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Mystères JoyeuxMystères LumineuxMystères Douloureux

Mystères Glorieux

Mystères du Rosaire

L’Amour et la Miséricorde

La méditation quotidienne du Rosaire conduit, en fait, à la méditation de la vie du Seigneur Jésus-Christ. L’âme suit la route terrestre du Seigneur, pas à pas, depuis sa Conception dans le sein vierge de Marie, jusqu’à la Gloire de sa Résurrection. L’âme contemple aussi les mystères plus difficiles de l’Ascension, de la Pentecôte, et peut vivre le triomphe de la Maman, la Mère de toutes les grâces, dans son Assomption et son Couronnement.

La méditation du Rosaire permet aussi de découvrir les vertus principales de la vie chrétienne, vertus qui se développent presque sans effort grâce aux Béatitudes que Jésus nous a confiées. Le Rosaire nous aide ainsi à reconnaître, presque naturellement nos fautes, nos misères, nos faiblesses, ainsi que la réalité dramatique du péché qui a été la cause de tant désordres et de désastres pour l’humanité, et de tant de souffrances pour notre Sauveur.

L’âme, ainsi placée devant sa vérité face à la Vérité et à l’Amour de Dieu, comprend la gravité du péché, refus délibéré de l’Amour. Elle découvre alors la grandeur de la Miséricorde de Dieu, peut se repentir, et retrouver la douceur et la tendresse de l’Amour.

Nous allons méditer maintenant sur ces mystères de l’Amour de Dieu et de sa Miséricorde. Nous comprendrons mieux combien le Seigneur nous aime, Lui dont la nature est d’être Amour et Miséricorde. Nous entrerons dans le Cœur de Jésus, nous contemplerons sa tendresse, sa douceur et son humilité.

Et, si nous vivons vraiment dans le Cœur de Jésus, nous découvrirons que le Cœur de Jésus, c’est le Cœur de la Trinité Sainte, le Cœur du Dieu vivant et Créateur. Nous découvrirons l’Amour et le secret du bonheur.

Mystères Joyeux

Premier mystère joyeux:
L’Annonciation

Marie vient d’être mariée à Joseph. On ne lui a pas demandé son avis: c’était la loi, et toutes les femmes juives devaient, obligatoirement, être mariées. Marie avait fait vœu de virginité: cela ne s’était jamais fait auparavant chez les juifs, car chaque jeune fille pouvait être celle qui serait appelée à devenir la mère du messie attendu.

Marie, par son vœu avait répondu à un appel spécial de l’Amour, un appel de Dieu qu’elle aimait tant. On l’avait mariée à Joseph, ce jeune homme exceptionnel qui, lui aussi désirait se consacrer totalement à Dieu. Marie aimait déjà beaucoup le chaste Joseph, et pour rien au monde elle n’aurait voulu lui faire une peine quelconque.

Marie pensait à toutes choses. Elle ne pourrait jamais être la maman du Messie. Elle avait renoncé à cet honneur par son vœu de virginité, mais elle serait peut-être la servante de la Mère de son Sauveur, du Libérateur d’Israël. Marie priait très fort le Dieu Tout-Puissant qu’elle aimait d’un tendre amour pour être la Servante de la bénie entre les femmes. Marie implorait aussi la Miséricorde de Dieu pour son peuple...

Marie implorait la Miséricorde de Dieu sur tous les hommes et Marie se perdait dans la contemplation du Dieu-Amour. Depuis qu’elle avait quitté le Temple, depuis qu’elle était revenue à Nazareth, Marie priait beaucoup: sa vie était devenue prière, prière d’amour et de contemplation, prière d’abandon à la volonté sainte de Dieu.

Ce jour-là, conformément à son habitude, quoique occupée à filer, Marie priait: elle était en contemplation devant la bonté du Père des Cieux qui avait déjà, dans son Amour, fait de grandes choses en elle. Marie était toute perdue en Dieu quand l’Ange se présenta: “Réjouis-toi, Marie, tu as trouvé grâce devant Dieu. C’est toi qui seras la Mère du Sauveur parce que tu es vierge. Il sera appelé Fils du Très-Haut. Dieu dans sa Miséricorde et dans son Amour vient sauver son Peuple. Voici que tu vas concevoir: l’Esprit Saint de Dieu te couvrira de son ombre. Veux-tu être la Mère du Sauveur du monde?”

Marie est inondée de joie. Son esprit émerveillé rejoint le Père et elle reçoit l’Esprit. Marie dit “Oui!” Les anges exultent. Les hommes ne savent pas encore, mais Marie, elle, a soudain connaissance de l’immensité de la Miséricorde de Dieu et de son Amour pour les hommes, pour tous les hommes ses enfants. Marie sait que le péché du monde sera bientôt pardonné. Marie sait que tous les hommes, de toutes races et de toutes nations sont également aimés de Dieu. Marie sait que tous les hommes pourront parvenir à la sainteté et à l’union à Dieu.

Marie a dit “Oui!” Marie sait... Marie entre dans la Miséricorde de Dieu, car elle sait aussi qu’elle devra partager avec son Fils les prophéties, toutes les prophéties. Son Fils sera le Serviteur souffrant... Elle sait déjà qu’elle devra accompagner son Fils là où le Père Le conduira. Marie, servante du Seigneur  entre dans son Amour et dans sa Miséricorde. Marie entre dans la Rédemption.

Marie! Nous te contemplons et nous sommes confondus de reconnaissance. Marie, nous te disons merci, merci d’avoir dit “Oui!”

   

Deuxième mystère joyeux:
La Visitation

Par les patriarches, par Moïse, par le Roi David, par Élie et les autres prophètes, Dieu avait déjà visité son peuple. Mais les faveurs de Dieu étaient encore réservées au peuple hébreu, le peuple élu. En s’incarnant dans le sein d’une vierge, Dieu visite tous les hommes, de toutes les races, de toutes les nations. Il n’y a pas d’exception. Tous les hommes sont les enfants de Dieu. Tous les hommes sont visités... Tous les hommes seront sauvés par l’unique et universel Sacrifice de Dieu Incarné.

Aujourd’hui, Dieu visite son peuple. Dieu a pris chair dans le sein de Marie. Marie possède Dieu. Or celui qui aime Dieu aime forcément ses frères, sinon il serait un menteur. Celui qui aime Dieu aime ses frères. Celui qui possède Dieu ne peut que Le donner à ses frères. C’est inévitable. C’est la Miséricorde de Dieu qui se manifeste à tous ses enfants.

Aujourd’hui, qui plus que Marie expérimente la Miséricorde et l’Amour de Dieu? Dieu habite dans son sein, et dès l’instant merveilleux de l’Incarnation, Marie qui brûle de l’Amour de Dieu brûle aussi de charité pour son prochain. Sa vieille cousine est enceinte, contre tout attente: Marie court la visiter et la servir. Marie se hâte de partager son bonheur, et de donner Celui qui s’appellera Jésus, au petit enfant d’Élisabeth et de Zacharie.

Marie, possédée par Dieu se hâte de porter la Miséricorde de Dieu au vieux Zacharie. Pauvre Zacharie qui expérimente, dans son corps, combien est redoutable la Puissance de Dieu! Pauvre Zacharie qui, trop homme et trop sûr de lui, ne connaissait pas la réalité de la Miséricorde de l’Amour! Pauvre Zacharie qui, maintenant sait, mais qui ne peut pas dire sa joie, sa paix, qui ne peut pas exprimer sa reconnaissance pour le don divin que lui et son épouse ont reçu du Très-Haut! Pauvre Zacharie qui, à cause de son mutisme, et grâce à lui,  découvre la grandeur de Dieu et sa Miséricorde!

Marie visite ses cousins, mais c’est Dieu qui visite les parents de celui qui sera le précurseur de son Fils. Élisabeth reconnaît le Visiteur. “D’où m’est-il donné que vienne à moi la Mère de mon Seigneur? Car voici: comme le son de ta salutation frappait mes oreilles, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein.”

