Le premier pape
qui porta le nom glorieux de Pie était un Italien de la ville
d'Aquilée, dans l'état de Venise. Encore tout jeune, il vint habiter
Rome où il fut admis au nombre des diacres. Le futur élu au
souverain pontificat exerçait le sacerdoce
lorsque le pape Hygin
mourut martyr, en l'an 142. Il adopta le nom de Pie Ier, nom qui
devait devenir si cher à l'Eglise.
Avec l'aide des
lumières de saint Justin le Philosophe, il combattit l'hérésie de
Valentin et refusa de communiquer avec Marcion qui tentait
d'introduire dans l'Eglise la doctrine fataliste des deux principes,
l'un auteur du bien, dont l'âme serait une émanation, l'autre auteur
du mal, dont le corps serait l'ouvrage. Le saint pape Pie Ier eut
surtout à combattre l'hérésie des Gnostiques implantée par Simon le
Magicien qui avait essayé de tromper les fidèles de Rome par ses
prestiges et ses artifices diaboliques.
Saint Pie Ier
établit que la fête de Pâques se célébrerait le dimanche, en mémoire
de la glorieuse Résurrection du Sauveur qui eut lieu ce jour de la
semaine. Il fixa cette loi inviolable afin de continuer la pieuse
coutume qui s'observait déjà par la tradition des Apôtres, et parce
qu'il désirait abolir les superstitions de certaines Eglises qui
voulaient imiter les Juifs en cette sainte solennité.
Saint Pie Ier
venait souvent célébrer le Saint Sacrifice de la messe dans
l'illustre maison de saint Pudens, sénateur qui voulut consacrer sa
maison afin de la convertir en église ouverte à tous les chrétiens.
Comme une multitude de païens accouraient en ces lieux bénis pour
demander leur admission au sein de l'Eglise naissante, cette
affluence ne tarda pas à être remarquée par les idolâtres jaloux et
hostiles qui s'empressèrent d'adresser leurs plaintes à l'empereur
Marc-Aurèle Antonin.
Ce prince ralluma
la persécution à cause du grand nombre de conversions qui ne
cessaient de se multiplier dans son empire. Il défendit aux
chrétiens de se mêler au reste du peuple et de paraître dans les
marchés, ainsi qu'aux thermes publics.
Saint Pie Ier
gouverna la chrétienté pendant plus de quinze ans. L'histoire
conteste que ce pontife ait donné son sang pour la foi, mais
l'Église l'honore comme martyr. Il fut enseveli dans la catacombe du
Vatican, auprès du corps de saint Pierre.
Tiré des
Petits Bollandistes, Paris, 1874, tome VIII, p. 242-243 –
L'abbé Daras, édition 1869, tome III, p. 72-75 – l'Abbé Pradier,
éd. 1889, p. 314-315. |