Pierre Kibe et ses compagnons

Pierre KIBE KASUI,
ses 187 compagnons
Martyrs du Japon
(Béatifiés le 24 novembre 2008)

Parmi les 187 autres compagnons figurent trois autres jésuites, un Père augustin, de nombreux laïcs et même des enfants

Ces 188 victimes de la répression antichrétienne menée par les shoguns To kugawa, les maîtres du Japon de l'époque, ont été proclamés Bienheureux le 24 novembre 2008, à Nagasaki.

La béatification a été présidée par le cardinal Seiichi Peter Shirayanagi, archevêque émérite de Tokyo, en présence du cardinal José Saraiva Martins, préfet émérite de la Congrégation pour les causes des saints et envoyé spécial de Benoît XVI.

Près de 30 000 personnes étaient présentes pour marquer l'importance de ses martyrs pour l'Église du Japon. La cérémonie, la première de ce type à avoir lieu sur le sol japonais, a créé une énorme attente dans le pays, particulièrement au sein de la minorité catholique.

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Pierre Kibe Kasui est né en 1587. La même année, le shogun Hideyoshi, gouverneur militaire de Nagasaki, émet un édit qui somme les missionnaires étrangers de quitter le Japon. Dix ans plus tard, c'est le début des persécutions. A cette époque, on comptait environ 300 000 catholiques au Japon, évangélisés d'abord par les jésuites, avec saint François-Xavier, puis par les franciscains également.

En février 1614, un nouvel édit impose la fermeture des églises catholiques et l'assignation à résidence de tous les prêtres encore présents, qu'ils soient japonais ou étrangers, à Nagasaki. La même année, au mois de novembre, les prêtres et les laïcs qui dirigeaient les communautés sont contraints à l'exil. Le père Kibe rejoint d'abord Macao, puis Rome.

Pierre Kibe Kasui a été ordonné prêtre le 15 novembre 1620. Après avoir accompli son noviciat à Lisbonne, il a prononcé ses premiers vœux de jésuite le 6 juin 1622.

De retour au Japon, le Père Kibe retrouve les catholiques qui étaient cruellement persécutés. Il est capturé en 1639 à Sendai avec deux autres prêtres. Torturé pendant 10 jours consécutifs, il refuse d'abjurer. Il est martyrisé à Edo, l'actuelle Tokyo.

Nicolas Keian Fukunaga est un autre bienheureux jésuite japonais. Il est mort après avoir été jeté dans un puits de boue. Jusqu'au bout, il aura prié à haute voix, en demandant pardon “pour ne pas avoir amené le Christ à tous les Japonais, à commencer par le shogun”.

Parmi ses 188 martyrs, en grande partie des laïcs, on trouve Michel Kusurya, appelé le “bon Samaritain de Nagasaki”. Il a gravi la “colline des martyrs”, non loin de la ville, en chantant des psaumes. Comme beaucoup, il est mort empalé et brûlé à petit feu.

Mais il y avait aussi des samouraïs.. Il y avait des nobles, des prêtres, quatre, et un religieux. Mais c'étaient, pour la plupart, des chrétiens ordinaires...

D'autres martyrs sont morts cloués sur la croix ou découpés en morceaux. Les femmes et les enfants n'étaient pas épargnés lors de ces actes d'une cruauté inouïe. La population catholique a été décimée non seulement par les exécutions, mais aussi par les apostasies de ceux qui abjuraient parce qu'ils avaient peur. Mais elle n'a pas été anéantie pour autant. Une partie de la population a vécu dans la clandestinité et a gardé la foi jusqu'à l'arrivée, deux siècles plus tard, d'un régime plus libéral.

Les catholiques de l'époque tiraient également leur force indomptable de l'esprit communautaire avec lequel ils se soutenaient réciproquement dans la foi. Ils parvenaient ainsi à résister aux tortures et à affronter le martyre. Les catholiques avaient en partie suivi l'exemple des communautés bouddhistes de Jodo Shinshu, la Terre Pure. “Les kumi, les communautés des kirisitan, c'est-à-dire des chrétiens, sont la terre où ont fleuri les 188 martyrs. Au Japon, l'Église de cette époque était une véritable Église populaire”.

C'est la troisième fois dans l'histoire de l'Église du Japon que des martyrs sont proclamés. Il y avait déjà eu ceux de 1597 et de 1622

La première fois,  ce fut les 26 martyrs de Nagasaki, dont saint Paul Miki (1566-1597), sont connus des catholiques du monde entier. Ils étaient 26 laïcs, prêtres et religieux accompagnés de trois adolescents, à avoir été crucifiés sur une colline de Nagasaki, face à l'occident. Ils furent canonisés en 1862.

La deuxième fois en 1867, 205 autres martyrs furent béatifiés.

Le christianisme, introduit au Japon par saint François Xavier en 1549, y avait connu un essor rapide jusqu'en 1587, date à laquelle commencèrent les persécutions qui s'échelonnèrent, plus ou moins violentes et par paliers, jusqu'à l'interdiction totale du christianisme sur le territoire japonais et le renvoi de tous les étrangers en 1639. On estime le nombre des martyrs à plusieurs dizaines de milliers.

Une partie de la liste des 188 Martyrs :

Pierre KIBE, jésuite, né vers 1587 à Kibe, near Urabe, Oita (Japon), martyrisé le 4 juillet 1639, à  Tokyo (anciennement Edo) (Japon)

Nicolaus FUKUNAGA KEIAN, jésuite né vers 1570 à Nagawara, Azuchi (Japon) martyrisé le 31 juillet 1633, à  Nishizaka, Nagasaki (Japon)

Julien NAKAURA, jésuite né en 1567 à Nakaura, Nagasaki (Japon), martyrisé le 21 octobre 1633, à Nishizaka, Nagasaki (Japon)

Didacus YUKI RYOSETSU, jésuite né vers 1574-75 à Awa, Shikoku (Japon), martyrisé le 25 février 1636, à Osaka (Japon)

(Pour en savoir plus sur la liste de ces martyrs japonais de 1603 à 1639)

Selon les évêques japonais, “les 188 martyrs ne sont pas des militants politiques, n'ont pas lutté contre un régime qui empêchait la liberté religieuse : ce sont des hommes et des femmes d'une foi profonde et authentique qui indiquent la voie à ceux qui croient. Ils nous donnent à tous une expérience sur laquelle réfléchir”. Dans une communauté qui compte environ un million de catholiques sur 127 millions d'habitants, le témoignage des martyrs interroge l'Église sur le rôle des laïcs dans la transmission de la foi et dans l'organisation de l'Église : “Il est temps de prendre sérieusement en considération la formation de nos laïcs”, écrivent les Évêques, indiquant l'importance de la foi vécue dans les familles et dans la société.

Les évêques soulignent en particulier le témoignage de foi vigoureux laissé par de nombreuses figures féminines présentes dans la liste des 188 martyrs : “Nous avons pris conscience du fait que, sans ces femmes, l'Église au Japon aujourd'hui n'existerait pas. Nous attendons la béatification de ces femmes martyres comme un message d'espérance et de consolation pour toutes les femmes de ce pays, de quelque religion qu'elles soient”.

http://www.jesuites.com/histoire/kibe/index.htm

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