Raingarde de Mercigny
Veuve, Religieuse, Sainte
XI et XII siècles

Sainte Raingarde était alliée aux plus illustres Maisons d'Auvergne et de Bourgogne. Ses parents la marièrent à un des plus grands Seigneurs de sa Province nommé Maurice. Ils vécurent ensemble dans une union très parfaite: mais les complaisances de son mari ne purent l'empêcher de gémir souvent sur la dépendance des lois du monde où la réduisait l'engagement du mariage. Elle s'affligeait souvent en la présence de Dieu, de ne lui pouvoir consacrer tout son tems, et d'être partagée entre les soins de sa famille, et l'envie qu'elle avait de ne s'occuper que des choses célestes. Elle sentit encore ses désirs s'enflammer davantage après un entretien qu'elle eut avec Robert d'Arbricelles ; et prit si bien ses mesures avec son mari, dont elle ménagea prudemment l'humeur, qu'elle le fit consentir à lui laisser embrasser l'état Religieux dans l’Ordre de Fontevraut.

Maurice, mari de sainte Raingarde, à l'exemple de sa femme, résolut de se consacrer aussi tout-à-fait au Seigneur dans un Monastère : mais Dieu prévint son sacrifice, et il mourut avant que de l'offrir, laissant au monde huit fils qu'il avait eu de sainte Raingarde, et qui tous, à l'exception d'un seul, furent élevés dans l'état ecclésiastique.

Après que la Sainte fut dégagée des liens qui l'attachaient au siècle, elle s'abandonna à la ferveur de son zèle dans le monastère où elle entra. Elle n'oublia pas seulement l'éclat de sa naissance, mais fit en sorte de le faire oublier aux autres par les exercices d'humilité qu'elle se prescrivit. Toutes ses compagnes admiraient sa patience et la douceur : elle fut mise dans l'emploi de cellérière, où elle eut bien des occasions de donner des marques de sa charité pour ses Sœurs ; et quand elle avait satisfait aux fonctions de son emploi, elle se retirait dans sa cellule, où elle passait souvent des nuits en prière, et à méditer sur la mort dont elle avait toujours la pensée présente à son esprit. Cette précaution la rendit bien préparée quand il fallut sortir de cette vie, et elle se soumit avec amour aux dispositions de la Providence sur elle.


Source : Les vies des saints pères des déserts, et des saintes solitaires..., Volume 2, par Joseph François Bourgoin de Villefore.

 

 

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