Prêtre, martyr de l'Eucharistie
Pierre René est né à Vannes le 11
juin 1758 rue de la Monnaie (près de la place des Lices). Il
est baptisé ce jour-là
à
la cathédrale.
– Son père meurt en
voyage et ne verra pas son fils. Sa mère s’installe 31 place des
Lices.
– A 17 ans il achève
des études brillantes au collège St Yves (aujourd’hui le collège
Jules Simon).
– En 1776, il entre au
Grand Séminaire (le Foyer du Mené actuel). Pour se rendre à la
cathédrale, on avait percé pour les séminaristes la porte St Jean.
Ce Séminaire est confié aux Lazaristes (Congrégation de la Mission)
depuis 1702.
Cette communauté de
prêtres a en charge la paroisse Notre Dame du Mené.
Le 21 septembre 1782, Pierre René
Rogue est ordonné prêtre dans l’église de Notre Dame du Mené
par Mgr Sébastien Michel Amelot.
– Il devient aumônier
de la Retraites des Femmes.
– Il entre dans la
Congrégation de la Mission (disciples de St Vincent de Paul) le 25
octobre 1786.
– En 1787, il est nommé
professeur de théologie au séminaire de Vannes.
En 1789, la Révolution éclate…
Les prêtres hésitent
devant les serments successifs qu’on leur demande. Pierre René,
comme théologien, tient bon.
– Le 16 décembre 1790,
sous l’inspiration de Pierre René Rogue, Mgr Amelot convoque ses
diocésains à Ste Anne d’Auray pour leur demander d’obéir plutôt au
Pape qu’à l’État.
Les prêtres de Vannes
refusent donc le serment.
– Le 14 février 1791,
le supérieur du séminaire étant forcé de quitter Vannes, Pierre René
prend la responsabilité de celui-ci. Le 28 février, l’évêque est
arrêté et mis en prison. Le 27 mars Mgr Lemasle est élu évêque du
Morbihan.
Pierre René quitte le
séminaire qui est vendu.
La clandestinité
– Le 30 avril 1791, la
paroisse ND du Mené est supprimée.
Huit mois plus tard, le
2 janvier 1792, Pierre René se réfugie chez sa mère. Désormais, il
entre peu à peu dans la clandestinité. Il change souvent de domicile
pour pouvoir exercer discrètement son ministère.
Son arrestation
- Le 24 décembre 1795,
vers 21 heures, Pierre René, est arrêté alors qu'il portait le viatique à
un malade, 9 rue Émile Burgaut, non loin de la cathédrale. Il est
aussitôt emprisonné Porte Prison. Durant son incarcération, il
trouve la force de redonne du courage à ses compagnons.
Deux mois plus tard, le
2 Mars 1796, il est condamné à mort comme «prêtre réfractaire», en
présence de sa mère, dans l’église Notre Dame du Mené transformée
alors en Tribunal révolutionnaire.
Son martyre
– Pierre René accueille
la sentence avec sérénité. La nuit précédent son exécution sera pour
lui une nuit de prière.
– Le 3 mars, il est
guillotiné sur la place de l'Hôtel de Ville, face à la chapelle St
Yves, (avec son ami Alain Robin).
Des linges trempés de
son sang deviennent aussitôt des reliques, et sa tombe, un lieu de
pèlerinage et de grâces.
Le 10 mai 1934,
Pierre-René Rogue est
béatifié comme
Martyr de
l'Eucharistie. Depuis lors, son corps repose dans la
cathédrale.
Petit rappel historique
A la veille de la
Révolution de 1789, le pays essentiellement rural qu'est la Bretagne
connaît des difficultés climatiques qui touchent particulièrement la
France à cette époque (gel, sécheresse ou grêle). Par ailleurs, les
idées philosophiques préconisant le changement de société trouvent
un écho de plus en plus favorable. Enfin, si dans d'autres provinces
les vocations religieuses sont déjà en baisse, le clergé breton
reste particulièrement solide, car bien formé dans les séminaires,
et soutenu ensuite par des retraites ou des visites pastorales. De
plus, il joue un très grand rôle dans le peuple des campagnes dont
il fait d'ailleurs partie en grande majorité.
