NOUVELLE  ÉVANGÉLISATION
“Sur les routes de Marie, avec Benoît XVI”

 

Romaric de Luxeuil
Moine, Fondateur, Saint
† 653

Saint Romaric était d'extraction noble et même royale, selon quelques historiens. Son père s'appelait Romulfe, et sa mère Romulinde. Nous n'avons point de détails sur son enfance nous savons seulement que, bien qu'élevé dans un palais, au milieu de toutes les splendeurs du luxe, il n'en reçut pas moins une instruction chrétienne, qui le tint en garde contre les dangers du monde. Le goût de la piété avait grandi en lui avec l'âge il éprouvait surtout un plaisir singulier à visiter les monastères et les basiliques qui renfermaient les reliques des Saints. Il aimait aussi à verser l'aumône dans le sein des pauvres et dans un sens plus vrai que l'empereur païen, il répétait souvent qu'il regardait comme perdu le jour où il n'avait pas eu occasion de soulager quelque membre souffrant de Jésus-Christ. Il occupait un poste important à la cour de Théodebert, roi d'Austrasie, et s'y était lié d'une étroite amitié avec un noble seigneur nommé Arnould, également au service de ce prince. Aussi pieux que braves, les deux officiers, tout en remplissant avec une scrupuleuse fidélité les fonctions de leur charge, n'en réservaient pas moins leurs cœurs à un Maître plus digne. Convaincus de la vanité des honneurs, ils aspiraient à s'en dépouiller et à se consacrer à Dieu dans la retraite.

L'opinion la plus probable est que saint Romaric fut marié avec une fille de noble origine, dont le nom est resté inconnu. Selon les auteurs qui embrassent ce sentiment, il aurait eu de ce mariage trois filles, nommées Asselberge, Adsalsude ou Adzaltrude, et Segeberge. Déjà détaché lui-même des choses de la terre, il s'efforça d'inspirer le même 'esprit à ses filles. Deux d'entre elles, répondant à ses vues, se dévouèrent à la vie monastique dans le couvent même fondé par leur père, à Remiremont. L'aînée, Asselberge, préféra rester dans le monde, et contre l'avis de son père, épousa un riche seigneur franc, nommé Béthilihus.

Cependant Thierry, roi de Bourgogne, avait déclaré la guerre à son frère Théodebert, et l'avait défait près de Toul. L'ayant ensuite poursuivi à la tête d'une nombreuse armée, il le battit de nouveau à Tolbiac. Théodebert, trahi par les siens, fut livré à ce prince cruel, qui le remit à leur aïeule commune Brunehaut, par l'ordre de laquelle il fut d'abord torturé, puis mis à mort. Enflé de sa victoire, Thierry s'avance vers la ville de Metz, fait mourir en passant le père de Romaric, et oblige celui-ci à fuir car, toujours fidèle à son maître, Romaric avait préféré la ruine et l'exil à une lâche trahison. Tous ses biens furent confisqués. Il s'enfuit à Metz et alla trouver l'évêque Aridius, homme brutal et entièrement dévoué aux intérêts de Brunehaut. Il se jeta à ses pieds, et le pria d'intercéder près de cette princesse, à l'effet de lui faire rendre sa fortune mais cet indigne prélat repoussa sa demande, et même, dans un mouvement de colère, lui donna un coup de pied. Alors Romaric se relève et va se prosterner dans l'église Saint-Martin, en disant « 0 bienheureux Martin, je me suis mis sous votre protection. Où êtes-vous donc? Que faites-vous? Venez en aide à un infortuné, si vous voulez que l'on ait encore confiance en vous.

Sa prière ne fut point vaine peu de temps après, on apprit la mort de Thierry, et les affaires changèrent tellement de face, que les vainqueurs de la veille devinrent les vaincus du lendemain. Aridius et Brunehaut elle-même se virent réduits à prier humblement Romaric de vouloir bien favoriser leur fuite de Metz ce qu'il fit généreusement, sans se souvenir en aucune manière des injures qu'il avait reçues. On lui rendit son palais et ses biens; Clotaire même, héritant de l'amitié de Théodebert pour lui, lui donna une place distinguée à sa cour.

Ces événements n'avaient pas peu contribué à détacher entièrement Romaric des biens de la terre. Il venait de recevoir une leçon frappante de l'instabilité des choses d'ici-bas. Dès ses premières relations, avec saint Arnould, il avait formé avec lui le projet de se rendre à Lérins; divers obstacles s'opposèrent à l'exécution de leur dessein, et, pour ce qui regarde Arnould, il devint visible que la Providence les avait suscités. Car, après la mort de Pappolus, évoque de Metz, il fut, tout d'une voix et malgré sa résistance, désigné pour le remplacer. C'était la deuxième année du règne de Clotaire sur toutes les Gaules, en 614.'Romaric, privé de son ami, ne songeait peut-être plus à exécuter son projet, quand un incident, ménagé par le ciel, le ramena dans la voie où il devait s'engager.

