corps va bientôt nourrir, nourrir pour la vie éternelle.

Jésus, nous T’avons élevé de terre, et malgré nous, nous venons vers Toi. Tous ceux qui Te connaissent viennent à Toi, irrésistiblement attirés par Toi. Jésus, notre vie et notre résurrection, nous venons vers Toi, nous venons à Toi, car Toi seul est la Vie, Toi seul est la Résurrection, et Toi seul est le Véritable Amour. L’Amour de Dieu, l’Amour qui est Vie, qui est Résurrection.

Cinquième mystère douloureux:
Jésus meurt sur la Croix

Vendredi Saint! Trois heures de l’après-midi. Dans un grand cri qui traverse l’univers, Jésus expire. Après avoir connu le paroxysme de l’angoisse et de l’abandon du Père, Jésus remet son âme entre ses mains, les mains du Père qui se font à nouveau douces et aimantes. Le Fils retrouve le Père dans un embrasement d’Amour infini. Jésus mort pour la terre est vivant pour le Père. Puis Jésus va trouver, consoler et rassurer les âmes des ancêtres, qui depuis Adam attendent sa venue. Jésus mort sur la terre est vivant pour les âmes des Limbes.

Vendredi Saint! Trois heures de l’après-midi. Jésus vient de mourir. L’orage éclate, terrible, dévastateur: des incendies s’allument. La terre plongée dans l’obscurité tremble sur ses assises. Le Temple est touché et les hommes ont peur. Marie pleure et Jean ne retient plus ses sanglots. Marie-Madeleine s’est écroulée et gémit de douleur. Le soldat romain contemple la nature désolée, puis regarde le Crucifié.

Le soldat romain est païen, et il ne connaissait pas Jésus; il l’a vu pour la première fois tout à l’heure, juste avant la crucifixion. Le soldat romain est perplexe; il regarde encore Jésus et il hoche la tête: “Vraiment, cet homme était vraiment le fils de Dieu.” Jésus vient d’expirer, et déjà jaillit le premier acte de foi, la première résurrection, celle d’une âme pure et généreuse.

Le soldat romain regarde encore Jésus, puis il s’approche de Jean et lui dit quelques mots. Dans un instant il devra s’assurer que les condamnés sont bien morts, et pour cela il devra leur rompre les jambes. Pour Jésus, ce n’est pas convenable: il vaut mieux lui transpercer le cœur...

Le soldat romain s’approche et vise. Du Cœur de Jésus coulent de l’eau et du sang. Quelques gouttes jaillissent et tombent sur la main du soldat romain. Le soldat romain pleure, il ne sait pas pourquoi. Un poids très lourd a comme été enlevé de son cœur. Le soldat romain pleure, et pourtant il est presque heureux. Quelque chose lui dit qu’il vient de ressusciter à une vie nouvelle. Le soldat romain est le premier baptisé de Jésus. Le soldat romain est chrétien...

Le soldat romain maintenant peut laisser Nicodème, Jean et Joseph d’Arimathie descendre de la Croix le corps de Jésus pour le porter au tombeau. Le soldat romain est confiant, il ne pleure plus: il sait, lui, le premier baptisé de Jésus, que dans trois jours Il ressuscitera.

Le soldat romain peut quitter le Calvaire: il n’a plus rien à y faire. Le soldat romain n’a jamais été aussi heureux. Il s’en va en chantant: il attend la Résurrection.

Le soldat romain va porter ton Amour aux nations qui viendront toutes à Toi. Car, Jésus, dès l’instant où Tu as été élevé de terre, Tu as attiré tous les hommes à Toi.

Mystères glorieux

Premier mystère glorieux:
La Résurrection de Jésus

Après la mort de Jésus, le soldat romain était reparti rejoindre son régiment. Le soldat romain, contrairement à son habitude, ne va pas s’amuser avec ses collègues. Non, Il est bien trop remué pour cela. Il a l’impression d’avoir vécu mille ans en quelques heures. Il n’est plus le même. Il est à la fois triste et heureux. Il a envie de pleurer la mort du Juste, mais son cœur lui dit qu’il doit encore attendre, espérer quelque chose.

