Pierre Damien
Cardinal, Docteur de l’Église,
Saint
1007-1072

Ermite, cardinal-évêque d’Ostie, docteur de l’Église, orateur et écrivain sacré de premier plan au milieu du XIe siècle latin, Pierre-Damien est l’un des protagonistes de la réforme de l’Église et l’un de ceux qui dénoncèrent le plus haut l’abus de l’art dialectique dans les questions sacrées.

Une enfance rude, des dons de rhéteur

Né à Ravenne, abandonné, maltraité, Pierre connaît une enfance très rude jusqu’au moment où son frère Damien, dont il prendra le nom, l’ayant recueilli, l’envoie faire les meilleures études libérales à Faenza, puis à Parme. Il est ensuite maître à Ravenne, où son renom en rhétorique et en droit lui attire de grandes foules d’élèves (Jean de Lodi, in Patrologia latina, CXLVI), lui procurant honneurs, richesses et tentations.

Après la rencontre de deux ermites qui l’étonnent par leur esprit de pauvreté, il se décide à quitter le monde, vers 1035, et se fait ermite au prieuré camaldule de Fonte Avellana, en Ombrie. Il y commence une vie de contemplation et de mortification dont la ferveur s’atteste dans une œuvre de style fort soutenu, la plus abondante que nous ait livrée son temps.

Ses premiers écrits — une Dispute avec un juif (P.L. , CXLV) sur la Trinité et le Messie et la Vie de Romuald (éd. Tabacco, 1957), écrite en 1042 — donnent, l’un un exemple des méthodes d’enseignement qu’il eut à employer, très tôt, à Pomposa, l’autre, avec un document historique précieux sur le père des ermites latins, le programme érémitique qu’il allait suivre, non sans subir maintes contradictions.

Un ermite sommé de sortir de sa solitude

Contre son gré, Pierre Damien est élu prieur en 1043 et doit fonder sept nouveaux ermitages pour les disciples qu’attirent sa science et sa sainteté. Les besoins du monde le contraignent à sortir de sa solitude.

Les lettres qu’il écrit en grand nombre (P.L., CXLIV) à des destinataires de tout rang (papes, évêques, princes, moines et moniales, laïcs influents ou obscurs) font allusion constamment aux désordres inouïs du monde et de l’Église, violences, avarice, luxure, ignorance des clercs, et appellent véhémentement une réforme qui doit commencer par le Siège romain.

Après le cri de joie que lui inspire l’élection de Grégoire VI, en 1045, il trouve des satisfactions plus solides dans l’action réformatrice à laquelle il se donne aux côtés d’Hildebrand et de Henri III, servant d’intermédiaire entre l’empereur et les papes.

Il adresse à Léon IX, en 1049, le premier de ses grands écrits réformateurs, le Liber Gomorrhianus sur les désordres du clergé, et, en 1052, à l’archevêque Henri de Ravenne, son Liber gratissimus, important traité canonique sur la reconsécration des simoniaques, problème majeur à la veille du conflit des Investitures, et sur lequel il sera longtemps en divergence avec la Curie romaine.

Une œuvre doctrinale puissante

La plupart des traités qu’il insère en des lettres souvent très longues touchent à des problèmes affrontés directement dans les cloîtres ou dans le monde (les degrés de la consanguinité, l’institution monastique et érémitique, la communauté des biens entre les chanoines) ou à des questions qui lui sont soumises (la procession du Saint-Esprit, contre l’erreur des Grecs ; le comput pascal; certaines difficultés d’exégèse ; les étapes de la fin des temps, dont il voit les signes présents).

Le plus spéculatif de ses traités est une lettre aux moines du mont Cassin, Sur la toute-puissance divine (éd. Cantin, coll. Sources chrétiennes, no 191, 1972). Il y reprend une dispute engagée contre de jeunes moines dialecticiens ; et, en même temps qu’il adopte une position hardie sur le pouvoir de Dieu à l’égard du passé, il profite de la nature de l’objection qu’il combat pour définir le rôle de la dialectique dans les questions sacrées.

Cardinal-évêque et comte d’Ostie en 1057, il ne cesse plus de gémir sous le poids des charges qui le privent de la contemplation, alors que les missions d’Église se multiplient: en 1059, à Milan, pour apaiser la révolte des patarins ; en 1063, à Cluny et Limoges, pour assurer les droits des clunisiens; en 1069, à Francfort, auprès de Henri IV...

En 1072, essayant de réconcilier Ravenne avec l’Église, il meurt en retournant à Rome, dans la nuit du 22 au 23 février, à Faenza.

Ses vertus dépassaient encore sa science profonde !

Il brilla surtout par la mortification et l'humilité. Dans sa jeunesse, tourmenté de tentations impures, il se plongea, la nuit, dans un étang demi-glacé, jusqu'à ce qu'il eût éteint le feu de la concupiscence.

Cilice, jeûnes effrayants, lit de planches nues, discipline, cercles de fer, aucune pénitence ne lui fut étrangère.

Étant moine, quand, au chapitre, il avait dû reprendre ses religieux de leurs fautes, il descendait de son siège, se prosternait à terre devant tous, s'accusait de toutes ses imperfections, se donnait la discipline publique, et, reprenant sa place, continuait ses avis.

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