Marie rayonne de bonheur. Elle exulte en Dieu son Sauveur, Dieu qu’elle porte et qui sera son Fils, son Fils qui sera appelé Fils de Dieu. Oui, le Tout-puissant a fait en elle de grandes choses. Mais Marie sait que la Miséricorde de Dieu n’est pas pour elle seule, et qu’elle s’étendra de génération en génération pour tous ceux qui le craignent...

Dieu visite son peuple, Dieu visite toutes les nations et toutes les générations. Dieu nous a visités, et Dieu continue de nous visiter. Chaque jour la Miséricorde de Dieu nous visite et se fait présente et visible en nous, par l’Eucharistie. Car l’eucharistie, c’est, à chaque instant, Dieu qui visite son peuple, c’est la Miséricorde qui, pour mieux nous visiter et nous donner son Amour, se fait Pain et Vin pour la vie éternelle.

   

Troisième mystère joyeux:
La Nativité de Jésus

Les temps sont accomplis. L’Enfant tant attendu est sur le point de naïtre...

L’Enfant, Fils du Béni est né: joie au Ciel et paix sur la terre à tous les hommes que Dieu aime! Dieu montre sa Miséricorde aux hommes meurtris par le péché. Dieu donne son Amour à tous les hommes devenus ses frères. Hosanna! au plus haut des Cieux!

Les temps sont accomplis, l’Enfant Jésus est là, au milieu de nous. Les temps sont accomplis: Dieu s’est incarné, Dieu est devenu homme pour le salut des hommes. Les temps sont accomplis! Marie et Joseph sont en adoration devant l’Enfant divin. Les temps sont accomplis: réjouissez-vous, vous les hommes, car votre salut est maintenant tout proche.

Les temps sont accomplis. L’Enfant Jésus sourit: il attend des amis. L’Enfant Jésus sourit car il attend tous les pauvres de cœur. D’ailleurs, les voici, avec tous leurs cadeaux, de bien humbles cadeaux, mais qui viennent du cœur. De bien humbles cadeaux venus du cœur des pauvres bergers qui possèdent déjà le Royaume de Dieu que l’Enfant, qu’ils saluent, est venu leur révéler, à eux, et au monde entier. L’Enfant Jésus sourit: il accueille ses amis les bergers qui contemplent maintenant le Royaume de Dieu.

Les temps sont accomplis. L’Enfant est circoncis et Joseph est fier du tout petit enfant que Marie lui confie. Joseph et Marie sont des parents bénis, des parents au cœur pur qui remercient sans fin la bonté du Seigneur, son Amour et sa Miséricorde. Car les temps sont accomplis, la Miséricorde de Dieu emplit la terre et les cieux. Et tous les cœurs célestes reprenant l’Hosanna exultent aussi de joie en chantant: “Bienheureux les cœurs purs, oui, car ils verront Dieu! Bienheureux les cœurs humbles et purs qui accueillent l’Amour et sa Miséricorde!”

   

Quatrième mystère joyeux:
Présentation de Jésus au Temple

Dieu-Amour a montré son amour et sa miséricorde. Dieu-Amour s’est fait petit Enfant pour sauver tous les hommes. Dieu-Amour est venu chez nous, pour vivre comme nous en vivant avec nous. Il y a quarante jours que l’Enfant de Dieu-Amour est né chez les hommes qui sont, et ses enfants, et ses frères.

Il y a déjà quarante jours que Jésus vagissant émerveille les siens. Jésus le Fils de Dieu s’éveille parmi nous et sourit à ses parents. Jésus, le Fils de Dieu doit maintenant être présenté au monde qu’Il vient sauver. Il faut aussi que le monde sache que son nom est Jésus, ce qui veut dire Sauveur.

Joseph et Marie sont maintenant au Temple. Vite! deux petites colombes pour présenter l’Enfant au Temple du Seigneur, et Lui donner officiellement son nom. Joseph est très fier et ne se sent plus d’amour. Il a remis les oiseaux aux serviteurs du Temple. Il peut prendre l’Enfant dans ses bras et Le couvrir de son regard énamouré.

Joseph berce l’Enfant, Le regarde, puis regarde sa mère. Il sait que cet Enfant est le Fils du Béni. Il sait que sa mère est la servante de Dieu. Il sait que lui, Joseph, n’est que le serviteur, serviteur de l’Enfant, serviteur de sa mère. Il est ému, Joseph, il ne sait pas pourquoi. Peut-être pressent-il que la Miséricorde de l’Amour est à l’œuvre aujourd’hui!... Car tout le Temple s’empresse autour de ce petit, et Le loue.

Il est ému, Joseph. Peut-être comprend-il soudain que le Serviteur souffrant dont parle le prophète, c’est ce petit enfant qu’il tient entre ses bras... Mais alors c’est terrible, car Joseph sait que le Messie est le Serviteur souffrant qui vient sauver le peuple et toutes les nations. Joseph sait que le Sauveur sauvera tous les hommes, mais en souffrant atrocement et ignominieusement, et en mourant...

Joseph est ému et essuie une larme. Son intuition est-elle la bonne? Certainement car le vieux Syméon, ce saint vieillard vient confirmer sa peine: “Cet Enfant sera un signe de contradiction pour un grand nombre...” Les raisons de Dieu ne sont jamais celles des hommes.

Joseph est très ému et regarde Marie, Marie sa sainte épouse à qui le juste Syméon vient de prédire qu’un glaive de douleur transpercera son cœur. Syméon ne dit rien à Joseph, mais Joseph comprend qu’à partir de maintenant Dieu lui confie officiellement son Fils. Aux yeux de tous les hommes de son temps, Jésus sera le fils de Joseph. Joseph devra veiller sur l’Enfant et sa mère. Et Joseph, le juste, Joseph, le sage, sait que ce ne sera pas facile.

Joseph regarde Jésus puis regarde sa mère. Joseph sourit car soudain il comprend qu’il tient entre ses bras l’Amour et la Miséricorde. Joseph sourit et pleure en même temps car Joseph a compris que le Dieu de ses pères, Dieu-Amour et Dieu-Miséricorde a visité son peuple, a visité le monde.

Joseph regarde Jésus et regarde Marie. Joseph sourit et pleure, car son cœur a dit “oui!”, oui au Dieu-Amour, au Dieu-Miséricorde.

   

Cinquième mystère joyeux:
Recouvrement de Jésus au Temple

En courant, avec Marie, dans les rues de Jérusalem, Joseph aujourd’hui se souvient. Il se souvient de la Présentation de Jésus au temple. Il se souvient des bergers attentifs et si bons. Il se souvient de la visite des mages, de leur foi dans le Dieu vivant, le Dieu de tous les peuples. Et Joseph se souvient aussi de sa perplexité quand il constatait que ceux qui reconnaissaient l’Enfant étaient tous des étrangers. Mais Joseph se taisait.

Oui, seuls des étrangers avaient su reconnaître le Sauveur des nations, le Roi de l’univers. Les chefs de son peuple, au contraire, ne voulaient pas de Lui, de cet Enfant béni... Ils avaient même voulu Le tuer. Oui, Joseph se souvient...  Il essuie une larme en pensant à sa fuite en Égypte, en pleine nuit, sans savoir où aller. Mais comme toujours, Joseph avait obéi, sans comprendre, seulement plein de confiance en la Providence de Dieu. Oui, Joseph se souvient...

Joseph se souvient de la Miséricorde de Dieu qui lui avait toujours procuré le nécessaire, à lui et à sa famille, sa Sainte Famille. Joseph se souvient aussi du retour à Nazareth et de ces dernières années d’un bonheur sans partage. Et Joseph sourit en pensant au bonheur si paisible et si pur que le Père du Ciel lui avait ménagé grâce à sa sainte épouse et à cet Enfant tellement doué. La vie était si simple et paisible à Nazareth, jusqu’à ce jour. Jésus était toujours tellement dévoué à sa Famille, à ses parents. Jésus était si bon, si appliqué dans son travail et si intelligent. Et toujours attentif et si obéissant! Vraiment Joseph n’avait eu qu’à se louer de cet Enfant, Providence de Dieu...

