Ce
saint était fils naturel de Charles Martel, et frère du
roi Pépin et du B. Carloman, qui embrassa l'état
monastique en Italie. Il fut élevé dans le palais de
son père, où il sanctifia l'étude des lettres
par l'exercice de la piété chrétienne. Les
veilles, les jeûnes et les autres austérités de
la pénitence étaient les moyens qu'il employait pour
soumettre la chair à l'esprit. Il distribuait aux pauvres tout
ce dont il pouvait disposer, et retranchait de sa table, de ses
habits et de son train, tout ce qui n'y était pas absolument
nécessaire. Par là il trouvait de quoi faire des
aumônes, et pratiquait la modestie convenable à l'état
clérical, qu'il avait embrassé dans le dessein de se
consacrer entièrement à Dieu. La prière, la
méditation de l'Écriture sainte, et l'étude des
sciences ecclésiastiques, emportaient chez lui la plus grande
partie des jours et des nuits. Enfin sa vertu était si
éminente, qu'il n'y avait personne qui ne le jugeât
digne d'occuper les premières places dans la maison du
Seigneur.
L'évêque
Rainfroi, accusé de mener une vie toute mondaine, et de
dissiper les biens de son église, s'étant retiré
dans une terre qu'il avait sur la Seine, où il mourut peu de
temps après, le clergé et le peuple de Rouen jetèrent
les yeux sur Rémi pour le remplacer. Ils envoyèrent
donc une députation au roi Pépin, afin de lui demander
son frère pour évêque. Le prince y consentit ; et
il fallut que le saint, qui avait résolu de passer toute sa
vie dans l'obscurité, se chargeât d'un fardeau qu'il
avait toujours redouté. Dieu lui fit la grâce de remplir
tous les devoirs de l'épiscopat de la manière la plus
parfaite. La majesté du chant dans l'office divin lui parut un
objet très-digne de ses soins. Ce fut ce qui l'engagea à
substituer le chant romain ou grégorien à celui du
pays, qu'il ne trouvait ni assez réglé, ni assez grave.
Pour y réussir, il envoya des moines à Rome, afin
qu'ils y fussent dressés dans les écoles du chant
ecclésiastique. Les succès du saint évêque
portèrent ensuite Charlemagne à introduire les rites de
l'Église romaine dans toute l'Église gallicane. Nous ne
savons presque plus rien de S. Rémi, sinon qu'en 763 il
assista au concile tenu au château d'Attigny-sur-l'Aisne, où
Chrodegand de Metz présida. Il mourut le 19 de janvier vers
l'an 771, et fut enterré dans sa cathédrale. Mais son
corps fut transféré à Saint-Médard de
Soissons, du temps de Louis le Débonnaire. En 1090 on rapporta
la plus grande partie de ses reliques à l'abbaye de Saint-Ouen
à Rouen, où sa châsse fut pillée par les
Huguenots en r56a. La fête de S. Rémi se fait à
Rouen, et dans d'autres églises, le 19 de janvier, sans
toutefois que son nom se trouve dans le Martyrologe romain.
SOURCE : Alban Butler :
Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard. |