Le soldat romain erre depuis deux jours dans la campagne de Jérusalem. Il ne veut voir personne: il attend, il espère. C’est le matin du troisième jour. Curieusement le soldat romain se sent comme poussé à rentrer dans Jérusalem. L’aube commence à pointer les pommiers sont en pleine floraison... Il fait bon ce matin. La nature est belle: elle semble avoir oublié la tragédie d’il y a trois jours. La nature est belle et comme rajeunie: de délicieuses senteurs embaument l’air ambiant. Le soldat romain se sent bien: mieux, il est heureux, et sur le chemin qui le mène à Jérusalem, il chante à tue-tête.

Tout en chantant ou en fredonnant des airs qu’il a entendus chez les juifs, le soldat romain est arrivé, sans s’en rendre compte, jusqu’au Calvaire. Il ne reste plus rien sur le Calvaire. Les corps des suppliciés ot été retirés. Les croix ne sont plus là... Le soldat romain s’arrête et regarde le lieu terrible où Jésus est mort, Jésus de Nazareth, Jésus de Nazareth le Roi des juifs, comme le rappelle encore l’écriteau gisant là, près de lui.

Le soleil brille maintenant dans le ciel printanier. La lumière illumine la terre et les cieux. La nature est en fête, mais le soldat romain, perdu dans sa méditation, essuie une larme douloureuse, une larme de repentir: comment a-t-il pu, lui, participer à la crucifixion du Juste? Jamais, auparavant, Rome n’avait participé à la condamnation d’un juste, d’un innocent. Le soldat romain a soudain le cœur en peine, un immense chagrin l’envahit: Dieu, le Fils de Dieu dont il a transpercé le Cœur lui pardonnera-t-il un jour cet acte odieux?

 Homme! Pourquoi pleures-tu demande une voix chaude et chaleureuse? Ne sais-tu pas que Jésus le Crucifié, devait ressusciter le troisième jour? Homme! Pourquoi pleures-tu?

Le soldat romain lève doucement la tête. Un homme, grand, splendide, vêtu de blanc, est devant lui et lui sourit. Le soldat romain n’en croit pas ses yeux. Il a dû s’endormir, et il doit rêver... Il se frotte les yeux; il se pince... Non, il ne dort pas. L’homme vêtu de blanc est toujours devant lui, bienveillant, plein d’amour.

 Mais, s’écrie soudain le soldat romain, mais, c’est Toi, Jésus, Jésus le Crucifié, Jésus dont j’ai transpercé le cœur avec mon épée? Mon Dieu! je suis perdu!...

 Non, Homme, tu n’es pas perdu, tu es sauvé. Jésus qui est devant toi, Jésus qui était mort est ressuscité comme Il l’avait annoncé. Toi, tu as été baptisé dans mon sang, le sang de l’Agneau Pascal. Maintenant, rentre chez les tiens et dis leur: “Jésus, Celui qu’on appelle Christ est ressuscité.” Va dire aux nations qu’elles sont sauvées. Va crier mon nom jusqu’aux extrémités du monde. Va dire à tous les peuples: “Celui qui était mort est maintenant ressuscité.” 

Deuxième mystère glorieux:
L’Ascension du Seigneur

Jésus vient d’”arriver” dans la salle du Cénacle. Tout à coup Il est là, au milieu des siens. Et Thomas est enfin avec eux, pauvre Thomas que la douleur a renfermé sur lui-même et sur son désespoir.

Jésus est là, dans la salle du Cénacle, au milieu de ses apôtres. Il regarde Thomas, mais Thomas baisse les yeux: il ne veut pas voir l’Amour qui le regarde, l’Amour qui transperce son cœur. Pauvre Thomas rivé dans son malheur...

Jésus est là. Il regarde Thomas, avec une intensité telle que Thomas lève les yeux et accepte de reconnaître Celui qui était mort, crucifié sur la Croix, et qui est là, bien vivant, devant lui.