Que s’est-il donc passé, avant-hier, à Jérusalem ou sur la route, pour que Jésus ait disparu... Qu’a-t-il pu Lui arriver? Se serait-Il blessé? Aurait-Il été pris par des brigands, ces trop nombreux brigands qui détroussent les voyageurs et les pèlerins? Joseph est dans une mortelle inquiétude et ne sait pas comment rassurer Marie. Certes, il reste encore le Temple à explorer, mais qu’est-ce que Jésus pourrait bien faire au Temple?

Joseph et Marie aperçoivent Jésus, au Temple, au milieu des docteurs: on dirait qu’Il les enseigne. Mais oui, Jésus répond aux questions des scribes et de tous les savants du Temple. Il parle avec autorité, et tous les assistants L’écoutent avec tant d’attention.

 Mon Enfant, dit Marie, pourquoi as-tu agi ainsi avec nous? Vois! ton père et moi nous te cherchions tout affligés.

 Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je me dois aux afaires de mon Père?

Aux affaires de son Père? pense Joseph qui se souvient encore. C’est vrai! Cet Enfant qu’il aime comme un fils n’est pas son fils. Joseph jusqu’alors avait obéi à l’Ange qui le guidait, mais il ne comprenait pas bien. D’un seul coup, Joseph prend conscience que cet Enfant, c’est le Messie attendu, c’est le Fils du Béni. Joseph découvre en même temps la grandeur de la sainteté de Marie, sa si douce épouse, et la vraie nature de Jésus.

Joseph découvre ébloui la Miséricorde de Dieu qui l’a mené jusqu’ici, lui Joseph. Joseph découvre émerveillé les splendeurs de l’Amour. Joseph se tait et prie. Pourtant Joseph essuie furtivement une larme, car il vient de découvrir que c’est Dieu-Amour-Miséricorde, caché dans le cœur de cet Enfant qu’il aime, qui l’a conduit jusqu’ici. Et dans son esprit s’inscrit l’évidence cruelle, cet Enfant, c’est déjà le Serviteur souffrant, le don de l’Amour, de la Miséricorde de Dieu, qui un jour, portera le péché des hommes et sauvera le monde.

 

Mystères lumineux

Premier mystère lumineux:
Le Baptême de Jésus

Jésus vient d’être baptisé par Jean le Baptiste. Jean s’est profondément incliné devant Celui qui, devant lui et par lui, pauvre Baptiste, s’est mis au rang des pécheurs. Mais lui, Jean, sait qui est Celui que maintenant il vénère et adore. Jean sait que Jésus, ce cousin qui vint le purifier alors qu’il n’était encore qu’un embryon se développant dans le sein de sa mère Élisabeth, Jean sait que Jésus est le Fils de Dieu: la voix de Dieu vient de le proclamer, et lui, Jean, a vu l’Esprit reposer sur Lui. Cela, Jean l’a vu, et il peut le proclamer partout. Oui, Jean a vu l’Esprit, Jean vient d’expérimenter la Miséricorde de Dieu. Oui, Jean sait que les temps sont accomplis, que la Miséricorde de Dieu s’est manifestée à son peuple.

Jean sait. Jean a envie de chanter, de louer le Seigneur des seigneurs, de crier sa joie et son amour: Dieu est déjà venu sauver son peuple. Dieu vient d’envoyer l’Agneau promis... Jean le Baptiste est en adoration. Jean a oublié tout ce qui se passe autour de lui. Jean est heureux...

Jean demeure longtemps dans son adoration muette et heureuse. Jean rayonne de bonheur: en Jésus il a reconnu Dieu venu visiter son peuple pour le sauver et le libérer du péché. Jean revient doucement à lui. Quelques disciples sont encore auprès de lui, inquiets de sa longue extase. Jésus s’éloigne lentement...

Enfin Jean revient à lui. Il se relève... Il cherche Jésus qui se retourne et lui fait un geste d’amitié. Jean est lumineux de joie. Il sourit à ses disciples qui l’interrogent du regard. Alors, solennellement, Jean le Baptiste, le précurseur, lève le bras et désigne Jésus:

 Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui que la Miséricorde de Dieu nous envoie. Mes amis, allez à Lui, allez à l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde.

Deux jeunes disciples, André et Jean, regardent le maître qu’ils suivent depuis quelque temps. Ils regardent aussi Jésus qui s’éloigne toujours. Le baptiste insiste:

 Voici l’Agneau de Dieu, la Miséricorde de Dieu qui pardonne à son peuple. Allez à Lui; il faut qu’Il croisse, maintenant, c’est le Messie de Dieu... 

   

Deuxième mystère lumineux:
Les noces de Cana

Jésus a commencé à enseigner ses cinq premiers disciples. Il leur a surtout parlé de la bonté et de la Miséricorde de Dieu. Il leur a expliqué qu’Il était le Sauveur, le Messie tellement attendu par le peuple d’Israël. Il leur a demandé de tout quitter pour Le suivre, pour vivre avec Lui afin de se préparer à leur mission future. Jésus ne leur a pas dit laquelle, mais déjà envahis par un amour nouveau, un amour qu’ils ne connaissaient pas encore, confiants, ils ont suivi Jésus.

Il n’y a que quelques jours que les premiers disciples suivent Jésus, mais ils sont déjà émerveillés par son enseignement. Ce Maître qu’ils découvrent, ils donneraient déjà leur vie pour Lui: de cela ils sont sûrs... Depuis plusieurs jours déjà ils suivent Jésus: ce n’est pas toujours très confortable, car il faut marcher beaucoup, et souvent dormir à la belle étoile; mais qu’importe, les premiers disciples de Jésus sont heureux. Il y a quelques jours Jésus leur a dit qu’Il allait prochainement manifester sa Gloire. Les disciples n’ont pas compris, mais ils ont suivi Jésus... Et voici qu’ils sont arrivés hier, à Cana, pour participer à une noce. Une noce! Ils ne s’attendaient pas à cela; ils avaient pensé à quelque chose de grand, de merveilleux, d’extraordinaire, sans d’ailleurs être capables de préciser quoi, mais pas à une noce...

Les premiers apôtres avaient suivi Jésus jusqu’à Cana. Ils avaient participé à la noce et à ses festivités. Ils avaient bien mangé et profité abondamment des vins servis à profusion. Mais le temps passait, et les apôtres commençaient à douter: comment Jésus manifesterait-Il sa Gloire, ici, à Cana, dans une noce? Et comment le Seigneur montrerait-Il sa Miséricorde en faveur de son peuple? Les apôtres fatigués s’interrogeaient, et ils avaient envie de s’en aller...

Mais que se passe-t-il soudain? On sent une certaine agitation, et Jésus se déplace. Et Jésus les appelle pour rendre service aux serviteurs qui doivent remplir d’eau les six jarres placées dans une sorte de soupente.

Les apôtres ont aidé les serviteurs, et maintenant ils entendent Jésus leur dire:

 Puisez cette eau, et portez-en au maître du festin.

Les serviteurs semblent un peu inquiets; pourtant ils s’exécutent. Les disciples de Jésus regardent, curieux, et entendent le maître d’hôtel s’étonner:

 D’ordinaire, on sert d’abord le bon vin; puis, quand les gens ont bien bu, on donne le moins bon... Pourquoi as-tu gardé le bon vin jusqu’à maintenant?

Les serviteurs se taisent; ils savent, eux, d’où vient ce vin merveilleux.   Quelqu’un explique ce qui vient de se passer, et tout le monde demande à goûter cet excellent vin, cette eau devenue vin. Les disciples de Jésus voudraient bien y goûter aussi, mais Jésus leur fait signe de Le rejoindre: maintenant, ils doivent partir... Ce n’est plus la peine de rester: Dieu a montré sa Miséricorde envers ceux qui Lui faisaient confiance. Les disciples ont vu la Gloire de Jésus, et croient en Lui.

Revenus de leur surprise, les invités de la noce commencent à s’agiter: ils voudraient remercier Jésus, Lui poser des questions, Le louer, Le glorifier... Mais Jésus n’est plus là. Il est déjà assez loin, avec ses premiers disciples...

