ROMANOS LE MELODE
Hymnographe byzantin
(493-555/565 ?)

Romanos le Mélode, le mélodieux, l’orateur de Dieu (theorhetôr), le plus célèbre des poètes et hymnographes byzantins, issu d’une famille juive, naquit à Emèse (Homs) en Syrie vers la fin du 5me siècle. D’abord diacre de l’Eglise de la Résurrection à Béryte (Beyrouth) il vint ensuite à Constantinople au temps de l’empereur Anastase Ier (mort en 518). Il se retira à l’Eglise de la Très Sainte Mère de Dieu dans le quartier de Cyr où il reçut le charisme de la poésie sacrée. Ni lecteur ni chanteur talentueux, il lisait si mal que tous se moquaient de lui et qu’un autre lecteur devait prendre sa place, cela le démoralisa. Une nuit, veille de Noël alors qu’il priait devant l’icône de la Mère de Dieu il s’endormit. Dans son sommeil il eut en vision la Très Sainte qui lui remit un rouleau de papier en disant : « Prends-le et mange-le ». Le saint obéit et avala le papier. Il se réveilla aussitôt et dans l’étonnement de ce qui lui était arrivé il glorifia Dieu, monta sur l’ambon et commença son hymne : he parthenos semeron ton hyperousion tiktei. (En ce jour, la Vierge met au monde Celui qui est au dessus de toute essence - le Dieu transcendant-). Toute cette nuit-là, il chanta d’une voix admirable son premier et fameux kontakion. (1)

Les biographes de l’antiquité ont cru pouvoir affirmer qu’il aurait composé plus de mille poésies, mais nous ne connaissons que 89 hymnes qui lui soient attribuées et qui nous sont parvenues. Ses poèmes, écrits sur des rouleaux ou kontakia étaient conservés dans la même église de Cyr après sa mort. Celle-ci a dû avoir lieu entre 555 et 565, après la série de séismes (de 542 à 557), évoquée dans une de ses dernières hymnes. Il fut enseveli dans son église du quartier de Cyr, où l’on célébrait sa fête encore au 10me siècle. Elle est fixée traditionnellement au 1er octobre, jour probable de sa mort, en même temps que celle de la Protection de la Très Sainte Mère De Dieu.

Nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que Romanos ait été le créateur du « kontakion », mais il en a été le grand promoteur et le plus brillant représentant. Pour lui, cette forme de poésie servait de prédication à l’occasion des fêtes de Notre Seigneur et des saints. Théologien engagé, il sut rendre vivant grâce à son art poétique ces différentes célébrations. Génie très prolixe, il développa une incroyable variété de thèmes dans une même pièce : l’exhortation, la narration, le dialogue, la description et la prière sous forme d’exultation dans la louange, la pénitence et la supplication. En même temps il y introduisit un dialogue pathétique et dramatique.

Il pourrait être l’auteur de l’hymne marial Acathiste, composée peut-être entre 500 et 520, donc au cours de sa vie.
Ce fait est admis comme probable selon un certain nombre de critiques, dont les plus récents. En effet, tout plaide en faveur de Mélode, tant le contenu que le style, la beauté et la variété de la forme. Il est intéressant d’en dire quelques mots, comme l’icône ci-dessus montre Romanos en train de chanter l’Hymne Acathiste devant le Vierge qui étend son maphorion (2) au-dessus de ceux qui prient.

L’Acathiste à la Mère de Dieu
L’Hymne Acathiste se chante debout par respect pour le mystère de l’incarnation que le chantre médite. Dieu se manifeste en Marie. La première réaction devant cette révélation n’est pas le discours mais le chant. Marie chante son Magnificat : le jaillissement de son cœur devant la merveille. Le Mélode contemplant toute la beauté de l’incarnation entonne l’Hymne à la Mère de Dieu en cette nuit de Noël, en glorifiant Dieu. Saint Paul aussi, dans ses épîtres, proclame : « Béni soit le Père de Notre Seigneur Jésus Christ », de même tout l’Acathiste commence inlassablement par « Réjouis-toi». Émerveillement de la foi. Écoutons avec ferveur cette beauté chantée par Romanos le Mélode :



Réjouis-toi en qui resplendit la joie du salut
Réjouis-toi tu nous mènes à la confiance dans le silence
Réjouis-toi en qui nous accédons à la plénitude du Mystère de Dieu
Réjouis-toi tu conduis les croyants à l’intimité avec l’Époux.
Réjouis-toi épouse inépousée.


(1) kontakion : prédication en vers dans des strophes sans rimes mais qui doivent répondre à des règles métriques très strictes
(2) maphorion : voile qui couvre la tête et drape le corps, porté par la Mère de Dieu et de nombreuses saintes.

Valère De Pryck           

Sources : Dictionnaire de Spiritualité, Beauchesne, Paris, 1981
Bibliotheca Sanctorum, Instituto Giovanni XXIII della Pontificia Università Lateranense
Kirchenlexicon, Vertrag Traugott Bautz – Herzberg
Dictionnaire de Théologie Catholique, Libr. Letouzay et Ané, 1937
CD – Hymne Acathiste à la Mère de Dieu – Foyer de Charité - Ottrott en Alsace

SOURCE :
http://orthodoxie.centerblog.net/4.html

 

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