 Approche Thomas. Mets tes doigts dans les trous de mes mains, de mes pieds. Touche aussi mon côté. Ne sois plus incrédule, mais fidèle!

Le cœur de Thomas est tout retourné. Soudain il a la foi, il comprend tout et il s’effondre, prosterné aux pieds de Jésus.

 Mon Seigneur et mon Dieu!

En retrouvant Jésus, en touchant Jésus le Ressuscité, le cœur de Thomas a été transformé: le cœur de Thomas a reconnu son Dieu. En regardant Jésus, Thomas et les apôtres ont rencontré le Père. En regardant Jésus, l’âme des apôtres était déjà en route vers le Père, en route vers l’Esprit. Tout leur être s’élevait mystérieusement vers les réalités qui s’ouvraient devant eux, mais qu’ils discernaient encore mal.

Jésus continue sa mission quelques jours encore. Il se montre à de nombreux disciples, à ceux qui L’ont aimé. Les apôtres Le suivent, L’écoutent de leur mieux, s’efforcent de mieux comprendre la parole divine, et leur cœur monte de plus en plus vers le Dieu qu’ils découvrent...

Jésus dévoile de plus en plus l’Amour qu’Il a pour tous tous les hommes, qu’Il a pour tous ses frères, mais Il ne peut rester. Il doit retourner vers le Père, pour envoyer l’Esprit, l’Esprit-Saint Paraclet qui leur enseignera toutes choses. Jésus doit remonter vers le Père pour envoyer l’Esprit d’Amour, l’Amour qui unit le Père et le Fils, l’Amour qui soude la Trinité.

Jésus parle d’Amour. Jésus monte sur la montagne, celle où Il aimait tant se retirer pour prier le Père. Jésus s’arrête, regarde ses apôtres, leur sourit. Jésus contemple une dernière fois Jérusalem, la ville sur laquelle il avait tant pleuré. Voici que Jésus ressuscité s’élève. Bientôt, on ne Le voit plus. Mais les cœurs brûlent d‘un Amour inconnu. Les apôtres redescendent à Jérusalem.

Les apôtres sont de nouveau dans la salle du Cénacle. La vie qu’ils mènent depuis plus de six semaines les a un peu perturbés. Pourtant quelque chose en eux semblent se décanter: ce n’est pas encore très clair, mais ils commencent à comprendre pourquoi Jésus devait mourir, puis ressusciter. L’Esprit qu’ils attendent leur enseignera ce qui reste obscur, mais déjà le véritable Mystère Pascal, le Mystère de la mort et de la résurrection de l’Agneau commence à apparaître...

Troisième mystère glorieux:
La Pentecôte

Les apôtres sont dans la salle du Cénacle. Ils viennent tous les jours, ils rencontrent Marie, ils parlent de Jésus, ils attendent l’Esprit. Marie leur parle de l’enfance de Jésus, de sa vie à Nazareth. Marie évoque aussi Joseph, l’époux à qui Dieu l’avait confiée. Marie bénit Matthias, le disciple devenu apôtre pour remplacer Judas. Marie paraît heureuse: l’Église de son Fils, commence à se former. Mais il manque l’Esprit que Jésus a promis.

Depuis dix jours Marie et les apôtres attendent la venue de l’Esprit. Chacun évoque ses souvenirs, les souvenirs de la vie avec Jésus. On fait revivre des anecdotes... Mais surtout, ils racontent la Cène: ils n’ont pas bien compris ce que Jésus a voulu faire... Le lavement des pieds les étonne toujours: ils ne voient pas très bien ce que Jésus voulait leur enseigner.

Les apôtres bavardent et Marie les écoute. Puis on parle de la Passion, de la Passion qu’ils n’ont pas suivie à cause de leur fuite ou de leur reniement. Et les apôtres pleurent... Alors Jean les console en évoquant encore le long chemin de Croix, la montée au Calvaire, et la crucifixion, et la mort de Jésus. Jean rapporte aussi les Paroles de Jésus sur la Croix, ses dernières Paroles, son Testament d’Amour. Marie essuie une larme, et les apôtres pleurent... sans aucune retenue.