   

Troisième mystère lumineux:
L’enseignement de Jésus

“Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde!” Jean s’est un peu éloigné du groupe des apôtres. Il médite et il prie. Jean se souvient de l’enseignement de Jésus et il cherche à se l’assimiler, mais ce n’est pas facile: trop de choses étonnent Jean, le disciple bien-aimé: ainsi, l’autre jour, quand fâchés à cause d’un mauvais accueil qui avait été réservé à Jésus, lui et son frère auraient bien voulu que le feu de ciel descende sur ce village de rustres. Mais Jésus les avait réprimandés durement, en leur disant qu’ils ne savaient pas ce qu’ils demandaient...

Et puis, il y avait eu aussi la femme adultère que Jésus n’avait pas condamnée: pourtant elle avait été prise en flagrant délit! C’est vrai, son complice n’était pas présent... et pour commettre ce genre de péché, il faut être deux. Jésus n’avait pas condamné la femme, mais Il lui avait tout de même dit: “Va,  et désormais, ne pèche plus!”

Jean pense aussi à la grande pécheresse publique que Jésus semble tellement aimer: “Il lui a été beaucoup pardonné, parce qu’elle a beaucoup aimé.”  Jean cherche à comprendre ce qu’est la miséricorde qui semble excuser les péchés, même les plus graves. Jean est comme désorienté: la loi juive qu’il connaît par cœur est bien plus rigoureuse, et c’est justice. Que veut donc enseigner Jésus?

Jean se torture l’esprit: il n’est pas toujours facile d’entrer dans la pensée de Jésus. Et comment peut-on pardonner jusqu’à soixante dix fois sept fois à quelqu’un qui ne cesse de vous offenser? Presque tous les contemporains de Jean estiment que le pardon n’est que de la faiblesse, voire de la lâcheté. Jean n’arrive pas à comprendre Jésus et il est très malheureux...

Jean pleure: il aime tellement son Maître! Il voudrait suivre ses commandements à la lettre, mais parfois...

 Mon Jean, ne pleure pas, dit Jésus qui soudain est tout à côté de Jean. Ne pleure pas, mon Jean. Bientôt tu sauras que la Miséricorde, c’est le plus grand cadeau que Dieu pouvait offrir aux hommes pécheurs. Et tu sauras aussi que le pardon est un des volets de l’amour véritable, et le plus important. Oui, heureux les miséricordieux: Dieu les aime car leur cœur ressemble au Cœur de Dieu. Heureux ceux qui pardonnent: ils imitent Dieu qui pardonne toujours à ceux qui se repentent de leurs fautes. Heureux ceux qui font miséricorde, ils obtiendront miséricorde... Et n’oublie jamais, mon Jean, que tous les hommes, tous, sans exception, sont des pécheurs, et qu’ils ont tous besoin de la miséricorde de  Dieu.

   

Quatrième mystère lumineux:
La transfiguration

Jésus est devenu plus grave, ces derniers temps. Il est toujours aussi bon avec ses disciples, encore plus peut-être, si cela était possible... Jésus est toujours aussi disponible quand il s’agit de panser des plaies, les plaies du corps et les plaies du cœur. Mais une sorte de gravité s’est installée en Lui car Il sait que l’heure approche: son Heure. Jésus contemple ses apôtres et Il soupire en pensant que tous, presque involontairement, sauf un, vont Le trahir, Le renier, Le délaisser, dans quelques jours... La Miséricorde de Jésus s’émeut.

Jésus regarde longuement ceux qui seront les trois piliers de son Église, mais qui, eux aussi, tomberont quand les événements seront trop lourds à porter. Il doit les fortifier, maintenant, surtout ceux qui devront bientôt soutenir leurs frères dans la foi. Il doit fortifier Pierre, son roc, qui n’est pas encore très solide. Il doit inonder de joie son Jacques qui sera son premier témoin, son premier martyr. Il doit envahir de tout son Amour son Jean qu’Il a choisi pour être l’apôtre de son Amour. Oui, Jésus doit au moins soutenir ces trois qui, plus que les autres, seront davantage soumis à des forces obscures et redoutables.

Jésus se lève et demande à Pierre, Jacques et Jean, de Le suivre. Puis, Il se retourne vers les neuf autres:

 Mes amis, J’ai un rendez-vous important. Je ne peux pas emmener tout le monde, mais vous comprendrez tout bientôt, quand l’Esprit vous aura visités. Restez ici, veillez, et priez: j’ai besoin de votre prière. Restez ici, et attendez-nous; mais surtout soyez vigilants, car votre adversaire ne manquera pas de vous tenter: soyez forts, et priez.

Jésus part, suivi des trois apôtres qui, plus tard, après sa résurrection, pourront raconter la vision de sa gloire. Jésus monte sur le Tabor pour se transfigurer aux yeux des trois apôtres qui ont besoin d’expérimenter, dès maintenant, la Miséricorde de Dieu.

   

Cinquième mystère lumineux:
L’Eucharistie

 J’ai pitié de ces foules, dit Jésus, car elle sont comme des brebis sans berger. J’ai pitié de ces foules affamées qui cherchent du pain, le pain de leur vie. J’ai pitié de ces foules qui ont soif d’eau vive, soif d’Amour.

Jésus s’est adressé à ses disciples présents qui n’ont que quelques pains d’orge et cinq poissons... Mais qu’est-ce que tout cela pour tant de gens: ils doivent bien être cinq mille!

 J’ai pitié de ces gens, insiste Jésus. Faites-les tous asseoir.

Il fallut bien une heure pour faire comprendre à tout le monde que Jésus demandait une heure de patience, qu’Il voulait faire quelque chose, mais les disciples ne savaient pas quoi...

 Maintenant donnez-Moi vos pains et vos petits poissons.

Jésus prend les pains. Il les contemple longuement, comme s’Il priait. Puis Jésus les bénit, les élève et les bénit de nouveau en rendant grâce au Père:

-Père, Je Te rends grâce d’avoir écouté ma prière. Bénis ces pains, don de mes apôtres, bénis ces foules affamées, qui ont tellement soif de ton Amour. Visite ton peuple, Père, visite les hommes qui Te cherchent, les peuples de toutes races et de toutes nations. Bénis tes enfants qui ont faim, Père, et nourris-les toujours de ta Vie éternelle. Nourris-les du pain de Vie, abreuve-les de l’eau vive de ton Amour.

La foule mangea et but à satiété. Toutes les personnes présentes sentirent que quelque chose de très grand venait de se passer, et déjà plusieurs chefs du peuple qui étaient présents pensaient à élever Jésus à la dignité de Roi. Les apôtres se taisaient. Jésus se leva:

 Mes amis! Vous voulez me faire Roi parce que vous avez mangé du pain à satiété. Mais le pain que vous venez d’apprécier n’est pas le pain de la vie éternelle. Le pain de la vie éternelle, c’est mon Corps qui va être livré pour vous. Le pain du ciel que je vous donnerai, c’est ma chair multipliée...

On constate, à ces paroles, un certain remous dans la foule:

 Vous ne pouvez pas encore comprendre ce que je viens de vous dire. Dieu vous a visités ce soir. Dieu vous a donné le pain dont vous aviez besoin. Mais vous avez besoin aussi d’un autre pain. Bientôt le Père vous visitera encore, et Moi, Je vous donnerai le pain de Vie, le pain qui ne se corrompra pas, qui ne connaîtra pas la pourriture. Je vous donnerai aussi l’eau vive qui ne tarira jamais... Car le Père vous aime, Il a pitié de vous et de vos enfants. Bientôt Dieu vous visitera, et ma chair vous rassasiera...

 Ces paroles sont dures à entendre! Qui peut les accepter? murmurèrent quelques-unes des personnalités présentes.

Les siècles ont passé. Dieu, dans sa Miséricorde, a toujours pitié de nous. Jésus nous donne, chaque jour, sa chair à manger et son sang à boire. Car l’Eucharistie, c’est, à chaque instant, Dieu qui visite son peuple, c’est la Miséricorde qui, pour mieux nous visiter et nous donner son Amour, se fait Pain et Vin pour la vie éternelle.