Saint Amé, moine de Luxeuil, évangélisait alors quelques villes d'Austrasie. Ayant sans doute entendu parler de la piété de Romaric, il alla lui demander l'hospitalité. Invité, pendant le repas, à parler des choses de Dieu, le Saint prit pour sujet le détachement absolu, conseillé par l'Evangile, tonna contre les richesses, proie de la rouille et des vers, et parla avec tant d'éloquence, que Romaric sentit se fixer toutes ses incertitudes. Il distribua immédiatement presque tous ses biens aux pauvres, prit avec lui ceux de ses serviteurs qui voulurent l'accompagner, en donnant aux autres la liberté, et partit avec Amé pour le monastère de Luxeuil. Saint Eustaise le dirigeait alors et telle était la ferveur qui y régnait, qu'on pouvait justement l'appeler la pépinière des Saints. Romaric ne se montra point indigne de cette glorieuse phalange. Il avait apporté à l'abbaye la plus grande partie de sa fortune, et amené plusieurs de ses serviteurs or, telle était son humilité, qu'on le vit obéir avec une parfaite docilité à ceux mêmes d'entre eux qui avaient rempli dans son palais les plus viles fonctions. On remarquait son empressement à rechercher les emplois bas et pénibles comme s'il eût eu besoin d'expier par l'humiliation son ancienne grandeur. Tous les exercices de la pénitence lui étaient doux. La culture du jardin avait surtout de l'attrait pour lui, parce qu'elle était l'occupation des novices; mais, tout en s'adonnant à ce travail, il trouvait moyen d'exercer son esprit, en apprenant les psaumes par cœur. En peu de temps, Romaric parvint à une haute perfection.

L'étroite amitié qui s'était formée entre Romaric et Amé n'avait fait que grandir dans le cloître, et, malgré la pureté d'intention qui en était le principe, elle ne laissa pas que de devenir, pour Romaric, une occasion de chute. Saint Amé s'étant laissé, jusqu'à un certain point, entraîner dans le schisme d'Agrestin, son autorité y entraîna aussi son disciple. Quelques négligences sur certains points de la règle attirèrent à Amé et à Remarie des reproches de la part d'Eustaise. Nous ne savons si ce fut à cette occasion, ou en suite d'un dessein déjà prémédité, que les deux moines sortirent de Luxeuil pour l'objet que nous allons dire.

De son immense fortune, Remarie avait conservé un domaine dans les Vosges, probablement d'après le conseil de saint Amé, et dans le but de s'y établir plus tard. Ce lieu était un ancien château ou castrum appelé Habendi, situé sur une montagne, près de la Moselle. Quand le moment fut venu, et peut-être à raison des dissentiments qui s'étaient élevés entre eux et Eustaise, les deux moines fondèrent d'abord là un couvent de femmes, à la tête duquel ils mirent la vierge Mactefelde ou Macteflède. Amé, tout en portant le titre d'abbé, en laissa la direction à Romaric. Bientôt les religieuses y affluèrent deux des filles mêmes de Remarie y prirent le voile une admirable ferveur animait cette communauté naissante et les saints fondateurs virent se reproduire dans un sexe plus faible l'admirable spectacle que leur avait présenté Luxeuil, avec ses six cents moines, marchant d'un même pas dans les voies de la perfection. Mactefelde joignait ses efforts et ses exemples aux leurs, pour imprimer à cette création une impulsion vigoureuse elle l'établit sur le plus solide fondement possible la vie et la mort d'une Sainte car elle ne le gouverna que peu de temps Dieu l'ayant appelée de bonne heure à jouir de la gloire éternelle.

A sa mort, Romaric, craignant que, dans la suite, de mauvais choix imposés du dehors n'amenassent des troubles dans le monastère, voulut lui assurer une pleine indépendance. Il régla donc que l'abbesse serait uniquement élue par la communauté, qu'au temporel Habendi ne relèverait que de l'autorité royale, et, au spirituel, du siège de saint Pierre. Que si, par hasard, le sujet élu se montrait peu digne de sa charge, la communauté avait le droit de remontrance; et, dans le cas où le scandale aurait franchi le seuil du monastère, c'était au souverain Pontife seul à y mettre ordre. Ce règlement fut approuvé par le roi Clotaire le pape Jean IV le confirma plus tard, par des lettres écrites de sa main.

 

 

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