Le Mystère de la Croix emplit la salle du Cénacle. Mais l’un des apôtres évoque la Résurrection: “Jésus l’avait bien dit qu’Il ressusciterait le troisième jour après sa mort. Et nous L’avons vu, Jésus ressuscité, tous nous L’avons vu. Nous L’avons reconnu, nous L’avons touché, et Il a mangé plusieurs fois avec nous. Et maintenant nous attendons, mais nous attendons quoi? Et nous attendons qui? L’esprit, comment sera-t-Il? Que nous faudra-il faire? Et que nous dira-t-Il? C’est peut-être Jésus qui reviendra encore!...”

Marie sourit, pleine d’indulgence, car elle, elle sait. Elle, elle a déjà reçu l’Esprit le jour de la Conception de Jésus, après que l’Ange lui eût annoncé la naissance du Messie, son Fils. Et Marie est l’Épouse de l’Esprit-Saint...

Les douze apôtres et Marie se taisent. Ils méditent tous leurs souvenirs de Jésus. Ils méditent et ils prient. Ils prient depuis dix jours, depuis la montée de Jésus vers le Ciel. Ils prient le Notre Père, la prière de Jésus.

Les apôtres se taisent et Marie leur sourit. Soudain, voici l’Esprit, le Saint-Esprit promis, le Consolateur qui désormais leur enseignera toutes choses. Qui déjà leur enseigne toutes choses...

Les apôtres n’ont plus peur. Les apôtres comprennent. Les apôtres semblent ressusciter, eux aussi. Ils sortent, ils prêchent, ils témoignent.

Les apôtres racontent la vie de Jésus, la mort de Jésus et sa Résurrection. Les apôtres célèbrent l’Eucharistie, résumé de la vie, de la mort et de la Résurrection du Seigneur. Les apôtres célèbrent l’Eucharistie, le Mystère de l’Agneau Pascal... Les apôtres maintenant peuvent partager le Pain de vie, le Vin de Dieu, le Corps de Jésus livré pour nous, et le Sang de Jésus versé pour la rémission des péchés. Les apôtres ont compris toute l’étendue du vrai Mystère Pascal.    

Quatrième mystère glorieux:
L’Assomption de Marie

Marie est avec Jean. Ils sont seuls tous les deux. Jean a célèbré l’Eucharistie tout à l’heure, avec quelques chrétiens qui depuis sont repartis, heureux, pleins de joie et pleins d’amour. Marie est avec Jean et prie. Jean prie aussi, mais il est comme inquiet: il a des antennes, Jean, et depuis quelques jours il trouve que Marie se fatigue... Marie semble fatiguée. Son visage est pâle, diaphane comme si elle n’était déjà plus de ce monde.

Jean est heureux avec Marie. Il voudrait la garder toujours auprès de lui. Car Marie est pleine de sagesse, d’une sagesse qui ne semble pas de ce monde: c’est comme la sagesse de Jésus... Jean est heureux. Il sait que dans quelques heures les autres apôtres vont arriver: ils ont un certain nombre de difficultés à régler. Ils veulent se mettre d’accord sur l’enseignement à dispenser aux chrétiens, car il semble que certains d’entre eux veuillent déjà semer la division. Marie saura bien donner la vérité...

Jean est heureux et regarde Marie qui lui sourit avec encore plus d’amour que d’ordinaire. Jean en est ému jusqu’aux larmes. Marie s’assoit et prend les mains de Jean qu’elle caresse pendant quelques instant, puis elle se lève:

 Jean, il est peut-être temps d’aller accueillir Pierre. Va l’attendre sur le chemin, moi, je prie encore un peu: il est si doux de retrouver Jésus dans son Eucharistie. Tu vois, chaque fois que tu célèbres le mystère de sa mort et de sa résurrection, il me semble que je Le retrouve vivant, tout près de moi, comme autrefois à Nazareth... Et j’aime tant rester seule un moment avec Lui, mon Fils Bien-Aimé, pour Lui redire tout mon amour.

Jean dépose doucement un baiser sur le front de Marie, puis sort en silence...