 

Mystères douloureux

Premier mystère douloureux:
L’Agonie de Jésus

Jésus, le Fils de Dieu-Amour, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin. Car Jésus, c’est aussi la Miséricorde du Père, et pour sauver les hommes et accomplir la volonté de Dieu, Il s’est rendu obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur une Croix.

Jésus vient d’entrer dans sa Passion, volontairement. C’est pour cette Heure qu’Il est venu dans le monde, et aujourd’hui, c’est son Heure. Mais c’est aussi l’heure des ténèbres et l’heure du Prince de ce monde.

Parce qu’Il est l’Amour, Jésus vient de donner son corps et son sang comme nourriture à ses apôtres, pour qu’ils ne restent pas orphelins. Jusqu’à la fin des temps Jésus sera donc toujours vivant au milieu de nous, présent parmi nous. Mais parce qu’Il est aussi la Miséricorde, Jésus doit payer pour nous le lourd tribut du péché. Jésus le sait et l’humanité de Jésus a peur. L’humanité de Jésus tremble devant la redoutable épreuve qui sera son triomphe.

Jésus prie le Père d’éloigner le calice qu’Il va devoir vivre. Car dans ce calice, il y a ses souffrances à Lui, l’Homme Jésus, il y a les souffrances terribles de sa Passion, ces souffrances qu’Il connaît car les prophètes les ont longuement décrites. Jésus sait qu’Il est l’Innocent, le Serviteur souffrant qui porte les péchés du monde, et à cause de cela, Jésus sait que le Père se détourne de Lui. Le Père, tout Amour et toute Miséricorde ne peut supporter le péché, car c’est le péché qui apporte le malheur à ses enfants. Non, le Père n’aime pas le péché, et le Père se détourne de Celui qui a pris sur Lui tous les péchés du monde. Et l’abandon du Père est douleur infinie pour Jésus.

Oui, Jésus prie le Père d’éloigner le calice qu’Il va devoir vivre. Car dans ce calice il y a ses souffrances à Lui, ces souffrances qu’Il connaît depuis qu’avec Joseph et Marie, Il médite les Écritures. Ces souffrances terribles, Jésus les connait et les a acceptées. Mais, dans ce calice, il y a pire: il y a nos désespoirs horribles que Jésus ne peut supporter, il y a la perte de tant d’âmes qui ne voudront jamais se convertir, il y a ces innombrables âmes qu’Il est venu sauver, et qui s’obstineront à refuser son salut et son Amour. Et il y a Satan, et Jésus est écrasé par la douleur, et Jésus a soif de ces âmes, et Jésus appelle le Père: non, vraiment, le Père ne peut pas priver Jésus de ces âmes qu’Il aime. “Père, éloigne de Moi ce calice!...

Le Père a pitié de son Fils, son Unique, son Bien-Aimé. Le Père envoie à son Fils la Coupe de la Consolation, celle dans laquelle se trouve la multitude des âmes qu’Il est en train de sauver. Le Père découvre à son Aimé les petites fleurs qui sont là, à ses pieds, près de Lui, ces si petites fleurs de sa consolation, les humbles âmes qui ont imité son Cœur doux et humble, ces toutes petites âmes qui sont là aujourd’hui, pour sa consolation, avec Marie, sa Mère.

Jésus comprend que son Sacrifice, contrairement à ce que Satan voudrait Lui faire croire, ne sera pas inutile. Jésus retrouve la force de vaincre Satan et toutes ses tentations. Jésus sait aussi que si le Père est Amour et Miséricorde, il est aussi Justice, et on ne se moque pas de Dieu. Alors, dans un suprême effort divin, Jésus redit Oui au Père: “Père! que ta volonté soit faite, et non la mienne.” 

   

Deuxième mystère douloureux:
La Flagellation

La Justice de Dieu doit maintenant se faire. Jésus s’est laissé arrêter, livré par un ami... Jésus est traité comme un malfaiteur, Jésus est bousculé, tiraillé, frappé, moqué. Et cela par les siens, ceux de son peuple, ceux qui déjà, à sa naissance, ne voulaient pas de Lui.

Mais Jésus laisse faire, Il sait qu’Il est l’Amour et la Miséricorde. Il sait que quelques-uns de ceux qui l’accusent et que quelqu’un de ses bourreaux, en Le voyant si doux, comprendront leur misère, et se convertiront. Jésus le sait: ils étaient dans la Coupe de sa consolation.

Mais Jésus sait aussi que les chefs de son peuple ne veulent pas de l’Amour et qu’ils veulent sa mort. Mais Jésus sait aussi qu’Il est venu sauver tous les peuples et toutes les nations, les bons et les moins bons, les païens, les idolâtres, les petits et les grands de la terre, tous ceux qui sont nantis et s’accrochent à leurs biens et à leurs privilèges, tous ceux dont Il a dit: “Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu.” Pourtant, c’est pour ceux-là aussi que Jésus est venu, que Jésus va souffrir. C’est pour eux et par eux aussi que Jésus va souffrir.

On conduit Jésus à Pilate qui, pour éviter l’émeute et pour avoir la paix, va le faire flageller. Ensuite, si l’accusé est toujours vivant il le libérera. Car Pilate n’est pas un mauvais bougre, mais avec l’Empereur on ne plaisante pas: toute révolte doit être réprimée. Ainsi, par la flagellation, il contentera les chefs des juifs, il évitera l’émeute, et... gardera une conscience tranquille: il n’aura pas condamné un innocent.

Sous les coups redoublés de la flagellation, Jésus le Fils de Dieu prie pour tous ses bourreaux. Jésus Amour-Miséricorde prie toujours pour les pauvres hommes que nous sommes, trompés par les démons...

L’Évangile ne le dit pas, mais on peut penser que nombre de ses tortionnaires de l’aujourd’hui du jour de sa Passion, ont figuré en bonne place parmi les premiers chrétiens et les premiers martyrs.

Jésus le Fils de Dieu-Amour-Miséricorde, sous les coups redoublés de la flagellation, prie pour tous ses bourreaux. Car Jésus sait que son sang est la source d’eau vive, l’eau qui lave et qui purifie. Jésus sait que son sang qui  coule aujourd’hui, est le sang de l’Agneau qui lave les âmes et les purifie de tous leurs péchés.

   

Troisième mystère douloureux:
Le couronnement d’épines

Les bourreaux sont fatigués, les bourreaux n’en peuvent plus. Il faut savoir que le travail d’un bourreau n’est pas de tout repos. Et ces fouets, aux nombreuses lanières faites d’un cuir épais, ces fouets armés de crochets métalliques, sont lourds et d’un maniement éprouvant.

Jésus s’est écroulé sur le sol. Les bourreaux Le regardent sans rien dire mais s’assurent quand même qu’Il est encore vivant: les autorités n’aiment pas qu’un condamné meure sous les coups, surtout s’il doit ensuite être crucifié, car on ne crucifie qu’un vivant: sous aucun prétexte on ne doit amputer le spectacle. Les bourreaux regardent Jésus qui semble vouloir se relever. Mais eux, les bourreaux, restent sans réaction car ils sont fatigués.

Les bourreaux sont fatigués, mais ils s’ennuient et ils sont las de leurs tâches  de bourreaux. Il leur faudrait trouver un jeu qui les distrairait bien, mais sans les fatiguer. Il n’y a rien dans ce sinistre lieu qu’un pauvre condamné, que Pilate dit encore innocent, mais qu’il a fait fouetter pour calmer la meute hurlante d’une plèbe emplie de haine.

Les bourreaux s’ennuient! Que faire? Que faire en attendant la suite?

Les bourreaux s’ennuient, quand l’un d’eux se souvient que Jésus s’est dit Roi. Un Roi, ça se couronne... Justement, voici des épines qui feront bien l’affaire, une couronne bien ajustée que l’on enfonce fortement sur la tête de Jésus pour qu’elle tienne bien.

La douleur est si forte que de grosses larmes coulent des yeux de Jésus, de Jésus qui prie pour ses bourreaux. Pour ses bourreaux qui crient: “Salut, Roi des juifs!”

