Pourçain de Clermont
Abbé, Saint
† 527

dans la Basse-Auvergne, saint Portien (vulgairement saint Pourçain) n'eut rien de grand que sa vertu mais elle le rendit plus élevé que tout ce qu'il y a de plus considérable dans le monde. Il était serviteur et esclave, et, dans un état aussi abject aux yeux des hommes, il avait su cultiver dès son enfance une pureté d'ange avec l'amour le plus ardent envers Notre-Seigneur.

Sa patience fut aussi singulièrement éprouvée par la brutalité d'un maitre très-violent. Mais la religion lui avait appris à voir dans ses supérieurs l'autorité même de Dieu, et rien ne put diminuer ni sa douceur ni son obéissance. Un jour que le maitre s'était livré à ses emportements ordinaires, l'esclave maltraité se vit obligé d'avoir recours à l'abbé du monastère voisin (celui de Mirande), comme au seul homme capable d'arrêter l'orage et de lui ménager une réconciliation. Le maitre, toujours plus furieux, le poursuivit et l'accabla d'outrages, sans épargner son généreux protecteur. Mais bientôt, frappé tout à coup d'aveuglement et forcé de rentrer en lui-même, il ne dut le recouvrement de la vue qu'à la piété de son charitable serviteur, qui, sur le commandement de l'abbé, se hâta de lui imposer les mains. Dès ce moment, affranchi par son maître, saint Pourçain se retira dans le monastère et y fit voir une vertu si éminente qu'ensuite il en fut abbé. C'est alors que sa sainteté parut dans tout son éclat.

Les jeûnes, les austérités, les exercices de pénitence les plus pénibles n'avaient rien pour lui de rebutant. Le zèle de notre Saint, et surtout ses exemples, apprenaient à respecter et à remplir exactement toutes les obligations du chrétien; rien n'était si édifiant que sa piété dans nos saints temples sa vue seule suffisait pour commander le respect et la dévotion envers Notre-Seigneur qui s'y rend présent, et envers les augustes mystères qui s'y célèbrent. A tant de vertus il joignait l'humilité la plus profonde mais il ne put se cacher longtemps au monde et sa sainteté fut bientôt célèbre dans tout le royaume. Thierry, roi de Metz, s'était jeté dans l'Auvergne à main armée et emmenait captifs la plupart des habitants. Saint Pourçain l'alla trouver sa réputation l'avait devancé, elle fut justifiée par ses miracles, et au moment il se présentait en suppliant, il devint malgré lui l'objet de la vénération de toute l'armée et du roi Thierry lui-même, qui s'empressa de lui accorder la grâce des captifs. De retour dans son monastère, le saint abbé redoubla de ferveur et d'austérité. Quoique fort avancé dans la perfection, il eut beaucoup à souffrir des tentations du démon, mais il en triompha toujours avec le secours de la grâce et par le moyen de la prière.

La mort de saint Pourçain fut aussi édifiante que sa vie. Après avoir reçu tes secours de l'Eglise, il s'endormit tranquillement dans le Seigneur (527), laissant dans cette ville, il avait passé sa vie, un grand souvenir de ses vertus, joint à la plus profonde vénération. M se fit des miracles si éclatants à son tombeau qu'il fut mis solennellement au nombre des Saints il eut aussi la gloire de donner son nom au pays qui le vénère, et ses restes précieux furent exposés dans une châsse à la vénération publique. La translation qui se fit de ses reliques dans le mois d'août 970 et l'anniversaire qui en fut longtemps célébré ont sans doute donné lieu dans l'origine au concours extraordinaire qui s'est fait depuis dans ce pays.

Les Petits boullandistes : Vies des Saints ; Tome 17. Paris 1866.

 

 

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