Quelques instants sont passés. Jean a rencontré Pierre et tous deux rentrent en parlant vivement. Jean rayonne et Pierre est toujours Pierre, plein de vie et d’enthousiasme:

 Tu vois, Jean, ce qui me réjouit le plus, c’est de vivre quelques jours avec Marie; elle est si bonne. Et tout semble si facile avec elle. Tous nos problèmes disparaissent quand c’est elle qui explique...

Pierre et Jean entrent dans la maison. Pierre frappe à la porte de la chambre de Marie:

 Mère, puis-je entrer? Je suis arrivé!

Personne ne répond. Jean frappe plus fort, insiste, puis entre dans la chambre. La couverture du lit est froissée comme si Marie avait voulu se reposer un peu. Mais Marie n’est plus là! Les apôtres ne reverront jamais Marie. Marie est au ciel.

Cinquième mystère glorieux:
Le Couronnement de Marie

Les apôtres ne reverront plus jamais Marie. La Mère de Jésus est partie vers le Ciel pour retrouver son Fils, pour retrouver le Père, pour retrouver l’Esprit. Les apôtres se sont sentis d’abord bien décontenancés et bien seuls... Ils ont erré un peu partout dans la ville, puis ils se sont mis au travail. Ils étaient venus pour ça, travailler, voir clair dans les événements, réfléchir un peu ensemble. Ils avaient compté sur la Sagesse de Marie. Marie n’était plus là, mais la vie continuait...

Pendant plusieurs jours les apôtres ont travaillé ensemble. Ils ont pris des décisions graves pour l’avenir de l’Église, ce Corps que Jésus et Marie avaient commencé à construire, à édifier. Ce Corps mystique dont Marie était la Mère. Marie, en effet, les avait tellement aidés quand elle était encore parmi eux. Ses avis étaient si sages, si précieux. Elle seule pouvait dire ce que Jésus aurait pensé, aurait fait, aurait désiré. Mais Marie n’était plus là.

Marie n’est plus là... Pourtant, les apôtres, d’abord déconcertés par le départ de Marie la douce Maman, se rendent compte soudain que leur rencontre a été plus fructueuse que jamais. Jamais non plus, ils n’avaient senti autant d’amour entre eux et autour d’eux: ils avaient parfois comme l’impression que Marie était encore avec eux, tout près d’eux, les conseillant et les aimant. Et bientôt, un soir, un des apôtres, prenant la parole déclara:

 J’avais l’impression que notre Reine était encore parmi nous.

Marie était déjà leur Mère, la Mère de l’Église naissante. Et voilà que maintenant l’un d’eux la déclarait Reine! Les apôtres se regardent puis se tournent vers Pierre, comme pour l’interroger:

 Mes amis, mes frères, dit Pierre, notre ami a raison. Marie est bien encore parmi nous en ce moment où je vous parle. Oui, elle est notre Reine. La Reine de l’Église, notre Reine au Ciel.

Le Premier Concile s’est achevé dans une paix étonnante. Les apôtres sont tous retournés là où ils étaient attendus. Les apôtres ont travaillé avec ardeur à l’extension du Royaume de Dieu. Les apôtres ont partout, dans le monde, annoncé la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Ils ont souvent été contredits, persécutés, martyrisés, puis mis à mort. Mais l’Évangélisation du monde avançait, les foules se convertissaient. Et Jésus était aimé...

L’Église de Jésus grandissait et se fortifiait. On parlait peu de Marie: ce n’était pas possible. Il y avait encore trop de cultes païens et il ne fallait pas prendre le risque que La Mère de Jésus, la Sainte Vierge Marie soit confondue avec une déesse mère quelconque. On parlait peu de Marie, mais les apôtres la priaient souvent et Marie répondait toujours à leurs prières et à leurs attentes.

L’Esprit-Saint et Marie accompagnaient l’apostolat des apôtres. Et les apôtres, souvent, se tournaient vers Marie, leur Mère et leur Reine qui, toujours, les guidait vers l’Esprit et leur donnait Jésus.

pour toute suggestion ou demande d'informations