Malgré ses larmes, Jésus regarde ses bourreaux, d’un regard plein d’amour et de miséricorde, car ces pauvres enfants ne savent pas ce qu’ils font. Ils ne savent pas que leurs épines perfides couronnent le Roi du monde. Ils ne savent pas que l’Homme qu’ils couronnent ainsi outrageusement est l’Amour et la Miséricorde. Et l’Amour les regarde, et la Miséricorde pénètre dans leur cœur. Ils ne savent pas encore que Jésus leur pardonne. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent d’être sauvés. Ils ne savent pas encore que Jésus est Sauveur, leur Sauveur.

Ils ne savent pas encore... Pourtant quelque chose se passe dans leur cœur. Ils regardent Jésus, Jésus qui les regarde, Jésus qui prie pour eux...

Plus tard, bien des années plus tard, quand Jésus sera mort et ressuscité, quand l’Esprit sera descendu sur les apôtres, quand les chrétiens se laisseront à leur tour martyriser plutôt que de renier leur Maître et Seigneur, plus tard, eux aussi se souviendront. Et ces pauvres bourreaux reverront le regard de Jésus, le regard de l’Amour, de la Miséricorde.

Alors, comprenant soudain le pardon et l’Amour de Jésus qui priait tant pour eux, parce qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient, ces pauvres malheureux recevront dans leur cœur le pardon de Jésus, et l’Amour de Jésus. Peut-être qu’à leur tour aussi, ils pourront témoigner de l’Amour, de la Miséricorde de Dieu, de Dieu qu’ils avaient flagellé. Qu’ils avaient couronné d’épines, les épines d’un arbuste, les épines du mépris.

   

Quatrième mystère douloureux:
Jésus est condamné à mort

 Voici l’Homme! dit Pilate. Voici Jésus meurtri, flagellé, couronné et moqué.

 Crucifie-Le! crient les juifs.

 Crucifierais-je votre roi!!!

 Nous n’avons d’autre Roi que César! hurlent les pauvres membres du Sanhédrin qui, aujourd’hui, ont besoin de Rome, l’occupant que pourtant ils détestent.

Pilate est très ennuyé. L’émeute est imminente. Pire, ces gens menacent même de le dénoncer à César. Dans leur haine ils ont aussi préféré à Jésus, l’Innocent, un bandit de grand chemin, et, à contre-cœur, Pilate a dû libérer Barrabas.

Mais que faire de Jésus? Que faire de Jésus, ce “philosophe” encombrant qui prétend être venu pour rendre témoignage à la Vérité? Pilate pense en lui-même: ”Pauvre fou, pauvre rêveur qui croit à la vérité! Qu’est-ce que la Vérité? Il n’y a que des vérités, et elles ne valent certainement pas la peine que l’on meure pour elles...”

Jésus essaie de faire comprendre à Pilate que c’est d’en Haut qu’il tient son pouvoir. Mais Pilate n’en a cure... Pour l’instant, il doit se débarrasser d’une vilaine affaire. Il ne veut plus en entendre parler. Il se lave les mains: du sang du juste, il n’a cure. Il condamne Jésus qu’il sait innocent de tout ce dont on l’accuse, il condamne Jésus, Roi des juifs. Il ne veut plus de cet Homme...

 Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants! crient les enragés inconscients.

Jésus va être crucifié. Jésus est chargé de sa Croix. Jésus va être élevé de terre, sur le bois, pour attirer tous les hommes à Lui, les hommes qu’il est en train de sauver. Jésus prie pour ses tortionnaires.

Jésus tombe encore, mais bénit Véronique... Jésus tombe, mais console les femmes de Jérusalem. Jésus ne peut plus avancer et se laisse aider par Simon de Cyrène.

Jésus se laisse aider par Simon de Cyrène, car Jésus, Fils de l’Homme et Fils de Dieu, Jésus, Amour et Miséricorde, veut que nous soyons associés à son œuvre de la Rédemption du monde.

Et Jésus se laisse écarteler et clouer sur la Croix. Mais Il donne sa Mère à Jean l’apôtre bien-aimé et fidèle. Jésus nous donne la Maman dont nous aurons besoin pour consoler nos chagrins et pour nous apprendre la conversion et le repentir.

Jésus est cloué sur la Croix, Jésus est élevé de terre, Jésus prie, Jésus a soif des âmes, de toutes nos âmes. Jésus supplie le Père de nous pardonner: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font!” Jésus pardonne au pauvre larron repenti qui sera le soir même avec Lui au Paradis.

Jésus est l’Amour et la Miséricorde. Avec Marie et Jean au pied de la Croix, faisons silence, et contemplons Jésus, notre amour crucifié. 

   

Cinquième mystère douloureux:
Jésus meurt sur la Croix

Jésus est notre Amour crucifié. Maintenant Jésus va mourir car “Tout est accompli.” Jésus a accompli toute la volonté du Père. Pas un iota n’a été omis; la Rédemption est complète. Tout ce que les prophètes avaient annoncé est maintenant réalisé. Jésus va pouvoir mourir, et rendre l’Esprit au Père. Jésus va pouvoir mourir... Mais, dans sa toute dernière agonie, Jésus se tourne encore une fois vers le Père “Père, pourquoi m’as-Tu abandonné?”

Oui, pourquoi le Père a-t-Il abandonné son Fils Bien-Aimé, son Unique? Pourquoi le Père s’est-Il détourné de Celui qui accomplissait sa volonté jusque dans les plus petits détails? Pourquoi le Père a-t-Il délaissé Jésus? Mystère de la Miséricorde de Dieu pour nous! Mystère de l’Amour!

Jésus s’est offert au Père, sans réserve, pour accomplir la merveille de la Miséricorde. En mourant seul sur la Croix, abandonné des hommes, abandonné du Père, Jésus a vaincu la mort; Jésus, qui avait pris sur Lui tous les péchés du monde a détruit le péché. Jésus a détruit le mal et toutes ses conséquences. Mais il fallait aussi que sa Miséricorde éclate, et que tous les hommes voient que Jésus avait vraiment connu tous nos maux.

Il fallait que la Miséricorde de Dieu éclate en Jésus, l’Innocent, qui, condamné à cause de nous, avait choisi de souffrir nos peines et nos douleurs, toutes nos peines et toutes nos douleurs, y compris les douleurs les plus atroces de nos misères morales, de nos désespoirs, de l’abandon de Dieu. Désormais, quand nous souffrons, dans notre corps ou dans notre cœur, nous savons que Jésus nous comprend, et que son amour nous accompagne et soulage nos détresses.

“Tout est accompli.” Maintenant Jésus peut mourir. Alors, dans sa grande Miséricorde, Jésus veut nous faire comprendre une dernière chose. Il veut nous faire comprendre que sa Passion, Il l’a vraiment soufferte, dans toute son horreur. Dans les moments les plus atrocement douloureux, quand Jésus se taisait, Il souffrait vraiment. Jésus se taisait, mais seules ses larmes nous laissaient entrevoir l’immensité de sa douleur.

Oui, Jésus a vraiment souffert sa Passion, Il n’a pas fait semblant: “Ce n’est pas pour rire qu’Il nous a aimés!” Quelques hérésiarques ont voulu faire croire que Jésus n’avait pas vraiment souffert, que son martyre n’était qu’une apparence. Si cela avait été, oui, nous pourrions alors prétendre que Dieu n’a pas connu la souffrance. Et si Jésus n’avait pas connu la souffrance, et même la souffrance dans toute son immensité et toute son horreur, oui nous pourrions affirmer qu’Il ne peut pas comprendre, qu’Il ne peut pas nous comprendre. Mais non, Jésus a vraiment souffert toute sa Passion, dans son corps d’homme, dans sa nature humaine.

Jésus a vraiment souffert dans sa nature humaine. Et pour nous prouver que sa Passion ne fut pas une comédie, “Il poussa un grand cri, et rendit l’esprit.”

Jésus poussa un grand cri, un cri effrayant, un cri qui remplit l’univers, le cri de l’Homme-Dieu qui meurt. Car, au moment de mourir, quand l’Esprit eut quitté le corps, alors la nature humaine, martyrisée et laissée seule à elle-même, ne put plus supporter le poids horrible de la Passion et hurla sa douleur.