Des réformes à la Révolution
Ce bouleversement sans
précédent va perturber le pays pendant plus de dix ans. Et à divers
degrés. Au départ, on souhaite surtout mettre fin à la monarchie
absolue et instaurer une constitution, dialogue entre le roi et le
tiers-état. Mais très vite, les nouveaux dirigeants veulent aller
plus loin. Le clergé est d'abord soumis à des réformes juridiques
(paiement des prêtres par l'État, redécoupage des diocèses). Mais
ces réformes touchent rapidement aux structures mêmes de l'Église
catholique et à la suprématie du pape. C'est tout le drame de la
constitution civile du clergé qui fut votée en juillet 1790.
En Bretagne, le clergé
était prêt à participer à certaines réformes sociales, surtout
lorsqu'elles touchaient le sort des fidèles. Mais, dès le mois de
mai 1790, de nombreux ecclésiastiques adressent par écrit à
l'Assemblée Nationale, une protestation qui traduit leurs réserves
et leurs soucis face aux nouvelles mesures : les neuf diocèses
regroupés en cinq départements, l'élection des curés et des évêques,
le serment de fidélité à l'État des prêtres devenus fonctionnaires
publics.
Le risque était grand
de faire de l'Église de France une Église nationale contrôlée par
l'État, voire au service de l'État, comme cela avait été le cas,
parfois, au cours de l'histoire.
Bientôt, la réticence
devient résistance : l'évêque de Rennes refuse d'investir le nouvel
évêque élu de Quimper, et les curés s'abstiennent de lire et de
commenter en chaire les décrets de la Constituante, comme il leur
était demandé de le faire.
Jureurs et réfractaires
Devant cette attitude,
qui existait aussi en d'autres provinces, l'Assemblée Nationale se
décide à sévir et condamne tous ceux qui refusent le fameux serment.
C'est là l'origine de la division du clergé entre « jureurs » et
« réfractaires ». Les premiers sont très mal vus par la population
qui les dénigre ou se montre hostile à leur égard. Les seconds
deviennent hors-la-loi, passibles de mort à partir de 1793. Ils
forment pourtant la majorité du clergé breton (80 %) et sont
soutenus par les fidèles, excepté évidemment les « patriotes »
(partisans de la République) qui sont du reste minoritaires.
Traqués, les
réfractaires vivent dans la clandestinité et célèbrent les
sacrements en cachette. Certains peuvent calmer les réactions
violentes des paysans contre les assermentés.
La guerre civile
Mais le schéma s'est
imposé : désormais on associe roi et catholicisme, république et
persécution chrétienne. Désormais, on est blanc (favorable aux
premiers) ou bleu (favorable aux seconds). C'est une véritable
guerre civile qui s'engage à l'exemple de la Vendée. Et lorsqu'on
vient mobiliser les Bretons pour aller combattre les armées
autrichiennes qui envahissent l'Est de la France, c'est par
l'insurrection qu'ils répondent.
Naît alors la
chouannerie. A partir de 1793, la Convention proclame le culte de la
déesse Raison et abolit le calendrier traditionnel. La
déchristianisation est poursuivie jusque dans les églises où ont
lieu des profanations. Les cathédrales de Quimper et de Tréguier
sont saccagées, la population doit démonter croix et calvaires pour
éviter leur destruction. Plusieurs dizaines de prêtres sont
fusillés, guillotinés ou noyés dans la Loire.
Le Concordat et la « Petite Église »
Lorsque Bonaparte prend
le pouvoir en 1799, il tente, entre autre, de pacifier les relations
avec l'Église. Trois ans plus tard, est proclamé le Concordat
(accord officiel entre le pape et l’État). Peu à peu, la situation
religieuse se « normalise » malgré certaines animosités. C'est ainsi
que la « Petite Église », qui refuse les nouvelles mesures,
rassemble quelques prêtres et fidèles dans le Morbihan et en
Ille-et-Vilaine. Mais leur nombre décline peu à peu en Bretagne.
SOURCE :
http://cathedrale-vannes.cef.fr/lepatrimoine/cathedrale/bx_pr_rogue/pierre_rene_rogue.htm
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