L’ultime agonie terminée, le corps de Jésus, brisé et abandonné de sa force spirituelle, hurla l’immense détresse humaine détruite par le péché. Jésus venait de nous sauver: il fallait maintenant que nous connaissions toute la vérité de son Amour et de sa Miséricorde.

 

Mystères glorieux

Premier mystère glorieux:
La Résurrection de Jésus

Le Mystère Pascal, c’est la mort du Christ sur la Croix et sa Résurrection. “Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine, et nous sommes les plus malheureux des hommes.” Il y a 2000 ans que Jésus est mort et ressuscité. Il y a 2000 ans que l’Église a foi en ce mystère et le proclame. Il y a 2000 ans que des générations de chrétiens ont trouvé leur force et leur joie dans la réalité du Mystère Pascal.

“Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine, et nous sommes les plus malheureux des hommes.” Mais Jésus est vraiment ressuscité d’entre les morts. Des centaines de contemporains de Jésus L’ont revu vivant et ont affirmé cette vérité, souvent au péril de leur vie. Puis, au long des siècles, les générations de chrétiens ont continué à affirmer la Résurrection de Jésus.

Jésus est ressuscité d’entre les morts, c’est notre foi, c’est notre raison de vivre. Jésus, par sa Résurrection nous a délivrés du péché et de la mort.“Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine, et nous sommes les plus malheureux des hommes.” Mais Jésus est vraiment ressuscité, Il est vraiment vivant au milieu de nous. De cela nous sommes sûrs.

Oui, nous sommes sûrs de la Résurrection de Jésus: cela, tous les apôtres l’ont affirmé, ils se sont même laissés martyriser pour en témoigner. Nous sommes sûrs de la Résurrection de Jésus car les apôtres L’ont vu et revu; ils L’ont touché et ils ont mangé avec Lui: non, ce n’était pas un fantôme...

Nous sommes sûrs de la Résurrection de Jésus qui est apparu à Marie-Madeleine, aux saintes femmes, et aux disciples d’Émmaüs. Et, si nous avions encore des doutes, Thomas est là pour nous rassurer. Lui, au moins, ne s’en laissait pas conter:”Si je ne vois dans ses mains les marques des clous, si je ne mets mon doigt dans la place des clous, si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai pas.”

Cher Saint Thomas, merci d’avoir permis au Seigneur ressuscité de montrer sa Miséricorde, merci d’avoir exigé des preuves, ces preuves dont nous ne pouvons jamais nous passer, ces preuves dont nous avons besoin surtout quand nous vivons dans des mondes de suspicion et de mensonges. Merci, cher Saint Thomas, d’avoir permis à Jésus de nous donner la Béatitude qui nous permet de vivre, nous, qui n’avons pas connu Jésus de son vivant sur notre terre. Merci d’avoir permis à Jésus de nous dire: “Heureux ceux qui auront cru sans avoir vu!”

Jésus ressuscité a vécu quarante jours avec ses apôtres. Jésus a montré sa Miséricorde à Pierre en lui permettant de manifester son repentir. Jésus a montré son Amour à Pierre en ne lui retirant pas sa confiance après son reniement. Car Jésus ressuscité, c’est toujours la Miséricorde, et c’est toujours l’Amour. 

Pour ton Amour et ta Miséricorde, Seigneur Jésus sois béni!

   

Deuxième mystère glorieux:
L’Ascension du Seigneur

Jésus est ressuscité, Jésus est vivant, Jésus est heureux avec ses apôtres qui Le considèrent maintenant beaucoup plus comme leur Seigneur et Maître, comme leur Dieu, que comme un familier ou un ami, de leur race et de leur nature. Jésus ressuscité c’est vraiment Dieu avec nous, et les disciples le ressentent beaucoup plus qu’avant... Mais Jésus ne peut pas rester éternellement avec nous sur la terre. Jésus doit retourner au Père pour nous envoyer l’Esprit.

Jésus doit partir, mais Il ne nous laisse pas orphelins: Il nous a donné l’Eucharistie. Jésus ainsi restera toujours près de nous, avec nous dans nos cœurs, plus intimes à nous mêmes que nous le sommes nous-mêmes. Mais Jésus, Homme ressuscité, doit maintenant partir et retourner au Père. Les apôtres ne comprennent pas très bien, et en attendant, ils profitent de la présence de Jésus autant qu’ils le peuvent.

Les apôtres qui n’ont pas encore reçu l’Esprit-Saint promis ne comprennent vraiment rien, mais ils font confiance au Seigneur. D’ailleurs, ils n’ont jamais vraiment compris l’enseignement de Jésus, et ils en sont encore à s’inquiéter sur le rétablissement du Royaume d’Israël. Oh! la patience de Dieu!

Oh! la patience de Jésus! Non ce n’est pas à eux, les apôtres, ni à nous les hommes qui venons après eux, de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais les apôtres recevront la force du Saint-Esprit, et “ils seront ses témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.”

L’Esprit-Saint que Jésus va leur envoyer leur enseignera toutes choses...

Jésus de nouveau leur promet l’Esprit. Jésus regarde ses disciples avec un  amour qui les pénètre jusqu’au fond du cœur, et les inquiète aussi un peu. Et ils ont bien raison d’être inquiets, car, devant leurs yeux, Jésus est alors élevé de terre, et une nuée Le dérobe à leur vue.

”Et eux, tenaient les yeux fixés au ciel.” 

Encore une fois Dieu va manifester son amour et sa Miséricorde. Deux hommes vêtus de blanc s’approchent et les consolent dans leur désarroi: “Que faites-vous là à regarder le ciel? Jésus qui vient d’être enlevé du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel.”

Les disciples de Jésus ont vécu pendant des années en attendant son retour. Nous aussi, nous continuons à attendre son retour. Et le temps nous semble souvent long. Pourtant nous savons que Jésus ”est le rejeton et la postérité de David.” Nous savons que “l’Esprit et l’épouse disent: Viens!”  Il faut “que celui qui écoute dise aussi: Viens!” Il faut “que celui qui a soif s’approche! Que celui qui le désire prenne de l’eau vive gratuitement!”

Car ”Jésus Lui-même l’atteste: Oui, je viens bientôt!”

Et nous, pauvres gens du XXIe siècle, nous attendons toujours Jésus. Nous sommes des pauvres assoiffés de son Amour et de sa Miséricorde. Et nous crions vers Lui, Jésus, de toutes nos forces: “Reviens, Jésus, hâte-Toi! Reviens bientôt! Nous avons tellement soif de ton Amour et de ta Miséricorde!”

   

Troisième mystère glorieux:
La Pentecôte

Deux hommes vêtus de blanc ont ordonné aux apôtres de retourner à Jérusalem. Les deux hommes ont même ajouté que Jésus reviendrait de la même façon qu’Il venait, aujourd’hui, d’être élevé au ciel. Les apôtres sont un peu écrasés par les événements. Docilement ils retournent à Jérusalem pour attendre... Mais pour attendre quoi? Pour attendre qui?

Pour attendre qui? Jésus leur a demandé tout à l’heure de rester à Jérusalem et d’attendre le Consolateur promis, l’Esprit-Saint qui leur enseignera toutes choses. Les deux hommes vêtus de blanc viennent aussi de leur demander de ne pas rester là, à regarder le ciel, car Jésus reviendra...

Les apôtres sont donc à Jérusalem, dans la salle du Cénacle, et ils attendent. Ils attendent, mais Pierre commence à prendre quelques initiatives, notamment le remplacement de Judas par Mattias. Depuis dix jours les apôtres attendent, et surtout, ils attendent Jésus qui doit revenir. Et parfois, malgré leur peur des juifs, ils ouvrent une fenêtre et regardent le ciel... Mais non! rien.

Rien ne se passe et l’impatience commence à se faire jour. Alors Marie, la Sainte Maman apaise tout le monde et redonne l’espoir. Marie connaît le Saint-Esprit qui doit venir. Marie est l’Épouse mystérieuse de l’Esprit qui la couvrit de son ombre pour engendrer Jésus. Marie apaise les cœurs, Marie encourage ses enfants, Marie raconte la Miséricorde de Dieu et comment l’Amour et la Miséricorde du Seigneur ont, pendant de longues années, protégé la Sainte Famille. Marie raconte la vie de Jésus-Enfant, puis de Jésus adolescent. Marie raconte l’obéissance de Joseph, sa bonté, son silence et son abandon à la Miséricorde de Dieu.

Marie raconte, et tous les apôtres boivent ses paroles. Quand Marie parle, c’est comme si Jésus était de nouveau parmi eux, avec eux. Parfois on entend un soupir. Parfois l’un des disciples présent essuie une larme. Parfois le silence se fait, et la prière devient intense, presque palpable.

Marie et les apôtres prient maintenant en silence. Ils prient intensément pour que les promesses de Jésus s’accomplissent enfin...

Que se passe-t-il? Quel est ce souffle de vent qui pénètre dans la pièce pourtant bien fermée? Quelle est cette merveilleuse lumière? Quel est ce feu qui embrase les cœurs? Quel est cet Amour qui envahit tout, qui transforme les êtres, qui illumine les intelligences endormies?

C’est l’Esprit qui est là! C’est l’Esprit qui éclaire les intelligences et les cœurs! C’est l’Amour qui apprend à aimer tous les hommes, même ses ennemis. C’est la Miséricorde qui apprend le pardon.

C’est l’Esprit qui est là. C’est l’Esprit de Jésus, l’Esprit du Père et du Fils qui redonne courage, qui fait comprendre ce qui était encore obscur. C’est l’esprit du Seigneur!

Les apôtres quittent leur refuge du Cénacle. Ils envahissent Jérusalem et annoncent les merveilles de Jésus. Demain, ils partiront enseigner toutes les nations, comme Jésus le leur a demandé, et ils les baptiseront Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

   

Quatrième mystère glorieux:
L’Assomption de Marie

L’Esprit-Saint travaille à travers les apôtres. Les chrétiens se multiplient. Les persécutions aussi. C’était prévu, car Jésus l’avait annoncé: “Heureux  serez-vous lorsqu’on dira faussement contre vous toute sorte de mal à cause de Moi. Réjouissez-vous alors, et tressaillez d’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux!” L’Église de Jésus se répand et beaucoup de pauvres sont évangélisés. Marie, la Vierge sainte devient la Mère de l’Église.

Marie est la Mère de l’Église. Or, curieusement, depuis la mort de Jésus le Vendredi-Saint, et sa mise au tombeau, on ne parle plus guère de Marie dans le Nouveau Testament. Les Actes des Apôtres (Act 1, 14) disent seulement que les apôtres, avant le jour de la Pentecôte, “persévéraient d’un seul cœur dans la prière, en compagnie de quelques femmes, de Marie, Mère de Jésus, et des frères de celui-ci.” Seule la Tradition nous permet de suivre Marie chez Jean qui la prit chez lui.

La Tradition et quelques mystiques évoquent pour nous des faits de la primitive Église, et la présence de Marie parmi les disciples. En effet, les apôtres venaient parfois voir Marie, et, affrontés à de multiples embûches, reprenaient courage auprès d’elle. Cette présence est sûre, et toute la Tradition de l’Église atteste la présence discrète de Marie. Plus tard le Concile d’Éphèse, en l’an 431, déclarera Marie Mère de Dieu. Mais c’est encore la Tradition qui nous fera connaître l’Assomption de Marie que le peuple chrétien a célébrée tout au long des siècles. Le pape Pie XII confirmera cette foi en définissant et en proclamant le dogme de l’Assomption en 1950.

Dieu est Amour et Miséricorde. Jésus, qui ne voulait pas laisser ses apôtres orphelins leur envoya l’Esprit, et leur laissa sa Mère. Et Marie vécut de longues années au service de l’Église. Mais Marie se languissait d’amour, d‘amour pour le Père, d’amour pour le Fils, et d’amour pour l’Esprit. Marie était toujours la servante du Seigneur... Mais Marie était, comme nous, une mortelle, et Marie devait mourir.

Oui, Marie devait quitter la terre, comme tous les enfants des hommes. Mais Marie était la Toute Pure, la Toute Sainte. Elle avait porté le Corps du Christ, le Fils de Dieu, l’unique Fils du Père. Marie avait été l’Épouse de l’Esprit. Marie, conçue immaculée n’avait jamais connu le péché: elle ne devait donc pas connaître la corruption...

Marie était fatiguée ce jour-là, mais si heureuse. Tous les apôtres étaient à Jérusalem depuis quelques jours pour mettre en commun leurs expériences et leurs difficultés.

Jean venait juste de passer à la maison pour s’assurer que Marie n’avait besoin de rien, car dans quelques minutes tout le monde serait là, pour le repas qu’ils devaient prendre en commun. Non, Marie n’avait besoin de rien: tout était près, ils pouvaient venir.

Marie n’avait besoin de rien: elle était juste un peu fatiguée, et surtout, elle se languissait d’amour. Marie aspirait à retrouver son Fils, son Dieu. Marie ne pensait qu’à Jésus, Marie priait sans cesse: “Quand sera-ce, mon Dieu, que Vous me rappellerez à Vous?...”

Jean est allé prévenir les apôtres: “Vous pouvez venir, Marie vous attend, elle a tout préparé...” Les apôtres arrivent chez Marie. Ils crient: “Mère, nous voici!” Mais Marie n’est plus là. Marie est montée au ciel, avec son corps qui ne connaîtra jamais la corruption.

   

Cinquième mystère glorieux:
Le Couronnement de Marie

Le 11 octobre 1954, quatre ans après avoir défini le dogme de l’Assomption, Le pape Pie XXII institua la fête de la Royauté de Notre-Dame. “La Vierge Marie, fille de la race royale de David, Mère du Christ Roi des rois, mérite ce titre de Reine de l’Univers. Son rôle dans l’œuvre de la Rédemption, entraînant les privilèges uniques de l’Immaculée Conception, et de l’Assomption, l’a élevée au-dessus de toutes les autres créatures. Intimement unie au Christ, unique Médiateur, la Bienheureuse Vierge Marie participe à un titre tout spécial à son universelle Royauté.”

Le concile Vatican II ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme que ”Marie a été exaltée au-dessus de tous les bienheureux et de tous les anges.” et que Marie, “déjà glorifiée au ciel en son corps et en son âme... brille devant le Peuple de Dieu en marche, comme un signe d’espérance certaine et de consolation.”

Bien sûr, nous ne pouvons rien dire sur le couronnement de Marie-Reine, mais nous pouvons imaginer, et avec juste raison, tout l’amour avec lequel le Fils la reçut, lors de son arrivée au Ciel. Jésus reçut sa Mère, l’embrassa, puis la présenta au Père. Le Père reçut sa fille bien-aimée et s’arrêta un moment pour contempler son Œuvre: Marie, la créature la plus merveilleuse et la plus parfaite sortie de ses Mains. Le Père admira Marie, et, ce faisant, Il couronnait son Chef-d’Œuvre.

Admirant Marie, son chef-d’œuvre, Dieu couronnait Marie. Couronnant la sainteté de Marie et ses mérites, Dieu couronnait sa propre sainteté et tous ses mérites. Car Marie, c’est la Gloire de Dieu.

C’est pourquoi lorsque nous regardons Marie, lorsque nous l’admirons, nous regardons le Père, nous admirons sa sainteté, nous vénérons les perfections de Dieu. Marie ne garde rien pour elle, et quand nous la prions, elle transmet toutes nos prières à Dieu notre Père.

Ô Marie, notre Reine, conduis-nous au Père, conduis-nous à ton Fils, à Jésus, et conduis-nous au Saint-Esprit. En un mot, Marie, notre Reine, conduis-nous jusqu’au Cœur de Dieu, jusqu’au Cœur de la très Sainte Trinité.

Ô Marie, notre Reine, conduis-nous vers l’Amour et la Miséricorde.

 

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